|
le Syndicat de la magistrature sur Twitter. Car si organiser une manif non déclarée est bien illégal, y participer ne l’est pas, comme le rappelle le syndicat, citant une décision de 2022 de la Cour de Cassation : «Ni l'article R. 644-1 du code pénal, ni aucune autre disposition légale ou réglementaire n'incrimine le seul fait de participer à une manifestation non déclarée.»
À 500 jours de la cérémonie d'ouverture qui se tiendra le 26 juillet 2024 sur la Seine...
l'évènement est de taille, et la France - qui n'a pas accueilli les Jeux d'été depuis un siècle - ne peut pas manquer l'occasion d'exposer sa meilleure vitrine.
Pour le président de la République, l'enjeu est simple, il faut «réaliser les plus beaux jeux de l'histoire». Rien que ça. Il sait qu'il en va aussi de sa popularité avec cet évènement qui se tiendra au milieu de son mandat. Emmanuel Macron n'est du reste pas le seul à avoir compris ce qu'il jouait avec la manifestation planétaire que la France accueillera l'an prochain: le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin redouble aussi d'efforts. Celui qui ne cache pas ses ambitions politiques préside chaque semaine quatre à cinq réunions sur la sécurité des Jeux.
Le sujet n'est pas mince. Après le fiasco de la finale de la Ligue des champions au Stade de France l'an dernier, l'Hexagone ne peut pas se ridiculiser une nouvelle fois avec un maintien de l'ordre déplorable. Alors on se retrousse les manches. Cela passe d'abord par un gonflement des effectifs de police et de gendarmerie attendus en région parisienne. Les forces de l'ordre devraient aligner 35.000 personnes pour la seule cérémonie d'ouverture. Du jamais vu. On fera appel aux réservistes, inévitablement, et l'arrivée de renforts de tout le pays est prévue.
Autre zone d'ombre à éclairer avant l'arrivée la torche olympique: le budget. La semaine dernière, le président de la Cour des comptes alertait dans nos colonnes sur l'état des finances publiques. Il faut espérer que les Jeux olympiques n'aggraveront pas la situation. Pour l'heure Pierre Moscovici estime que l'investissement public dans les Jeux devrait atteindre «autour de 3 milliards d'euros», mais les budgets de Paris 2024 ont déjà été revus à la hausse en décembre dernier.
| |
Paris, qui croule sous les poubelles, accueillera dans 500 jours les Jeux olympiques d'été. Nul n'ose imaginer que le spectacle d'une ville livrée aux rats vienne alors gâcher la fête. Sous les caméras du monde entier, la France offrirait son pire visage, celui de la gréviculture, d'un pays abandonné à lui-même. Cette vision cauchemardesque doit hanter Emmanuel Macron pour qui cette compétition est bien plus qu'un rendez-vous sportif. À cette occasion, le chef de l'État joue sa réputation dans le monde, tant la dimension politique et diplomatique de l'événement est incontestable. Au-delà, c'est, bien sûr, l'image de la nation tout entière qui est exposée. Un sacre médiatique peut être la garantie de belles retombées économiques.
Les JO de Paris présentent deux singularités. La première réside dans la cérémonie d'ouverture. Le 26 juillet 2024, celle-ci ne se déroulera pas dans un stade, mais sur la Seine, où défileront en bateau quelque 10 000 athlètes sur 6 kilomètres. Si cette parade nautique promet d'être grandiose, en assurer la sécurité, notamment contre le terrorisme, est un lourd défi. Emmanuel Macron et Anne Hidalgo, qui ont défendu l'organisation de ce show coûte que coûte, contre l'avis de nombreux experts, n'ont pas le droit à l'erreur. Un couac d'entrée serait catastrophique.
L'autre particularité tient au fait que la France a fait le pari d'un budget maîtrisé. Il s'élève à 8,8 milliards d'euros, à moitié pris en charge par des partenaires privés. Sage engagement dans un pays endetté jusqu'au cou- tout comme sa capitale -, mais encore faut-il qu'il soit tenu ! Londres en 2012 et récemment Tokyo, certes moins bien équipés que Paris et son agglomération, ont dû régler une facture beaucoup plus salée que prévu. Après les réjouissances, une fois la flamme éteinte, ce sont toujours les contribuables qui payent les pots cassés.
D'ici au coup d'envoi des épreuves, nombre de chantiers sont encore en cours, surtout dans les transports. Le compte à rebours est lancé, il n'est plus temps de tergiverser. Tous les acteurs du défi français doivent être dans les starting-blocks.
