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20 AOUT 1941

 

Camp de Drancy : apprivoiser la mémoire de la déportation

• Pas simple de vivre près d’anciens lieux de transit vers les camps de concentration. Exemple à Drancy (Seine-Saint-Denis), qui va commémorer ce jeudi 20 août, le 80e anniversaire de l’ouverture du camp. La ville veut porter haut le flambeau de la mémoire sans cependant être réduite à ce douloureux passé.


« Qui sait que Drancy est la première ville de France à avoir instauré la cantine gratuite pour les écoles élémentaires et à avoir distribué des tablettes numériques à tous les élèves de primaire ? »


Camp de Drancy : Camille Mathieu, un Juste parmi les nations

Portrait

 

Ouvert il y a quatre-vingts ans, le camp de Drancy eut, dans l’horreur, ses héros. Dont le gendarme Camille Mathieu.


Camp de Drancy : Camille Mathieu, un Juste parmi les nations
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Les héros sont parfois discrets. Mais le temps peut réparer certains trous de mémoire. La preuve avec Camille Mathieu. Entre 1941 et 1943, ce gendarme mobile, en poste au camp de transit de Drancy (Seine-Saint-Denis), a aidé et sauvé huit juifs de la déportation. En 1976, Israël l’a nommé « Juste parmi les nations », le seul gendarme de Drancy à avoir été ainsi récompensé.

→ CRITIQUE. Survivants de la Shoah, des témoignages réunis dans deux ouvrages+

Jusqu’ici, il n’avait jamais reçu d’hommage officiel de la France, à titre individuel. C’est désormais chose faite. À Drancy, où l’on commémore, ce vendredi 20 août, les 80 ans de l’ouverture du camp, devenu un mémorial, la caserne de gendarmerie s’appelle désormais « Quartier Camille-Mathieu ». Comme un rappel à la vie d’un fonctionnaire qui osa désobéir.


L’art de la désobéissance

Quatre-vingts ans après, c’est son fils, Gérard, qui raconte. « Quand j’étais enfant, nous allions une fois par an chez des amis juifs de mes parents. Je ne savais pas vraiment pourquoi ils étaient si liés. » À son fils, Camille Mathieu dit simplement qu’il les a « aidés ». Le garçon ne demande pas plus de détails. Même lorsque son père reçoit la médaille des Justes. « Ce n’est que des années plus tard, en 2005, que j’ai vraiment compris. »






Tout commence le 21 août 1941. Du haut d’un mirador, Camille Mathieu, 26 ans, aperçoit des femmes, à l’extérieur du camp, tentant d’obtenir des nouvelles de leurs maris, arrêtés la veille par la police parisienne. Il leur demande de partir. Elles insistent. « Écrivez nom et adresse sur un bout de papier, posez-le par terre et disparaissez. Je vous donnerai des nouvelles », répond-il.

Camp de Drancy : Camille Mathieu, un Juste parmi les nations

Dès lors, Camille Mathieu fera passer des colis de nourriture et des lettres. Aidera d’anciens internés à passer en zone libre. Protégera une famille en la cachant chez sa mère, dans l’Aube. En 1943, il est limogé de la gendarmerie suite à une dénonciation calomnieuse.

La fierté de la famille

Chez les Mathieu, si l’on n’a pas compris tout de suite qu’il y avait un grand homme dans la famille, c’est parce que ce dernier « ne s’en est jamais vanté », se souvient son fils. « Pour lui, il n’y avait aucune bravoure dans ses actes. Avec ma mère, ils n’ont pas réfléchi, pas même pensé aux risques. C’était ainsi. » Si vous lui demandez si avoir un père Juste porte ou pèse, Gérard Mathieu vous répond simplement qu’il est « fier ». Que ses enfants et petits-enfants sont « fiers ». Qu’il essaie de ne rater aucune des commémorations. Et que la mémoire se transmet.

