Le général de Gaulle fait sa deuxième visite officielle en tant que président de la République.
Le 7 septembre, il prononce un discours place de la Résistance. Le lendemain, il part pour l’île de Sein inaugurer le mémorial de la France Libre
La phrase en breton
Place de la Résistance, dans son discours radiodiffusé, le général de Gaulle puise à la source bardique : il déclame quelques vers en breton extrait des poèmes écrits 105 ans auparavant par son grand-oncle, le celtisant Charles de Gaulle. « Va c’horf zo dalch’het, med daved hoc’h nij va spered, vel al labous, a denn askel, nij da gaout he vreudeur a bel. »« Mon corps est retenu mais mon esprit vole vers vous, comme l’oiseau à tire d’aile vole vers ses frères qui sont au loin. »
Venu une première fois à Brest, le 15 juin 1940, pour embarquer sur « le Milan » et gagner l’Angleterre, puis en juillet 1945, le Général De GAULLE retrouve la cité du Ponant en ce début de mois de septembre 1960, cette fois-ci en tant que Président de la République. Ce 7 septembre, il est chaleureusement accueilli par une foule de 50 000 personnes. Il décore la ville de la médaille de la Résistance (photographie) et déclare :
« Je vois ici l’avenir de la France s’élever au-dessus de son passé en gardant la flamme et la tradition de nos aïeux, mais sans en garder la cendre ». Cet accueil triomphal est à l’opposé de celui qui lui sera réservé lors de sa visite de mars 1969. Il est vrai que l’époque changea entretemps : le climat d’adhésion sans partage à l’homme du 18 juin a cédé la place à un climat de contestation politique et sociale vis-à-vis du Président De Gaulle, qui démissionne 2 mois plus tard.
1960 (7 septembre) : Remise de la médaille de la Résistance à la ville par le Général de Gaulle
Une petite fille, Barbara Jolivet, dont le grand-père le Commandant Mudès de Bégard fut l'un des premiers combatttants des F.F.I. à Londres, a remis au Président de la République, un bouquet tricolore
Il y a quarante cinq ans, les derniers mots du général de Gaulle : « J'ai mal dans le dos…»
C’est dans son salon de Colombey-les-Deux-Eglises que le général de Gaulle est mort, le lundi 9 novembre 1970, un an et demi après avoir démissionné de la présidence de la République. A l'occasion de cet anniversaire, Nicolas Sarkozy se rend aujourd'hui mardi 9 novembre 2010 en compagnie de François Fillon à Colombey-Les-Deux-Eglises pour fleurir la tombe du général, avant de déposer une seconde gerbe au pied de la Croix de Lorraine érigée à proximité.
« La vieillesse est un naufrage », avait dit de Gaulle à André Malraux, lui confessant combien il redoutait une fin longue et douloureuse qui l’aurait diminué durablement. Son vœu implicite fut exaucé.
Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel 10/10/2013 - par Florent Guignard Écouter
Le 9 novembre 1970, à quelques jours de son quatre-vingtième anniversaire, le général est dans sa résidence de Colombey-les-deux-Eglises (Est de la France). Il est installé devant sa table de bridge, étalant ses cartes pour une réussite, dans l’attente du journal télévisé de 20h00. Pris d’un malaise, il murmure « j’ai mal dans le dos... » puis s’affaisse dans son fauteuil et perd connaissance. Sa femme Yvonne, seule à ses côtés, appelle le prêtre et le médecin. Celui-ci diagnostique une rupture d’anévrisme abdominal. Charles de Gaulle ne reprendra pas conscience, mais il aura le temps de recevoir les derniers sacrements avant de succomber. « La France est veuve » La mort soudaine de celui qui restera comme le chef de la France Libre sera tenue secrète toute la nuit, le temps que Madame de Gaulle prévienne leurs deux enfants. La nouvelle tombe sur les téléscripteurs dans la matinée du 10 novembre. Peu avant midi, le président Georges Pompidou s’adresse aux Français à la télévision : « La France est veuve... ».
Les Français sont sous le choc. De toute part on salue la mémoire du fondateur de la Ve République. Dans Le Figaro du 11 novembre, jour anniversaire de l’Armistice de 1918, un dessin de Jacques Faizant restera célèbre : sous les traits de Marianne, la France pleure, agenouillée, sur un chêne tombé à terre. « Je ne veux pas d’obsèques nationales »
Editoriaux d'andré Frossard parus dans le Figaro au lendemain de la mort du général de Gaulle
Ces éditoriaux ont été publiés dans la revue Espoir avec l'aimable autorisation du Figaro
Il était ainsi fait qu'il ne pouvait que servir son pays, et, au milieu de notre tristesse, nous lui devons encore ceci d'avoir vu un jour, sous les voûtes de notre vieille cathédrale, les nations unies autour de nous dans le respect et l'amitié. Sans doute leurs représentants sont-ils venus saluer une dernière fois le dernier des Grands de la Seconde Guerre mondiale, mais qui, dans cette foule attentive et muette, n'aura pas senti que la courtoisie diplomatique n'était qu'une des raisons mineures de ce concours inouï de délégations funèbres, et qui n'aura pas compris qu'il s'agissait de bien autre chose que d'un témoignage international d'admiration rendu au prestige d'un homme d'Etat ? En fait, le monde politique a fait taire un instant ses dissentiments et ses ambitions pour s'incliner devant une volonté qui n'était pas une volonté de puissance, devant une grandeur qui devait bien peu de choses à la force, devant une intelligence tournée vers la paix, et, en fin de compte, c'est à « une certaine idée de la France » qu'il est venu rendre hommage.
