dimanche 8 mai 2022

8 mai 1945

« Le jour de gloire est arrivé »




L'annonce de la capitulation allemande est célébrée dans le monde entier. Soulagement, joie mais aussi prudence et amertume marquent ce jour. 

8 mai 1945. L’Allemagne nazie a signé à Reims, dans la nuit du 6 au 7 mai, sa capitulation sans condition ; la cessation des combats a pris effet le 8 mai, à 23h01.

Le soulagement est immense.

En France, peu de journaux paraissent au lendemain de la victoire ; le quotidien communiste Ce Soir, et le journal catholique démocrate L’Aube paraissent, mais d'autres titres ont été interdits ou se sont sabordés.

« Le monde clame sa délivrance »écrit Ce soir« Pour la dernière fois, le chant des sirènes », pour la première fois depuis longtemps, « le rire des soldats ».





C’est l’écrivain et poète Jean-Richard Bloch qui dirige le quotidien depuis janvier 1945, après avoir passé la guerre en URSS où il a été la voix de la France sur Radio-Moscou.  

Il signe l'éditorial grave et solennel qui paraît le 9 mai 1945, au lendemain de l'annonce de la capitulation allemande :

« Morts de mon pays, morts de Sedan et de Dunkerque, morts de l'exode et de la lutte clandestine, morts des prisons, des bagnes et des chambres de tortures, morts de Bir-Hakeim, morts de cette Normandie céleste qui se basait en Russie et de cette Normandie de France, d'où la grande bataille a pris son vol, morts de la défaite et morts de la victoire, morts de l'amertume et morts du triomphe, dormez en paix !

Vous êtes rendus à l'insensibilité des minéraux, mais votre sensibilité a passé en nous. Nous héritons vos douleurs. Puissions-nous aussi hériter vos volontés.

L'Allemagne est sur les genoux. »

Le quotidien rapporte aussi la « joie délirante dans le monde ».
À New York, le correspondant de Ce soir décrit cette « explosion de joie inoubliable » :

« Ce fut une explosion de joie inoubliable et la victoire a été célébrée d'une façon dont seule New York est capable. Des fenêtres des gratte-ciel, des papiers, des journaux et même des annuaires téléphoniques commencèrent à tomber. Les automobilistes firent marcher sans arrêt leurs klaxons. En l'espace de quelques minutes, des rues entières se couvrirent de drapeaux. »

À Paris, « la joie a été un très grand spectacle » :

« Sérieuse, grave même par endroits, quelquefois bruyante et spontanée, partout mesurée dans son expression. Le peuple parisien avait compris qu'après tant de souffrances, tant de deuils, à côté de tant de ruines, il fallait que le bonheur soit sans ivresse. »

Et le journal de tirer, en lettres capitales, le désastreux bilan de la guerre :



L’Aube célèbre avec le même enthousiasme, avec un cri à la Une : « Victoire ! »



« Le régime hitlérien, qui devait selon Hitler, durer mille ans, a duré 12 ans et 97 jours. La guerre, qui devait être une guerre éclair, a duré 5 ans, 8 mois et 7 jours. Elle a coûté la vie à plus de 20 millions de soldats.

ÉCHO DE PRESSE

8 mai 1945 : « Le jour de gloire est arrivé »

L'annonce de la capitulation allemande est célébrée dans le monde entier. Soulagement, joie mais aussi prudence et amertume marquent ce jour. 

8 mai 1945. L’Allemagne nazie a signé à Reims, dans la nuit du 6 au 7 mai, sa capitulation sans condition ; la cessation des combats a pris effet le 8 mai, à 23h01.

Le soulagement est immense.

En France, peu de journaux paraissent au lendemain de la victoire ; le quotidien communiste Ce Soir, et le journal catholique démocrate L’Aube paraissent, mais d'autres titres ont été interdits ou se sont sabordés.

« Le monde clame sa délivrance »écrit Ce soir« Pour la dernière fois, le chant des sirènes », pour la première fois depuis longtemps, « le rire des soldats ».

NOUVEAU

RetroNews | la Revue n°3

Au sommaire : un autre regard sur les explorations, l'âge d'or du cinéma populaire, et un retour sur la construction du roman national.

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C’est l’écrivain et poète Jean-Richard Bloch qui dirige le quotidien depuis janvier 1945, après avoir passé la guerre en URSS où il a été la voix de la France sur Radio-Moscou.  

