Le gouvernement français a participé de la panique générale. Nous avons même vécu l’heure la plus sombre de notre histoire en temps de paix. On n’avait jamais vu autant d’incompétence concentrée au sommet de l’Etat. Vichy, c’était le produit d’une guerre perdue; l’esprit de Munich, c’était de la lâcheté mais il y avait en face un danger redoutable. En l’occurrence, la crise du COVID 19, c’est une épidémie de basse intensité, annoncée plusieurs semaines à l’avance et dans un pays bénéficiant d’un système de santé généreusement financé, d’une médecine performante. Eh bien la crise mimétique a déclenché une petite catastrophe! Incapacité à organiser un effort industriel de fabrication des matériaux nécessaires (masques, tests, ventilateurs), incapacité à organiser la répartition des malades dans les hôpitaux privés une fois que le secteur public était saturé. Refus d’accepter l’efficacité empirique de la thérapie Raoult. Tandis que le Premier Ministre camouflait les ratés derrière le visage inexpressif et le langage aseptisé de la technocratie, le redoublant de première année de conservatoire d’art dramatique qui habite à l’Elysée prenait des poses de « chef de guerre », multipliait les déclarations martiales et tâchait lui aussi de faire oublier Les bévues du pouvoir. La crise se caractérise par le nivellement des hiérarchies. On a vu se multiplier les expertises ignorantes sur les plateaux de télévision tandis que les vrais savants (Luc Montagnier par exemple) étaient conspués. Du coup, les Français ne savent plus à quel saint se vouer. Comme Le système éducatif n’a cessé, depuis 1968, de susciter la confusion des langues et le nivellement des valeurs, nous vivons dans une société où chacun se croit appelé à l’expertise et personne ne respecte les connaisseurs d’un sujet. Le déclin du système scolaire, c’est aussi celui de la culture générale, c’est-à-dire d’un savoir partagé par la société source d’autonomie de jugement. On est très frappé de voir comme les gens sont effrayés et refusent même de suivre ce que leur dit leur jugement. Je ne crois pas que l’on soit devant le danger d’une manipulation globale par un apprenti-dictateur capable de soumettre toute la société. En revanche, on est devant un phénomène de démobilisation généralisée, de retrait sans la sphère privée, d’abstention électorale, avec des petits groupes, en particulier progressistes et gauchistes, qui auraient plus leur place dans des régimes de type fasciste ou communistes tant ils pensent pouvoir asséner des certitudes à une majorité apeurée ou démobilisée
Covid-19 : face au risque de rejet, Macron refuse d’imposer des mesures trop contraignantes
L’exécutif a écarté le scénario d’un nouveau confinement généralisé et adapte sa stratégie pour « vivre avec le virus ». Le président réclame des délais moins longs pour les résultats des tests.
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Emmanuel Macron a-t-il amorcé un virage dans sa stratégie de lutte contre le Covid-19 ? Vendredi 11 septembre, dans le huis clos du conseil de défense sanitaire, le chef de l’Etat a en tout cas adopté une attitude différente de celle du printemps : il s’est refusé à imposer des mesures contraignantes pour la population, malgré la recrudescence de l’épidémie. « On ne va pas faire payer à l’ensemble des Français le fait qu’on n’est pas bons sur les tests ! », a-t-il lancé. Si l’exécutif se vante d’avoir dépassé le million de tests par semaine, les délais d’attente pour les résultats, reconnaît-on au sommet de l’Etat, restent « trop longs ».
En face de lui, le ministre de la santé, Olivier Véran, et le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, venaient de plaider en faveur d’une fermeture des bars et des restaurants à Bordeaux et à Marseille, où l’évolution des contaminations est jugée « préoccupante ». Une proposition rejetée par le locataire de l’Elysée, soucieux de l’acceptabilité sociale de ces mesures, mais aussi d’en partager la responsabilité avec les élus locaux.