Vous regrettez de passer des nuits blanches devant le Masters d’Indian Wells, mais sans Djokovic ? Devant Koh Lanta et ses plages de pub ? Essayez le direct de Public Sénat. Le spectacle est garanti, et la stratégie des protagonistes est décryptée le lendemain dans vos journaux. C’est vrai au moins cette semaine. Les crispations, coups de théâtre et bras d’honneur captés dans les hémicycles du Parlement français ont fait forte impression dans la presse internationale. Le spectacle parfois indigne offert par le débat politique en France est observé à l’étranger. Quelques commentaires perplexes se trouvent ici et ici…
Il y a parfois d’amusantes collisions d’actualité, parfois fortuites, parfois non et parfois on se demande. Et alors que le gouvernement est actuellement très occupé par un peuple plus remuant que prévu, le voilà qui tente, envers et contre tout, d’intéressantes cabrioles avec les remboursements de sécurité sociale.
C’est ainsi qu’on apprend, quelque peu surpris, que la Sécurité sociale vient de mettre fin, ce premier mars, au remboursement partiel des cathéters de thrombo-aspiration, un équipement de pointe dans le traitement des accidents vasculaires cérébraux.
Décision d’autant plus surprenante que l’usage de ces cathéters est particulièrement efficace au point d’être devenus l’indication de référence dans le traitement des AVC et que, comble de la bizarrerie bureaucratique bien tortueuse, le même gouvernement a décidé En Même Temps qu’on en déploie davantage sur tout le territoire, au plus près des patients.
Décidément, la France en Marche ressemble de plus en plus à un homme ivre qui titube du rail gauche au rail droite du chemin de fer sur lequel le train du progrès va passer très vite sans s’arrêter…
D’autant qu’En Même Temps toujours, et en opposition avec ce déremboursement brutal et d’une logique discutable, Babeth Borne – qui serait encore et toujours le Premier ministre – annonce sans sourciller le remboursement des protections périodiques réutilisables pour les femmes pardon les humanoïdes munis de vagins de moins de 25 ans.
L’annonce – en fanfare, évidemment – de cette mesure, goulument détaillée dans la plupart des journaux républicains, démocratiques et fact-checkés, laisse pudiquement en suspens une question qui taraudera pourtant l’homme le mammifère bipède de la rue : pourquoi s’arrêter à 25 ans, laissant ainsi supposer qu’après cet âge, il n’y aurait plus besoin de ces protections périodiques ?
Choix étonnant de l’âge et choix tout aussi étonnant du remboursement qui porte donc sur une protection qui n’est pour ainsi dire plus du tout employée depuis un demi-siècle et que les prurits écolo-conscientisants n’arrivent pas à faire revenir en grâce.
C’est aussi un choix révélateur en ce qu’il porte, encore une fois, sur quelque chose de relativement intime : on en vient à se demander ce qui peut bien obséder autant nos élites qui sont régulièrement à se préoccuper de ce qui se passe entre nos jambes. Il ne s’est en effet écoulé que quelques mois depuis l’annonce de la gratuité des préservatifs par Emmanuel Macron, seulement quelques jours depuis que ce dernier a lancé avec beaucoup d’emphase une grande campagne de vaccination contre le papillomavirus, et quelques heures depuis qu’il a proposé d’inscrire l’IVG dans la constitution…
Au passage, on s’étonnera (sans s’éterniser, cependant) que les dirigeants aient choisi de ne plus rembourser un traitement pourtant efficace, au profit d’une lubie à la mode… Peut-être s’agit-il d’un calcul économique malin ? C’est improbable tant l’économie est pour ces gens-là une contrée étrangère, hostile et jamais visitée (Bruno Le Maire a cru y faire un tour, jadis, alors qu’il n’a fait que du tourisme au Royaume des Budgets En Carton) ; néanmoins, force est de constater que la quantité de femmes qui désireront réellement porter des protections périodiques réutilisables et se les faire rembourser est probablement beaucoup plus faible et donc bien moins coûteuse que le remboursement des cathéters pour traiter les AVC dont le nombre ne risque pas de diminuer prochainement, et au contraire même si l’on se rappelle les performances notables de certaines injections miracles récentes en matière de coagulations intempestives rigolotes.