→ ENTRETIEN. « Les témoins de la Shoah disparaissent, mais leur témoignage reste »

En 2012, son neveu Loris a fait partie d’une délégation de descendants de Justes invitée en Israël­ pour y rencontrer certains rescapés sauvés par leurs aïeux. À Jérusalem, dans les jardins de Yad Vashem, l’Institut international pour la mémoire de la Shoah, le jeune homme a pu voir l’arbre planté pour son grand-père, en souvenir de ses actes.

Après une carrière dans l’armée, Camille Mathieu est mort en 2017, à 102 ans. « Je m’intéresse, je lis des choses, mais je regrette que le grand public ne connaisse pas assez l’existence de ces personnes qui ont, au péril de leur vie, sauvé des hommes, des femmes, des enfants » : pour Gérard Mathieu, à l’heure où l’antisémitisme s’exprime sans complexe, l’histoire des Justes est plus que jamais un exemple à transmettre.








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Drancy
lieu de mémoire de la Shoah

 





Le Camp de Drancy

   D'août 1941 à août 1944environ 76 000 Juifs ont été internés dans les bâtiments de la cité de La Muette à Drancy, commune de la région parisienne.
   P
rès de 65 000 d'entre eux ont été déportés à Auschwitz.
   2 500 seulement sont revenus
.
   La construction des immeubles de la cité de La Muette a commencé au début des années 1930 pour le compte de l'Office Public d'Habitation à bon Marché du Département de la Seine. L'ensemble, constitué de tours, d'immeubles en barre et d'un immeuble en forme de U, devait comporter 1 200 logements.
    Dès 1940, l'immeuble en forme de U, resté inoccupé parce qu'il n'était pas totalement achevé, a été réquisitionné par les Allemands qui le transformèrent en camp d'internement provisoire où furent détenus des prisonniers de guerre français et britanniques en partance pour l'Allemagne.
   Le 20 août 1941, suite à la rafle du XIème arrondissement, ce lieu de détention devint un camp d'internement de Juifs, désormais identifié sous le nom de « Camp de Drancy ».

   Jusqu'au 17 août 1944le camp de Drancy a été le principal lieu de rassemblement des Juifs déportés vers les camps d'extermination nazis, d'où son nom d'« antichambre de la mort ».
 67 des 79 convois de déportés Juifs acheminés vers les camps d'extermination nazis, principalement Auschwitz-Birkenau, sont partis de Drancy.

Le Conservatoire historique, le monument et le Mémorial de la Shoah

   Dans les années 1947-1948, la citéde La Muette a retrouvé sa vocation initiale d'habitation. Elle est aujourd'hui la propriété de l'Office départemental des HLM.
   En 1976
une sculpture monumentale réalisée par Shelomo SELINGER, ancien déporté juif polonais, survivant de la Shoah, a été érigéeà l'entrée de la Cité de la Muette, pour perpétuer la mémoire des Juifs qui y ont été internés avant d'être déportés à Auschwitz.
   Il est relié par des rails à un « Wagon-témoin » aménagé en lieu d'exposition en 1988.

   Le Conservatoire historique du Camp de Drancy est une association de type loi de 1901, créée en 1989, qui s'est assignée pour mission de sauvegarder la mémoire de ce lieu, d'y organiser des conférences, d'y accueillir les élèves des collèges et des lycées avec leurs professeurs et de leur faire rencontrer des témoins survivants.

   En mai 2001, les façades, les toits, les cages d'escaliers, les sous-sols et la cour intérieure de la cité de La Muette ont été classés au titre des monuments historiques.

   En 2012, le président de la République François HOLLANDE a inauguré le Mémorial de la Shoah à Drancy nouveau lieu de mémoire érigé face à la Cité de la Muette.

Mémorial de la Shoah à Drancy
110-112, avenue Jean-Jaurès
93700 DRANCY
Téléphone. 01 77 48 78 20

http://tuyaunautes.wordpress.com/2013/12/31/le-memorial-de-drancy/



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