« Macron est convaincu qu’il faut laisser les gens vivre, tout en protégeant les personnes fragiles. Il a viré sa cuti », décrypte un familier de la Macronie. « La cohérence de la politique gouvernementale, elle est simple : elle s’appelle vivre avec le virus », a affirmé, pour sa part, le premier ministre, Jean Castex, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, mardi 15 septembre.
« Quatre piliers »
Aux yeux de beaucoup, les objectifs du pouvoir ne seraient pourtant pas si limpides. « La stratégie française n’est toujours pas clairement définie », a ainsi souligné l’ancien directeur général de la santé William Dab, dans Le Journal du dimanche : « Veut-on éradiquer l’épidémie ou simplement la contrôler ? Ne protéger que les personnes fragiles ou se concentrer sur les clusters ? »
Le gouvernement, répètent ministres et conseillers, n’a pas choisi d’appliquer la méthode suédoise, consistant à laisser circuler le virus et à restreindre au minimum la vie sociale pour atteindre une hypothétique immunité collective. Mais il s’estime en mesure, selon un conseiller de l’exécutif, de « maîtriser pour l’instant le virus ». « Nous en sommes au même point qu’en février, avant qu’il n’y ait le cluster de Mulhouse [Haut-Rhin] », ajoute cette source.
Le ministère de la santé reconnaît naviguer à vue « face à une maladie très évolutive ». Pour se laisser la possibilité d’adapter le dispositif, le gouvernement a d’ailleurs décidé de rallonger de six mois l’état d’urgence sanitaire, qui devait prendre fin le 30 octobre. Un projet de loi prolongeant jusqu’au 31 mars la possibilité de restreindre rassemblements et déplacements devait être présenté, mercredi, en conseil des ministres.
Dans l’intervalle, Emmanuel Macron cherche à concilier la reprise de la vie économique et sociale, tout en contrôlant l’épidémie. « La question n’est pas binaire, ce n’est pas santé contre économie », plaide-t-on à l’Elysée, où l’on résume la stratégie autour de « quatre piliers » : prévention, protection des personnes sensibles, tests à grande échelle et adaptation des mesures à la réalité locale.
Des mesures prises au niveau local
« Les mesures de restriction, on en connaît l’efficacité sur le plan sanitaire mais aussi les effets secondaires sur le moral de la population ou l’économie, ajoute-t-on à Matignon. Or, les restrictions à outrance tuent aussi ! La pauvreté tue aussi. La solitude également, quand on décide de fermer des Ehpad [établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes]. »
Alors que le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, avait pressé le pouvoir de prendre des « décisions difficiles », il n’est pas question de revenir à une « logique de confinement généralisé », a répété Jean Castex, vendredi, lors d’une allocution depuis l’hôtel de Matignon. Très critiqué depuis quelques semaines pour ses sorties médiatiques, assimilées à des coups de pression envers l’exécutif, M. Delfraissy a manifesté une pointe d’agacement lors d’une audition devant le Sénat, mardi, rappelant que le conseil « avait souhaité disparaître et s’arrêter le 9 juillet », mais que le Parlement en avait décidé autrement.
Emmanuel Macron a beau avoir consulté cette instance avant le conseil de défense sanitaire, vendredi, le gouvernement assume de ne plus suivre ses recommandations les yeux fermés. « Ce n’est pas un gouvernement sanitaire mais politique », tranche un conseiller.
Face à la « dégradation manifeste » de l’épidémie, Jean Castex privilégie des mesures prises au niveau local, selon la situation de chaque département. Un tour de vis circonscrit pour l’instant à Marseille, Bordeaux et à la Guadeloupe. « Est-ce que c’est moi qui, depuis Paris, vais décider de la fermeture d’une classe dans le Calvados ? Ou en Eure-et-Loir ? Il y a des protocoles, et leur application est locale », a souligné le premier ministre, mardi, tout en rappelant que l’Etat n’est pas absent puisqu’il dispose de relais locaux à travers les préfets.
