Il y a de fortes chances que le dernier roman de Bernard du Boucheron, Le cauchemar de Winston (Editions
du Rocher) agace beaucoup de lecteurs. Enfin surtout les lecteurs qui
n’auront pas le sens de l’humour ni le goût de l’ironie et dans ce
cas-là sans doute faut-il s’abstenir de lire des romans, mais ceci est
une autre affaire. Le cauchemar de Winston agacera parce qu’il traite de la
Seconde Guerre mondiale, sujet toujours extrêmement sensible quoiqu’on
en dise mais surtout parce qu’il en traite sur le mode uchronique, c’est
à dire en imaginant que les évènements se sont déroulés différemment et
que cela donne donc naissance à présent tout autre que celui que nous
connaissons. Pour qu’une uchronie soit crédible, il faut bien entendu
qu’elle soit réaliste et c’est pour cela qu’elle exige de son auteur une
vraie connaissance de la période qu’il veut distordre. C’est
manifestement ici le cas avec Bernard du Boucheron, ancien
haut-fonctionnaire né en 1928 qui attendit 2004 pour faire une entrée
tardive et remarquée en littérature avec Court Serpent
(Gallimard), prix de l’Académie Française, un récit d’une grande pureté
formelle sur l’échec de missionnaires chrétiens pour évangéliser une
trop lointaine tribu viking. Le cauchemar de Winston (Churchill bien entendu) commence
quand Hitler vers le début 1941, dans un sursaut de lucidité et avec
l’aide de son premier cercle se débarrasse de son médecin personnel,
Théodore Morell, dangereux charlatan qui l’intoxiquait et
l’affaiblissait à force d’incompétence. Hitler recouvrant à peu près sa
lucidité, il renonce à envahir l’URSS, signe avec Staline un traité
d’amitié perpétuelle le 24 août 1941, soit deux ans jour pour jour après
le premier pacte germano-soviétique.
À partir de ce moment, évidemment, tout change et c’est là que
Bernard du Boucheron appuie où ça fait mal. Les communistes n’étant plus
là pour résister en France et même devenant des soutiens du régime de
Vichy, la collaboration se généralise pendant que le Royaume Uni signe
secrètement une paix séparée, les seules opérations de guerre se
réduisant à des bombardements mutuels et sporadiques pour sauver les
apparences.
En France, c’est l’Ambigu qui exerce l’essentiel du pouvoir auprès du
vieux Maréchal, après le suicide, ou peut-être l’assassinat, de Laval.
L’Ambigu est un homme jeune, brillant, qui s’est évadé de son stalag
pour se mettre au service de Pétain. Boucheron ne précise pas son nom
mais enfin on reconnaîtra assez facilement de qui il s’agit : « Il
était né pour être avocat ou politique (…) Bonne bourgeoisie moyenne,
sociocompatible avec la peuple comme avec les puissants. Séjour au
célèbre 104 chez les pères Maristes ». L’Ambigu joue, évidemment,
double jeu. On ne sait jamais. Ce qu’il reste des alliés et de la
dissidence désespérée des gaullistes a peut-être encore une chance.
Alors, il fait se rencontrer clandestinement diplomates anglais et
français à Sintra, au Portugal. Il promet de reconstituer une France
forte qui le jour venu se retournera contre l’Allemagne mais auparavant
il faudrait laisser les troupes de Vichy reprendre seules leur Empire à
De Gaulle. En France, l’Ambigu, devenu le chouchou de Pétain, sort le
pays de la misère noire en acceptant les intentions géopolitiques du
Reich : à la France le rôle de grenier de l’Europe avec Paris en
capitale orgiaque et culturelle, à l’Allemagne, l’industrie lourde.
