La photo. Lorsque Cherbourg était la plaque tournante de tous les trafics
Quand les jerricans d'essence poussent dans les champs ! Cette photo (crédit Nara) a été publiée cette semaine dans l'édition de la Manche d'Ouest-France. Elle illustre un article sur tous les trafics organisés dans le port de Cherbourg, une fois celui-ci libéré des Allemands le 26 juin 1944. Il devient un site essentiel pour les Américains qui doivent fournir quantité de matériel pour les troupes en première ligne qui poursuivent la libération de la France avant de foncer vers l'Allemagne. Des tonnes et des tonnes de carburant, de conserves, de cigarettes et de bien d'autres choses transitent ainsi par le port du Cotentin. Après des années de privation, certains ont bien du mal à résister à la tentation. Bien souvent, le marché est simple. Contre l'alcool local, du calvados, on peut se faire des échanges fructueux. De toute façon, les autorités américaines ne sont pas surprises. Elles avaient bien anticipé que cette économie de troc allait se mettre en place. En tout, quelque 20 000 tonnes sont débarquées chaque jour à Cherbourg. C'est astronomique comme le montre cette photo avec ces jerricans qui ont recouvert des champs entiers.
Jane Birkin : les 5 moments les plus émouvants du film "Jane par Charlotte"
Alors que Jane Birkin vient de s'éteindre, le grand public replonge dans ses films et ses chansons qui ont marqué leur époque. Pour l'occasion, Purecharts passe en revue les moments les plus forts du documentaire "Jane par Charlotte", réalisé par Charlotte Gainsbourg, entre pudeur, larmes et souvenirs.
Crédits photo : Photo du film Jane Birkin vient de nous quitter à l'âge de 76 ans. « Jane Birkin s'en est allée après 16 ans d'une bataille acharnée contre la maladie. (...) Depuis quelques jours, elle marchait de nouveau, était motivée de reprogrammer son Olympia et avait décidé de reprendre son indépendance. Ce premier soir seule, aura été le dernier. Elle l'avait décidé » écrivent Charlotte Gainsbourg et Lou Doillon dans un communiqué pour lui rendre un dernier hommage. Alors que les chaînes bousculent leur programmation, la rédaction de Purecharts vous conseille de regarder le documentaire "Jane par Charlotte", disponible sur MyCanal, et vous propose de passer en revue cinq moments forts de ce film intime.
1. Jane Birkin émue face à Charlotte
Dès les premières minutes du documentaire "Jane par Charlotte", Jane Birkin, alors en concert au Japon, et Charlotte Gainsbourg se font face lors d'une cérémonie du thé pour une discussion à coeur ouvert, mais toujours pleine de pudeur, sur le but de ce film. « Moi mon idée c'est pouvoir te regarder comme jamais je t'ai regardée, ou j'ai osé te regarder. Me poser en posant une caméra devant toi, c'est presque un prétexte pour pouvoir te regarder. Donc ça c'est juste pour expliquer le processus » explique timidement la fille, tandis que sa mère s'amuse qu'elle veuille faire sa « comédie musicale ». Charlotte ose ensuite lui poser une question qui la tracasse : « C'est ce que je ressens mais peut-être que tu ressens pas pareil. On a toutes les deux une pudeur, l'une en face de l'autre, et je sais pas d'où elle sort. Je sais que c'est dû à nos caractères, mais je pense pas que tu aies la même avec Lou ni que tu avais la même avec Kate ».
Jane Birkin essaie de lui répondre, tout en cherchant ses mots. « Je pense aussi que comme tu m'intimidais comme enfant... Très vite, très vite... Je me sentais très privilégiée d'être dans ta présence, c'était pas pareil que... C'était pas banal... Alors... euh... Oh ça commence bien ! » lâche l'artiste britannique, les larmes aux yeux et la gorge serrée par l'émotion, avant de lui parler sans barrière : « C'est vrai que je voulais jamais mal faire vis à vis de toi. Je ne t'ai jamais engueulée, de la même manière que j'osais faire avec Kate, comme les gens font ordinairement quand ils s'énervent. Tu étais beaucoup plus mystérieuse pour moi. Tu étais un terrain inconnu. Tes réponses me sidéraient toujours. Tu étais tellement particulière, tellement secrète. Je n'avais pas d'indices ». Un face à face d'une tendresse infinie.
