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Comment, Jean-Marie, vous êtes antisémite ? «Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde.» La citation - exacte - d'Albert Camus pourrait bien s'appliquer au RN qui, depuis dimanche dernier, refuse de qualifier Jean-Marie Le Pen d'antisémite. Le fondateur du mouvement d'extrême dont est issu le RN n'a pourtant jamais été avare en matière d'attaques contre les juifs. La justice l'a d'ailleurs reconnu puisque Le Pen père a été condamné à plusieurs reprises pour antisémitisme. La première fois remonte à 1986. Celui qui est alors député FN est condamné pour «antisémitisme insidieux». En cause, des propos tenus en 1985 à l'occasion d'un meeting. Libé s'était fait l'écho des mots lepénistes sanctionnés. Dans un article intitulé Le Pen : la leçon du commissaire aux affaires de presse, votre quotidien revenait sur les mots du leader d'extrême droite à la tribune. «Je dédie votre accueil à M. Jean-François Kahn, à Jean Daniel, à Ivan Levaï, à Elkabbach», avait lancé Le Pen, faisant écrire à Libé que «c'était sans doute une pure coïncidence si les quatre personnes citées sont d'origine juive». La Licra avait, dans la foulée, poursuivi le leader d'extrême droite pour ces mots. En meeting, rapportait Libé, Le Pen poursuivait : «Je dédie cet accueil à tous les menteurs de la presse de ce pays, aux journalistes de télévision qui ont osé filmer des chaises vides. Ces gens-là sont la honte de leur profession. Mgr Lustiger [alors archevêque de Paris] me pardonnera ce moment de colère, puisque même Jésus l'a connu.» Une référence au Christ bien évidemment fortuite là aussi, Le Pen évoquant les marchands du temple que Jésus a chassés et que le FN comptait chasser lui aussi… |
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