5 mai 1945 : les Français atteignent le «nid d’Aigle» de Hitler et placent un drapeau sur les rebords de terrasse
Le Grand Récit de la Libération par Henri Amouroux : retrouvez tous les épisodes de notre série
LE GRAND RÉCIT DE LA LIBÉRATION PAR HENRI AMOUROUX (9/12) - Entre les Français de Guillebon et les Américains de la 3e division d’infanterie du général O’Daniel, il y a ardente compétition.
Cet article est extrait du Figaro Hors-Série « 1945 : la Chute - Les secrets de la Victoire, le crépuscule des damnés ». Un numéro exceptionnel pour tout savoir sur l’année charnière du XXe siècle .
L’armée française ! Quelle ingratitude il y aurait à l’oublier. Présente dans les combats de la Libération, précédée souvent de FFI immédiatement associés à son action, elle allait l’être encore en 1945, jusqu’à la victoire finale. Il lui fallait en appeler de la triste défaite de 1940. Les cinq premiers mois de 1945 lui donnèrent l’occasion d’une éclatante revanche. D’abord à Strasbourg. On oublie trop aujourd’hui que Strasbourg, libérée par la 2e DB de Leclerc le 23 novembre 1944, faillit être reprise par la Wehrmacht dix semaines plus tard.
Pour freiner, stopper, battre enfin les divisions que Hitler avait lancées, on l’a vu, dans sa contre-offensive des Ardennes, Eisenhower avait naturellement dégarni le front de 140 kilomètres, tenu, entre Plobsheim au sud de Strasbourg et Saint-Avold, par la 7e armée du général Patch. Les Allemands vont saisir cette chance. Le 31 décembre, à 23 heures, 6 divisions d’infanterie et 1 Panzer attaquent en direction de la trouée de Saverne. La réaction d’Eisenhower est immédiate : il ordonne à ses troupes – parmi lesquelles la 1re armée française commandée par de Lattre – de se « replier promptement sur la position principale des Vosges ».
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Décision compréhensible : le commandant des armées alliées cède localement pour économiser ses forces, les regrouper et repartir. Mais Strasbourg, Mulhouse, d’autres villes et bien des villages récemment libérés se trouvent sur le territoire qui sera abandonné.
De rudes combats
À la réaction stratégique et logique de l’Américain Eisenhower répond la réaction sentimentale et logique du Français De Gaulle. Abandonner Strasbourg ? Il n’en est pas question. D’où l’ordre donné à de Lattre de défendre la ville, malgré les instructions d’Eisenhower. La grave crise militaire provoquée par l’attaque allemande fut accompagnée d’une crise politique franco-américaine qui dura jusqu’à