ANDRE FROSSARD,
Le Figaro
La seule récompense
Nous pressentions qu'il tomberait d'un coup, comme ses frères, comme l'un des arbres de cette forêt des marches de l'Est où nous l'avons confiné deux fois... Il nous aura sauvés un jour du déshonneur, en chassant l'occupant des âmes françaises bien avant que les armées vinssent lui signifier ce congé sur le terrain ; il nous aura sauvés de la dictature et de la guerre civile, il nous aura rendu la confiance et l'amitié des peuples pauvres, il aura réconcilé la France avec l'image d'elle-même qu'elle avait distribuée à travers le monde, il aura reconstitué en sous-œuvre l'unité de son pays menacé de désintégration, il nous aura épargné la honte de retarder indéfiniment la libération des peuples auxquels nous avions enseigné la liberté, et nous lui aurons accordé l'an dernier, au mois d'avril, à la majorité, et pour reprendre une fois encore l'inoubliable mot du Soulier de satin, « la seule récompense qu'il méritât et qui fut digne de lui : l'ingratitude ». Il est parti avec ce viatique, précédé de peu par Edmond Michelet, son vieux compagnon, et il n'y aura pas de fin aux Mémoires ; mais cette mémoire n'aura pas de fin dans nos livres.
ANDRE FROSSARD,
Le Figaro
La famille s’attache à faire respecter scrupuleusement les dernières volontés du général, qu’il avait laissées dans un testament rédigé dès 1952 : « Je ne veux pas d’obsèques nationales » ; la cérémonie, « extrêmement simple », devra se dérouler « sans fanfare ni musique ». Ce vœu-là aussi est exaucé, même si la présence des caméras donne à l’événement une dimension sans commune mesure avec cet enterrement campagnard.
Sous l’œil de dizaines de millions de téléspectateurs, le cercueil couvert du drapeau tricolore, disposé sur un engin blindé, sort de «La Boisserie», la propriété familiale de Colombey. Le général est mis en terre ce 12 novembre dans l’après-midi. Il n’y a là que la famille, des gens du village, et quelques représentants de l’armée, seule participante officielle. Cette relative intimité tranche avec la messe solennelle célébrée quelques heures plus tôt à Notre-Dame de Paris, en présence de six mille fidèles et trente-trois chefs d’État du monde entier, dont les présidents américain et soviétique.
Elle tranche davantage encore avec l’hommage populaire rendu dès le début de la matinée, un demi-million de parisiens remontant, sous la pluie, les Champs-Elysées, pour aller déposer des fleurs sur la place de l’Etoile, qu’on n’allait pas tarder à rebaptiser place Charles-de-Gaulle.
"Le grand départ" : 9 novembre 1970, le décès du général de Gaulle
Le 9 novembre 1970 le général de Gaulle disparait et laisse la "France veuve". En 1952, il avait établi un testament exprimant son refus de funérailles nationales.
À Colombey-les-Deux-Églises, sa dépouille est transportée sur un engin blindé de reconnaissance vers la petite église, en présence de sa famille, des Compagnons de la Libération et des habitants de son village.
Il est enterré au cimetière auprès de sa fille Anne, avec une simple inscription sur sa tombe, "Charles de Gaulle 1890-1970".
Le 12 novembre, à Notre-Dame de Paris a lieu une cérémonie officielle avec les autorités de l'État et les personnalités étrangères.
Retrouvez à travers ce dossier l'émotion que sa disparation avait suscitée en France et dans le monde.
La messe annuelle du 9 novembre à la mémoire du Général de Gaulle et pour tous les Français Libres disparus sera célébrée en l'Eglise Saint Jacques de Perros-Guirec le lundi 9 novembre à 10h30
Nous espérons de nombreux participants fidèles au souvenir du Général et au devoir de mémoire
A 12h30 un repas sera organisé à Trestraou dans le souvenir mais aussi la joie et la bonne humeur et u hommage sera rendu aux disparus de l'année
Une
vingtaine de drapeaux d’associations patriotiques présents le jeudi
30 juillet à Ploumanac’h ont accompagné et rendu un dernier hommage à
Marie-Thérèse Jolivet, « Mythé » dans la Résistance.
