jeudi 8 mai 2025

8 MAI 1945

 

Le 8 mai 1945 devait rester à l’Histoire

De son côté, l’amiral Dönitz – que Hitler avait désigné comme son successeur, et qui avait établi son quartier général à Flensburg, dans le Holstein – n’avait qu’un but : tenir tête aux Soviétiques pour faire passer à l’ouest de l’Elbe le plus grand nombre possible de ses soldats, afin de leur éviter une captivité en Russie, dont il pressentait qu’elle serait terrible. Eisenhower, qui avait son quartier général à Reims, refusa la proposition de Dönitz : l’arrêt immédiat des opérations contre une liberté de mouvement de quatre jours pour ses troupes, et, en allié loyal, fit connaître son refus aux Russes. Dönitz n’avait plus qu’à se résigner.

Signature de l’acte de capitulation de l’Allemagne par le maréchal Keitel (au centre), au quartier général des forces soviétiques, à Berlin, le 8 mai 1945. PVDE / Bridgeman Images

Le général Jodl, qui s’était rendu en plénipotentiaire à Reims, reçut l’ordre de signer la capitulation allemande. La cérémonie eut lieu le 7 mai, à 2 h 41, dans une salle du Collège moderne et technique de la ville. Mais cette manifestation brève, sans éclat, expédiée au petit matin par des seconds rôles, ne pouvait satisfaire Staline. Il exigea que Berlin, symbole de la victoire des armes soviétiques, soit choisie pour une nouvelle, et, cette fois, solennelle, cérémonie de capitulation. Et c’est le 8 mai 1945 qui devait rester à l’Histoire.

D’ordre de De Gaulle, la France allait être représentée par le général de Lattre de Tassigny, commandant cette armée « Rhin et Danube » qui, depuis le débarquement en Provence, n’avait cessé de mener des actions victorieuses contre la XIXe armée allemande qui, au dernier moment, s’était rendue aux Américains du général Brooks. Un signe. Pour l’ennemi, comme pour l’allié, la France n’était pas redevenue une grande puissance. On le fit sentir à de Lattre qui n’était pas attendu lorsque son avion atterrit à Tempelhof ; qui apprit avec surprise qu’il n’était pas invité à signer l’acte par lequel l’Allemagne reconnaissait capituler sans condition ; qui constata avec indignation l’absence du drapeau tricolore dans la salle officielle, l’absence de référence à De Gaulle et à la France dans les innombrables toasts portés au cours du banquet qui suivit.

La Libération de la France, affiche dessinée par Paul Colin, 1944. Roger-Viollet

Sa sensibilité, sa volonté et son intelligence lui permirent de tout réparer. Il y eut drapeau tricolore, signature française en bas de l’acte de capitulation, et toasts réparateurs en l’honneur de De Gaulle, de l’armée française et de la France. Mais c’est au maréchal Keitel, qui, à 0 h 28, signa au nom de l’Allemagne, qu’appartint le seul mot historique de la nuit. Découvrant le drapeau tricolore, et apercevant de Lattre, il murmura : « Ach ! il y a aussi les Français. Il ne manquait plus que cela ! » Ou ceux-là ! Le 8 mai 1945, prenait fin, pour la France, une longue marche commencée, par De Gaulle, le 18 juin 1940.


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SAINT JEAN

   « Saint Jean-Baptiste », psalmodie festive pour un retour à la terre la naissance de Jean le Baptiste la nuit fût  choisie par les païens...