dimanche 9 août 2020

SAISON CYCLONIQUE 2020 ATLANTIQUE TROPICAL NORD

Le Pr Philip J. Klotzbach du département de recherche atmosphérique de l’université du Colorado et son équipe ont publié leur 2e mise à jour de leur prévision pour la saison cyclonique 2020.

Résumé

Je ne vais pas vous mentir, je craignais un peu cette mise à jour de la prévision pour la saison cyclonique 2020 en Atlantique. Et malheureusement, aux vues des 2 premiers mois de la saison, mes craintes étaient fondées puisque cette nouvelle prévision placerait ni plus ni moins, si elle venait à se réaliser, la saison 2020 à la 3e place des saisons les plus actives depuis 1950. Rien que ça !
Mais, comme je l’ai répété plusieurs à plusieurs reprises (par exemple ici) ce n’est pas parce qu’une prévision est élevée (et qu’elle se réalise) que l’arc antillais sera forcément très touché. Je rappelle que lors de la saison la plus active recensée (2005), un seul cyclone a touché l’arc … ne sombrons donc pas dans la paranoïa sur nos îles françaises !

Détail de la mise à jour du 5 août 2020

Les mises à jours de prévision cyclonique à en cours de saison s’appuient sur plusieurs paramètres  : la situation et l’évolution de l’oscillation ENSO, la situation et l’évolution des températures de l’eau en surface dans la MDR et, bien sûr, le niveau d’activité déjà enregistré.
Malheureusement, et c’est probablement la raison la plus importante de cette évolution, la prévision ENSO a pas mal évolué depuis 2 ou 3 semaines avec une redescente assez sèche en zone neutre froide et une probabilité de passage en phase La Nina bien plus élevée que le mois dernier pour cet automne. Alors que jusqu’à présent le risque d’un passage en phase La Nina pour cet automne était inférieur à un maintien en phase neutre, c’est désormais l’inverse. Il faut néanmoins relativiser puisqu’on parle d’une phase La Nina assez faible entre -0.5° et -1°.

Prévision ENSO aout 2020
Anomalies SST Atlantique Août 2020
En ce qui concerne les anomalies de température d’eau dans la zone de développement majeure, la situation n’est pas aussi critique que ce que l’on pouvait craindre, notamment grâce à la présence quasi ininterrompue de brume de sable au dessus de l’océan depuis 2 mois. Cette dernière bloque pas mal le rayonnement solaire sur les 2/3 Est de la zone et maintient des températures proches de la moyenne dans cette zone. Cependant on note que les températures sont en anomalies positives généralisées en approche de l’arc … et je n’aime pas trop ça.
Mais ce schéma spécifique (associé à la présence toujours forte d’air sec et de sable) pourrait PEUT-ETRE permettre à l’arc antillais d’être un peu plus épargné que les autres zones (US, golfe du Méxique et Caraibe) même si ça reste très incertain.

Enfin, le début de la saison a été extrêmement actif avec 9 systèmes nommés et ces 2 mois se placent à la 2e place des 2 premiers mois les plus actifs depuis 1950. Évidement, l’activité de ces 2 mois a influencé grandement la prévision pour la suite de la saison, même si statistiquement il n’y a pas systématiquement de corrélation entre l’activité des 2 premiers mois et celle des 4 autres.

Conclusion

Cette mise à jour de la prévision cyclonique 2020 d’août change considérablement la tendance de la saison. D’une prévision d’une saison moyennement active, on passe à une prévision d’une saison extrêmement active, et c’est tout sauf anodin. Un autre élément me questionne un peu, c’est l’augmentation significative du nombre d’ouragans prévus. On passe de 9 à 12, soit près de 35% de plus … et là non plus, c’est clairement pas anodin (d’autant moins qu’on est même passé de 8 à 12, soit 50% de hausse entre juin et août) mais c’est assez logique compte tenu de la température de l’eau au large des US et des Bahamas et sur la mer Caraïbe et le golfe du Mexique.
J’ai tendance à penser, vu les conditions pour les semaines à venir, qu’il vaudra quand même mieux être sur l’arc antillais qu’ailleurs sur le bassin Atlantique. Le sable et les températures de l’eau contenues dans la MDR y sont plus favorables. Pour le moment !
N’oublions pas néanmoins :
  • Ces prévisions sont incertaines comme toutes prévisions atmosphériques
  • Ces prévisions sont globales ce qui rend impossible l’anticipation pour un territoire.
En conséquence, quelle que soit la prévision, il faut se préparer chaque saison de la même manière, comme si notre territoire allait être impacté. C’est la seule solution pour être les plus résilients possible.

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