En images : les yachts de plus en plus nombreux à la marina du Marin
La Martinique et la marina du Marin attirent, de plus en plus, les propriétaires de ces embarcations luxueuses et somptueuses. Nous avons pu en visiter certaines. Photos et vidéos.
Le 17 novembre dernier, le MV Yacht Servant, l'un des cargos semi-submersibles les plus longs au monde, 214m pour 46 m de large, a fait une entrée remarquée dans la baie du Marin.
À son bord, il transportait plus 15 yachts de provenance diverses ( USA, Malte, Îles Caïmans,…). Le lendemain, il a déchargé toute sa cargaison dans les eaux martiniquaises. Depuis, c'est balai de bateaux, impressionnants par leur taille à l'instar du Harle -le plus imposant- et tous aussi somptueux les uns que les autres.
Fort potentiel d'achat
Sur la marina, c'est l'équipe de Douglas Yacht Services, spécialisée dans la conciergerie haut de gamme, qui gère cette activité maritime. Elle est capable de répondre aux besoins matériels de ces plaisanciers souvent très exigeants et ce, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, comme l'explique Marie-Eugenie Kieffer, directrice d'exploitation de la société, dans la vidéo ci-dessous. Cela peut aller d'une simple épingle à cheveux à un spectacle à bord du yacht, la société s'attelle à produire tout type de prestations et de produits.
• Le 26 novembre 1922, Howard Carter, égyptologue britannique, entre dans l’antichambre du tombeau de Toutankhamon, dans la Vallée des Rois. Cent ans plus tard, cet événement reste l’une des découvertes majeures du XXe siècle ! À l’occasion de son centenaire, célébré ce samedi 26 novembre, replongez dans l’exposition qui avait eu lieu au Grand Palais, à Paris, présentant plus de 150 objets issus du tombeau du pharaon.
Quel bouquin ! Les critiques américaines avaient annoncé la couleur, c'est vrai, en acclamant cet Espions en Révolution, mais on aurait pu ne pas "mordre" de l'autre côté de l'Atlantique. Eh bien, si ! On mord même à belles dents dans ce récit historique extraordinaire qui se joue dans le monde parallèle des espions du XVIIIe siècle, à la veille de la Révolution américaine.
Pas besoin de s'accrocher pour entrer dans l'histoire, tout est incroyablement limpide. Richard Paul a le talent des savants qui aiment transmettre. En quelques mots, il bâtit un décor, résume une carrière, exhume de leur époque reculée des couleurs, des odeurs et tout ce que les sens sont en mesure de capter.
L'ancien professeur de Berkeley et de Yale, aujourd'hui à l'université de Californie à San Francisco, n'est pas seulement un talentueux impressionniste. L'histoire vraie et méconnue qu'il raconte est digne des plus grands films d'espionnage avec ses intrigues, ses trahisons, ses affrontements et ses héros hors du commun. Et de ce côté-là, aussi, on ne pouvait pas rêver mieux que le trio Silas Deane, Beaumarchais et le chevalier d'Eon. Fabuleux !
Espions en Révolution, Joel Richard Paul, éditions Perrin, 384 pages. Prix : 23, 90 €.
Jérôme Garcin: «La mort il y a soixante ans de Gérard Philipe a provoqué un tsunami»
INTERVIEW - Le plus célèbre interprète du Cid est décédé à 36 ans, le 25 novembre 1959. Soixante ans plus tard, sa mémoire
INTERVIEW - Le plus célèbre interprète du Cid est décédé à 36 ans, le 25 novembre 1959. Soixante ans plus tard, sa mémoire continue de faire pleurer les cœurs. Jérôme Garcin, qui vient de lui consacrer un ouvrage,Le dernier hiver du Cid, analyse les raisons de cette passion.
«Je vois encore la moquette bleue de la rue de Tournon, les trois petites marches qui menaient à la chambre de Gérard, où se trouvait un lit assez large et sans sommier. La lumière venait de la cour.» Celui que Jérôme Garcin appelle affectueusement par son prénom est Gérard Philipe. Il y a soixante ans, le 25 novembre 1959, le comédien succombait à 36 ans d’un cancer du foie. À cette mort foudroyante, à cet acteur adoré - qui fut aussi un beau-père qu’il n’a pas connu -, l’écrivain a consacré Le dernier hiver du Cid, publié chez Gallimard. Récit d’une mort en trois mois qui laissa le théâtre et la France endeuillés. Et qui, des décennies plus tard, continue de faire pleurer les cœurs.