2. Son rapport à la vieillesse
Dans le documentaire, Jane Birkin accepte de poser sous l'objectif de sa fille Charlotte lors d'une séance photo sublime. L'occasion pour elles d'évoquer le temps qui passe. « Je me suis vue vraiment vieillir ces dernières années. Ces deux derniers ans peut-être. Vraiment beaucoup. Et on essaie de se dire "Oh je veux bien" parce qu'il y a plein de femmes que j'adore qui ont des visages comme des genoux d'éléphant. Je me suis dit : "Bon je vais m'habituer d'avoir des rides partout, tout autour de la bouche..." » confie celle qui chantait "Je t'aime... moi non plus", révélant avoir consulté un chirurgien esthétique, sans passer le cap. « Mais il y a pas un moment où on s'en fout ? » lui demande alors Charlotte Gainsbourg, avant que sa mère lui réponde : « Je pense que j'y arrive au moment où on s'en fout ». Indiquant que son physique s'est dégradé après la mort de sa fille Kate en 2013, Jane Birkin se livre sans fard : « A un moment donné, tu te reconnais pas dans le miroir. Et tu te touches et tu te reconnais. Donc enlever les miroirs, ne plus y penser, écrire, essayer de faire autre chose. Mais il vaut mieux enlever ses lunettes, comme ça tout est flou ».
3. "Johnny Jane" en duo
Elles s'envolent ensuite pour New York, là où réside Charlotte Gainsbourg avec sa famille, alors que Jane Birkin doit y donner un concert symphonique au Beacon Theatre en hommage à Serge Gainsbourg dans le cadre de sa tournée. Pour l'occasion, les deux femmes ont eu envie de réserver une belle surprise au public : partager un duo sur scène sur la chanson "Ballade de Johnny-Jane", que Jane chantait en 1976 pour le film "Je t'aime moi non plus", réalisé par Serge Gainsbourg. Durant les répétitions en studio, Charlotte et Jane sont l'une en face de l'autre mais ont du mal à se regarder dans les yeux alors qu'elles chantent les mots de cet homme qui a tant compté dans leur vie. L'émotion les gagne rapidement, Jane s'essuie alors une larme au coin de l'oeil, tandis que Charlotte semble frissonner, avant de lui adresser une caresse sur le bras.
Au cours du documentaire, Charlotte Gainsbourg propose à sa maman de revenir dans la maison où elles ont habité avec Serge Gainsbourg, rue de Verneuil, dans le 7ème arrondissement de Paris. Elle n'y était pas retournée depuis plus de 30 ans ! « Je ne serais jamais venue si tu ne me l'avais pas demandé, je n'aurais jamais jamais osé demander de venir » confie Jane Birkin, tandis que sa fille craignait qu'elle ne refuse : « Je ne me sentais pas le droit sans toi. Tout était à toi, naturellement. Par curiosité, je voulais jeter un coup d'oeil mais je ne m'en sentais pas le droit ». C'est un moment particulièrement intense pour Jane Birkin, puisque tout a été conservé comme à l'époque. « Ça sent pareil. Rien n'a changé... C'est comme être dans un rêve, c'est très bizarre » explique-t-elle, en déambulant dans toutes les pièces - notamment sa chambre - entre nostalgie et émotion, se souvenant alors des « 12 ans très heureux » qu'elle a vécus dans cette « maison de poupée », qui ouvrira au public en septembre. Un moment intime et suspendu, l'un des plus forts du documentaire.