L’Ambigu limite aussi les persécutions antijuives au strict nécessaire
et après l’échec du débarquement du 6 juin 44, ultime tentative alliée
de reprendre pied sur le continent, fait valoir l’attitude exemplaire de
la France pour regagner une quasi indépendance, le siège du
gouvernement de Vichy étant symboliquement transféré à Versailles. Il
fait même entrer les communistes au gouvernement après la paix de
Pantin, le 22 avril 1947 tout en transformant peu à peu la France en une
Arcadie décroissante qui ravirait les écologistes. C’est l’époque où
Aragon chante Les pieds d’Elsa et célèbre dans des poèmes les génies conjugués d’Hitler et de Staline.
De son côté, l’Allemagne tente se moderniser, on se débarrasse de la
SS qui était devenue un état dans l’état et se transformait en lobby
militaro-industriel bien trop dangereux. Les économistes du Reich
décident par la même occasion de mettre au point une monnaie commune
pour rationaliser les échanges en Europe et le Reichsmark devient
l’Euromark assez vite appelé, pour faire plus simple, l’Euro.
Bernard du Boucheron, heureusement, ne nous laisse pas dans ce monde rendu terriblement possible car
il sait y faire évoluer à côté des personnages historiques des
personnages fictifs ayant une réelle épaisseur. Il considère
finalement l’Histoire comme un cornet à dés ou un jeu de cartes : il y a
beaucoup de combinaisons possibles mais elles ne sont pas infinies et
si l’Histoire est un jeu tragique, elle est un jeu tragique soumis à ce
que l’on appelle, chez les joueurs, le hasard raisonné. C’est sur ce
principe qu’il construit pour Le cauchemar de Winston une fin logique qui réussit l’exploit d’être à la fois surprenante et prévisible. Le cauchemar de Winston, Bernard du Boucheron (éditions du Rocher).
Que vient donc faire le muguet au beau milieu de la fête du travail ? Les célébrations du 1er mai cachent en réalité de multiples origines...
c’est férié (vous fêtes youpi youpi à l’intérieur). Mais ce n’est pas pour ça que vous pourrez rester allongée jusqu’à pas d’heure pour une grasse matinée en hommage aux travailleurs qui se sont battus pour vous aux siècles précédents. Non. Il va falloir vous bouger pour aller acheter un brin de muguet. A moins que cela ne soit l’Homme qui s’en charge. Oui, c’est à l’homme de s’en charger. Et vous pourrez alors humer les clochettes et vous souhaiter plein de bonheur.
Deux-trois trucs à savoir :
Depuis le Moyen-Age, le muguet symbolise le bonheur. Le 1er mai 1561, Charles IX s’en voit offrir un brin comme porte-bonheur et officialise la date en en faisant cadeau à toutes les dames de la cour.
Le 1er mai 1886, à Chicago, les syndicats américains lancent un mouvement afin de revendiquer la journée de 8 heures. Une grève très dure s’en suivra et des affrontements violents occasionneront même des morts.
En 1941, le 1er mai est officiellement déclaré Fête du travail est devient chômé (le genre de paradoxe que les Paresseuses adorent). La fleur de muguet lui est alors associée.
Attention ! Les feuilles, les tiges et les fleurs de muguet sont toxiques. Il faudrait avoir drôlement faim pour penser à en manger (et soif pour boire l’eau dans laquelle il trempe), mais on ne sait jamais… (« Je vais t’en faire bouffer du muguet » peut donc être une menace grave).
Alors, comment vous faites, vous ? a. Vous en avez déjà acheté plusieurs pots, au supermarché, deux jours avant. Organisée, efficace. b. Vous en trouverez bien un brin jeudi, au coin de la rue (même un tout jaune et tout flétri. Tatie Marcelle sera contente quand même). c. 1er mai, St Valentin, Noël… tout dans le même sac. Vous refusez en bloc. d. Vous cueillez celui que vous avez planté l’an dernier.
