⬛ Matignon : la gauche s'entend, Macron esquive
"Fumée blanche". Les dirigeants du Nouveau Front Populaire (NFP), arrivé en tête des élections législatives, ont annoncé hier avoir enfin trouvé un nom pour Matignon. Après plus de deux semaines de négociations, les partis membres de l'alliance de gauche se sont entendus sur la candidature de Lucie Castets au poste de Premier ministre. Personnalité issue de la société civile, inconnue jusque-là, cette haut-fonctionnaire de 37 ans a été propulsée sur le devant de la scène politique.
Economiste, directrice des finances de la ville de Paris, Lucie Castets est aussi co-fondatrice et porte-parole du collectif "Nos services publics". Profil technique et militant, elle a assuré avoir "l'abrogation de la réforme des retraites" et la "fin de la régression des services publics" comme boussole afin de faire reculer l'extrême droite.
Interrogé dès hier soir lors d'une interview sur France 2, Emmanuel Macron a balayé cette hypothèse d'un revers de la main. Le président de la République a estimé que le NFP n'avait "pas de majorité quelle qu'elle soit".
Cette décision provoque la colère dans les rangs de la gauche. Les chefs de parti du NFP et leur candidate pour Matignon, se succèdent dans les médias depuis ce matin pour protester contre la position du chef de l'État. "On dirait mon fils de cinq ans quand il triche au Monopoly Junior !" a tancé la cheffe de file des écologistes Marine Tondelier. Le coordinateur de LFI Manuel Bompard a lui "l’impression d’avoir affaire à une sorte de forcené qui est retranché à l’Élysée".
Emmanuel Macron essaie de rester, autant qu'il le peut, maître des horloges et prévient : la nomination d'un nouveau gouvernement n'interviendra pas avant les Jeux Olympiques.
A droite aussi, les lignes bougent. Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, chefs de file de la Droite républicaine (DR, ex-Les Républicains) à l'Assemblée nationale et au Sénat, ont présenté lundi un "pacte législatif d’urgence" pour "empêcher le blocage du pays".
Ce projet de redressement consiste en treize lois, sur lesquelles la droite est "prête à s’engager" si le prochain gouvernement s’en empare. Cela comprend notamment la lutte contre "les abus" d'aides sociales et "l’immigration incontrôlée".
Il n'est en revanche pas du tout question d'une coalition gouvernementale : "Nous sommes indépendants et nous le resterons", a martelé Laurent Wauquiez, qui refuse de "signer un chèque en blanc".
Éric Ciotti, président contesté du parti LR depuis son alliance avec le Rassemblement national, a quant à lui exprimé sa volonté d’organiser un vote des adhérents pour "trancher la ligne". Dans un courrier envoyé lundi, il a appelé à choisir entre "l'intégration des LR dans le camp macroniste" ou "l'alliance des droites dans l'indépendance".
A l'extrême-droite, le Rassemblement national est dans une mauvaise passe. Jordan Bardella enchaîne les revers. Après l'échec du "Plan Matignon" lors des élections législatives, il n'est pas parvenu à obtenir de poste à a Commission européenne. Le cordon sanitaire a également fonctionné à l'Assemblée nationale. De plus, la connaissance du public de son dîner chez le présentateur vedette Cyril Hanouna écorne l'image antisystème dont il cherche à se prévaloir.
Macron acceptera-t-il que Lucie Castets, soutenue par le Nouveau Front Populaire, s'installe à Matignon ?
Le pacte proposé par le LR Wauquiez peut-il permettre au parti présidentiel de continuer à gouverner ?
A quel point Jordan Bardella sort-il affaibli de ses échecs aux législatives et au Parlement européen ?
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