Anna Marly, de son nom complet Anna Iourievna Smirnova-Marly (en russe : Анна Юрьевна Смирнова-Марли), née Betoulinskaïa (Бетулинская), est une chanteuse et guitariste française d'origine russe, née le 30 octobre 1917 à Pétrograd (Russie) et morte le 15 février 2006 à Palmer (Alaska).
Elle a composé, à la guitare, la musique du Chant des partisans et en a écrit les paroles originales russes, tandis que les paroles françaises dues à Maurice Druon et Joseph Kessel ont ensuite servi de générique à l'émission Honneur et Patrie diffusée sur la BBC[1]. Elle est également l'autrice de la musique de La Complainte du partisan, chanson ensuite popularisée en anglais[a] par Leonard Cohen
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Anna_Marly
Dans un hôtel de la banlieue de Londres, les écrivains Maurice Druon et Joseph Kessel, accompagnés de la musicienne Anna Marly composent le Chant des Partisans, en russe, mais qui sera ensuite traduit en français et qui deviendra l’hymne de la résistance française.
2/ PLUS PRÉCISÉMENT -
Le Chant des partisans ou Chant de la libération, est l’hymne de la Résistance française durant l’occupation par l’Allemagne nazie, pendant la Seconde Guerre mondiale. La musique, initialement composée en 1941 sur un texte russe, est due à la Française Anna Marly, ancienne émigrée russe qui en 1940 avait quitté la France pour Londres. Les paroles originales en français ont ensuite été écrites en 1943 par Joseph Kessel, également d’origine russe , et son neveu Maurice Druon qui venaient tous deux de rejoindre les Forces françaises libres.
3/ L’HISTOIRE :
La mélodie du Chant des partisans — inspirée d'un air populaire en Russie pendant la guerre civile - est due à la chanteuse et compositrice Anna Marly . Elle compose cette chanson en 1941 à Londres sous le titre "La marche des partisans" ou "Guerilla song", avec des paroles originales en russe, sa langue maternelle .
Le chant, sifflé, devient le 17 mai 1943, l’indicatif de l’émission Honneur et Patrie de la radio britannique BBC (diffusée deux fois par jour) , puis un signe de reconnaissance dans les maquis. On choisit de siffler la mélodie, d'abord pour ne pas être repéré en la chantant mais aussi car le chant reste audible malgré le brouillage de la BBC effectué par les Allemands .
André Gillois, responsable de l'émission de la résistance française, donne à Pierre Seghers quelques détails sur la naissance du Chant des partisans . Le 13 mai 1943, le sujet d'un indicatif musical est abordé au cours de la préparation de la première émission prévue pour le 17 mai. Emmanuel d'Astier de La Vigerie propose de rencontrer Anna Marly qui anime alors — entre autres lieux — un petit club français de Londres. Le soir même, l'artiste les reçoit dans la petite pension qu'elle occupe, 30 Campdon Hill Garden. Elle interprète à la guitare, sans les chanter, six de ses compositions. Deux mélodies — Paris est à nous et Le Chant des partisans — sont sélectionnées et enregistrées dès le lendemain, le 14 mai 1943. André Gillois précise :
« […] elle [Anna Marly] avait réuni quelques musiciens pour former avec sa guitare un petit ensemble auquel elle avait adjoint deux siffleurs chargés des notes du début. Seulement ces professionnels sifflaient trop bien pour donner l'impression de combattants clandestins sifflotant en marchant sur les routes. Nous prîmes donc le parti, d'Astier et moi, de remplacer les spécialistes . »
4/ Paroles
Les paroles en français sont écrites par Maurice Druon, futur académicien, et son oncle Joseph Kessel, tous deux expatriés en Angleterre .
Le 30 mai 1943, dans un hôtel du Surrey, fréquenté par les Français exilés, Joseph Kessel et Maurice Druon mettent en vers, sur un cahier d'écolier, les idées qu'ils échangent. Germaine Sablon possède, sur un feuillet à part, les notes relevées en écoutant Anna Marly jouer l'air sur sa guitare .