« Eviter une surenchère de restriction de libertés »
« Je remarque une reprise en main [du ministère] de l’intérieur par rapport à [celui de] la santé. Ce n’est plus la santé qui a la main, mais les préfets et les élus », a observé, mardi, sur France Inter, Mathias Wargon, chef des urgences de l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Au-delà de l’enjeu économique, le souci de l’acceptabilité sociale guide les choix impulsés par Emmanuel Macron. « Même si réduire la circulation du virus est une priorité, le président veut à tout prix éviter une surenchère de restriction de libertés, qu’une partie de la population ne pourrait pas accepter », explique le député européen et ex-conseiller élyséen Stéphane Séjourné. « Je note toujours qu’il y a des antimasque, des antivaccins. Covid ou pas Covid, la France reste la France », a souligné, pour sa part, Jean Castex, mardi, à l’Assemblée nationale.
« Après la période du confinement, l’opinion publique est fatiguée et inquiète, observe le directeur général adjoint de l’institut de sondage IFOP, Frédéric Dabi. Dans ce climat éruptif et insaisissable, le gouvernement veille à ce que la Cocotte-Minute n’explose pas. » En espérant que la pression de l’épidémie ne finisse pas par lui faire perdre le contrôle.
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Et si l’impact psychologique du COVID-19 nous exposait à un danger politique majeur
Atlantico.fr : L’Histoire montre que les grandes crises engendrent des pertes de la perception des réalités. Les populations sont-elles plus maléables et sous quelles conditions ?
Edouard Husson : Mettons nos pas dans ceux de René Girard: la crise est une époque de violence mimétique exacerbée. Les individus regardent de moins en moins la réalité, en proie à la fascination croissante de leurs semblables, de plus en plus perçus comme des rivaux. Comme le mimétisme ne cesse de se renforcer, par nature, la perte de réalité est toujours croissante. La crise du COVID 19 aurait constitué pour René Girard un objet d’études privilégié car il aurait pu rappeler que la crise interindividuelle est une crise épidémique, comme la maladie. Regardez comme les dirigeants du monde ont cédé à une panique mondiale, sauf exception. Une fois passée la phase d’étude de la maladie, où l’on devait comprendre ce qui se passait, en évaluer la gravité, on aurait dû en venir à un constat simple: il s’agissait d’une épidémie peu dangereuse sauf pour quelques catégories fragilisées, en particulier les personnes âgées. Au lieu de cela, les dirigeants des pays, les membres des organisations internationales, un certain nombre de médecins, se sont comportés comme si l’on avait affaire à un retour de la peste. Dans toute crise, selon Girard, le mimétisme s’accompagne de phénomènes de polarisation partielle, avant que le groupe se fixe sur un individu ou un groupe unique. On a l’impression que pour la technostructure française, Didier Raoult a joué ce rôle: il a polarisé le ressentiment, d’autant plus qu’il expliquait que l’épidémie pouvait être maîtrisée par des méthodes rationnelles. Mais un groupe humain en panique est comme un troupeau de bisons ou un essaim de frelons, il renverse tout sur son passage. Raoult est d’autant plus la cible d’une polarisation irrationnelle qu’il est un des plus grands scientifiques français et suscite donc toutes les jalousies. Mais la crise du COVID 19 fait partie d’une crise plus large des élites occcidentales: regardez comme Donald Trump est la cible permanente, H24, des establishments occidentaux. Lui-même a compris instinctivement le phénomène et il en fait un levier de son action: il alimente la polarisation contre lui, pour faire avancer son programme. Trump fait cela avec un authentique souci du peuple américain, des petites gens et un patriotisme chevillé au corps. Mais la question que vous posez est celle de la manipulation, par un ou plusieurs individus, de la panique collective. Le père de la crise mimétique, selon l’Evangile, c’est le grand accusateur, le diable, qui utilise le mimétisme individuel pour envoyer le troupeau se précipiter du haut de la falaise....