Mais pourquoi se plaindre ? Après tout, cette gestion unilatérale et complètement détachée des vraies demandes des Français est une illustration parfaite du collectivisme en application : personne ne peut choisir, au niveau individuel, ce qui est ou non assuré, remboursé ou couvert. Une entité plus ou moins désincarnée choisit pour tout le monde, et si cela ne convient pas, peu importe.
Le pompon étant bien sûr d’enfiler ce genre de décisions avec force battage médiatique alors même que le pays semble bien plus proche d’une crise énergétique majeure que d’une rupture de stock de lingettes, ou qu’on fait, chaque jour qui passe, le constat d’un dénuement assez tragique (pour ne pas dire mortel) de l’armée française, toutes armes confondues, ou que les demandes d’aide alimentaire sont en nette hausse…
Décidément, la priorité gouvernementale a été placée au-dessous de notre nombril. Il n’y a rien pour nos têtes, nos cœurs et nos ventres.
Encore une fois, il s’agit de faire plaisir à une hyper-minorité ultra-bruyante d’activistes qui n’ont de féministe que le logo, et pour le reste, le gouvernement ne cherche absolument pas à résoudre les problèmes des Français. Il ne cherche qu’à se faire bien voir de ceux qui ont l’oreille biaisée des médias, point.
Dans une course à l’échalote tragique, on assiste à la surenchère entre ce que les “minovités risibles” réclament à grands bruits, ce que les médias caricaturent avec leur talent tout particulier à narrer des âneries, et ce que les politiciens cherchent à accomplir avec leurs compétences de plus en plus étroites.
En pratique, le gouvernement et plus généralement les politiciens actuellement élus sont devenus incapables de proposer des solutions viables ou même simplement crédibles, et encore moins d’appliquer des solutions connues à des problèmes connus. Ils sont en revanche de plus en plus affûtés pour apporter des solutions idiotes à des problèmes qu’ils créent de toute pièce.
Dès lors, armé de ce prisme de lecture, et vu le niveau assez ahurissant de pourrisme des solutions qu’ils nous amènent en matière d’énergie, de mobilité, de fiscalité, de retraites, de santé ou d’emploi et j’en passe, comment ne pas comprendre que le principal des problèmes n’est pas la conjoncture ou les crises mondiales que nous traversons, mais bien nos fabuleux dirigeants ?
Le 5 mars 2023, c'est un Beethoven tout en transcendance et en grâce qu'a donné Maria João Pires dans l'un des concerts à jamais inoubliables pour tous ceux qui y ont assisté. À 78 ans, la pianiste portugaise, qui devait arrêter la scène il y a quelques années de cela, incarne aujourd'hui, la grandeur du service humble de la musique. Pour saluer cette immense musicienne. |
Il est de ces concerts qui, au moment même leur déroulement et a fortiori après leur avènement, vous marquent à un tel point que décidément, il n’est pas question de les comparer à ce qu’on peut soi-même considérer comme de « grands concerts ». Car décidément, non, ce n’est pas de cela qu’il s’agit dans ce cas. Ni moment agréable, ni occasion d’apprécier une œuvre déjà connue selon un angle particulier ou d’apprécier tel ou telle interprète : ce type d’événement est unique en soi et incomparable pour plusieurs raisons. Et déjà, disons-le, parce qu’il s’agit d’un moment absolument unique qui ne reviendra plus, ni pour le musicien ni pour le public, paradoxalement quand le musicien en question s’est distingué par une discographie de qualité où on pourra retrouver l’œuvre donnée au concert – car en ce moment unique, on sent bien que quelques chose d’irremplaçable s’est produit. Ensuite, parce que quelque chose d’une substance difficilement définissable s’est transmise simplement et fortement en ce moment précis, qu’on a vécu avec quelques privilégiés, qui avaient eu eux aussi la bonne idée de ne pas rater le rendez-vous. Enfin, parce que même à leur corps défendant parfois, le jeu de certains interprètes contient certains aspects qui leur sont définitoires et qui apparaissent de manière souvent plus impressionnante sur scène qu’à la faveur des enregistrements studios. Et je dis bien à leur corps défendant car à l’exemple de cette immense pianiste dont je vais parler, certains musiciens mettent l’enregistrement studio au-dessus du concert. Et pourtant… J’ai toujours associé le nom de Maria João Pires à ses enregistrements qu’on dit déjà mythiques à juste titre (et