Née le
18 septembre 1924, Marie-Thérèse Mudès vit à Bégard avec sa mère Maria et
ses deux frères alors âgés de 5 et 10 ans ainsi qu’avec sa grand-mère
maternelle, veuve de la guerre 14-18 dont le fils est mort à Verdun. Son père
le commandant Mudès est officier de Marine. Bientôt Maria reçoit cet
avis : « Par ordre de Vichy nous vous supprimons toute délégation de
solde pour le motif suivant : le navire que commande votre mari, le
commandant Mudès, bat pavillon à Croix de Lorraine et à ce titre est considéré
comme dissident. Il en est de même pour sa famille ». En effet, non
seulement le commandant Mudès est considéré comme dissident au régime de Vichy
mais avec son bateau et l’équipage, il quitte la Flotte de l’Etat Français en
juin 1940 pour rejoindre l’Angleterre, où il se met à la disposition du général
de Gaulle. Privée de la solde de son mari par le gouvernement de Vichy, Maria
doit se séparer de ses biens.
Clandestine
à 17 ans Marie-Thérèse suit des études de commerce. En juin 42 à Bégard,
elle est contactée par la Résistance. Désormais la jeune fille de 17 ans s’appellera
« Mythé » dans la clandestinité. Ses missions sont multiples. A
Kerguiniou en Ploubezre elle devient secrétaire pour le maquis, dactylographie
les tracts et le journal clandestin « le Patriote des
Côtes-du-Nord ». Agent de liaison et de renseignement, elle porte à
bicyclette les messages qui lui sont confiés ainsi que les tracts et le journal
et participe également au transport d’armes de poing et de leurs munitions,
d’un maquis à l’autre.
Dès son
entrée en Résistance, Marie-Thérèse passe un brevet de secouriste afin
d’obtenir un « ausweis » pour pouvoir circuler librement, y compris
dans la zone côtière interdite, grâce au petit fanion de la Croix-Rouge.
Cependant, disait-elle, « il n’aurait pas fallu que l’on regarde de trop près
le guidon et la pompe de ma bicyclette où je cachais les messages qui m’étaient
confiés ! »
Aplomb
Lorsqu’elle
évoquait son passé au service de la Résistance, MarieThérèse affirmait n’avoir
jamais eu peur y compris ce jour où elle fut arrêtée parce qu’elle portait des bottes :
« Je revenais de mission, mes bottes étaient vides, elles avaient déjà
livré leur secret. Les Allemands essayèrent bien de m’intimider en affirmant
que toutes les espionnes portaient des bottes, mais mon
jeune âge et
mon aplomb en la circonstance eurent raison de leur méfiance ». Un de ses
fabuleux souvenirs est le passage de l’aviation alliée sur Lézardrieux pour
mettre hors de combat l’escadre allemande faisant relâche dans le port, une
opération pour laquelle elle avait transmis le message par une des
ramifications de son réseau, le réseau « Turquoise-Blavet », dont
faisaient également partie ses cousins Simone et Yvon Jézéquel, tous deux
arrêtés en avril 1944.
« Elles
étaient toutes courageuses » De toute son existence, MarieThérèse n’a
cessé de rendre hommage au courage et au sacrifice des combattants de l’ombre
et de toutes les victimes de la barbarie nazie avec une pensée particulière
pour les membres de sa famille, gaullistes de la première heure, parmi lesquels
sa cousine Simone morte au camp de concentration de Ravensbrück, son cousin
Yvon mort au camp de concentration de Neuengamme, et pour un autre cousin
revenu de l’enfer du camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau.
C’est avec
émotion que François Tassel, (Commandant Gilbert dans la Résistance),
responsable du Secteur Nord 1 des Côtes-duNord, parle de sa camarade
disparue : « Les femmes Résistantes étaient peu nombreuses. Elles
étaient toutes courageuses, conscientes du prix à payer si l’ennemi découvrait
leurs activités. Mythé faisait partie de ces personnes particulièrement
attachées à la France Libre et à la stricte application de l’appel du général
de Gaulle, multipliant les missions entre le réseau Blavet et le
maquis de Kerguiniou. Volontaire, discrète, prudente, elle connaissait parfaitement
l’organisation et les itinéraires du secteur Nord 1 et participait sur ma
demande, auprès de mes adjoints, aux réunions concernant nos activités ».
Titulaire de
la médaille des Combattants volontaires de la Résistance et de la Croix du
Combattant 39-45 avec agrafe « Libération », Marie-Thérèse Jolivet
venait d’être proposée pour le grade de Chevalier de l’Ordre de la Légion
d’Honneur.
