En ce début des commémorations du débarquement de Normandie qui n'auront pas le même éclat cette année, je partage quelques photos de ces milliers de jeunes gens qui, 77 ans plutôt, embarquaient en Angletterre en vue de déferler sur les côtes Françaises.
Pour bon nombre, il s'agit là du dernier cliché d'eux.
Ne les oublions pas...
D'DAY DU SILENCE
"Les sanglots longs des violons de l’automne,
blessent mon cœur d’une langueur monotone.""""""
5 juin 1944.
Vous écoutez à la radio ces vers de Verlaine qu'annonce la BBC.
" Ils arrivent bientôt"
En ce jour le drapeau tricolore hisse la liberté,
Aujourd'hui, qui aurait pu mourir au nom du sacrifice?
Vous commémorez la victoire d'un général radiophoniste,
Moulin fut le rare résistant irréprochable de la clandestinité.
Mais tout ceux là pour vous, qui sont-ils?
Pas grandchose! Et finalement presque rien!
Vous appelez ça chair à canon pour GI's débiles,
Mais quand vous dansez vous chantez en ricain.
Jamais je n'oublierai ce pays qui m'était jusque-là inconnu,
Et pourtant sur cette terre de France je reviens tout ému.
Matin du 6 juin 1944.
“Au Poste de combat !”
A proximité de Plymouth, le temps est sombre,
Grise la couleur du ciel, les croiseurs sont en nombre,
Quand tout à coup nous recevons à la hâte l'ordre,
Les destroyers brisent les vagues d'une mer en désordre.
A perte de vue au loin dans les brumes du ciel,
J'aperçois la côte normande et ses falaises premières.
La mer se couvre de bateaux, se cachent les hirondelles,
Beaucoup de nous sont malades, moi je récite ma prière.
Alors ils me donnent deux tablettes d'amphétamines,
Comment arriveront-elles à m'aider pour rester éveillé?
Pour chaque soldat, deux seringues de morphine,
Des cigarettes, et quelques francs français en billets.
Soudain, un avion allemand s’écrase à bâbord!
Comment a-t-il traversé le rideau de l'ultime aurore.
Un gros éclat d’obus passe à un centimètre de ma tête,
Et déjà un casque de sang flotte sur l'eau muette.
La barge accoste sur une plage mouillée de sacrifices,
Elle touche le sol, en file indienne on avance vers la dune,
A une cadence infernale, des tirs de canon jaillissent!
En vain on monte face aux mitrailleuses de l'infortune.
Grimper là-haut, mais combien d’obstacles à franchir!!!
C'est du bunker que partent ces éclairs innombrables,
Les premiers obus s’abattent dans un vacarme de délires,
En ce tôt matin les furies font alliance avec les diables.
Partout les obus explosent, le boucan s’amplifie,
tellement ils me martèlent de lueurs dantesques!
Devant moi, les premières rafales anéantissent nos vies,
Par autant de tirs de mitrailleuses, je suis sans geste.
Mètre après mètre, je rampe sur la maudite plage,
Un camarade agonise, d'autres GI's tombent.
Je prie pour que cesse ce brouillard de carnages
Je tiens la main de l'ami au visage défiguré par la bombe.
J'entends les râles, les cris de douleurs du néant,
face aux inqualifiables foudres sauvages du rivage.
Le combat est insensé! Le sable se mêle au sang,
De vos fenêtres vous observez ce spectacle de rage!
J'arrive tel un miracle au sommet de la dune,
Près du bunker je récupère le casque d'un allemand.
Ne pleurez plus! J'ai dans la main mon fusil de rancune,
De l'autre je vous ramène son drapeau teinté de blanc.
Non, je n'oublierai jamais ce jour de juin 44,
J'étais là avec mes camarades.
En se retournant, il souriait à la belle Kelly,
Il montait sur ce navire qui allait les séparer.
Elle lui parlait d'amour, il répondait par la patrie,
Évoquant l'honneur, il partait fier servir notre liberté.
Aux mères qui ont perdu un ou plusieurs enfants,
Dans ce bateau qui s'apprêtait à voguer la mort,
A la femme qui ne reverra jamais son mari, son amant,
Au père mutilé dont l'enfant ne touchera plus le corps.
Sur les plaques des rues s'étale le nom des héros,
Sur la blanche croix, celui d'un inconnu est gravé.
Entonnez la marseillaise! J'ai toujours la mort en écho,
Le cri d'un brave retentit une fois sur le sable mouillé.
Ainsi ils vous ont rendu la liberté, leurs vies offertes,
Pourquoi dans ce cimetière tant de croix sont alignées?
Aujourd'hui ils reposent sous une pelouse toujours verte,
Une bannière étoilée couvre le souvenir du pays où ils sont nés...
Ces 177 Français inconnus, héros du Jour J
Ils furent 175 000 à débarquer le 6 juin 1944 sur les côtes normandes. Dont 177 Français oubliés. Un livre retrace leur histoire.
Le commando Kieffer. Les survivants ont attendu 2004 pour recevoir la Légion d'honneur.