Le 8 mai 1945 devait rester Ă l’Histoire
De son cĂŽtĂ©, l’amiral Dönitz – que Hitler avait dĂ©signĂ© comme son successeur, et qui avait Ă©tabli son quartier gĂ©nĂ©ral Ă Flensburg, dans le Holstein – n’avait qu’un but : tenir tĂȘte aux SoviĂ©tiques pour faire passer Ă l’ouest de l’Elbe le plus grand nombre possible de ses soldats, afin de leur Ă©viter une captivitĂ© en Russie, dont il pressentait qu’elle serait terrible. Eisenhower, qui avait son quartier gĂ©nĂ©ral Ă Reims, refusa la proposition de Dönitz : l’arrĂȘt immĂ©diat des opĂ©rations contre une libertĂ© de mouvement de quatre jours pour ses troupes, et, en alliĂ© loyal, fit connaĂźtre son refus aux Russes. Dönitz n’avait plus qu’Ă se rĂ©signer.
Signature de l’acte de capitulation de l’Allemagne par le marĂ©chal Keitel (au centre), au quartier gĂ©nĂ©ral des forces soviĂ©tiques, Ă Berlin, le 8 mai 1945. PVDE / Bridgeman ImagesLe gĂ©nĂ©ral Jodl, qui s’Ă©tait rendu en plĂ©nipotentiaire Ă Reims, reçut l’ordre de signer la capitulation allemande. La cĂ©rĂ©monie eut lieu le 7 mai, Ă 2 h 41, dans une salle du CollĂšge moderne et technique de la ville. Mais cette manifestation brĂšve, sans Ă©clat, expĂ©diĂ©e au petit matin par des seconds rĂŽles, ne pouvait satisfaire Staline. Il exigea que Berlin, symbole de la victoire des armes soviĂ©tiques, soit choisie pour une nouvelle, et, cette fois, solennelle, cĂ©rĂ©monie de capitulation. Et c’est le 8 mai 1945 qui devait rester Ă l’Histoire.
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D’ordre de De Gaulle, la France allait ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e par le gĂ©nĂ©ral de Lattre de Tassigny, commandant cette armĂ©e « Rhin et Danube » qui, depuis le dĂ©barquement en Provence, n’avait cessĂ© de mener des actions victorieuses contre la XIXe armĂ©e allemande qui, au dernier moment, s’Ă©tait rendue aux AmĂ©ricains du gĂ©nĂ©ral Brooks. Un signe. Pour l’ennemi, comme pour l’alliĂ©, la France n’Ă©tait pas redevenue une grande puissance. On le fit sentir Ă de Lattre qui n’Ă©tait pas attendu lorsque son avion atterrit Ă Tempelhof ; qui apprit avec surprise qu’il n’Ă©tait pas invitĂ© Ă signer l’acte par lequel l’Allemagne reconnaissait capituler sans condition ; qui constata avec indignation l’absence du drapeau tricolore dans la salle officielle, l’absence de rĂ©fĂ©rence Ă De Gaulle et Ă la France dans les innombrables toasts portĂ©s au cours du banquet qui suivit.
La LibĂ©ration de la France, affiche dessinĂ©e par Paul Colin, 1944. Roger-ViolletSa sensibilitĂ©, sa volontĂ© et son intelligence lui permirent de tout rĂ©parer. Il y eut drapeau tricolore, signature française en bas de l’acte de capitulation, et toasts rĂ©parateurs en l’honneur de De Gaulle, de l’armĂ©e française et de la France. Mais c’est au marĂ©chal Keitel, qui, Ă 0 h 28, signa au nom de l’Allemagne, qu’appartint le seul mot historique de la nuit. DĂ©couvrant le drapeau tricolore, et apercevant de Lattre, il murmura : « Ach ! il y a aussi les Français. Il ne manquait plus que cela ! » Ou ceux-lĂ ! Le 8 mai 1945, prenait fin, pour la France, une longue marche commencĂ©e, par De Gaulle, le 18 juin 1940.
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