Centenaire de la mort de Marcel Proust : Paris sur les traces de l'auteur de La Recherche
Cent ans après sa mort, la capitale n'oublie pas l'écrivain. Un nouvel hôtel lui rend hommage, alors qu'un parcours imaginaire conduit de son berceau à sa tombe.
Aucun auteur ne peut se targuer, comme Marcel Proust, d'avoir entretenu une relation aussi intime avec l'hôtellerie parisienne. La profession n'est pas ingrate. Nos hôteliers continuent d'être inspirés par cette fragile silhouette éthérée qui hantait le Ritz. Après Le Swann, en 2013, dans le 8e arrondissement (Best Western), l'hôtel Maison Proust ouvre le 18 novembre dans le Marais, côté Carreau du Temple. Ne nous y trompons pas, jamais l'auteur ne vécut dans un environnement pareil. Son intérieur brouillon tenait du garde-meuble. L'établissement, avec un remarquable souci du détail, a plutôt choisi de réinventer le décor d'une œuvre qui continue de nous fasciner.
Expert en passementerie et en univers précieux, le décorateur Jacques Garcia s'est visiblement enthousiasmé pour le projet. Le résultat ne manque pas d'allure : 23 chambres et suites, toutes différentes, débauche de tissus précieux et de fleuris exotiques. Dans chacune d'entre elles, un tableau ou une gravure d'époque, dont une œuvre originale de Jacques-Émile Blanche, auteur du célèbre portrait de l'écrivain au camélia.
Un spa oriental, une piscine encadrée de colonnes en zelliges bleutés et une bibliothèque proustienne montrent avec quelle passion les dirigeants de la Collection Maisons Particulières (Maison Souquet, Maison Athénée) se sont investis. Si ce n'est la taille des chambres, plutôt « M » que « XXL », et un tarif un poil élevé, la Maison Proust tient ses promesses. Et l'hôtellerie parisienne, une nouvelle madeleine. Tout y est fait pour cultiver la nostalgie d'un auteur et de cet entre-deux siècles dont il forgea l'imaginaire.
Maison Proust, 26 rue de Picardie, 75003 Paris. Tél. : 01 86 78 55 55. À partir de 500 € la chambre et de 800 € la suite, avec petit déjeuner.
Le livre de sa vie
D'une certaine manière, l'auteur de La Recherche continue d'habiter la capitale. On peut ouvrir les mêmes portes cochères qu'il a poussées et voir les façades derrière lesquelles se feuillette le livre de sa vie. Le parcours, de rues en plaques mémorielles à travers Paris commence au 96 rue La Fontaine, où il naît en 1871. La seule de ses maisons aujourd'hui démolie, mais l'immeuble qui la remplace a été vu par l'écrivain. Proust habite successivement au 8 rue Roy, jusqu'en 1873, et au 9 boulevard Malesherbes, près de Saint-Augustin. En 1900, il emménage avec ses parents au 45 rue de Courcelles (2e étage), puis à partir de 1906, au 102 boulevard Haussmann (1er étage), aujourd'hui une banque. Il y écrit la plupart de son œuvre. La migration se poursuit, en 1919, au 8 bis rue Laurent-Pichat (3e étage sur rue), avant de se terminer au 44 rue Hamelin (4e étage), sa dernière adresse (aujourd'hui l'Hôtel Élysées Union). Il y rend son dernier souffle, le 18 novembre 1922, après avoir dit à Céleste, sa gouvernante : «… Aujourd'hui j'ai écrit le mot “fin” » ! Proust est inhumé au cimetière du père Lachaise (85e division, avenue Transversale n°2). Au Musée Carnavalet, on voit le lit en cuivre qu'il ne quittait plus à la fin de sa vie. Un peu comme un établi où son œuvre le consuma.
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