C'est la fête du travail, mais aussi celle du muguet. Chaque année (et 2016 ne déroge évidemment pas à la règle), le 1er mai est l'occasion d'une fête particulière dans le calendrier en France, mais aussi à l'étranger. Particulière parce qu'elle est double. Si elle tombe un dimanche, au désespoir des amateurs de congés, la fête du travail 2016 restera pour beaucoup l'occasion d'acheter un brin de muguet, de fêter le retour des beaux jours ou de participer à des manifestations politiques, en cette période de contestation contre la loi Travail. Mais d'où vient cette association baroque de toutes ces festivités ? La date bien connue du 1er mai est en réalité issue de la fusion de plusieurs traditions. ¨Pour le muguet, il s'agit d'une lointaine version de coutumes celtes célébrant le passage à la saison claire, pour la fête du travail, il s'agit d'un héritage de la fin du XIXe siècle en hommage aux combats du mouvement ouvrier.
Mais comment se sont constituées les traditions du 1er mai, jour de la Fête du travail ? D'où vient la spécificité de cette date ? Quel est le rapport entre cette journée et l'histoire du monde ouvrier ? Pourquoi offre-t-on du muguet ce jour-là ? Comment la célèbre-t-on dans d'autres pays ? Dans ce dossier, Linternaute.com vous explique tout sur l'histoire, les origines et les traditions du 1er mai. En vidéo - Les récoltes de muguet ont toute leur importance
Avant même l'avènement du monde ouvrier ou la célébration du muguet, le 1er mai était une date de rituels. Pour les Celtes, cette date marquait la fête de Beltaine : elle marquait le passage de la saison sombre à la saison claire, la reprise de la chasse, de la guerre. Cette "renaissance" est liée à Belenos (incarnation en lumière du dieu Lug). Selon les textes, des druides allumaient des feux, chargés de protéger symboliquement le bétail des épidémies. Cette fête s'opposait donc à Samain - ancêtre de notre Toussaint – qui marquait le retour aux ténèbres. Des traces de ces pratiques subsistent lors de la nuit de Walpurgis, une célébration païenne christianisée : de grands feux étaient allumés en Allemagne, en Suède ou en Europe centrale.
Les esprits sont omniprésents dans ces traditions. En Moselle-est et en Basse-Alsace, on parle de "nuit des sorcières" (Hexennacht, en Platt, le francique lorrain). Les enfants patrouillaient le soir – il y a vingt ans encore – afin de subtiliser tous les objets trouvés dans les jardins pour les regrouper au centre du village, faisant penser à une intervention surnaturelle. Aujourd'hui, la principale trace de ces célébrations est l'Arbre de mai – le Maibaum - particulièrement présent dans le sud de l'Allemagne. Dans les villages de Bavière, de Souabe ou de Rhénanie, la tradition veut que l'on dresse un mât en bois orné d'une girouette ou de blasons. C'est l'occasion d'organiser des réjouissances arrosées aux sons des fanfares. L'un des attraits de la fête consiste à subtiliser nuitamment l'arbre du village voisin.
Il semble que le muguet aussi appelé lys des vallées, une plante originaire du Japon, soit présente en Europe depuis le Moyen-Age. La plante à clochettes a toujours symbolisé le printemps et les Celtes lui accordaient des vertus porte-bonheur. Le 1er mai 1561, le roi Charles IX officialisa les choses : ayant reçu à cette date un brin de muguet en guise de porte-bonheur, il décida d'en offrir chaque année aux dames de la cour. La tradition était née. La fleur est aussi celle des rencontres amoureuses. Longtemps, furent organisés en Europe des "bals du muguet". C'était d'ailleurs l'un des seuls bals de l'année où les parents n'avaient pas le droit de cité. Ce jour-là, les jeunes filles s'habillaient de blanc et les garçons ornaient leur boutonnière d'un brin de muguet. A Paris, au début du siècle, les couturiers en offrent trois brins aux ouvrières et petites mains. Mais il faut attendre 1976 pour qu'il soit associé à la fête du 1er mai. Sur la boutonnière des manifestants, il remplace alors l'églantine et le triangle rouge qui symbolisait la division de la journée en trois parties égales : travail, sommeil, loisirs.
