COMPARAISON N’EST PAS RAISON…
MAIS N’EST PAS FORCÉMENT CON NON PLUS
LA GRANDE CONCERTATION LANCÉE PAR EMMANUEL MACRON POURRAIT-ELLE DÉCLENCHER UN PROCESSUS SIMILAIRE À CELUI DES ETATS-GÉNÉRAUX DE 1789 ?
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Emmanuel Macron a annoncé une "grande concertation" au sujet de la
transition écologique et sociale pour répondre au mouvement des "Gilets
Jaunes".
Dans quelle mesure notre situation actuelle peut-elle faire écho à celle de la Révolution française ?
--> C’est évidemment la référence qui vient immédiatement à l’esprit.
D’aucuns objecteront que la situation n’est pas comparable car nous sommes dans un régime démocratique, pas sous une monarchie absolue, etc.
Pour autant lorsque l’on veut comprendre les séismes qui peuvent affecter des
régimes politiques entiers, il faut aller au delà de l’aspect des choses et considérer les structures institutionnelles, sociales et politiques.
D’abord, il y a bien sûr cette fonction présidentielle qui, quoi qu’élective, est bien souvent, et à raison, qualifiée de «
monarchique », tant il est vrai quepratiquement tout le pouvoir réside, durant cinq ans, dans les mains d’un seul
homme.
Ensuite, nous vivons dans une société sur laquelle l’emprise de l’Administration est énorme ; cela évoque des passages de Tocqueville sur l’Ancien Régime, où il
expliquait qu’il y avait des formulaires pour tout. L’imposition directe était
moindre qu’aujourd’hui mais des services comme la justice, par exemple, étaient très coûteux, avec le système des épices qu’il fallait payer aux juges pour que ceux-ci se rémunèrent, ainsi que leurs aides.
En outre, notre société aujourd’hui a aussi son clergé et sa noblesse : les médias subventionnés par l’Etat, qui portent la foi directrice des politiques - aujourd’hui le changement climatique, au nom duquel on exige, dans un vocable très religieux, des « sacrifices » afin de repousser « la fin du monde », avec un obscurantisme dont, d’ailleurs, je ne suis pas sûr que le clergé des années 1780 eût fait preuve - et les hauts fonctionnaires, qui dirigent le pays, sont intriqués avec les élites économiques
- de nombreuses entreprises du CAC 40 sont dirigées ou ont été dirigées par un
énarque, ou en ont dans leur conseil d’administration.
Et puis il y a l’aspect bloqué du système économique et social. Je me souviens d’un film remarquable, 1788, aujourd’hui disponible gratuitement sur YouTube, qui montre cela admirablement : vous avez les paysans qui se plaignent de ce que le noble local cherche à les spolier de leurs droits coutumiers en vendant une terre dont ils avaient l’usage gratuit, le noble local qui lui-même n’a pas le choix car, invalide de guerre, il dépend d’une pension du Roi que celui-ci a du mal à payer en raison des difficultés financières, le bourgeois qui veut acheter la terre au noble parce qu’il comprend que l’usage gratuit des paysans est en réalité un gaspillage d’une terre qui devrait être très rentable, etc. Tout se tient, et le système est irréformable : il ne peut que sauter.
Aujourd’hui, quand on considère à quel point les impôts servent à financer des aides qui servent à stimuler la consommation dont on espère que cela accroîtra les impôts, mais que les impôts brident le pouvoir d’achat, pèsent sur la consommation et font que les gens demandent des aides... difficile de voir comment l’on peut sans sortir sans qu’il soit tranché dans le vif au dépens de quelqu’un pour casser le cercle vicieux. Et si sur un système bloqué de la sorte se
présente une difficulté conjoncturelle supplémentaire - hier une hausse du prix du pain, aujourd’hui celle du carburant - cela peut conduire à faire sauter l’ensemble.
LU POUR VOUS SUR ATLANTICO.FR