vendredi 18 octobre 2024

 


Jean-Christophe Bouvier, Préfet de la Martinique
Jean-Christophe Bouvier, Préfet de la Martinique • Ericka Morjon
Patrick Fabre, président du Groupe Créo.
Patrick Fabre, président du Groupe Créo. • Ericka Morjon
Jean-Philippe Nilor, Député de la 4e circonscription.
Jean-Philippe Nilor, Député de la 4e circonscription. • DR
Stéphane Hayot directeur général GBH.
Stéphane Hayot directeur général GBH. • Jean-Marc Etifier
Robert Parfait, PDG du groupe Parfait
Robert Parfait, PDG du groupe Parfait • Elisa Ludovicus


Protocole d'objectifs contre la vie chère : Signé !... Mais sous surveillanc

Les réactions au lendemain de la signature du « Protocole d'objectifs et de moyens » dans la lutte contre la vie chère restent mitigées. Entre satisfaction d'une avancée historique pour certains, et l'attente de la concrétisation réelle des engagements pris.


Robert Parfait,

Président du Groupe Parfait

« La grande inconnue :

la continuité territoriale »

Je ne suis pas totalement d'accord avec le protocole signé, mais il fallait essayer de trouver une solution. Donc on a accepté la solution. À présent, comment est ce qu'on pourra la mettre en œuvre ou la sortir ? Je ne sais pas. Je n'ai pas pu apprécier assez profondément les différents rouages qui existent et comment ça va se passer ? Je suis dans une incertitude. Ce sera difficile à suivre. J'ai appelé mes équipes qui sont en train de travailler sur des simulations. Cela va nous amener à définitivement changer nos produits d'importation. Il y aura beaucoup de produits sur lesquels je pense que nous n'arriverons plus à suivre et pour lesquels nous serons obligés de revoir dans notre politique d'importation. On va voir comment faire pour non seulement tenir notre parole en disant qu'on va réduire les prix et réduire le différentiel, et comment on fait ? Parce qu'il y a une grande donnée inconnue jusqu'à présent, c'est cette espèce de continuité territoriale dont on a parlé. Et nous n'avons donc pas encore vu le bout du tunnel.

 

Jean-Philippe Nilor,

député de la 4e circonscription

« Vigilants quant au respect

des engagements pris par l'État »

Cet accord, on ne peut pas en être satisfait parce que tout le monde ne l'a pas signé. Et notamment, l'association qui a initié le mouvement.  On ne peut pas être euphoriques. Nous l'avons cependant signé en indiquant qu'on en prend acte et que l'on s'engage à porter et à transformer les propositions dans le cadre de notre travail législatif pour les faire valider pour que les quelques avancées obtenues soient inscrites dans le marbre et que ce ne soit pas des choses éphémères remises en question à la première occasion. L'État a pris un certain nombre d'engagements dans le cadre de ces accords-là. On va être particulièrement vigilants au respect de ces engagements qui sont pris par l'État, même s'ils sont insuffisants. Mais il faut au moins s'assurer que ces engagements soient tenus.

 

Stéphane Hayot, Directeur général GBH

« Très heureux, c'est un effort

extrêmement important »

Je suis très heureux que nous ayons abouti à un accord. Ce projet de baisse de prix sur un nombre de produits très important de consommation courante est un projet porté par les distributeurs alimentaires en réalité depuis plus de 2 ans. Toutes les parties se sont mises autour de la table et se sont engagées sur l'exonération de l'octroi de mer, l'exonération de la TVA, l'obtention des tarifs à l'export, et la continuité territoriale totale c'est-à-dire que l'ensemble des frais d'approche soient pris en charge par l'Etat sur la liste des produits concernés. Les distributeurs alimentaires et les grossistes se sont engagés sur une baisse de leurs marges en valeur sur tous les produits issus des 54 familles de produits de la liste CTM. Cette contribution à la baisse des prix sera de plus de dix millions d'euros. C'est un effort extrêmement important. Les efforts conjugués des distributeurs, des grossistes, de l'Etat et de la Collectivité territoriale sont nécessaires pour que nous puissions arriver à une baisse moyenne de 20% sur plusieurs milliers de produits.