Le 1er mai, Fête du travail, tire ses origines dans l'histoire du monde ouvrier. Le point de départ est le samedi 1er mai 1886. Ce jour-là, à Chicago, un mouvement revendicatif pour la journée de 8 heures est lancé par les syndicats américains, alors en plein développement. Une grève, suivie par 400 000 salariés paralyse de nombreuses usines. La date du 1er mai n'est pas choisie au hasard : il s'agit du "moving day", le jour où traditionnellement, les entreprises américaines réalisent les calculs de leur année comptable. Le mouvement se poursuit et le 4 mai, lors d'une manifestation, une bombe est jetée sur les policiers qui ripostent. Bilan : une dizaine de morts, dont 7 policiers. S'en suivra la condamnation à mort de cinq anarchistes. Trois ans plus tard, le congrès de la IIeInternationale socialiste réuni à Paris pour le centenaire de la Révolution française, décide de faire du 1ermai une "journée internationale des travailleurs" avec pour objectif, d'imposer la journée de huit heures. Cette date fut choisie en mémoire du mouvement du 1er mai 1886 de Chicago. Dès 1890, les manifestants arborent un triangle rouge symbolisant leur triple revendication : 8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisirs. Cette marque est progressivement remplacée par une fleur d'églantine, en 1891, lorsqu'une manifestation à Fourmies, dans le nord de la France dégénère, les forces de l'ordre tirant sur la foule. Ce jour-là, une jeune femme portant une églantine est tuée. Cette fleur devient le symbole du 1er mai (le muguet ne reviendra que plus tard).
Il faudra attendre près de 30 ans que les ouvriers français soient entendus. Le 23 avril 1919, le Sénat ratifie la loi instaurant la journée de huit heures. Exceptionnellement, pour célébrer cette avancée, la haute Assemblée déclare le 1er mai 1919 journée chômée. Dans les années qui suivent, le 1er mai s'impose peu à peu comme un rendez-vous ouvrier, un jour de cortèges. Les manifestations du 1er mai 1936 marquent durablement l'imaginaire français. La journée se déroule entre les deux tous des élections législatives. Le 3 mai 1936, la coalition des gauches (SFIO, PCF, radicaux et divers gauche) remporte le scrutin : c'est le début de la période de pouvoir du Front Populaire. Présidé par le socialiste Léon Blum, ce gouvernement ne tarde pas à adopter des mesures historiques pour les travailleurs, la semaine de 40 heures, les deux premières semaines de congés payés ou la reconnaissance du droit syndical. C'est le régime de Vichy qui rend officiellement férié le 1er mai. Avec cette mesure, le Maréchal Pétain et son ministre du Travail, René Belin - un ancien membre éminent de l'aile socialiste de la CGT converti à la Révolution nationale - tentent d'obtenir le soutien des ouvriers. Le jour, institué le 24 avril 1941, est nommé : "Fête du Travail et de la Concorde sociale". Une appellation qui souligne la volonté de Vichy d'unir patrons et ouvriers selon un esprit corporatiste et de mettre fin à la lutte des classes. C'est le régime de Vichy et seulement lui qui, dans l'histoire de France, désignera officiellement le 1er mai comme "fête du travail". Le terme n'est pas repris ensuite par le gouvernement de la Libération. En avril 1947, le gouvernement issu de la Libération confirme que le 1er mai demeurera un jour férié et payé. Aujourd'hui, la Fête du Travail est commémorée par un jour chômé dans la plupart des pays d'Europe à l'exception notamment de la Suisse et des Pays-Bas. Le 1er mai est aussi fêté en Afrique du Sud, en Amérique Latine, en Russie, au Japon. Au Royaume-Uni, c'est le premier lundi de mai qui est fêté. Aux Etats-Unis, le "Labor Day" est célébré le premier lundi de septembre. Ce jour d'hommage au mouvement ouvrier est né en 1887, à la demande des syndicats, après la tuerie de Chicago. Mais, à la demande du président américain Grover Cleveland, il n'a pas été fixé au 1er mai afin de ne pas rappeler ce moment dramatique.