« À quatre heures tout était terminé. La fille du patron, Nenette, nous a servi le thé et j'ai chanté pour la première fois le Chant des partisans devant elle. Ensuite j'ai appelé Calvacanti au téléphone […] je suis allée au studio d'Ealing le lundi 31 mai où l'enregistrement a eu lieu à onze heures et demie. »
Cette version cinématographique est interprétée par Germaine Sablon. Elle est arrivée à Londres le 6 février 1943, accueillie par son ami le metteur en scène Alberto Cavalcanti qui lui propose de tourner dans Three Songs about Resistance, un film de propagande, comportant trois chants (dont La Marseillaise). Il reste à en trouver deux autres et le Chant des partisans sera l'un d'eux, choisi lors d'une rencontre avec Anna Marly qui le lui a fait entendre.
Pierre Seghers précise : Le Chant des Partisans, créé par Germaine Sablon dans le film de Calvacanti, semble n'avoir jamais été chanté ailleurs de toute la guerre. Je n'en ai trouvé aucune trace à la BBC avant la libération. Il n'a donc été connu en France que par son indicatif […] diffusé deux fois par jour depuis le 17 mai 1943 jusqu'au 2 mai 1944, date de notre dernière émission .
5/ LE MANUSCRIT :
Le manuscrit original est apporté en France, le 25 juillet 1943, par Emmanuel d'Astier de La Vigerie et Jean-Pierre Lévy à bord d’un Lockheed Hudson piloté par Hugh Verity. L'appareil survole clandestinement le territoire occupé et se pose à 3 h 30 sur le terrain Figue près d'Ambérieu-en-Bugey, les deux hommes y sont « réceptionnés » par Paul Rivière , chef de la section atterrissage parachutage de l'ensemble de la région sud.
Les paroles sont publiées dans le no 1 des Cahiers de Libération dont l'édition originale porte le texte : Ce volume a été achevé d'imprimer sous l'occupation nazie le 25 septembre 1943 .
Le manuscrit original, devenu propriété de l'État, est conservé au musée de la Légion d'honneur. Il est classé monument historique au titre « objets » par un arrêté du ministère de la Culture du 8 décembre 2006 .
Également mise en musique par Anna Marly mais écrite par Emmanuel d'Astier de La Vigerie, La Complainte du partisan connaît un succès populaire en France dans les années 1950 mais s’efface devant Le Chant des partisans, relancé par André Malraux lors de la cérémonie d’entrée des cendres de Jean Moulin au Panthéon le 19 décembre 1964.
« […] L’hommage d’aujourd’hui n’appelle que le chant qui va s’élever maintenant, ce Chant des Partisans que j’ai entendu murmurer comme un chant de complicité, puis psalmodier dans le brouillard des Vosges et les bois d’Alsace, mêlé au cri perdu des moutons des tabors, quand les bazookas de Corrèze avançaient à la rencontre des chars de Rundstedt lancés de nouveau contre Strasbourg. Écoute aujourd’hui, jeunesse de France, ce qui fut pour nous le Chant du malheur. C’est la marche funèbre des cendres que voici. […] »
5 bis/ PAROLES :
Le premier couplet est :
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines,
Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu'on enchaîne,
Ohé ! partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme !
Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes.
Sens du premier texte russe
Le sens des paroles originelles en russe, dues à Anna Marly est à peu près le suivant :
De forêt en forêt / La route longe / Le précipice
Et loin tout là-haut / Quelque part vogue la lune / Qui se hâte
Nous irons là-bas / Où ne pénètre ni le corbeau / Ni la bête sauvage
Personne, aucune force / Ne nous soumettra / Ne nous chassera
Vengeurs du peuple / Nous mettrons en pièces / La force mauvaise
Dût le vent de la liberté / Recouvrir / Aussi notre tombe…
Nous irons là-bas / Et nous détruirons / Les réseaux ennemis
Qu'ils le sachent, nos enfants / Combien d'entre nous sont tombés / Pour la liberté !
6/ AUTREMENT DIT-
https://www.defense.gouv.fr/portail/dossiers/le-saviez-vous/le-saviez-vous-ami-entends-tu-le-chant-des-partisans
Le saviez-vous ? Ami entends-tu le chant des partisans ?
« Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines,
Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu’on enchaîne,
Ohé ! Partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme !
Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes. »
C’est l’hymne de la Résistance. Pourtant, cette chanson est née loin des maquis français. Elle a été écrite à Londres en 1941 par Anna Marly (1917-2006). Cette guitariste d’origine russe quitte la France pour l’Angleterre, en 1939, afin de s’engager comme cantinière au sein du quartier général des Force française libres. La musicienne compose des chansons qu’elle interprète devant les soldats. L’une d’entre elles, particulièrement mélancolique et écrite en russe, La Marche des Partisans, touche particulièrement l’auditoire. Ce titre lui a été inspiré par un article sur les partisans soviétiques engagés sur le front de l’Est. Le mot « partisan » évoquant pour les Russes la résistance à l’envahisseur depuis les guerres napoléoniennes.
Fréquentant la communauté russe de Londres, Anna rencontre Louba Krassine, compagne d’Emmanuel d’Astier de la Vignerie, fondateur du mouvement de résistance Libération-Sud. En mai 43, ce dernier la met en relation avec un autre résistant, André Gillois. Celui-ci cherche un générique pour sa nouvelle émission de radio, « Honneur et Patrie », qu’il anime sur la BBC* à destination des Français de la métropole occupée. La Marche des Ppartisans est retenue. Sifflée, la mélodie reste audible malgré le brouillage allemand. Elle devient un signe de reconnaissance dans les maquis français.
Mais il manque des paroles en français. Emmanuel d’Astier de la Vigerie demande à son ami Joseph Kessel de les écrire en lui disant : « On ne gagne les guerres qu’avec des chansons. » Avec son neveu Maurice Druon, Kessel écrit alors les paroles du Chant des Partisans. La compagne de l’écrivain, Germaine Sablon, enregistre le lendemain la toute première version de la chanson pour le film de propagande Three Songs about Resistance d’Alberto Cavalcanti.
Hymne de la Résistance et symbole de la lutte contre l’occupant allemand, le Chant des partisans deviendra le troisième chant de combat de la France, après La Marseillaise et le Chant du départ.
7/ AUTREMENT DIT -(2)-
https://www.francemusique.fr/actualite-musicale/l-histoire-meconnue-du-chant-des-partisans-79204
L’histoire méconnue du Chant des partisans
Une exposition a été organisée par le Musée de l’ordre de la Libération à Paris retrace l’histoire méconnue du Chant des partisans et d’Anna Marly, sa compositrice .
C’est l’une des rares chansons qu’il nous reste de la Résistance, et qui est toujours jouée lors de cérémonies officielles. Le Chant des partisans, parfois surnommé La Marseillaise de la Libération, a une histoire particulière, souvent méconnue, qui est à la hauteur de sa puissance symbolique.
Tout d’abord parce que nous devons sa naissance à une femme : Anna Marly. Née en 1917 à Petrograd (Saint-Pétersbourg) en pleine Révolution d’Octobre, son père est fusillé en 1918 et elle est contrainte de fuir son pays avec sa mère, sa sœur et sa gouvernante pour la France en 1921. Sa famille s’installe alors à Menton, dans les Alpes-Maritimes. Elle reçoit une guitare à l'âge de 13 ans, instrument qui marque le début de sa vocation pour la musique. Sergueï Prokofiev, une connaissance de sa famille, lui apprend les rudiments de la composition. Anna Marly sera également danseuse dans la troupe des Ballets russes de Monte Carlo avant de gagner Paris, où elle étudie au Conservatoire, puis se produit dans les cabarets en interprétant ses chansons. C’est à cette époque qu’elle prend le nom de Marly.
Elle épouse le baron Van Doorn en 1939 et tous deux fuient la guerre pour l’Angleterre. Engagée comme cantinière dans les Forces françaises libres (FFL) à Londres, elle met peu à peu son talent musical au service de la résistance. « Elle jouera dans le Théâtre aux armées pour les soldats britanniques, tchèques ou polonais, explique Lionel Dardenne, historien et commissaire de l’exposition Le Chant des partisans au Musée de l'Ordre de la Libération à Paris.
En 1941, en lisant un article sur le rôle des Partisans soviétiques pendant la bataille de Smolensk, Anna Marly a une « réaction viscérale et se met à écrire une chanson » poursuit Lionel Dardenne. « Elle évoque ce combat de la population civile contre l’armée allemande. C’est vraiment le mot de partisan qui l'a faite réagir. En Russie, les partisans sont le dernier rempart de la patrie en danger ».