Il signe l'éditorial grave et solennel qui paraît le 9 mai 1945, au lendemain de l'annonce de la capitulation allemande :

« Morts de mon pays, morts de Sedan et de Dunkerque, morts de l'exode et de la lutte clandestine, morts des prisons, des bagnes et des chambres de tortures, morts de Bir-Hakeim, morts de cette Normandie céleste qui se basait en Russie et de cette Normandie de France, d'où la grande bataille a pris son vol, morts de la défaite et morts de la victoire, morts de l'amertume et morts du triomphe, dormez en paix !

Vous êtes rendus à l'insensibilité des minéraux, mais votre sensibilité a passé en nous. Nous héritons vos douleurs. Puissions-nous aussi hériter vos volontés.

L'Allemagne est sur les genoux. »

Le quotidien rapporte aussi la « joie délirante dans le monde ».
À New York, le correspondant de Ce soir décrit cette « explosion de joie inoubliable » :

« Ce fut une explosion de joie inoubliable et la victoire a été célébrée d'une façon dont seule New York est capable. Des fenêtres des gratte-ciel, des papiers, des journaux et même des annuaires téléphoniques commencèrent à tomber. Les automobilistes firent marcher sans arrêt leurs klaxons. En l'espace de quelques minutes, des rues entières se couvrirent de drapeaux. »

À Paris, « la joie a été un très grand spectacle » :

« Sérieuse, grave même par endroits, quelquefois bruyante et spontanée, partout mesurée dans son expression. Le peuple parisien avait compris qu'après tant de souffrances, tant de deuils, à côté de tant de ruines, il fallait que le bonheur soit sans ivresse. »

Et le journal de tirer, en lettres capitales, le désastreux bilan de la guerre :

« Le régime hitlérien, qui devait selon Hitler, durer mille ans, a duré 12 ans et 97 jours. La guerre, qui devait être une guerre éclair, a duré 5 ans, 8 mois et 7 jours. Elle a coûté la vie à plus de 20 millions de soldats. »

L’Aube célèbre avec le même enthousiasme, avec un cri à la Une : « Victoire ! »

Et le journal de transcrire l’allocution historique du général de Gaulle :

« La guerre est gagnée ! Voici la Victoire ! C'est la victoire des Nations Unies et c’est la victoire de la France ! [...]

Honneur ! Honneur pour toujours à nos armées et à leurs chefs !

Honneur à notre peuple que des épreuves terribles nont pu réduire ni fléchir !

Honneur aux Nations Unies qui ont mêlé leur sang à notre sang, leurs peines à nos peines, leur espérance à notre espérance et qui, aujourdhui, triomphent avec nous. »

L’annonce de la victoire se teinte néanmoins de prudence, tant l’effort de reconstruction s’annonce immense.

Marc Sangnier, l’un des plus influents promoteurs du catholicisme progressiste, militant pacifiste de la première heure, signe un éditorial mesuré, au titre explicite : « Il faut maintenant gagner la paix ».

« C'est qu'en effet, il ne suffit pas d'avoir gagné la guerre. Il faut maintenant être assez clairvoyants, assez forts pour gagner la paix.

Sur les champs de dévastation et de mort que la barbarie hitlérienne a immensément multipliés sur le monde, il s'agit de Reconstruire.

Si les soldats de la liberté et de la justice font vraiment triomphe, c'est dans la justice et dans la liberté qu'il faut aujourd'hui bâtir les cités fraternelles. Alors, alors seulement, nos héros, nos martyrs n'auront pas souffert, ne seront pas morts en vain. »

Malgré la capitulation de l'Allemagne nazie, son allié le Japon poursuivra un combat désespéré contre les Américains dans l'océan Pacifique.

Il faudra le choc des deux explosions atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, pour l’acculer à capituler, près de quatre mois après l'Allemagne.

Cet article fait partie de l’époque : Seconde Guerre mondiale (1939-1945)


8 MAI 1902

 L’éruption de la montagne Pelée vue de Bretagne

Si le 8 mai est le jour anniversaire de la naissance de ma chère Mamie, cest aussi, en Bretagne, assimilé à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il évoque un autre évènement tout aussi douloureux en Martinique : l’éruption de la montagne Pelée. C’est en effet le 8 mai 1902 que le volcan se réveille, provoquant le mort des 30 000 habitants de la ville de Saint-Pierre. L’évènement est d’une telle ampleur qu’il fait, dès son officialisation, la une de la presse bretonne, Le Nouvelliste du Morbihan se félicitant même d’être le premier à l’avoir annoncé, « avant tous les journaux de Paris ou de la région »1.