En hommage au mouvement ouvrier, les principaux syndicats français (CGT, CFDT, FO, CFTC...) organisent traditionnellement des défilés le 1er mai. Certains partis politiques comme le Parti Communiste Français participent aux cortèges tandis que de nombreux militants vendent du muguet au bénéfice de l'organisation. Le rassemblement du Front national dans le quartier de l'Opéra à Paris est de tradition beaucoup plus récente. La fête de Jeanne-d'Arc était classiquement organisée le 8 mai (ce jour-là, en 1429, elle participa à la libération d'Orléans des Anglais) par l'Action française et regroupait des groupuscules d'extrême droite. La tradition est reprise par le Front National à la fin des années 1970 et déplacée au 1er mai en 1988. En effet, cette année-là, Jean-Marie Le Pen espère profiter du rassemblement des militants de son parti pour peser sur le second tour de l'élection présidentielle, organisé le 8 mai. Cette modification permettait aussi au parti de se distinguer d'autres groupes d'extrême droite, qui, eux, continuent d'organiser leur propre marche courant mai.
C'est l'exception qui est la règle. Habituellement, la vente de fleurs sur la voie publique est interdite (en dehors des étals des fleuristes, évidemment). Cependant, le 1er mai, la vente du muguet sauvage est autorisée pour les particuliers "à titre exceptionnel conformément à une longue tradition". Il convient néanmoins de respecter les règles fixées par la commune. Ainsi, à Paris, il est interdit de s'établir à moins de 40 mètres d'un fleuriste et commerces. D'autres communes prohibent l'installation de comptoirs en bois ou le fait d'attirer l'attention des clients à voix-haute.
Tragédies et joies du 1er Mai
Journée de 8 heures et Fête du Travail
Le 1er mai 1886, aux États-Unis, 200 000 travailleurs obtiennent la journée de huit heures grâce à une forte pression des syndicats. Mais un affrontement avec la police cause la mort de plusieurs personnes.
En souvenir de cette victoire amère, les syndicats européens instituent quelques années plus tard une « journée internationale des travailleurs » ou « Fête des travailleurs » destinée à se renouveler tous les 1er mai. Cette journée est aujourd'hui appelée « Fête du Travail », bien que l'expression prête à confusion (on ne fête pas le travail à proprement parler mais l'on honore les travailleurs).
André Larané
Une revendication nationale
Au IVe congrès de l'American Federation of Labor, en 1884, les principaux syndicats ouvriers des États-Unis s'étaient donné deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures. Ils avaient choisi de débuter leur action un 1er mai parce que beaucoup d'entreprises américaines entamaient ce jour-là leur année comptable.
Arrive le 1er mai 1886. Un grand nombre de travailleurs obtiennent immédiatement satisfaction. Mais d'autres, moins chanceux, au nombre d'environ 340 000, doivent faire grève pour forcer leur employeur à céder.
Le 3 mai, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester, à Chicago. Une marche de protestation a lieu le lendemain et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers. C'est alors qu'une bombe explose devant les forces de l'ordre. Elle fait une quinzaine de morts dans les rangs de la police.
Trois syndicalistes anarchistes sont jugés et condamnés à la prison à perpétuité. Cinq autres sont pendus le 11 novembre 1886 malgré des preuves incertaines (ils seront réhabilités plusieurs années après).
Stèle vengeresse
Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago, sont inscrites les dernières paroles de l'un des condamnés, Augustin Spies : « Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd'hui » (*).
Manifester pour la journée de 8 heures
Trois ans après le drame de Chicago, la IIe Internationale socialiste réunit à Paris son deuxième congrès. Celui-ci se tient au 42, rue Rochechouart, salle des Fantaisies parisiennes, pendant l'Exposition universelle qui commémore le centenaire de la Révolution française au pied de la toute nouvelle Tour Eiffel.
Les congressistes se donnent pour objectif la journée de huit heures (soit 48 heures hebdomadaires, le dimanche seul étant chômé), sachant que jusque-là, il était habituel de travailler dix ou douze heures par jour (en 1848, en France, un décret réduisant à 10 heures la journée de travail n'a pas résisté plus de quelques mois à la pression patronale).