Octobre
1942, Bégard. Marie-Thérèse (« Mythé » dans la clandestinité) est
agent de liaison. Titulaire de nombreuses décorations, elle est décédée le 25
Juillet dernier.
mon grand-père, le commandant Fernand Mudès, des FFL
L'appel « À tous les Français » d'août 1940
Au cours du week-end du 3-4 août 1940, un autre appel a été placardé par voie d'affiche sur les murs de Londres. Signé par le général DE GAULLE depuis son quartier général situé 4, Carlton Garden à Londres, il s'adressait« À tous les Français », militaires et civils, quelles que soient leur profession, leur origine sociale, et où qu'ils se trouvent. Le contexte n'était plus tout à fait le même que celui de juin 1940. Le gouvernement du maréchal PÉTAIN qui avait sollicité et signé l'armistice consacrant la défaite de la France s'était installé à Vichy, avait mis à mort la Troisième République à laquelle il avait substitué un État français qui s'engageati sur la voie de la collaboration avec l'Allemagne nazie. À Londres, le général DE GAULLE a jeté les bases de la France libre et appelé à la rejoindre tous ceux qui refusaient la défaite, voulaientrésister et continuer le combat.
À tous les Français
La France a perdu une bataille ! Mais la France n'a pas perdu la guerre !
Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l'honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant, rien n'est perdu !
Rien n'est perdu,
parce que cette guerre est une guerre mondiale. Dans l'univers libre, des forces immenses n'ont pas encore donné. Un jour, ces forces écraseront l'ennemi.
Il faut que la France, ce jour-là, soit présente à la victoire. Alors, elle retrouvera
sa liberté et sa grandeur.
Tel est mon but, mon seul but !
Voilà pourquoi je convie tous les Français, où qu'ils se trouvent, à s'unir à moi dans l'action, dans le sacrifice et dans l'espérance.
Notre patrie est en péril de mort. Luttons tous pour la sauver !
VIVE LA FRANCE !
GÉNÉRAL DE GAULLE
Alain Juppé présent pour la commémoration du 18 juin à Colombey-les-Deux-Églises
18 juin : "l'appel de la primaire"...
À CHAUD
A l'exception de Sarkozy, tous les candidats
de droite à la présidentielle commémorent ostensiblement le 75e
anniversaire du 18 juin 1940.
Juppé à Colombey, Fillon à Londres et Le Maire à
Beyrouth : les candidats de la droite et du centre à la prochaine
présidentielle ont particulièrement soigné leur commémoration du 75e
anniversaire de l’appel du 18 Juin. A 18 mois de l’élection primaire
qui doit les départager, chacun s’applique à se poser en digne héritier
du général De Gaulle. Engagé dans une autre bataille, Xavier Bertrand a
choisi cette date pour lancer officiellement, à proximité de Lille,
ville natale de De Gaulle, sa campagne pour la présidence de la région
Nord-Picardie. Seul Nicolas Sarkozy paraît négliger cet anniversaire.
Jeudi, il sera à L’Isle-Adam, parmi les militants, pour la fête annuelle
de l’association de soutien au député LR du Val-d’Oise Axel
Poniatowski, pur produit de la famille giscardienne qui ne se réclame
nullement de l’héritage du père de la Ve République.
A Colombey-les-Deux-Eglises, Alain Juppé sera accompagné du
député-maire François Cornut-Gentille. Comme beaucoup de juppéistes
(notamment Hervé Gaymard), ce dernier s’inscrit dans la tradition
gaulliste, seule capable selon lui de «rassembler sous la même bannière ceux qui sont en demande d’autorité et ceux qui sont en demande de fraternité».
Fillon, lui, célébrera l’appel du 18 Juin à Londres, devant la statue
du Général. Accompagné des députés LR Isabelle Le Callennec, Pierre
Lellouche et Eric Woerth, il débattra ensuite, au Palais de Westminter,
avec le ministre David Lidington et plusieurs parlementaires du Parti
conservateur britannique.
Quant à Bruno Le Maire, il sera à Beyrouth avec le député LR Elie
Aboud pour un hommage à l’homme de la France libre qui fut affecté au
Liban, à l’état-major des troupes du Levant, au début des années 30. Au
programme : visite d’un camp de réfugiés syriens, rencontre avec les
militaires de la Force intérimaire des Nations Unies puis dîner-débat en
présence de Nathalie de Gaulle, conseillère consulaire et
arrière-petite-fille du Général. Qui dit mieux ?
Alain Juppé sera présent à Colombey-les-Deux-Eglises
(Haute-Marne) jeudi 18 juin pour la commémoration des 75 ans de l’appel
du Général de Gaulle.
(M. Labbée)
Alain Juppé et le clan chiraquien en visite en 1990.
À cette occasion, le candidat à la primaire des
Républicains déposera une gerbe sur la tombe du général de Gaulle et
assistera à la cérémonie militaire au pied de la Croix de Lorraine.
L’ambassadeur de Grande Bretagne sera également du voyage.
L’ancien premier Ministre est déjà venu à plusieurs
reprises en Haute-Marne. Notamment en 1990, accompagné de Jacques
Chirac, Robert Galley, Edouard Balladur, Michèle Alliot-Marie, Bernard
Pons ou Line Renaud.
