dimanche 11 mai 2014

SAUVEUR D'OEUVRES D'ART

Alors que sort le film sur les "monuments men" je voudrais rendre hommage à André Payan (1913-1984) est à la fois le concepteur-fondateur en 1969 de l'Association mondiale pour la formation touristique (AMFORT devenue AMFORHT), l'écrivain auteur en 1983 de La Délivrance du musée et le fondateur-rédacteur en chef du journal Le Réveil Boulonnais en 1936-39.

L'officier combattant avec ses hommes une panzerdivision dans les Ardennes sera fait prisonnier à l'issue de la bataille de Dunkerque


Le jeune officier d'infanterie André Payan, cigarette aux lèvres, avec ses hommes durant la « drôle de guerre »

Prisonnier en Allemagne

La guerre-éclair hitlérienne à partir du 10 mai 1940
Avec la déclaration de guerre de la France et de la Grande Bretagne à l'Allemagne, il est mobilisé en septembre 1939 et va rester désœuvré avec ses hommes dans le Nord durant les huit longs mois de la drôle de guerre. Le 10 mai 1940, il est dans le massif boisé des Ardennes non protégé par la ligne Maginot car déclaré « infranchissable par les blindés » (sic) selon l'état-major français. Lieutenant d'infanterie, il va affronter avec ses hommes la « guerre éclair » (blitzkrieg) hitlérienne et notamment les avant-gardes d'une de leurs dix divisions blindées (panzerdivisions) dont les Français sont dépourvus car leurs blindés - très supérieurs en nombre (3 700 contre 2 550) - sont dispersés et non concentrés en puissantes unités mobiles comme l'avait recommandé en vain le colonel Charles de Gaulle. C'est dans les Ardennes justement qu'il se trouve, commandant la défense d'un pont avec ses hommes dont plusieurs sont tués ou blessés à ses côtés lors des terrifiantes attaques des stukas en piqué. Mais ils tiennent bon et repoussent toutes les attaques des avant-gardes ennemies. C'est pourquoi, ses hommes et lui - le 15 mai - refusent d'abord d'obéir à l'ordre de repli. Menacés de passer en conseil de guerre et d'être fusillés, lui et ses hommes sont obligés d'exécuter l'ordre de repli. Conformément aux ordres, ils vont alors battre en retraite - combattant le jour et marchant la nuit - jusqu'à la « poche de Dunkerque » où les armées franco-britanniques - prises en tenaille - ont été encerclées. Là, lui et ses hommes sont désignés (avec bien d'autres) pour protéger héroïquement l'embarquement de 338 000 alliés (dont 123 000 Français) vers l'Angleterre. Et, le 4 juin 1940, il fait partie des 35 000 survivants faits prisonniers par les forces allemandes. Comme il le disait, « la défaite organisée de longue date le transforme alors en prisonnier de guerre en Allemagne pendant cinq ans ». En 1945, il retrouvera des généraux de cette débâcle dans la forteresse de Königstein en Saxe.

Le sujet de son récit historique en mai 1945 à la forteresse de Königstein en Saxe en Allemagne

Fait prisonnier, il est transféré en Allemagne. En février 1945, devant l'avancée des armées soviétiques, les nazis le transfèrent de l'Oflag IV-D d'Hoyerswerda à l'Oflag IV-B de la forteresse de Königstein située sur l'Elbe à 30 km au sud-est de Dresde et où sont logés les généraux français faits prisonniers (à l'exception du général Giraud qui s'en est échappé en 1942). Généraux entre les mains desquels le commandant allemand de la forteresse se constitue prisonnier le 8 mai 1945 et organisera leur rapatriement à l'Ouest par une colonne américaine spécialement constituée à cet effet. Les prisonniers français y sont libérés ledit 8 mai par les officiers et soldats de l'Armée rouge. Seul officier français parlant l'allemand et le russe (qu'il a appris pendant ses cinq années de captivité), André Payan va se trouver au cœur de la protection, puis de l'inventaire des célèbres collections d'œuvres d'art des musées de Dresde dont celles de la Voûte verte (Grünes Gewölbe en allemand) qui y étaient entreposées depuis 1940. Et c'est tout cela qui constitue le sujet de son récit historique et de ses réflexions humanistes titrés « La Délivrance du musée » et écrits en 1983. Récit historique qui relève notamment de l'Histoire de l'art par sa narration de l'ouverture d'une des caisses par un expert russe hors du commun. Expert auquel nous devons une magistrale leçon concernant la signification des trésors d'orfèvrerie et de joaillerie que s'offraient les cours saxonnes du XVIIIe siècle et qui constituent une partie des célèbres trésors de la « Voûte verte » à nouveau exposés depuis 2004 et 2006 dans leur Château de la Résidence de Dresde.

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