Le 20 juin 1889, sur une proposition de Raymond Lavigne, ils décident qu'il sera « organisé une grande manifestation à date fixe de manière que dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail et d'appliquer les autres résolutions du congrès. Attendu qu'une semblable manifestation a été déjà décidée pour le 1er mai 1890 par l'AFL, dans son congrès de décembre 1888 tenu à Saint Louis, cette date est adoptée pour la manifestation. »
Dès l'année suivante, le 1er mai 1890, des ouvriers font grève et défilent, un triangle rouge à la boutonnière pour symboliser le partage de la journée en trois (travail, sommeil, loisir).
Le 1er mai 1891, à Fourmies, une petite ville du nord de la France, la manifestation rituelle tourne au drame. La troupe équipée des nouveaux fusils Lebel et Chassepot tire à bout portant sur la foule pacifique des ouvriers. Elle fait dix morts dont huit de moins de 21 ans. L'une des victimes, l'ouvrière Marie Blondeau, qui défilait habillée de blanc et les bras couverts de fleurs d'aubépine, devient le symbole de cette journée.
Avec le drame de Fourmies, le 1er mai s'enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens.
Quelques mois plus tard, à Bruxelles, l'Internationale socialiste renouvelle le caractère revendicatif et international du 1er mai. Elle est relayée en France par la Confédération Générale du Travail, un syndicat fondé le 23 septembre 1895 à Limoges.
L'horizon paraît s'éclaircir après la Première Guerre mondiale. Le traité de paix signé à Versailles le 28 juin 1919 fixe dans son article 247 « l'adoption de la journée de huit heures ou de la semaine de quarante-huit heures comme but à atteindre partout où elle n'a pas encore été obtenue ».
Les manifestations rituelles du 1er mai ne se cantonnent plus dès lors à la revendication de la journée de 8 heures. Elles deviennent l'occasion de revendications plus diverses. La Russie soviétique, sous l'autorité de Lénine, décide en 1920 de faire du 1er mai une journée chômée. Cette initiative est peu à peu imitée par d'autres pays... L'Allemagne nazie va encore plus loin : Hitler, pour se rallier le monde ouvrier, fait, dès 1933, du 1er mai une journée chômée et payée. La France l'imitera sous l'Occupation, en 1941 !...
Le1er mai en France
En France, dès 1890, les manifestants du 1er mai ont pris l'habitude de défiler en portant à la boutonnière un triangle rouge. Celui-ci est quelques années plus tard remplacé par la fleur d'églantine. En 1907, à Paris, le muguet, symbole du printemps en Île-de-France, remplace cette dernière. Le brin de muguet est porté à la boutonnière avec un ruban rouge (*).
Le 23 avril 1919, le Sénat français ratifie la journée de huit heures et fait du 1er mai suivant une journée chômée, mais à titre exceptionnel.
Les manifestations du 1er mai 1936 prennent une résonance particulière car elles surviennent deux jours avant le deuxième tour des élections législatives qui vont consacrer la victoire du Front populaire et porter à la tête du gouvernement français le leader socialiste Léon Blum.
C'est pendant l'occupation allemande, le 24 avril 1941, que le 1er mai est officiellement désigné comme la « Fête du Travail et de la Concorde sociale » et devient chômé. Cette mesure est destinée à rallier les ouvriers au régime de Vichy. Son initiative revient à René Belin. Il s'agit d'un ancien dirigeant de l'aile socialiste de la CGT (Confédération Générale du Travail) qui est devenu secrétaire d'État au Travail dans le gouvernement de Philippe Pétain.
À cette occasion, la radio officielle ne manque pas de préciser que le 1er mai coïncide avec la fête du saint patron du Maréchal, Saint Philippe (aujourd'hui, ce dernier est fêté le 3 mai) !