 

Georges Troudart,

Président du Groupe Mack 2

« Nous subissons la cherté

comme tout consommateur »

Nous avons participé à l'élaboration du protocole, mais nous ne faisons pas partie de la grande distribution. En tant que commerce de proximité, nous sommes approvisionnés  par les grossistes, par les importateurs, et nous ne pouvons que subir des prix qu'ils veulent bien nous donner.

En termes de négociation, dans le protocole, nous ne pouvons pas apposer notre signature dans la mesure où nous ne sommes pas visés par la population. Nous subissons la cherté de la vie comme tout consommateur. Nous sommes des observateurs. On ne peut pas s'immiscer entre le BQP qui demande un certain nombre de baisses de prix et la population. En tout cas nous sommes très favorables à ce mouvement qui permettrait aux gens de comprendre pourquoi la petite distribution n'a pas les mêmes prix ni les mêmes produits que la de la grande distribution.

Patrick Fabre,

Président du Groupe CREO

« Une signature historique

pour un changement structurel »

C'est une signature historique. Réellement. Depuis 2009, notre entreprise se concentre à faire des propositions pour faire évoluer les prix et surtout le modèle économique qui forme les prix sur la Martinique. Les éléments de ce protocole ont fait changer structurellement la forme de la chaîne d'approvisionnement. Et ça, ça me paraît très important déjà pour aujourd'hui, mais pour l'avenir. C'est une certitude que ce sera durable puisque c'est maintenant structurel. L'État doit de façon législative faire changer la TVA, pour obtenir la création d'un fonds de compensation, ce que j'appelle le fonds de continuité territoriale. Ce n'est pas quelque chose qui va se faire très vite, mais c'est par contre structurel. Je trouve que c'est très bien. Ce que je regrette simplement c'est que le RPPRAC n'ait pas signé, parce qu'il a été aussi un contributeur très important. Ça aurait été un vrai succès. L'Etat s'est engagé à créer avec les transporteurs maritimes, une continuité territoriale. C'est la première fois que ça existe dans les DROM-COM. Ça arrive en Corse depuis longtemps. Mais nous, pour les transports de marchandises, ça n'est jamais arrivé. L'autre objectif dans cet accord, qui ne me concerne pas directement en tant que distributeur, est de développer la production locale, et ça c'est une vraie nécessité. On préfère 100 fois, vendre des produits qui sont fabriqués localement. Donc plus ça va se développer, mieux c'est pour nous. 

 Jean-Christophe Bouvier, Préfet de la Martinique

« Un accord total pour vivre

dans son environnement

régional avec la République »

Je conteste le terme de « signature partielle ». Le protocole d'accord a été signé totalement et c'est un accord d'une innovation et d'une profondeur qui engage les parties qui ont participé à la négociation, à un niveau qui avait rarement été atteint en Martinique. Face aux difficultés du territoire, il y a deux postures : soit on arrive à se projeter dans l'avenir du territoire, c'est le développement de la richesse au sein de ce territoire, c'est le développement de l'agriculture, des investissements productifs, tels que l'agrandissement du grand port maritime et d'autres projets portés par la Collectivité territoriale de Martinique. Soit on se raccroche à des solutions dont on a souligné l'impasse, qui consistent à dire que c'est à l'État de subvenir totalement aux difficultés structurelles, qui sont les nôtres, une île au milieu des Caraïbes, dans un environnement qui n'est pas forcément au même niveau de développement que le nôtre, et où il faut chercher justement à multiplier les échanges. Quand on demande et quand on rompt des négociations au motif que la totalité des produits alimentaires ne bénéficient pas des dispositifs du protocole, on abandonne tout ce que je viens de dire, à la fois la volonté d'un développement endogène et la recherche de solutions dans notre environnement. La fierté d'être Martiniquais implique de pouvoir se vivre dans son environnement régional, avec et dans le cadre de la République. 

Jean-Christophe Bouvier, Préfet de la Martinique
Jean-Christophe Bouvier, Préfet de la Martinique • Ericka Morjon

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"La plupart des gens meurent à 25 ans, mais on les enterre à 75 ans", disait Mark Twain. La vraie mort ne survient pas quand ton c...