18
Juin :
Journée nationale commémorative
de
l'appel historique du général de Gaulle
à refuser la défaite et à poursuivre le combat
contre l'ennemi
Depuis
la Libération, l'Appel du 18 juin 1940
est commémoré chaque année par les Français
libres et les associations de Résistance
qui vont se recueillir devant les monuments
aux morts et les
mémoriaux érigés au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale à la mémoire
des martyrs de la Résistance, au Mont
Valérien à Suresnes et dans la plupart des
villes françaises.
Monument aux morts
Le
19 mars 2006aété
publié au Journal
Officiel
n° 67 un décret
instituantle
18 juin " Journée
nationale commémorative de l'appel historique du général
de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre
le combat contre l'ennemi ".
Décret
n° 2006-313 du 10 mars 2006 instituant le 18 juin de chaque année
une Journée nationale commémorative de l'appel historique
du général de Gaulle
à refuser la défaite et à poursuivre le combat
contre l'ennemi
NOR
: DEFD0600178D
Le
Président de la République,
Sur
le rapport du Premier ministre, de la ministre de la défense
et du ministre délégué aux anciens combattants,
Le
18 juin est institué « Journée nationale commémorative
de l'appel historique du général de Gaulle à
refuser la défaite et à poursuivre le combat contre
l'ennemi ».
Article
2
Chaque
année, des cérémonies officielles sont organisées
aux niveaux national et départemental.
Une
cérémonie symbolique est organisée au mont
Valérien par l'ordre de la Libération en liaison avec
les autorités officielles.
Une
cérémonie a lieu dans chaque département, à
Mayotte, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française,
à Saint-Pierre-et-Miquelon, dans les îles Wallis et
Futuna et dans les communes, dont l'organisation est laissée
à l'initiative du représentant de l'Etat.
Article
3
Le
Premier ministre, le ministre d'État, ministre de l'intérieur
et de l'aménagement du territoire, la ministre de la défense,
le ministre de l'outre-mer et le ministre délégué
aux anciens combattants sont chargés, chacun en ce qui le
concerne, de l'exécution du présent décret,
qui sera publié au Journal officiel de la République
française.
Fait
à Paris, le 10 mars 2006.
Par
le Président de la République :Jacques
Chirac
Le
Premier ministre, Dominique
de Villepin
La
ministre de la défense, Michèle
Alliot-Marie
Le
ministre d'Etat, ministre
de l'intérieur et
de l'aménagement du territoire, Nicolas
Sarkozy
Le ministre de l'outre-mer, François
Baroin
Le
ministre délégué aux
anciens combattants, Hamlaoui
Mékachéra
L'Appel du 18 juin 1940
L'Appel
du 18 juin 1940 désigne le discours
prononcé par le général
de GAULLE à la radio de
Londres ( BBC ).
Officier
de carrière formé à Saint-Cyr, Charles
DE GAULLEavait participé à la1ère
guerre mondialeau cours de laquelle il avait été
faitprisonnier. Dans les années 1930,
il avait été unpromoteur de l'arme
blindéeen France. En mai 1940,
il avait lancé unecontre-offensive à
la tête de ses chars àMontcornet. Le 21 mai, à Savigny-sur-Ardres où il avait installé son poste de commandement, il avait enregistré une allocution considérée aujourd'hui par plusieurs historiens comme l'« appel avant l'Appel », c'est-à-dire comme une préfiguration de l'Appel du 18 juin 1940. Le 1er juin, il avait été nommé général de brigade à titre temporaire. Le 5 juin, il avait été appelé par le président du Conseil Paul REYNAUD, au poste de sous-secrétaire d'État à la Défense nationale et à la Guerre. Le 17 juin, au moment où PÉTAIN,
devenu chef du gouvernement en remplacement dePaul
REYNAUDdémissionnaire, appelait les Français à cesser le combat et sollicitait unarmistice auprès des Allemands,DE GAULLErefusait d'accepter la défaite et se rendait à Londres, capitale du Royaume-Uni qui, sous la direction du Premier ministre CHURCHILL, était déterminé à poursuivre le combat contre l'Allemagne nazie.
Dans ce premier appel très
peu entendu, lancé le 18 juin en pleine débâcle
des armées françaises, le général
DE GAULLE invitait les officiers et les soldats français
ainsi que les ingénieurs et les ouvriers spécialisés
des industries d'armement qui se trouvaient sur le territoire du Royaume-Uni à se mettre en rapport avec lui pour
continuer le combat aux côtés de nos alliés
britanniques
Les
chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la
tête des armées françaises, ont formé
un gouvernement.
Ce gouvernement, alléguant la défaite
de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour
cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes,
submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne,
de l'ennemi.
Infiniment
plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique
des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions,
la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de
les amener là où ils en sont aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance
doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive
?
Non ! Croyez-moi,
moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien
n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont
vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas
seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière
elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient
la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser
sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.
Cette
guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre
pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de
France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes,
tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas
qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires
pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui
par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir
par une force mécanique supérieure. Le destin du
monde est là.