Pour L’Ouest-Eclair, la catastrophe est d’autant plus marquante, aux yeux des Bretons, que le contraste est important entre la perception qu’ils se font d’un « éden presque idyllique », et une réalité bien plus tragique. Comme le rappelle le quotidien rennais, la Martinique est en effet une terre accablée « de misères, de tristesses et de calamités »2. Il précise ainsi que l’île connaît « au cours des trois derniers siècles », pas moins de « dix-neuf tremblements de terre dont certains, comme ceux de 1657, de 1766 et de 1839 causèrent des morts par centaines » ; mais également de nombreux cyclones comme celui de 1870 « qu'on appelle encore la bas le grand ouragan » et qui provoque la mort de « 1 000 individus ».

En dépit de ce rappel historique, le quotidien rennais concède que l’éruption de la montagne Pelée  « surpasse en horreur et en gravité » toutes les autres catastrophes, ce qui explique l’importance de son traitement dans la presse bretonne. En effet, de la même manière que L’Ouest-EclairLa Dépêche de Brest consacre l’intégralité de sa première page du 11 mai au « désastre de la Martinique »3. De son côté, le 15 mai, le trihebdomadaire Le Nouvelliste du Morbihan revient sur le « catastrophe de la Martinique » sur une demi page4.




L’intérêt de la presse bretonne pour ce drame intervenu à plusieurs milliers de kilomètres montre que l’éruption est perçue par « la France entière » comme « un deuil terrible » qui frappe « ces frères de nos colonies lointaines »5. A ce titre, la découverte d’un survivant, caché au fond d’un cachot de la prison de Saint-Pierre, est saluée une semaine plus tard. Dans son édition du 18 mai, L’Ouest-Eclair évoque alors l’histoire du « nègre qui, inculpé de meurtre, avait été enfermé dans une cellule souterraine de la prison où  il s’est trouvé à l’abri du feu et des gaz asphyxiants »6. Entre stéréotypes et terminologie propre à l’époque, le journal diffuse sans vérification l’information qui tient davantage de la rumeur. Plus tard, on découvre en fait que Louis-Auguste Cyparis purgeait, au moment de la catastrophe, une peine d’un mois de prison pour avoir provoqué une rixe. Grandement brûlé, il est par la suite engagé par le cirque américain Barnum où il est exposé au milieu des « phénomènes » qui font la célébrité de cette entreprise de spectacle. Il est alors présenté comme l’homme qui a survécu à l’enfer de la montagne Pelée7.

Yves-Marie EVANNO

 

 

 

 

1 « La catastrophe de la Martinique », Le Nouvelliste du Morbihan, 15 mai 1902, p. 1.

2 « Le sinistre des Antilles », L’Ouest-Eclair, 11 mai 1902, p. 1.

3 « Le désastre de la Martinique », La Dépêche de Brest, 11 mai 1902, p. 1.

4 « La catastrophe de la Martinique », Le Nouvelliste du Morbihan, 15 mai 1902, p. 1.

5 « Le sinistre des Antilles », L’Ouest-Eclair, 11 mai 1902, p. 1.

6 « M. Fernand Clerc vivant », L’Ouest-Eclair, 18 mai 1902, p. 2.

7 Au moins un autre homme aurait survécu, le cordonnier Léon Compère

samedi 7 mai 2022

ÉLYSÉE

 Alternances

L’opulence de Sarkozy, le calvaire de Giscard... Ces investitures présidentielles qui ont marqué les esprits

Si les cérémonies d’investiture ne sont pas des plus excitantes lorsqu’un président se succède à lui-même, celles où l’un en remplace un autre ont produit quelques séquences devenues historiques.
COMMANDE N° 2017-0764
par Arthur Quentin
publié le 6 mai 2022 à 13h49

Le protocole, tout le protocole, mais rien que le protocole. L’Elysée a promis que la cérémonie d’investiture d’Emmanuel Macron qui doit se dérouler ce samedi à partir de 11 heures sera un moment «sobre» et se déroulera «dans le respect des principes républicains». C’est de circonstance : lorsqu’un président se succède à lui-même, cette solennité se limite au strict minimum.