que je vénère depuis longtemps déjà), des Concertos et Sonates de Mozart, des Sonates et Impromptus de Schubert, des Valses et Préludes de Chopin ou encore de ses enregistrements de musique de chambre avec Augustin Dumay. Je dois avouer que je connaissais mal ses Beethoven, je ne sais par quelle négligence impardonnable. Et pourtant dès ses premiers enregistrements pour Erato dans les années soixante-dix, certaines des « grandes » sonates étaient déjà là, la Clair de Lune, la Pathétique, l’Appassionata. Une approche qui m’apparaît aujourd’hui indispensable, pour y être plus attentif après l’événement exceptionnel auquel j’ai assisté dimanche dernier à la Philharmonie de Paris : le récital donné par Maria João Pires avec la Sonate pour piano N° 8 en ut mineur op. 13 « Pathétique » de Beethoven, les Scènes d’enfants op. 15 et l’Arabesque op. 18 de Schumann et la Sonate pour piano N° 31 en la bémol majeur op. 110 de Beethoven. Difficile de parler d’une expérience justement aussi délicate à expliquer que cette substance du Beethoven de Maria João Pires, en un concert qui relève surtout de l’expérience à laquelle invite constamment l’approche musicale de cette pianiste de génie, à savoir une sorte de recueillement de chaque instant, et pour le dire plus précisément, une ascèse spirituelle. Évoquer une fois encore la figure parfois galvaudée du « service de la musique » à l’endroit de son jeu n’est pas un leurre, quand on traduit cet idéal-là selon les désinences de cette ascèse où est transmis sans le moindre effet de grandiloquence, cet aspect d’élévation méditative qui peut demeurer un but inatteignable pour beaucoup de pianistes. Dans le cas de Maria João Pires, cela a toujours été de l’ordre d’une recherche de la quintessence de l’art, là où – pour reprendre ses mots – « l’œuvre s’ouvre, pour laisser place à la source de toute musique ». Et il faut s’empresser de le dire : cette approche tout en épure, rétive à l’artifice de tempo ou d’accentuation, cette science encore de la nuance et de la pédale, d’un toucher mystérieusement infini dans sa palette de gradations, ce phrasé que d’aucuns diront « poétique » quand il fore dans l’émotion pure – toutes ces qualités donc, sont les fleurons des beethovéniens les plus chevronnés, les plus essentiels et dont les enregistrements resteront dans l’histoire. Et on n'oublie pas que parmi les grands concours remportés par la pianiste, il y eut aussi le concours Beethoven organisé lors du bicentenaire, en 1970. Revenir aux premiers enregistrements de ces sonates par la pianiste portugaise, pour Erato en 1977, permet aujourd’hui de mesurer une continuité de la juste énonciation, qui pourtant a évolué encore dans la profondeur méditative. Quand elle aborde d’entrée de jeu la Pathétique, on note ce ralentissement des tempi par rapport à l’enregistrement de 1977, avec le même phrasé reconnaissable entre tous et qui agence les notes comme en une narration intranquille, une estampe tremblée où les détails s’agglomèrent avec un naturel désarmant. Les accents de robustesse révoltée de l’Allegro initial vous racontent un cheminement à la fois escarpé et résolu, sans que jamais la posture ne l’emporte sur le récit vrai. La confession nous est confiée comme par un don avec l’Andante cantabile, si célèbre et qui pourtant vous est livré ici comme si vous le découvrez pour la toute première fois. Les musiciens de cette génération, parmi les monstres sacrés de la musique aux XXe et XXIe siècles sont des résistants. Maria João Pires, Daniel Barenboim, Martha Argerich sont aujourd’hui octogénaires (ou presque pour Maria João Pires, bientôt 79 ans) et prolongent leur art sur scène, en sacerdoce qu’ils n’ont jamais cessé d’exercer et comme raison d’exister et d’habiter le temps. D’entrée de jeu, le public est prévenu par une annonce avant le concert, que Maria João Pires a fait voilà quelques semaines une chute qui handicape sa marche, un problème de hanche qui la fait claudiquer et qui avait déjà conduit au report de ce concert. Ceux qui ne l’avaient pas revue récemment découvrent cette petite dame qui, comme à l’accoutumée, semble plutôt gênée par les applaudissements : elle est l’incarnation de l’humilité et manifestement, la taille de la pianiste a diminué. Au bord de son tabouret, elle crée un monde en posant les mains sur le clavier, et c’est celui de Beethoven – nous voilà à Vienne vers 1799. Ce « premier Beethoven », qui éclot tout armé déjà de ses leçons de contrepoint et de composition auprès d’un certain Haydn, est ici présenté à la faveur de son univers saillant. Après cette « Pathétique » à la fois profonde et lumineuse dans sa tonalité de do mineur, donnée en début de concert contrairement au programme prévu, les applaudissements sont vifs, les remerciements et les acclamations témoignent d’une affection du public français qui ne s’est jamais démentie tout au long de la carrière de Maria João Pires, marquée par quelques éclipses. Les Scènes d’enfants et l’Arabesque de Schumann semblent ménager une transition entre les deux massifs beethovéniens. Rarement les Kinderszenen auront été données avec une telle douceur, une telle pureté diaphane où tout résolument est mâtiné d’une lumière première. Henry Barraud, le distingué mozartien, disait que « l’art de l’enfance n’est pas l’enfance de l’art », et on devine la maîtrise considérable qu’il faut pour donner le naturel d’enfance de ces scènes ciselées de velours et de satin sous les doigts d’une pianiste qui a la sincérité pour seul idiome. Maria João Pires considère aujourd’hui que son premier enregistrement de l’opus 110 de Beethoven qu’elle avait réalisé pour Erato en même temps que ses autres premiers enregistrement beethovéniens, n’était qu’une esquisse. Elle confiait son approche des deux dernières sonates, opus 110 et opus 111 à Alain Lompech en 2021 : « Elles ont été écrites en même temps et expriment la même chose dans des langages différents. Un des langages dans la Sonate op. 110 est d’une grande douceur, d’une grande acceptation du destin… » C’est sans doute ici que s’affirme encore davantage ce chant de haute spiritualité qui caractérise l’approche de Beethoven par la pianiste. On est très haut, suspendus à un fil invisible et pourtant tangible, jusque dans cette fugue finale éminemment déstructurée (Allegro ma non troppo), dont la science ne tient plus justement dans son intelligence précisément structurelle, mais dans autre chose d’indéfinissable. Chez bien d’autres pianistes, l’insistance mise sur la construction de cet édifice tire la lecture vers la subversion de la forme fuguée, et il ne peut pas en être autrement dans un certain sens. Mais d’autres, pensons surtout à Wilhelm Kempff, font de cette subversion une toile de fond, pour que cette « autre chose » justement s’y développe, comme sur un terreau favorable. Et Maria João Pires, éminemment, est de ceux-là. Car ce dernier Beethoven, qui est métaphysique au sens plein du terme, dans le registre de sa pensée et dans son art, est compositeur de la transcendance. Maria João Pires dans cet avant-dernier opus d’un massif de sonates qu’Hans von Bülow avait nommé le « Nouveau Testament de la musique », mène l’auditeur (et le spectateur de son intériorité) sur les chemins d’une grâce supérieure, qui n’a plus rien à voir avec l’élégance ou le charme : c’est la grâce même d’un nouvel espace qui, s’il n’est pas seulement religieux, a tout à voir avec le sens du sacré. Même dans l’immanence de ce qu’on entend comme un dévoilement toujours empreint de naturel, le sacré est bien là, et l’héritage de Wilhelm Kempff (celui qui comprit plus que tout autre le jeu de la pianiste qu’il conseilla à ses débuts) se confirme ici, dans la sensibilité et dans l’élévation du ton. Alors oui, le public privilégié de la Philharmonie l’a bien compris le 5 mars dernier, lui qui fit autant de rappels, debout et fervent, que ne pouvait le supporter la pianiste encore convalescente : Maria João Pires, fidèle à sa discrétion légendaire aujourd’hui rehaussée par toutes ses activités mises au service de la transmission et de la pédagogie, incarne par excellence l’honneur de la musique. BILLET DE BLOG 11 MARS 2023 Directeur du CIEEG (Centre international d'études Édouard Glissant) et du pôle numérique à l'Institut du Tout-Monde, Directeur des revues « La nouvelle anabase » et « Les Cahiers du Tout-Monde ». VOIR SITE PERSONNEL (fonctions-références-actualités) : www.loiccery.com ----------------------------------------- Référence indispensable : le grand entretien en 5 parties accordé par Maria João Pires à France Musique en 2019 (1ère partie ; 2e partie ; 3e partie ; 4e partie ; 5e partie). |
La honte : pour Macron, les Haïtiens sont « complètement cons » et ont tué « Haïti » Emmanuel Macron affirme que les « Haïtiens sont compl...