samedi 19 avril 2014

MAMAN : MA MERE, MON IDOLE


En mai-juin 1940, c’est l’offensive allemande, le «Blitzkrieg», et la débâcle de l’armée française en quelques semaines. Les troupes alliées se rendent ou refluent vers Dunkerque tandis que la percée des Allemands à Sedan ouvre la voie à un encerclement en tenaille de la ligne Maginot. Le 14 juin, l’ensemble des unités d’intervalle du SFF se replie sur ordre vers le sud-est en livrant des combats de retardement; seuls restent les équipages des ouvrages fortifiés, bientôt encerclés, avec mission de couvrir cette retraite "stratégique" et de tenir le terrain. Les principaux ouvrages ne se rendront - sur ordre - que le 2 juillet, soit dix jours après l'Armistice. Une partie des unités en retraite est capturée autour de Lunéville et Saint-Dié lors de la capitulation, le 22 juin, du général Condé qui a rassemblé sous son commandement les restes de trois armées; les autres abandonnent le combat dans les Vosges. Le château d'Helfédange, bien situé stratégiquement, sera alors occupé provisoirement par un état-major allemand, celui de la 167e division d'infanterie, puis par les Américains en 1945. Il existe toujours en 2006, propriété de M. De Miscault, et on peut y retrouver les lieux fixés par les photographies, en particulier cette horloge solaire (qui a perdu la boule qui la couronnait) [informations fournies par Frédéric Dumait, webmestre d'un site très complet consacré au SFF et aux opérations militaires de juin 1940: www.kerfent.com].
 Ce qu’on sait, c’est qu’en 1940-41 il se retrouve dans l’Oflag XIII B à Nuremberg. Désormais il s’est laissé pousser une barbe noire hirsute, ce qui rend son visage encore plus émacié. Ce camp faisait partie d'un vaste ensemble d'oflags et de stalags d'une trentaine de baraquements chacun, installé dans le quartier de Langwasser, non loin du stade des grandes messes nazies. Les installations, qui avaient servi à loger les SA participant aux manifestations, bénéficiaient d'une bonne infrastructure. Elles accueillent à partir de la défaite de juin 1940 des officiers français prisonniers, après les Polonais et les Belges. L'Oflag XIII B sera dissous en mai 1941 et les prisonniers répartis ailleurs dans le Reich.
C'est alors  celui de l’Oflag
XVIII A, situé près de Lienz en Autriche.  Ce camp pour officiers, situé dans le quartier "Grafenanger" près de l'actuelle caserne Franz-Joseph, comptait une trentaine de baraques et abritait environ 1000 prisonniers, tous français.
Les conditions d'internement étaient relativement douces dans le cadre du paysage et sous la férule d'un commandant débonnaire. Une commission de la Croix-Rouge, visitant le camp en été, n'a trouvé que des hommes en petite tenue se dorant au soleil ou jouant au ballon. Des groupes d'artistes étaient autorisés à sortir pour peindre la nature sur le motif après avoir donné leur parole d'honneur de ne pas s'échapper; des sorties étaient parfois organisées pour les autres. Le climat était certes dur en hiver mais offrait l'occasion d'organiser des concours et expositions de sculptures de glace. Rien à voir avec le camp d'extermination de Mauthausen situé à une trentaine de kilomètres...
On se groupe aussi pour des prises de vues spécifiques: les 25 "boxeurs de l'écurie Paknadel" montrent leurs muscles en été 1941; 65 cavaliers se rassemblent pour une photographie avec nom, grade et affectation; 82 "gars du Nord" avec leur nom, grade et arme; l'équipe de volley-ball de la baraque 7 pose pour la saison 1941 sur un tirage dédicacé "en souvenir des sept mois de captivité passés ensemble et des leçons d'allemand que tu m'as données". Plusieurs de ces documents portent le visa de contrôle du camp ("Oflag XVIII A geprüft").
Parmi ses compagnons de captivité  il en est un dont on connaît la tragique destinée: le capitaine Maurice Schmitt(1899-1943). Il apparaît sur une photographie de groupe de mai 1941 avec 11 camarades, dont  les noms  sont notésau dos. Il a laissé des carnets de guerre qui ont été exploités et mis en ligne par Henri Ehret sur son site personnel dans une rubrique consacrée à l'histoire locale de sa région (Masevaux et la vallée de la Doller)
Pour combattre l'inactivité les prisonniers tentaient de créer un embryon de vie intellectuelle. Ainsi Jean Favard (1902-1965), mathématicien de renom et officier d'artillerie, fonde une "Faculté des sciences" dont il se déclare le doyen. Mais c'est surtout l' activité théâtrale qui semble avoir été particulièrement développée au camp et avoir disposé de moyens importants. Une série de 37 photographies a immortalisé des spectacles donnés entre juin et novembre 1941 au rythme d'un par mois. On y joue Banville, Beaumarchais, Cyrano de Bergerac, Molière, Musset, Pagnol dans des décors et costumes soignés. Dames et soubrettes sont interprétées par des hommes, bien entendu, mais parfaitement grimés; ainsi l'Elvire du Don Juan de Molière est jouée avec grâce par le lieutenant Florian Prieur de la Comble.
    
  

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