Proclamation des résultats de l’élection par le président du Conseil constitutionnel, discours, remise des insignes de Grand-croix de la Légion d’honneur, passage en revue des troupes, vingt et un coups de canon et basta. Le rituel est alors, il faut le dire, plus rébarbatif et moins riche en images mémorables que lors d’une passation de pouvoirs entre deux présidents.

1988 et 2002 : des célébrations sans tambour ni trompette

Pas de faste, ni de fioriture pour la réélection de François Mitterrand. Le président socialiste n’a pas souhaité donner à cette cérémonie l’éclat qui avait marqué son intronisation en 1981. Le manque d’enthousiasme se ressent jusque dans la voix du journaliste Paul Amar qui la commente pour Antenne 2. Il se contente d’une réception au palais de l’Elysée et d’un discours expéditif : à peine plus de vingt minutes pour l’ensemble des formalités protocolaires. Il faut dire que des élections législatives ont lieu à peine deux semaines plus tard. Le Monde remarque d’ailleurs à l’époque les «yeux cernés» des responsables du Parti socialiste, venus directement du siège historique rue de Solférino où ils venaient de passer la nuit à boucler la liste des candidats.

Quinze ans plus tard, Jacques Chirac n’a convié qu’une soixantaine de personnes pour célébrer sa réélection. Tous sont immobiles pendant que le chef de l’Etat procède au rituel républicain. C’est à croire que nous sommes au musée Grévin et non dans la salle des fêtes de l’Elysée. Jacques Chirac parvient à faire plus court que son prédécesseur : un quart d’heure. Le temps d’un discours où, réélu face à Jean-Marie Le Pen grâce au front républicain et les voix de gauche, il réaffirme le thème majeur de sa campagne, la sécurité. Campagne dont le directeur fut Antoine Rufenacht, maire historique du Havre. Libé constatait à l’époque que ce dernier était le seul invité personnel du Président lors de cette cérémonie. Ce samedi, les yeux pourraient à nouveau être rivés sur un autre édile havrais : Edouard Philippe, dont LREM se méfie des ambitions lors des prochaines législatives.

2012 : l’incartade de François Hollande

Ce 15 mai 2012, l’ambiance est glaciale à l’Elysée. François Hollande doit succéder à Nicolas Sarkozy, qu’il a battu au terme d’un duel particulièrement rugueux. Le premier arrive à l’Elysée, accueilli sous le soleil – c’est un détail important – par le second. Les deux partent s’entretenir une trentaine de minutes. Jusque-là, le protocole est respecté. Mais à leur retour sur le perron du palais présidentiel, François Hollande commet un impair qui marquera les esprits.

La tradition veut en effet que le président élu raccompagne son prédécesseur jusqu’à sa voiture. Mais le socialiste ne s’attarde pas. Il tourne les talons, avant même que Nicolas Sarkozy n’ait regagné son véhicule, et part regagner la salle des fêtes pour être investi. Il confiera cinq ans plus tard avoir regretté cette attitude. Mais le clan de Sarkozy la lui a longtemps reprochée. Carla Bruni fera même allusion à cette incartade dans une chanson de 2013. «Hey le pingouin, si un jour tu recroises mon chemin, je t’apprendrai à me faire le baisemain», chantait-elle, rancunière.

Outre cet écart de conduite, l’intronisation de François Hollande restera dans les mémoires pour des raisons météorologiques. Presque au moment où le socialiste signe le procès-verbal d’investiture, la pluie commence à tomber sur Paris. Lorsqu’il remonte les Champs-Elysées à bord de sa DS décapotée, un déluge s’abat sur lui. Mouillé, le nouveau président ne se doute alors sûrement pas que son quinquennat sera placé sous le signe des intempéries.

2007 : le sacre de Nicolas Sarkozy Ier

Le rituel d’investiture se veut républicain, mais il arrive qu’il prenne des airs monarchiques. Celui de Nicolas Sarkozy, le 16 mai 2007, en est l’exemple le plus probant. Dès son arrivée rue du Faubourg Saint-Honoré, le nouveau président est acclamé comme un roi par la foule. La passation avec Jacques Chirac se déroule pourtant sans encombre, dans le strict respect de la tradition. Les deux sont de droite, le cadet a certes taillé son aîné dont il fut le ministre, mais ils se saluent chaleureusement et le président investi attend longuement le départ en voiture de son prédécesseur.