Le 30 avril 1947, la mesure est reprise par le gouvernement issu de la Libération qui fait du 1er mai un jour férié et payé... mais pas pour autant une fête légale. Autrement dit, le 1er mai n'est toujours pas désigné officiellement comme Fête du Travail. Cette appellation n'est que coutumière.
Les commentaires des Amis d'Herodote.net
Les commentaires sur cet article : philippe (21-08-201320:04:03)
Très bien construit , se lit en apnée , un régal. Bonne lecture.
Bernard (07-05-201313:01:32)
Il me semble qu'à la libération cette mesure ait été rapportée parce qu'émanant d'un gouvernement "collabo" à la solde des Allemands et qu'en outre toutes les énergies devaient concourir à la reconstruction. Je crois que c'est à l'issue de plusieurs manifestations et grèves que le gouvernement issu de la Libération a admis, à regrets, que le 1er mai soit un jour férié. Je vous saurais gré de me rectifier si je suis dans l'erreur.
LABORDE Jacky (02-05-201220:50:50)
Devrait être appris en classe avec la "Nécessité de l'Effort" Mais pourquoi,sur les affiches concernant les travailleuses et travailleurs,ceux-ci sont-ils représentés "NUS"? Parce qu'ils sont pauvres ? Une coiffeuse disait l'autre jour:"Heureusement qu'il y a des riches pour donner du travail aux pauvres!" Et,au fond:" L'Histoire n'est-elle pas toujours,d'une façon ou d'une autre, le récit de la Propriété?"Bravo pour cet article! Voila un "VRAI... Lire la suite
ANALYSE/INFOGRAPHIES - Par
rapport à ses prédécesseurs, l'actuel premier ministre est celui qui est le
moins populaire après deux ans d'exercice. Au fil des mois, son avantage face à
Hollande s'est réduit.
Le fait politique du jour - Au
lendemain de l'abandon de la révision constitutionnelle sur la déchéance de
nationalité, les opposants à la loi Travail retrouvent de la détermination.
LE SCAN POLITIQUE - La direction du
parti de Marine Le Pen envisagerait la constitution d'un cabinet afin
d'identifier à l'avance les membres potentiels d'un futur gouvernement, y
compris hors des rangs du FN.
LE SCAN POLITIQUE - Pour le
sénateur, soutien d'Alain Juppé à la primaire, le président du MoDem est trop «à
la marge» pour gouverner avec le maire de Bordeaux, si ce dernier accédait à
l'Élysée.
2 octobre 2010 : Bougies à l'effigie de Mère Teresa vendues à l'occasion du centenaire de sa naissance, chapelle Saint-Louis de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière
Le pape François annoncera bien le 15 mars la date choisie pour la canonisation de la célèbre religieuse albanaise Mère Teresa de Calcutta.
2 octobre 2010 : Bougies à l'effigie de Mère Teresa vendues à l'occasion du centenaire de sa naissance, chapelle Saint-Louis de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris (75) France. / P.RAZZO/CIRIC/
Un communiqué publié lundi 7 mars par le Saint-Siège confirme que le pape François annoncera bien lors du consistoire ordinaire du 15 mars la date choisie pour la canonisation de la célèbre religieuse albanaise Mère Teresa de Calcutta.
Il annoncera également la date de canonisation de quatre autres bienheureux, parmi lesquels un jeune « Cristero » mexicain, tué à l’âge de 14 ans durant la sanglante guerre entre les paysans catholiques mexicains et le régime laïciste du « chef suprême » Plutarco Elias Calles (1924-1928).
José Sánchez del Río a été déclaré martyr et béatifié le 20 novembre 2005. Le 21 janvier 2016, le pape François lui reconnaît un deuxième miracle. Le jeune « Cristero » refusa de renier sa foi catholique, préférant la mort à l'apostasie.
A lire aussi : Le Vatican publie le programme du pape pour le Carême
Plusieurs sources annoncent déjà pour début septembre la canonisation de Mère Teresa, la fondatrice de la congrégation religieuse des Missionnaires de la charité.