Moi,
Général de Gaulle, actuellement à Londres,
j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent
en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver,
avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs
et les ouvriers spécialistes des industries d'armement
qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à
s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance
française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra
pas.
Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la
Radio de Londres.
Cet appel n'a pas été filmé, et aucun enregistrement n'en a été conservé.
Par contre celui qui a été diffusé le 22 juin 1940 a été enregistré sur un disque conservé à la Phonothèque de l’Institut national de l’audiovisuel ainsi qu’aux Archives sonores de la BBC.
Quartier général
4, Carlton Garden
London
Une
affiche de mobilisation...
Le
graphisme de cette affiche rappelle
celui des affiches officielles de mobilisation
générale arborant deux drapeaux français
croisés et un liseré tricolore.
L'effet recherché est double.
Il s'agit tout d'abord de renouveler
et d'amplifier les précédents appels à la résistance
lancés par le général DE
GAULLE depuis le 18 juin 1940
à la BBC, appels qui ont
été peu entendus dans l'immédiat.
Il s'agit aussi d'affirmer
le caractère officiel de la France libre, conçue
dès le départ comme le seul véritable gouvernement
légitime qui aspire à se faire reconnaître par
le gouvernement britannique, face au régime de Vichy constitué
par « des gouvernants de rencontre »
et considéré par le général
DE GAULLE comme un gouvernement qui s'est déshonoré
en capitulant et qui a livré la France « à
la servitude ».
...
énumérant les raisons d'espérer des Français
Les
raisons d'espérer des Français
en 1940 résident dans
la conviction prémonitoire affirmée avec force par le
chef de la France libre :
- que « la
France a perdu une bataille », mais qu'elle
« n'a pas perdu la guerre » ;
- et que la guerre
de 1939-1940 est une nouvelle « guerre
mondiale » dans laquelle « des
forces immenses n'ont pas encore donné » ;
Le général
DE GAULLE fait ici allusion aux ressources et aux troupes
de l'Empire britannique qui n'ont
pas encore été totalement mobilisées, mais aussi
à celles de l'Empire colonial français
dont il espère le ralliement.
Ancien combattant de la 1ère guerre mondiale,
il pense aussi à l'engagement prévisible
tôt ou tard aux côtés des Alliés de l'Union
soviétique et des États-Unis.
Des appels répétés, peu entendus dans l'immédiat
mais d'une grande portée historique
Certes
dans l'immédiat, l'Appel du 18 juin
1940 et ceux qui l'ont suivi n'ont guère été
entendus. Un seul officier général
s'est rallié àDE
GAULLE,l'amiral MUSELIER, et parmi les
15 000 marins qui se trouvaient en territoire britannique après l'armistice du 22 juin 1940,
quelques centaines seulement se sont engagés
dans les Forces françaises libres.
Néanmoins cet appel comme ceux qui l'ont
précédé constituent bien le
principal acte fondateur de la Résistance française
extérieure et intérieure, dont les forces
se sont progressivement affermies et que le général
DE GAULLE est parvenu à unifier sous son autorité
avec l'aide de Jean MOULIN.
Même si l'engagement dans la Résistance
suscité par ces appels est resté le
fait d'une minorité de Français, il a permis
à terme d'associer la France à
la victoire alliée de 1945.
En juin 2004, l'Institut national de l'Audiovisuel ( INA ) et la British Broadcasting Corporation( BBC ) ont adressé conjointement à l'UNESCO un dossier de proposition d'inscription au Programme « Mémoire du Monde »de l'UNESCOde quatre documents d'archives relatifs à l'Appel du 18 juin : « le
manuscrit du texte de l’Appel radiodiffusé du 18 juin,
l’enregistrement radiophonique de l’Appel du 22 juin, le manuscrit de
l’affiche du 3 août et l’affiche elle-même ».
En juin 2005, le Comité consultatif international du Programme « Mémoire du monde », réuni à Lijiang en République populaire de Chine, a retenu cette proposition qui a été approuvée par le Directeur général de l'UNESCO.
Aujourd'hui, les historiens continuent de s'interroger sur l'inexistence d'un enregistrement de l'allocution de Savigny et plus surprenant de l'Appel du 18 juin à la BBC, comme sur les variantes et les différentes versions des appels successifs lancés par le général DE GAULLE depuis Londres au cours de l'été 1940.