5. La déclaration d'amour de Charlotte à Jane
La scène finale du documentaire "Jane par Charlotte" reste gravée dans les mémoires pour longtemps. Sur la plage, Jane Birkin marche, filmée par sa fille, tandis qu'en voix-off, elle lui fait une magnifique déclaration, mettant à nu ses sentiments et ses failles. « Je t'aime depuis toujours mais je le comprends si bien aujourd'hui. Pourquoi apprend-on à vivre sans sa maman ? Il me semble que c'est un but qu'on se donne, s'affranchir à tout prix. J'ai pas envie de m'affranchir, j'ai envie de me coller » susurre la chanteuse, ouvrant grand son coeur comme rarement, alignant au passage les nombreuses qualités de sa maman : « Je voudrais être comme toi. (...) J'aurais besoin que tu me réapprennes à vivre ». Elle se livre également sur sa peur de la perdre. « J'ai peur de ta maladie, de ton âge, peur du temps qui ne s'arrête pas, qui défile trop vite. Ce sont des paroles maladroites mais quoi ? Il faudrait faire comme si rien n'arrivera ? Que tu seras à mes côtés à tout jamais ? Qu'une vie sans toi ça n'existe pas ? (...) Je veux profiter de ma chance et la faire durer ». Elles s'étreignent alors une dernière fois sur le rivage. Puissant !
Tour de France 2023 : la Loze, qui a eu cette idée folle d’inventer ce col ?
Après une démonstration de force du maillot jaune Jonas Vingegaard mardi lors du contre-la-montre, les coureurs du Tour escaladent ce mercredi le col de la Loze, ascension vertigineuse aux pentes assassines qui offrira peut-être une dernière chance à son rival Tadej Pogacar.
par Romain Boulho, envoyé spécial sur la route du Tour
Ce n’est pas un rond-point. C’est un traquenard. La Loze formait un lacis doux jusque-là. Pentu, mais pas ravagé comme après. Le col monte en serpentin vers Méribel, comme une couleuvre inoffensive. Et puis, la station dépassée, la Loze amorce ce tournant, au carrefour des pistes de ski. A 7 kilomètres du sommet, elle ouvre les portes vers son enfer. Sa route rétrécit, gondole. Des rampes abruptes, suivies de replats, avant des ressacs de pente. La déclivité bondit souvent par-dessus la barrière des 20 %.«Une des ascensions les plus dures du monde» pour le deuxième du classement général, Tadej Pogacar.
La Loze (28,1 km à 6 %), point culminant et apogée sportif de ce Tour de France ? L’an passé, dans une étape qui ressemblait à celle de ce mercredi 19 juillet entre Saint-Gervais-les-Bains et Courchevel, le Slovène avait explosé sur les hauteurs du Granon. Achevé par la cloison des 2 000 mètres d’altitude, là où l’oxygène se tarit ?Après le contre-la-montre de mardi, atomisé par le maillot jaune Jonas Vingegaard, les espoirs de Pogacar s’amenuisent encore. Il pointe à 1 minute 48 du leader de la course.
«Il faut être fou»
Lundi, deux jours avant le passage du peloton, les ahans des cyclistes amateurs brisent le silence de la montagne. Jean-Daniel et Liliane, couple à la retraite, ont les fesses posées sur des transats. Le premier lit un magazine de vélo, la deuxième noircit des grilles de mots croisées. Leur camping-car est collé à un talus. Depuis une semaine, ces Suisses de Nendaz accompagnent le Tour de France dans ses varappes : le Grand Colombier, la Ramaz, la Croix Fry… Jean-Daniel a des yeux éteints. Il est parti au point du jour, a expérimenté la Loze.