LE FIGARO. - Comment expliquer que, dans notre imaginaire, Gérard Philipe soit synonyme du Cid?
Jérôme GARCIN. - Il a été enterré dans les habits du Cid! Enterrer un comédien dans le costume qu’il a porté, c’est inscrire son rôle dans l’éternité. Tout le monde s’entendait, ceux qui l’aimaient comme ceux qui ne l’aimaient pas, pour dire qu’il avait réinventé ces rôles un peu usés. Il a humanisé ces textes un peu austères; il a mis le Cid dans son époque. Mais il est vrai que c’est assez incroyable de l’assimiler à des pièces qu’on ne peut même plus voir (Jean Vilar refusait de laisser filmer les pièces, NDLR). Une chose est sûre, inscrire la légende de ce jeune mort dans des rôles qui ont passé les siècles a ajouté à la beauté de son destin...
Pourquoi une telle mise en scène au moment de sa mort?
Exposer son corps, comme celui d’un prince, en haut des marches, dans ce costume apporté le matin par l’habilleuse du théâtre de Chaillot était volontairement théâtral. Le tout-Paris intellectuel et artistique défilait devant. Mais cette mise en scène n’était pas artificielle. Le fait que tout se soit passé avec une telle violence, une telle rapidité, en a fait une véritable tragédie en direct. Rendez-vous compte: les jours précédents, Gérard continuait de lire Les Troyennes d’Euripide et, la veille de sa mort, souriait encore. Quand Georges Perros, son ami, écrit: «Gérard tu n’es pas mort. Tu fais semblant», c’est le sentiment qu’ont eu ses contemporains.
Le soir de sa disparition, aux «Actualités françaises», François Mauriac s’exclame: «Il était d’une autre race. C’était une âme. C’est une âme». Quelques jours plus tard, Jean Vilar rend hommage à «ses dons qui étaient ceux de la grâce». N’est-ce pas étonnant, ce vocabulaire si religieux?
Oui, c’est un vocabulaire assez chrétien quand on y pense. Alors même qu’après son éducation catholique il était devenu un homme de gauche militant, l’idole des pays communistes. Je crois que ce vocabulaire est lié aux vertus que Philipe possédait: la bienveillance, l’altruisme, la générosité. Et le choix qu’il a fait de travailler avec Jean Vilar est inimaginable pour un comédien qui aurait la même notoriété aujourd’hui. Cela impliquait d’avoir le même cachet que ses collègues. Sur les affiches, tous les noms étaient placés dans l’ordre alphabétique et dans le même corps de texte. C’était aussi apporter les grands textes à ceux qui n’avaient pas la chance d’y avoir accès.
Par quoi cela passait-il?
Gérard allait à Suresnes pour jouer devant un public de spectateurs défavorisés où il tenait dans un même week-end deux rôles-titres - et pas des moindres! - le prince de Hombourg et Rodrigue du Cid. Il sacrifiait ensuite au rituel des thés dansants: tous les comédiens allaient danser avec le public. Pour moi, on peut assimiler tout cela à un engagement de gauche mais aussi à un engagement parachrétien. Mauriac était d’ailleurs fasciné par cette figure presque christique. Gérard Philipe n’était pas qu’un comédien génial.
Comment était perçu Gérard Philipe, à l’époque, par ses contemporains?
Il incarnait aux yeux de l’époque la jeunesse française idéale des années 1950. Les gens voulaient se reconnaître dans la pureté de ce garçon, qui avait de bonnes raisons de savoir que la France s’était salie, abîmée, pendant la Seconde Guerre mondiale (Marcel Philip, son père, riche hôtelier, a été condamné pour intelligence avec l’ennemi. Gérard Philipe, lui, a participé à la libération de Paris en 1944, NDLR). Tout à coup cet ange de la pièce de Giraudoux (Sodome et Gomorrhe) apportait une pureté qui était la France qu’on avait envie de voir. Presque rédempteur. Ce qui est fou, c’est la cohésion nationale: il touchait tous les milieux et toutes les tendances politiques.
Était-il célèbre également à l’étranger?
Oui, il y était également perçu comme cette incarnation idéale de la jeunesse française. Sa mort a provoqué un tsunami mondial. J’ai revu les Unes de l’époque, c’est édifiant. Il existe encore aujourd’hui des «Fanfan club» à Tokyo qui viennent en pèlerinage tous les ans par cars entiers sur les lieux de la vie de Philipe, rue de Tournon à Paris ou à Ramatuelle.