En juin 2008, dans un éditorial mis en ligne sur son blog, l'historien François DELPLA, auteur de L'Appel du 18 juin 1940 publié en 2000 chez Grasset, explique pourquoi « le discours du 18 juin est un objet historique des plus complexes » qu'il faut replacer dans son contexte. Face à la demande d'un officier français peu connu qui appelle les militaires français à désobéir, alors que le maréchal PÉTAIN, le prestigieux vainqueur de Verdun, chef du gouvernement d'un pays allié, appelle unilatéralement à cesser le combat et sollicite un armistice, le gouvernement britannique était très embarrassé et même divisé quant à l'attitude à adopter à l'égard du général DE GAULLE et même sur la poursuite de la guerre :
[...] Il
en résulte un grand retard dans le lancement de l’appel, qui pourrait
avoir lieu dès le 17 en milieu d’après-midi et ne se produit que dans
la soirée du lendemain, à 22 heures. Le ministre des Affaires
étrangères Edward Halifax est fermement opposé à cette démarche, et
paraît longtemps en mesure de l’emporter sur le premier ministre
Churchill, qui n’en fait précisément pas une affaire d’État. Le cabinet
britannique, réuni le 18 à 12 heures 30, met carrément son veto, en
l’absence il est vrai de Churchill. Du coup la discussion, en ordre
dispersé, rebondit dans l’après-midi. Au terme de ces tractations, si
de Gaulle parle, c’est après avoir dû amender son texte à plusieurs
reprises. Mais la discussion reprend dans la nuit. Car le discours
publié par les journaux anglais du 19, qui deviendra la version
officielle ( à un passage près cependant... ajouté fin juillet ou début
août ! ), diffère de celui prononcé au micro, sur des points
fondamentaux [...]
Ce film est une révélation
2 juillet 1940, la première apparition filmée du général de Gaulle depuis son arrivée à Londres
sur le site de l'ECPA
Dans un supplément à La Lettre d’information n° 68 de son site, datée du 22 juin 2010, l'historien François DELPLA revient sur le film présenté sur le site de l'ECPAD comme étant la première apparition filmée du général DE GAULLE depuis son arrivée à Londres, dans lequel il voit une ébauche de l'affiche « À tous les Français » :
Un film d’une minute et
demie, présent sur la Toile depuis quelques mois, défraye la
chronique, notamment au colloque sur le 18 juin qui se tient en ce
moment à Paris.
Il montre de Gaulle prononçant, debout derrière
un bureau, un discours jusque là inconnu. Il ressemble cependant à
l’ébauche de l’appel du 18 juin publiée par Philippe de Gaulle en 1988
dans le volume 12 des Lettres, notes et carnets. Par rapport à ce
texte, il porte néanmoins la trace d’un polissage de forme ( huit
modifications en une quinzaine de ligne s).
Il ressemble également à un passage du discours gaullien diffusé par la BBC le 2 juillet 1940.
La tendance générale des commentaires est de dater ce
texte du 2 juillet ou d’une période immédiatement antérieure, et de
rejeter résolument, pour l’ébauche, la date du 17 juin.
À cela j’objecte que dans ses discours des premières
semaines, de Gaulle commence par indiquer où en sont les rapports entre
le gouvernement Pétain et l’Allemagne, et qu’il le fait dans celui du 2
juillet. Le passage ressemblant au texte du film vient ensuite, suivi
lui-même d’un développement sur les exemples historiques qui
devraient détourner les dirigeants de Vichy de leur attitude et, dans
le cas contraire, inciter les Français à leur désobéir.
Il serait curieux que de Gaulle prenne la peine d’enregistrer sur pellicule une esquisse très incomplète.
En revanche on peut (sous toutes réserves vu les lacunes
de la documentation dévoilée à ce jour, en France comme en Angleterre)
proposer une autre hypothèse : une ébauche de l’appel initial a pu
être retravaillée quelques jours ou quelques semaines plus tard, et
enregistrée dans un souci de propagande.
Ce texte va en effet droit au but, opposant la voie du
Général et de ses « compagnons », qui serait celle de « l’honneur », à
celle choisie par Pétain et son gouvernement, caractérisée par les mots
d’abandon, de désespoir et de capitulation.
L’enjeu est d’importance : l’appel du 18 juin, dans sa
version classique (connue, à une variante près ajoutée en août, par les
journaux anglais du 19), ne comporte aucune critique directe de
Pétain ; mieux, l’appel réellement prononcé, connu par une écoute
suisse, prétend répétitivement que le maréchal cherche un armistice
« dans l’honneur ». Or tout montre que de Gaulle voulait le frapper
d’infamie dès le départ, et en a été empêché par une censure anglaise
(dont l’épicentre était au Foreign Office de lord Halifax). C’est bien
pour cela que le texte de l’appel, même amélioré par les journaux et
poli jusqu’en août, va tendre pendant toute la guerre et, encore
aujourd’hui sur les monuments de nos places, à être éclipsé par la
fameuse affiche « à tous les Français », qui met en cause le
gouvernement Pétain d’une façon radicale. Elle-même est apparue le 3
août 1940. Dans la même veine, on trouve un « appel du 19 jui n »,
incendiaire envers Pétain, et apparu, lui,... en 1941.
Ce film semble procéder d’un souci analogue : de Gaulle a
pu envisager de faire diffuser cette séquence en la faisant passer
pour son appel ou pour un résumé de celui-ci, datant de la même
période. Puis y renoncer, soit de lui-même, soit dans une négociation
avec les Britanniques. Car il y en a eu nécessairement une, pour
convenir du texte de l’affiche et de sa diffusion en Angleterre.
