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mardi 6 juin 2023
6 JUIN 44
Mardi 6 juin 1944, rares furent les journaux français qui ont pu annoncer le jour même la nouvelle survenue à l’aube et attendue depuis longtemps : « l’invasion de l’Europe par les Anglo-Américains a commencé ce matin ».
Pour une fois unanimes, la presse collaborationniste et celle du régime de Vichy, déploraient en chœur cette nouvelle agression alliée menée contre la France, désormais entièrement occupée depuis le 11 novembre 1942. En effet, conséquence immédiate d’un précédent débarquement, « l’odieuse agression anglo-américaine contre notre Afrique du Nord », la zone dite libre avait été placée sous la « protection allemande ».
Une chose est sûre, cette hypothèse n’inquiétait guère la presse française : un débarquement, c’est une entreprise difficile qui s’est bien souvent terminée en catastrophe. Et en France, on en sait quelque chose.
En avril 1915, un corps expéditionnaire franco-britannique débarquait près de Constantinople, pour s’emparer du détroit maritime stratégique des Dardanelles. Faisant face à une puissante artillerie, le débarquement s’enlise et huit mois plus tard, les troupes rembarquaient et Winston Churchill, déjà, perdait son fauteuil de Premier Lord de l’Amirauté. Pendant la guerre d’Espagne, l’offensive des Républicains contre les Baléares s’était également soldée par un rembarquement, malgré la supériorité des attaquants.
Ce type d’opération offensive demeurait aléatoire et fragile. Durant la « Drôle de guerre », les opérations sur Narvik en Norvège avaient permis au public français d’en apprendre davantage sur « le problème du débarquement ». À l’été 1940, las, on attendait en France que l’Allemagne « en finisse » avec « l’Angleterre » par un débarquement.
L’attente, un peu longue, fut l’occasion pour quelques spécialistes d’exposer leurs analyses et dispenser des conseils es-débarquements, convoquant tour à tour Guillaume le conquérant et Napoléon Bonaparte mais présageant avec légèreté l’abandon des « grands bombardements préalables ». Les experts étaient formels : le débarquement se fera par la mer et par les airs, et il y aura de « faux débarquements » destinés à tromper l’ennemi.
Enfin, deux tentatives précédentes de débarquement allié entrepris « contre la France » s’étaient soldées par des défaites cuisantes.
Le 23 septembre 1940, l’opération combinée de la flotte britannique et de la France Libre contre Dakar était repoussée. Les forces défendant la place demeurèrent fidèles à Vichy et enrayèrent toutes tentatives de débarquement.
Bien pire encore avait été le raid anglo-canadien mené contre le port de Dieppe le 19 août 1942. L’opération amphibie s’était soldée par un échec cinglant et les pertes furent importantes. La propagande allemande affirmait avoir brisé l’ouverture du second front et avait fourni à la presse les photographies du désastre. Les journaux collaborationnistes exultèrent : « Le deuxième front a duré 9 heures ».
On souligne l’attitude de la population française :
« Que, demain, les Anglais débarquent ailleurs ils seront reçus de la même façon par les Allemands… et par les Français. »
Le journal d’ultradroite Je Suis partout, hilare, titre : « Le second front chez la dame de pique ». Paris Soir égrène la liste des débarquements britanniques avortés et ironise : « Quand on n’est pas capable de débarquer chez les autres, il faut bien rester chez soi ». Le Réveil du Nord titre sur les sarcasmes que l’opération aurait provoqués « dans le monde entier », c’est-à-dire à Berlin, Rome, Paris et Vichy.
Ainsi, à l’occasion du Nouvel An 1944, les plumes de la collaboration française sont-elles confiantes avec le Führer : « Un débarquement de l'ennemi ne nous surprendra pas c'est nous qui le surprendrons ». D’ailleurs, Herbert C. Hoover, ancien président des États-Unis, n’aurait-t-il pas déclaré qu’un débarquement américain était chose impossible ?
« Pour envahir le vieux continent, a déclaré M. Hoover, il faudrait de cinq à huit millions d'hommes, ce qui serait un effort trop grand pour les États-Unis, déjà engagés dans une œuvre de réarmement gigantesque.
Si mon conseil n'est pas suivi, ce sera un sacrifice inutile de vies américaines. Si nous envoyions quelques centaines de milliers d'hommes en Iran ou en Afrique, nous allons au-devant d’un nouveau Dunkerque.