Dans votre ouvrage, Le dernier hiver du Cid, sa mort paraît presque inattendue...
J’ai souhaité écrire un livre qui raconte les derniers jours mais qui ne soit pas funèbre. Car jusqu’au bout, on pouvait croire que Philipe allait s’en tirer. Il écrit en marge «Pour moi, dans vingt ans» dans son exemplaire des Troyennes! Il y avait un tel désir d’avenir. La veille, le médecin, qui était mon grand-oncle, a été lui-même étonné de le voir reprendre des forces insoupçonnées. Sa mort passe quasiment comme un courant d’air.
Pourquoi Anne, son épouse, lui a-t-elle caché qu’il était atteint d’un cancer?
C’est la grande question. Il y a encore des gens aujourd’hui qui sont mécontents, au prétexte qu’on ne doit pas cacher sa mort à un jeune guerrier. Moi je réponds que personne n’a le droit de juger le choix que fait une femme pour l’homme qu’elle aime. Mentir à quelqu’un qui va disparaître, à ses enfants et au monde entier, c’est une vraie tragédie grecque. Je pense qu’Anne souhaitait lui donner l’espoir qu’il y avait encore des rôles à jouer. Un petit sursis. On peut aussi imaginer que Gérard, qui ne peut pas ne pas avoir conscience que ses jours sont comptés, lui ment également. Deux mensonges d’amour. Cet été, avant de mourir, ma chère Danièle Heymann du Masque et la Plume m’expliquait: «Lorsque l’on est au bord du ravin, on sait que l’on va tomber».
Concernant les funérailles à Ramatuelle, le 28 novembre 1959, vous écrivez: «On croirait qu’on enterre un enfant du pays». Alors qu’il était une vedette mondiale!
Cet enterrement illustre parfaitement le destin de Gérard. Le monde entier est en berne et l’enterrement se déroule dans ce qui était alors un tout petit village. Il n’y a que de très rares Parisiens ; l’essentiel de la foule est constitué des gens du pays. C’était avec eux que Gérard se sentait bien. Il était heureux à Ramatuelle avec le maçon Gabriel Giraud, avec qui il pêchait, ou avec la famille Cauvière, qui tenait le café. La ferme de la Rouillère où il se rendait, je l’ai habitée en voyant dans chaque espace tout ce qu’avait fait Gérard en salopette, sur le tracteur. C’était quelqu’un qui ne supportait pas les mondanités, qui avait un mal fou à porter un smoking. C’est aussi pour cela que les gens ont autant pleuré à sa mort: cet homme était simple.
Sans doute est-ce aussi pour cela que les gens le pleurent encore aujourd’hui...
Je me suis rendu compte depuis la sortie de ce livre qu’il suscite vraiment une passion transgénérationnelle. Mais elle est souvent sans appui. Il y a un gouffre entre la mythologie qui perdure de Gérard Philipe et l’accès à ses œuvres. Il n’y a pas d’accès aux pièces, parce qu’elles n’ont pas été captées, et les films ne passent pas souvent à la télévision. Qu’est-ce qu’il reste pour votre génération? Pierre et le Loup ou Le Petit Prince.
Y a-t-il eu selon vous depuis d’autres figures douées d’une telle «grâce» pour reprendre le mot de Vilar?
Non. Il était tellement singulier... Même James Dean, destin fauché comme lui, n’a rien fait en comparaison. Mais pour le côté indéfinissable d’une grâce naturelle, il y a tout de même Alain Delon. La différence, c’est que Delon a toujours dit qu’il était devenu comédien par accident ; l’inverse de Philipe, qui n’avait travaillé qu’à devenir comédien. Il a manqué à Delon l’excitation et le danger du théâtre.
[BLOG You Will Never Hate Alone] Proust, c'est de très loin le meilleur avant-centre de la littérature française.
Longtemps, j'ai regardé la Coupe du monde. Tous les quatre ans, aussitôt que juin palpitait de ses effluves dorées, dans cette attente dûment endurée entre le moment où le capitaine de l'équipe championne soulevait le trophée et celui où ce même trophée serait à nouveau remis en jeu, intervalle pendant lequel ma passion pour le ballon rond s'était d'autant plus étoffée que par la rareté des retransmissions télévisées, j'avais été privé de sa présence, comme ces oiseaux migrateurs qui à des dates bien déterminées de la saison effectuent leur pèlerinage par-dessus les océans, je retrouvais le salon qui un mois durant me verrait assister à toutes les rencontres, d'abord joyeux puis de plus en plus triste quand la compétition s'avançant, je réalisais qu'il me faudrait attendre encore quatre longues années avant de pouvoir regoûter à son faste.