Dans les dernières rampes, il décrit une douleur qui s’insinue dans le corps, ne le quitte plus. A 50 mètres de la libération, «debout» sur sa machine, il a pensé poser pied à terre. Se laisser insoler, sous l’opulent squelette de la Dent de Burgin, qui domine la Loze et ses 2 304 mètres. «Il faut être fou pour grimper ça. Celui qui a inventé cette montée, ça doit pas être un qui fait du vélo.» Puis, l’altérité du cycliste. Il ajoute : «C’est vraiment bonnard. Faut aimer se faire mal, autrement on ne profite pas.» Il a dompté le Stelvio, la montagne sacrée du Tour d’Italie, il y a deux semaines. «Du pipi de chat à côté de la Loze.» D’ordinaire, Liliane suit ses ascensions, le chouchoute à 10 heures d’un en-cas pour éviter la fringale : une raclounette. Pas cette fois. La Loze, sur ses derniers kilomètres, n’accepte pas les véhicules et puis Liliane n’a «même pas pu marcher» avec «la petite», qui n’est pas une enfant mais une chienne geignarde. La pente l’a stoppée net.
«De l’extrême difficulté»
Jean-Daniel n’y croyait pas. Sa vieille carte Michelin n’indiquait même pas le col. En vérité, les dernières portions de la montée ont été goudronnées en 2019. Le maire des Allues, Thierry Monin, explique que le chemin existait depuis plusieurs années mais n’était emprunté que pour l’entretien estival des remontées mécaniques. «On a seulement déposé un tapis d’enrobé.» Et créé un mythe. Aubaine pour le Tour. La Loze, «ascension unique, d’un type nouveau, avec des ruptures de pente hallucinantes, n’a pas d’équivalent», remarquait le patron de la course, Christian Prudhomme, en 2021. Philippe Colliou, directeur du Tour de l’Avenir, première épreuve à avoir escaladé le col en 2019, indique : «La Loze, c’est de l’extrême difficulté. C’est aussi une nouvelle façon de voir les choses : la course n’emprunte plus une route destinée aux voitures, mais une voie créée pour les vélos.» Le Tour l’a inscrit une première fois à son programme en 2020. Beaucoup finirent exsangues.
Mais l’enfer ne refermera pas ses portes au sommet. Il y a, peut-être, plus effrayant que l’ascension : la descente périlleuse, vers l’altiport de Courchevel, dernière rampe de la journée. Les organisateurs, encore hantés par le souvenir de la mort de Gino Mäder lors du Tour de Suisse fin juin, ont placé d’énormes matelas de protection, utilisés lors des championnats du monde de ski à Courchevel et Méribel en février. Pour y arriver, les damnés du peloton devront d’abord vaincre la première face. Sous les télésièges, entre les barres métalliques des canons à neige, la Loze se tord de rire. La meilleure blague de toute la vallée : ce col qui frit à la poêle les cyclistes est une piste verte ou bleue l’hiver, destinée aux skieurs débutants.
Jane Birkin déboule au cinéma en plein Swinging London, dans une scène troublante et dénudée… Tout en jambes et sourire éclatant, elle sera, sur l’écran, à la fois drôle et tragique. Comme toujours, Jane Birkin a mené sa carrière d’actrice comme elle menait sa vie, en mélangeant l’intime et le public. Elle a joué pour les hommes de sa vie (Gainsbourg, Doillon…), avec ses filles, dans sa maison, à la fois Jane et tant d’autres… S’il fallait en choisir dix, on pourrait passer d’une débutante à une pirate des écrans, de la comédie au cinéma d’auteur. Commençons par Blow-Up, de Michelangelo Antonioni. Jane Birkin a tout juste 20 ans et seulement trois petits rôles au cinéma derrière elle quand Michelangelo Antonioni l’engage pour son évocation du Londres des Swinging Sixties. Son personnage ? Un mannequin que le héros photographe incarné par David Hemmings va martyriser le temps d’une séance très déshabillée. « Mon mari [John Barry] était persuadé que j’oserais jamais tourner nue vu que j’éteignais la lumière pour faire l’amour. J’ai donc accepté la scène par défi », racontera l’actrice bien des années plus tard avec sa franchise habituelle. Le scandale provoqué par la scène en question, aussi courte soit-elle, fera beaucoup pour sa popularité, notamment en France… Lire la suite