Ainsi, cet enregistrement filmé, s’il a peu de chances
d’être un galop d’essai pour le discours du 2 juillet, pourrait bien
être une ébauche... de l’affiche « A tous les Français ».
Puisse le surgissement de cette bobine faire progresser
l’exigence d’un dévoilement total, des deux côtés de la Manche, des
documents permettant de reconstituer la genèse de l’épopée française
libre !
Dans un éditorial mis en ligne sur le site de la Fondation Charles de Gaulle et intitulé " Du 18 juin aux 18 juin ", Jean-Louis CRÉMIEUX-BRILHAC qui a rejoint DE GAULLE à Londres en 1941 et qui a recueilli les témoignages de témoinsde juin 1940, explique la portée de l'Appel du 18 juin ou plus exactement la portée de « l'ensemble des appels du général de Gaulle de juin 1940 » :
[...]
À franchement parler, je ne crois pas qu'aucun Français ( et
certainement aucun Britannique ) ait soupçonné en 1940 que
le 18 Juin allait devenir le 18 JUIN . De même, les
Parisiens qui prirent la Bastille ne soupçonnaient pas que
la journée allait devenir « le 14 Juillet ». Que l'appel, le
18 juin 1940, de ce général inconnu au nom prédestiné ait ému, qu'il
ait suscité chez certains un souffle d'espoir dans
l'effondrement général qu'il ait stimulé des énergies, assez
de témoignages l'attestent. L'Appel apportait une lueur, il
exprimait une volonté française que rien n'avait abattu,
qui maintenait, par la voix d'un seul, une tradition nationale,
qui faisait le lien avec toute notre histoire. Pour certains, dont
je pourrais rappeler les noms, il a suscité une indéfectible
reconnaissance, alors même qu'ils ne se faisaient pas la
même « idée de la France » que le général de Gaulle. Mais,
comme devant la plupart des grands événements historiques,
bien rares durent être ceux qui en devinèrent la portée.
Pierre Bourdan, le plus perspicace des correspondants français à Londres
et qui allait être pendant quatre ans à la BBC le plus
brillant commentateur de l'équipe " Les Français parlent aux
Français ", fut, le 19 juin au matin, de ceux qui firent
visite au général rebelle, dans son petit appartement de
Seymour Grove. « J'éprouvais, a-t-il raconté, une curiosité
intense et nerveuse, sensation d'ailleurs réconfortante après
le désarroi moral de la veille, mais non pas ce qu'un écrivain
romantique appelait le " frisson historique ", annonciateur
des grands événements ou des grandes rencontres. » Et de montrer que l'Appel du
18 Juin ( mieux vaudrait dire : « l'ensemble des appels du
général de Gaulle de juin 1940 » ) aura été comme la pierre
que lance un montagnard sur un névé : la surface neigeuse frémit à
peine, et c'est ensuite, très lentement, qu'elle s'ébranle
et glisse, en un mouvement qui lui-même s'étend et se
propage jusqu'à entraîner un versant, jusqu'à provoquer une
avalanche, tandis que le premier écho d'un faible choc
devient un bruit assourdissant. Le fait est que, si le 18
juin 1940 est devenu " le 18 JUIN ", ce ne fut pas du jour
au lendemain. Combien de Français, même parmi les résistants précoces,
même parmi les plus fervents gaullistes de France,
connaissaient, quatre ans plus tard, au jour de leur
libération, la date et le texte de l'Appel ? Du moins
ont-ils su très tôt que de Gaulle avait été le premier à exprimer
le refus et à le faire savoir, grâce au miracle de la radio, et
qu'il avait été apparemment le seul, puisque la brutalité de
la défaite avait tétanisé les masses et que le gouvernement
du Maréchal avait contraint au silence les rares
protestataires potentiels.
Le 18 juin 2009, à l'occasion de la Journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulleà refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi, le message de Jean-Marie BOCKEL, secrétaire d'État à la Défense et aux anciens combattants, a pour la première fois fait clairement référence au « premier appel radiodiffusé » de Charles de GAULLE, enregistré à Savigny-sur-Ardresle 21 mai 1940 , dont il a cité quelques extraits :
Le 17 mai 1940, à la
tête d'une division cuirassée formée en pleine bataille, le colonel de
Gaulle démontrait la justesse des vues qu'il avait défendues depuis
plusieurs années en obtenant un succès remarquable à Montcornet dans
l'Aisne.
Le 21 mai, à Savigny-sur-Ardres, à la demande de
l'État-major, Charles de Gaulle lançait depuis le champ de bataille son
premier appel radiodiffusé : « L'ennemi a remporté sur nous un avantage
initial... Ses succès lui viennent de ses divisions blindées et de son
aviation de bombardement... Nos succès de demain et notre victoire nous
viendront un jour de nos divisions cuirassées et de notre aviation
d'attaque... Grâce à cela, nous avons déjà vaincu sur un point de la
ligne. Grâce à cela , un jour, nous vaincrons sur toute la ligne » [...]