Cette première version de la chanson est en russe et s’appelle la Marche des partisans. Elle la jouera plusieurs fois sur scène ou à la BBC, où elle remporte un franc succès. En 1942, elle joue sa chanson lors d’une soirée en présence d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, écrivain et journaliste qui a réussi à gagner l’Angleterre en passant par l’Espagne. Celui-ci est tout de suite séduit par la chanson et la propose à André Gillois, résistant et animateur de radio, qui cherche un indicatif pour son émission Honneur et Patrie, diffusée par la BBC entre 1940 et 1944.
Il se trouve que la mélodie sifflée de cette Marche des résistants permet d’être tout de suite identifiable sur les ondes, et ce malgré le brouillage allemand. Constatant le potentiel de la chanson, d’Astier de la Vigerie, met par la suite en relation Anna Marly avec Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon, tous deux écrivains et fraîchement arrivés à Londres pour s’engager dans la résistance.
« Emmanuel d’Astier de la Vigerie disait qu’on ne gagnait une guerre qu’avec des chansons. En tant que fondateur du mouvement Libération Sud, il connaissait très bien les réseaux de la résistance en France occupée et les cadres de la France libre à Londres. Il savait donc bien que beaucoup de gens combattaient pour le même idéal de libération de la France mais sans se connaître pour autant. Quand il entend la chanson d’Anna Marly, il se dit « c’est cette chanson qu’il faut pour la France ! ». Il demande donc à Kessel et Druon d’écrire des paroles en français en leur précisant qu’il veut donner l’impression que le chant vienne du maquis », poursuit Lionel Dardenne.
Ce sera chose faite le 30 mai 1943, jour où la chanteuse Germaine Sablon, compagne de Joseph Kessel, enregistre une première version du Chant des partisans pour un film du cinéaste brésilien Alberto Cavalcanti. C'est d'ailleurs à la même époque qu'Anna Marly et Emmanuel d’Astier de la Vigerie écrivent la Complainte du partisan. Une chanson devenue mondialement célèbre grâce à sa reprise - The Partisan - par Leonard Cohen en 1969.
Après quelques modifications apportées au texte, d’Astier de la Vigerie l'emmène avec lui en France où il atterrit clandestinement en juillet 1943. En septembre, le texte est imprimé dans le premier numéro de la revue clandestine les Cahiers de Libération. Aucune mention n’est faite d’Anna Marly, ni de Kessel ou de Druon. C’était la volonté d’Astier de la Vigerie : rendre anonyme la chanson pour que tout le monde puisse se l'approprier. Mais à cette époque, peu de gens ont accès à la revue et malgré la présence de la mélodie à la radio et l’impression des paroles sur des tracts lancés par la Royal Air Force, le Chant des partisans demeure peu connu. Il faut attendre la Libération et la fin de la guerre pour que la chanson s’impose et devienne très populaire.
8/ « On peut dire que c’est la Marseillaise de la Résistance, explique Lionel Dardenne. Elle est d’ailleurs toujours jouée aujourd’hui lors de cérémonies de mémoire, comme lors du transfert des cendres de Pierre Brossolette et Jean Zay au Panthéon (le 27 mai 2015). Et c’est l’une des rares chansons qui peut à la fois être chantée par le Chœur de l’Armée française et par Léo Ferré, par exemple ».
Le Chant des partisans sera fois repris par des artistes aussi différents que
Yves Montand,
les Chœurs de l’Armée rouge,
Johnny Halliday,
Mireille Mathieu,
Zebda,
Camélia Jordana
ou Les Stentors
« C’était le coup de génie d’Astier de la Vigerie, d’Anna Marly, de Joseph Kessel et Maurice Druon : laisser entendre que le Chant des partisans venait des profondeurs de la France occupée. Et aujourd’hui encore, cela fonctionne. La chanson n’appartient pas à un mouvement en particulier. Comme le disait Maurice Druon, elle appartient à tous ceux qui l’ont chantée » conclut Lionel Dardenne.
Après le succès de ses chansons de la France d'après-Guerre, Anna Marly part dans une grande et longue tournée en Afrique, en Amérique du Sud avant de s'installer aux Etats-Unis mais elle n'y connaît pas le succès qu'elle espérait.
Le 18 juin 2000, elle interprète une dernière fois Le Chant des partisans en la cathédrale Saint-Louis des Invalides.
Elle termine sa vie en Alaska, un ancien territoire russe et meurt en 2006. Le Général de Gaulle, qu'elle avait servi à table lorsqu'elle était cantinière de la France libre à Londres, disait qu'elle avait fait « de son talent une arme pour la France ».