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Il y a des personnalités admirables et si exemplaires, que ce soit sur les plans intellectuel, philosophique et politique, qu’on n’hésite pas à s’intéresser à tous les secteurs de leur existence, même les plus intimes. Avec une curiosité aiguisée pour la manière dont elles ont appréhendé bonheurs et infortunes, ainsi que l’humain dans sa plénitude.
Le 25 novembre, une remarquable émission a été consacrée au couple Maria Casarès/Albert Camus, à leur passion durable et intense jusqu’à la mort de l’écrivain : «Maria Casarès et Albert Camus, toi, ma vie», sur France 5.
Cette incandescence du coeur et du corps, illustrée par une magnifique et nombreuse correspondance, a semble-t-il été compatible avec l’amour que Camus portait à son épouse Francine et avec la liaison qu’il a entretenue également dans les dernières années avec Catherine Sellers, actrice choisie pour son adaptation théâtrale du «Requiem pour une nonne» de William Faulkner.
Maria Casarès sans doute en faisait-elle parfois reproche à Camus qui répondait avec cette défense : «Je t’ai trompée mais je ne t’ai jamais trahie».
Je ne pouvais m’empêcher de penser, face à cette histoire sublime et douloureuse, à François Mitterrand et Anne Pingeot, tant des similitudes apparentes réunissent les destins de ces deux couples. Pourtant j’éprouvais une irrésistible préférence pour le duo Camus/Casarès réuni initialement par une puissante passion du théâtre, une sincérité et une complicité résistant à tout ; alors que je ressentais une gêne face au cynisme politique de Mitterrand, à ses ambitions et à son pouvoir confrontés au lyrisme d’un séducteur accumulant les conquêtes, acharné longtemps à posséder Anne Pingeot, infiniment plus jeune que lui, puis la trompant et se justifiant à peu près sur le même mode que Camus.
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Pourquoi ce qui me semblait admissible chez ce dernier tournait-il, dans ma perception de l’ancien Président, à la fois si intelligent et cultivé mais si roué et brillant dans la rhétorique amoureuse, à une sorte d’agacement ? Comme s’il y avait plus de «je» et de «jeu» dans cette passion que de vérité du coeur, d’authentique spontanéité ?
Sans doute suis-je injuste mais il n’y avait rien dans les histoires antérieures et les personnalités de Camus et de Maria Casarès qui rendait artificielle cette passion réciproque… Elle apparaissait comme la suite nécessaire de sensibilités naturellement disposées à connaître cet enchantement et parfois ces amertumes d’une union exacerbée mais fragilisée par les parcours professionnels de l’un et de l’autre… Albert Camus avec Maria Casarès, c’était une évidence. Maria Casarès avec Albert Camus, c’était une fatalité dès le premier regard.
Cependant, pour Camus, j’aimerais être convaincu d’emblée et sans réserve par cette belle formule – tromper mais sans trahir – alors que je ne le suis pas et que j’y vois surtout un sophisme qui autorise, par rapport à une règle à laquelle on a paru consentir, toutes les exceptions. Je conçois tout ce qu’on pourrait invoquer au bénéfice de Camus qui se serait livré, dans le domaine sexuel, à une sorte d’inconstance en se défendant pourtant de porter atteinte à l’union essentielle malgré la multiplication des liaisons accessoires ou non. Par exemple, la liaison avec Catherine Sellers aurait été sans conséquence sur son lien fort avec Maria Casarès…
N’y a-t-il pas là, contre la splendide réalité de la fidélité (quand l’autre vous la permet, qu’elle est choisie et non contrainte ni conventionnelle), une apologie facile de l’éparpillement qui laisserait intacte la passion centrale nécessaire, quand les autres appétences seraient contingentes ?
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Plutôt que d’être séduit par cette justification relevant plus d’un esprit brillant que d’une logique véritablement amoureuse, je m’interroge sur le besoin qu’avait un Camus – dont la vulgarité n’était pas le fort ni le narcissisme – de succomber à des tentations et d’aspirer à des conquêtes alors qu’il aurait été si simple pour lui de ne pas trahir en ne trompant pas. Besoin de séduire sans cesse et à tout prix, faiblesse d’un homme trop beau et trop désiré ne se retenant pas, ne «s’empêchant pas», volonté, au fil du temps, de se partager entre l’unique Maria Casarès et les élans du corps le poussant vers d’autres ?
Ces contradictions ne m’auraient pas troublé de la part d’une personnalité ordinaire, qui n’aurait d’ailleurs pas éprouvé la subtilité entre tromper et trahir et se serait livrée à des infidélités classiques, mais elles me questionnent, s’agissant de Camus. Comme si je ne supportais pas, chez lui, une sorte d’abandon, de conformisme, contradictoires avec le feu qu’il aurait dû réserver à Maria Casarès puisqu’il ne cessait de lui écrire qu’il brûlait pour elle comme au premier jour…
Il n’est pas indécent, puisque rien de ce qui concerne Camus ne nous est aujourd’hui étranger, de se pencher sur un être ayant su honorer l’intégrité de l’intelligence et le sens de la justice tout en jouissant de la sensualité de la vie, de la beauté des choses et de la présence des femmes.
Au lieu de donner des leçons d'aménagement urbain au frère du maire de Kiev médusé par son degré de déconnexion (elle lui explique combien il serait opportun qu'il y ait, comme à Paris, moins de voitures et plus de vélos dans les rues quand les missiles russes auront cessé de tomber sur la capitale ukrainienne...), Anne Hidalgo ferait mieux de regarder outre-Manche. À Londres, après moins de dix ans de chantier, une zone de 16 hectares située sur les bords de la Tamise a été réaménagée, restaurée, réhabilitée pour donner naissance à un quartier tout beau, tout neuf. En son centre, la vieille usine à charbon flanquée de quatre cheminées qui, transformée dans les années 30, fournissait jadis en énergie électrique un tiers de la ville. De l'art de transformer une verrue en grain de beauté... Accompagné du photographe Michel Figuet, Philippe Viguié-Desplaces a arpenté l'endroit au moment de son ouverture, juste avant que 250.000 Londoniens déferlent dans les halls, les ascenseurs, les escaliers, les commerces et les restaurants de Battersea. Qui a le bon goût de se situer tout près de St Pancras (pratique quand vous sortez de l'Eurostar...). À voir absolument, avant de découvrir toutes les nouvelles adresses (hôtels , restaurants, bars, magasins...) recensées avec la méticulosité d'un Hercule Poirot sans moustache par Marine Sanclemente.
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Ce 2 décembre, des Français, des Prussiens, des Autrichiens, des Russes, mais aussi des Américains, des Espagnols et des Japonais se retrouvaient sur une plaine morave pour reconstituer la bataille d'Austerlitz. Ils sont ainsi, les fous de l'Empereur : ils aiment à se retrouver (pour se déguiser, refaire l'Histoire, commenter le Mémorial de Sainte-Hélène, pleurer sur la décadence de la France depuis 1815...). L'immense biographe de Bonaparte Patrice Gueniffey a imaginé justement dans une nouvelle certains d'entre eux se réunissant chaque 2 décembre à une condition : ne pas parler de Napoléon pour ne pas briser le moment d'amitié partagé autour de bons verres dans une maison de Sologne. Bon, évidemment, comme dans le dessin de Caran d'Ache sur l'affaire Dreyfus, ils en ont parlé. Et comme dans le dessin de Caran d'Ache, cela a dégénéré... De quoi pousser le narrateur à s'exclamer «je hais Napoléon». C'est vous dire.
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