Mais comme cette année, la Coupe du monde fut organisée dans un de ces pays où les droits de la personne étaient ramenés à des considérations religieuses bien loin de l'esprit de fête et de concorde qui d'ordinaire présidait à l'événement, tel l'amant qui découvre l'infidélité de sa maîtresse avec un homme dont les valeurs sont aux antipodes des siennes et décide de s'en détourner, doublement déçu de s'être trompé à la fois sur la fragilité de ses sentiments et sa facilité à les enjamber pour renouveler son plaisir auprès d'un homme si peu recommandable, et afin de meubler ces longues heures où la terre entière se passionnerait pour des rencontres qui resteraient pour moi comme des échos assourdis d'une passion passagèrement éteinte, du moins l'espérais-je, à l'image de ces vacances où depuis des années on retrouve les mêmes amis lesquels pris par l'organisation de leur divorce, manquent cette fois à l'appel, je décidai de me replonger dans la lecture des œuvres de Marcel Proust.
Or sans que j'en fus forcément conscient, on fêtait là le centenaire de sa disparition, de ces moments étranges où soudain, des catacombes d'où d'ordinaire la renommée d'un écrivain repose, mélange d'indifférence et du passage du temps, elle nous revient à la lumière comme ces trésors repêchés en mer lesquels extirpés des cales d'un navire ayant vu sa navigation s'interrompre du fait d'un temps particulièrement hostile ou d'un sabordage causé par l'irruption de pirates, vieux coffres-forts recouverts d'algues verdâtres, antiques ustensiles de cuisine, morceaux d'étoffes rapiécées entamées par l'infini roulis de la mer et de ses profondeurs marines, nous apparaissent comme les témoins intacts d'une époque à la fois révolue mais étonnamment moderne, ainsi, l'écrivain revenu dans la brillance de sa postérité par le simple fait d'être mort un siècle plus tôt, surgit à nos yeux comme une invocation à le relire; ce que je fis donc, enchanté de redécouvrir l'univers de cet auteur chez qui j'avais toujours trouvé une sorte de consolation, un havre de paix où dans l'entrelacs de ses phrases démesurément longues, j'éprouvais comme une sorte de vertige à m'enfouir, un repli sur moi-même comparable à une sorte d'ivresse quand elle plonge l'amateur d'alcools plus ou moins forts dans un état second où à l'effacement prolongé de sa mémoire répond comme une absence au monde, un retour dans les profondeurs de son être.
Et tandis que les premiers matchs débutaient dans ce brouhaha de l'information qui ne peut s'empêcher de traiter des sujets dont l'essence même porte à discussion, à l'heure où Messi, Ronaldo, Neymar, enchantaient des stades réfrigérés construits sur l'autel de malheureux travailleurs morts à leur tâche, je me délectais de me retrouver en présence de Madame Verdurin, de la princesse de Guermantes, du baron de Charlus, de Swann, d'Odette, de tous ces personnages qui composent la trame d'À la recherche du temps perdu, cet effort unique entrepris par Proust pour associer le développement successif de son moi intime à la grande et petite histoire de France –l'évocation en profondeur tout à la fois désuète et malicieuse, infiniment comique, d'une aristocratie qui sans qu'elle eut aucune manière de le savoir vivait là, à la veille de la Première Guerre mondiale, dans les déchirements successifs de l'Affaire Dreyfus, ses dernières heures.
La phrase de Proust agissait sur mon cerveau comme un médicament hypnotique qui changerait l'ordonnancement même de mes pensées, briserait son cours normal pour mieux instaurer son autorité, identique en cela à la main d'un sculpteur qui à force de travail, de l'argile étalée sur la paillasse de son atelier, parvient à en tirer des formes lesquelles correspondent à l'image exacte telle que conçue patiemment par son esprit. Mais alors que…
Mais, Marcel, ta gueule, on n'y comprend rien!
En version courte: pour la première fois de ma vie, je m'en tamponne de la Coupe du monde. J'en profite pour relire Proust, crevé il y a cent ans tout juste. C'est vachement bien. Mieux qu'un match de foot en fait. Même si la phrase joue souvent des prolongations. Mais vu que Proust, c'est quand même le meilleur avant-centre de la littérature française avec une technique balle au pied absolument ahurissante, on ne s'emmerde pas une seule seconde.