Pour Samantha Davies, la mer est une histoire de famille. Celle que tout le monde sur- nomme "Sam" est née à Portsmouth, en Angleterre. Dans son arbre généalogique, un grand-père commandant de sous-marins, l'autre responsable de chantiers navals. Des parents passionnés de voile qui l'emmènent en mer chaque été. La petite Sam baigne dans cet univers jusqu'à devenir, adulte, une figure de la course au large. Plusieurs tours du monde en équipage et en soli- taire ont fait d'elle une navigatrice accomplie.

La voici, à 48 ans, à la barre d'un bateau neuf, baptisé Initiatives-Cœur, construit pour elle. Une opportunité rare dans ce monde si élitiste. Mais pas question pour l'aventurière de se limiter au projet sportif. Sam Davies profite des compétitions auxquelles elle participe pour mettre en lumière l'association Mécénat Chirurgie cardiaque qui permet d'opérer des enfants souffrant de malformation cardiaque. "Mes courses sont très suivies. C'est formidable de profiter de cette visibilité pour améliorer le quotidien des autres", confesse la skippeuse.

Ainsi, l'opération 1 clic = 1 cœur sur les réseaux sociaux permet de lever des fonds en vue d'opérer des enfants venant de pays défavorisés. "Pendant les courses, mes sponsors s'engagent à donner un euro à chaque like ou partage", explique-t-elle. Lors du dernier Vendée Globe, en 2020, son engagement a rendu possible l'opération de 103 enfants. Depuis la mise à l'eau de son nouveau bateau, Sam Davies se prépare. Entre entraînement physique, cours de météo et sorties en mer, la navigatrice au grand cœur s'efforce de donner le meilleur d'elle-même: "Pour la Route du Rhum, nous avons l'objectif de sauver une vingtaine d'enfants."

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© Paul Lemaire pour Le Pèlerin

Au départ de la Route du Rhum, 138 skippers s'élanceront le 6 novembre de Saint-Malo (Ille- et-Vilaine). Parmi eux, 38 naviguent en Imoca – les bateaux du Vendée Globe – comme Sam Davies, qui participe pour la seconde fois à cette épreuve.

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© Paul Lemaire pour Le Pèlerin

Initiatives-Cœur est équipé de foils. Ces deux grandes moustaches situées de part et d'autre du bateau permettent à la coque de se soulever au-dessus de l'eau et d'aller plus vite. Dans le hangar technique à Lorient (Morbihan), l'équipe s'affaire à fiabiliser ces pièces maîtresses.

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© Paul Lemaire pour Le Pèlerin

Lorsque Sam Davies n'est pas en mer, elle s'entraîne à terre. Cette sportive de haut niveau se doit de travailler son corps tout autant que sa technique de navigation.

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© Paul Lemaire pour Le Pèlerin

Elle est assistée par Anne Beaudart, préparatrice physique de skippers. Les marins manipulent des voiles lourdes et soumettent leur corps à des efforts considérables. Sous l'œil avisé de sa coach, Sam Davies enchaîne une série d'exercices pour renforcer les muscles de ses cuisses, des bras et du dos. "Ce n'est pas tant pour la performance que pour la prévention des blessures", souligne Anne Beaudart.

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© Paul Lemaire pour Le Pèlerin

Dans sa jeunesse, Sam Davies a pratiqué la natation synchronisée. Autant à l'aise dans l'eau que sur l'eau, la navigatrice nage régulière- ment en mer. À la plage de Toulhars, à Larmor-Plage (Morbihan), elle profite d'une pause entre midi et deux pour faire des longueurs.

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© Paul Lemaire pour Le Pèlerin

L'équipe Initiatives-Cœur, est composée d'une dizaine de personnes qui prennent en main chaque aspect du projet: ingénierie, électronique, communication, accastillage (manilles, mousquetons, treuil), cordage. "C'est grâce à mon équipe que le bateau marche", assure Sam Davies. La skippeuse sait qu'elle peut les appeler à tout moment.

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© Paul Lemaire pour Le Pèlerin

Lors de la navigation, le sommeil se fait rare. Les marins doivent veiller à la bonne conduite du bateau, régler ou changer de voiles dès que le vent tourne. Sur des courses longues comme le Vendée Globe, Sam Davies dort entre quatre et six heures toutes les vingt-quatre heures. Avant de s'allonger, elle met en route une alarme pour être certaine de se réveiller.

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© Paul Lemaire pour Le Pèlerin

L'analyse de la météo est un autre aspect de la navigation. Le skipper doit choisir la meilleure option pour prendre le moins de risques tout en permettant au bateau d'aller le plus vite possible. Ces choix stratégiques, Sam Davies apprend à les faire en assistant aux formations météorologiques proposées par Lorient Grand Large, premier pôle européen de course au large.

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© Paul Lemaire pour Le Pèlerin

L'avitaillement, c'est tout ce que le navigateur embarque sur son bateau, dont la nourriture. Sam Davies travaille avec une diététicienne qui confectionne avec elle les repas qu'elle emporte. La skippeuse reconnaît avoir du mal à s'alimenter en mer. Il faut donc lui proposer des repas variés. Certains aliments sont lyophilisés pour être plus légers et prendre moins de place.

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© Paul Lemaire pour Le Pèlerin

En 2018, lors de sa première participation à la Route du Rhum, la skippeuse avait dû abandonner à cause d'une avarie. Cette fois, elle veut profiter de la course pour connaître au mieux son bateau. Si elle réussit à passer la ligne d'arrivée, elle sera qualifiée d'office pour le Vendée Globe 2024. La navigatrice solidaire est confiante: "J'ai l'expérience pour choisir les bonnes options."