Ce qui donne à cette intronisation des allures de sacre, c’est surtout le contexte familial de Nicolas Sarkozy qui n’est pas sans rappeler celui des familles royales les plus tumultueuses. Sa femme Cécilia est venue assister à la cérémonie en compagnie de ses deux filles d’un premier mariage, de ses beaux-fils Pierre et Jean Sarkozy, et de Louis, petit dernier de cette famille recomposée. Ce dernier semble impressionné par tant de faste, au point d’en perdre ses bonnes manières. Alors que son père s’apprête à faire son entrée, il s’échappe des bras de sa mère pour aller tripoter le grand collier de la Légion d’honneur.

Il faut dire que le protocole est suivi avec bien peu de rigueur. A la traditionnelle suite numéro 8 en do majeur de Lully, on préfère un air du compositeur espagnol Isaac Albéniz, arrière-grand-père de Cécilia. Le calme et la tenue de rigueur lors de telles cérémonies sont secoués par des éclats de rire et embrassades des invités, anormalement nombreux. De quoi, dix jours seulement après la soirée du Fouquet’s, renforcer l’image d’un président «bling-bling» qui lui collera à la peau tout au long de son mandat.

1981 : passation sous tension entre Mitterrand et Giscard

La cérémonie d’investiture de François Mitterrand, historique à bien des égards, offre son lot d’images marquantes. Il s’agit de la première passation de pouvoirs entre deux présidents élus au suffrage universel : Valéry Giscard d’Estaing en 1974 et Georges Pompidou en 1969 avaient chacun succédé à Alain Poher, président par intérim. Et surtout elle marque l’arrivée de la gauche au pouvoir après plus d’un quart de siècle dans l’opposition. Ce 21 mai 1981 s’instaure donc le rite de l’escorte du président sortant jusqu’à la cour d’honneur de l’Elysée. Jusqu’alors, il assistait à l’intégralité de la cérémonie.

Mitterrand raccompagne donc Giscard à l’extérieur de l’Elysée où un attroupement de journalistes et de photographes les attend. Le président nouvellement élu est obligé de les écarter pour permettre à son prédécesseur de se frayer un chemin. Ce n’est que le début de son calvaire. Sa voiture est garée à l’extérieur du palais, il doit donc traverser la rue du Faubourg Saint-Honoré puis celle de l’Elysée. Et affronter les sifflets et les huées de la foule venue acclamer le socialiste. Après lui, chaque sortant veillera bien à ce qu’une voiture l’attende dans la cour.

Tandis que Giscard endure un moment de disgrâce, Mitterrand regagne une salle des fêtes pleine à craquer (500 invités) pour être officiellement investi. Son accolade avec l’ancien président du Conseil Pierre Mendès France, en larmes, a particulièrement marqué les esprits. «Vous êtes la personne ici dont la présence ici me touche le plus. Sans vous, tout cela n’aurait pas été possible», murmure le président socialiste. Après cet instant de solennité, le socialiste endosse le costume de monarque républicain pour aller remonter triomphalement les Champs-Elysées, debout dans un cabriolet Citroën SM. Usant avec habileté des attributs du pouvoir pour ancrer la gauche à l’Elysée.

 


vendredi 6 mai 2022

CLIMAT

 

Treize communes de Martinique sur la liste des 126 territoires menacés par l'érosion du littoral

AFP (avec rédaction web)Mercredi 4 Mai 2022 - 15h21
Treize communes de Martinique sur la liste des 126 territoires menacés par l'érosion du littoral
Exemple d'érosion à La Trinité. - RL

Le gouvernement a publié les noms des 126 communes françaises, dont 25 sont situées dans les Outre-mer et 13 en Martinique, qui auront l'obligation de s'adapter en priorité à l'érosion côtière aggravée par le réchauffement climatique et la pression humaine. Une liste de nouvelles contraintes d'urbanisme qui ne font pas l'unanimité.

Avec le recul du trait de côte sur environ un cinquième du littoral français (hors Guyane) selon l'indicateur national de l'érosion côtière, la loi Climat et Résilience de 2021 prévoit de nouvelles dispositions pour les communes en première ligne face à la montée du niveau de la mer et la multiplication des tempêtes et des submersions marines.

Les maires devront réaliser des cartes du risque de recul du littoral à 30 ans et 100 ans, carte qui servira de base à de nouvelles règles d'aménagement du territoire, allant jusqu'à des interdictions de construire.
 