D'autre part, nous n'avons pas suffisamment de navires pour transporter des millions d’hommes en Europe. En outre, même si nous arrivions à traverser l’océan, le débarquement de cette armée présenterait de telles difficultés qu'aucun expert militaire n'oserait en prendre la responsabilité. »
Les quotidiens rapportent que les Alliés s’attendent à perdre 500 000 soldats lors du débarquement et, fatalement, on subodore qu’il ne s’agirait que d’une chimère inventée pour obliger l’Allemagne à laisser loin du front de l’Est de précieuses divisions.
Goebbels assure que « la propagande invasionniste » des Alliés n’a pour objet que de ragaillardir le moral anglais. On trépigne. Le Matin se fait menaçant : « Si l’Angleterre ne tente pas l’invasion, l’Allemagne lui imposa sa décision ».
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lundi 5 juin 2023
5 juin 1883 : premier voyage de l’Orient-Express, train de luxe légendaire |
Carte postale de l'Orient-Express arrivant aux abords de Constantinople, 1900 - source : WikiCommons |
1883 : L’Orient-Express effectue son voyage inaugural à travers l’Europe en direction de Constantinople, dans un faste inouï et sous le regard de nombreux journalistes dépêchés pour l'occasion. ÉCHO DE PRESSE 5 juin 1883 : premier voyage de l’Orient-Express, train de luxe légendairele 04/06/2023 par Priscille Lamure 1883 : L’Orient-Express effectue son voyage inaugural à travers l’Europe en direction de Constantinople, dans un faste inouï et sous le regard de nombreux journalistes dépêchés pour l'occasion. Mis en circulation à la fin du XIXe siècle, l’Orient-Express est le nom du train qui offrait à ses passagers de relier Paris à Constantinople (aujourd’hui Istanbul, en Turquie) dans des conditions de confort inédites et en seulement quatre jours, un temps record pour l’époque – il fallait alors compter une quinzaine de jours pour relier Marseille à la capitale ottomane. À l’origine de cet ambitieux projet, l’entrepreneur belge Georges Nagelmackers, fondateur de la Compagnie internationale des wagons-lits et des grands express européens. Après le succès de ses premiers trains de nuit, il décide de mettre en service un train-couchette haut de gamme, le plus luxueux d’Europe, permettant à ses passagers de s’évader en quelques jours vers l’exotisme de l’Orient. Après un premier départ de la gare de l’Est à Paris, le 5 juin 1883, le voyage inaugural de l’Orient-Express est officiellement annoncé à la date du 4 octobre 1883. À cette occasion, des passagers prestigieux parmi lesquels des ministres, des hommes d’affaires ainsi que la presse internationale, sont invités à embarquer pour cette expédition qui s’annonce d’ors et déjà fascinante. Un journaliste du Figaro convié au voyage ne boude évidemment pas son enthousiasme dans un article intitulé « L’Orient à toute vapeur » :
Tout en décrivant l’organisation du train, le rédacteur ne manque pas de faire part au lecteur du faste qui règne à bord et de la cuisine raffinée servie aux prestigieux passagers :
L’autre grand journal conservateur La Croix rapporte de nouveaux détails de l’expédition via une lettre débordant d’enthousiasme d’un confrère du Gaulois, également du voyage :
Les passagers de ce palace à vapeur, preuve sur rails des avancées techniques du XIXe siècle, sont conquis par ce voyage hors du commun. L’Orient-Express gagne vite en renommée. Pendant les années qui suivent, ce nouvel axe de communication majeur entre l’Europe et l’Orient connaît un immense succès parmi les classes aisées européennes. Trente ans plus tard, lors de la Première Guerre mondiale, l’Orient-Express sera réquisitionné par l’armée française. C’est d’ailleurs dans l’un de ses wagons que sera signé, le 11 novembre 1918 à Rethondes, l’armistice entre la France et l’Allemagne. Après la Seconde Guerre mondiale, et avec la concurrence de l’aviation, l’Orient-Express, qui a peu à peu perdu son lustre d’antan, voit son trafic considérablement diminuer. En 1977, il effectuera son dernier voyage. Ce train emblématique, objet de nombreux fantasmes, a laissé une empreinte singulière dans la culture populaire ; le cinéma et la littérature l’utiliseront souvent comme lieu d’intrigues, notamment dans le célèbre roman d’Agatha Christie, Le Crime de l’Orient-Express.
– Pour en savoir plus : Consulter l’exposition virtuelle BnF « Sciences pour tous » sur « les transports » |
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