Treize communes en Martinique concernées

Treize communes se situent en Martinique (Basse-Pointe, Case-Pilote, Saint-Pierre, Grand'Rivière, Le Lorrain, Les Trois-Îlets, Le Prêcheur, Le Robert, Sainte-Luce, Sainte-Marie, Schœlcher, La Trinité, Macouba), et trois en Guyane (Macouria, Cayenne, Awala-Yalimapo). 

En Guadeloupe, les communes de Baillif, Bouillante, Deshaies, Le Moule, Pointe-Noire, Port-Louis, Saint-François, Sainte-Anne et Terre-de-Haut, sont notamment concernées.

La Réunion et Mayotte ne sont pas encore concernées.

Dans un premier temps, 126 communes sont concernées, dans l'Hexagone et dans les Outre-mer, selon la liste publiée samedi au Journal officiel, qui sera révisée au moins tous les neuf ans. La majorité sont situées sur les côtes atlantique et de la Manche.

"Ces 126 soi-disant prioritaires sont ridicules par rapport aux 864 communes menacées", regrette auprès de l'AFP Élodie Martinie-Cousty, de l'ONG France Nature Environnement.

Selon les chiffres officiels, 864 communes sont "plus particulièrement vulnérables" aux submersions marines, phénomènes d'inondation temporaire des zones côtières par la mer, notamment lors des tempêtes, qui vont augmenter avec la hausse du niveau de la mer provoquée par le réchauffement climatique. Et 1,5 million d'habitants vivent dans ces zones inondables littorales.

Mais "on a laissé beaucoup trop construire sur le littoral" et les nouvelles dispositions "ne sont pas adaptées aux enjeux", estime Elodie Martinie-Cousty.

Celles des 126 communes n'ayant pas encore de "plan de prévention des risques littoraux" devront réaliser la cartographie de l'évolution du trait de côte à 30 et 100 ans.

"Ca m'intéressait de connaître les points de vulnérabilité de la commune et de pouvoir dire à la population +attention on est sur des zones très sensibles+", commente le maire de Trégastel (Côtes d'Armor) Xavier Martin, saluant le financement par l'Etat de 80% du coût de ces cartographies qu'il voit comme un outil pour "anticiper le risque".

"Si on dit qu'on rénove (le centre-ville) et que dans 20 ans il est sous les eaux, est-ce que c'est utile de le rénover aujourd'hui, est-ce qu'il ne faut pas réfléchir à le voir autrement ?", dit-il à l'AFP.
 

 

Relocalisations ?

Dans les zones exposées à l'horizon de 30 ans, les nouvelles constructions seront interdites, mais avec des exceptions pour l'extension de bâtiments existants ou l'installation de services publics et de nouvelles activités économiques nécessitant la "proximité immédiate" de la mer.

Les zones à l'horizon 100 ans restent constructibles, avec à terme une obligation de démolition quand la menace se rapprochera.

Pour permettre aux autorités locales de lancer ce nouvel aménagement du territoire, une ordonnance publiée début avril précise les moyens d'acquisition par les pouvoirs publics de biens menacés et crée un nouveau type de bail octroyé par l'Etat ou les communes pour des terrains, locaux commerciaux ou encore parcs de loisirs dans la bande concernée (bail de 12 à 99 ans avec résiliation anticipée en fonction de l'érosion).

Mais l'Association nationale des élus du littoral regrettent certains "flous juridiques" qui "laissent présager de nombreux contentieux, susceptibles de nuire à l'atteinte des objectifs affichés".

Certains responsables locaux s'interrogent aussi sur les nouvelles contraintes imposées aux plans locaux d'urbanisme et pointent du doigt des questions de financement.

"Les avancées qui découlent (de l'inscription sur la liste) en restent principalement au niveau du porté à connaissance du risque", estime Vincent Bawedin, chargé de la gestion du trait de côte à la Communauté de communes des Grands Lacs, qui inclut la commune côtière de Biscarosse (Landes). Il s'inquiète du financement de la relocalisation des biens menacés.

"Des questions se posent sur qui prend en charge le déplacement de la population des habitations touchées", ajoute Pascal Laporte, adjoint à l'urbanisme à Plérin (Côtes d'Armor), notant également le problème de "dépréciation des biens" dans la bande menacée.

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