samedi 23 avril 2022

 

Cette semaine sur l’INA

      

 23 avril 2022 

Bonjour à toutes et à tous,

Cette semaine, nous ôtons la chemise avec l'icônique Iggy Pop, nous rendons hommage à Jacques Perrin, nous assistons à un récital de Michel Leeb et aux tours de magie de Gérard Majax, et nous descendons sur la pelouse du Parc des Princes admirer son architecture d'avant-garde. Notre madelen nous rappelle les grandes heures des séries télé. Nous découvrons pour terminer les images étonnantes et oubliées de Régis Debray incarcéré par la junte bolivienne, en 1967.

vendredi 22 avril 2022

23 AVRIL 1945, SOUVENIRS

 

LIBERATION

DU CAMP DE ZEITHAIN




Le matin du 22 avril nous nous étions aperçus que nos gardiens étaient partis dans la nuit. Nous en avions déduit que les Russes ne devaient pas être loin. La première conséquence de ce départ fut que nous fîmes plus ample connaissance avec les prisonniers russes. Mais tout ce que nous pûmes en tirer se réduisit à des « Nie poniemaï » c'est-à-dire « moi y en a pas comprendre ». 


 

En second lieu, nous assistâmes à des scènes curieuses : certains prirent la place des sentinelles dans les miradors !... Enfin, ce qui me parut plus astucieux, une équipe s'empara de la cuisine et réussit à la faire fonctionner avec ce qui s'y trouvait encore, ce qui fait que nous eûmes le jus, la soupe et la bibine habituels.  
 
 

 
Quelle ne fut pas notre stupéfaction le lendemain vers 8 h du matin quand nous entendîmes nos guetteurs crier : « les voilà, les voilà, ils arrivent !... » Nous nous précipitons tous pour occuper les postes d'observation les meilleurs et nous découvrons un spectacle hallucinant Une nuée de cavaliers a surgi de l'horizon. Ce sont des cavaliers d'un autre âge, montés sur de petits chevaux rapides à crinière et à longue queue. Ils ont la lance au poing. Ils la tiennent horizontalement. Quand ils sont plus près, nous reconnaissons des faces de mongols avec des moustaches tombantes, coiffés d'un drôle de bonnet de fourrure sur le devant duquel on distingue une étoile rouge. Ces cavaliers sont accompagnés d'artilleurs qui prennent très rapidement position et mettent leurs pièces en batterie. Le Camp est submergé par les nombreux arrivants. Ils se rendent compte que nous ne représentons aucun intérêt pour eux. Malgré tout, leur « intendance » suit. Nous avons droit à une ration de mixture bizarre, à puiser dans un grand récipient, genre « roulante ». C'est l'intermédiaire entre le pot au feu et la choucroute. " Mais c'est quand même meilleur que la soupe de rutabagas. Les Russes ne s'attardent pas et ils poursuivent leur mission. De ce fait, nous avons l'impression d'être vraiment libérés. Aussi sortons-nous du camp au début de l'après-midi, sans but précis, histoire de voir un peu ce qui se passe dans les environs.
 
On nous sert une nouvelle ration de borchtch que nous avalons avec appétit. Notre sortie nous a donné faim. Vers 18 h un rassemblement est ordonné. Ce n'est pas un « appel ». Il s'agit de nous informer que pour ne pas gêner les opérations en cours, nous devons nous préparer à évacuer le camp d'un moment à l'autre et nous diriger sur GRÔDITZ, village situé à une dizaine de kilomètres au nord-est.
 
 

Nous atteignons sans encombre la route qu'empruntaient ces jours derniers les colonnes de réfugiés. Leurs impedimenta sont abandonnés. Nous nous livrons à un pillage en règle mais les Russes sont passés avant nous et il n'y a plus grand chose à récupérer. Nous apercevons non loin de là un village du nom de JAKOBSTAHL. Je pénètre avec quelques camarades à l'intérieur de l'un d'eux et nous tombons sur une réserve phénoménale de sucre. Il y a là des tas immenses de sacs de 50 kilos et des montagnes de pains de sucre. Je remplis mon sac de sucre et comme la journée s'avance, je rentre au camp où je retrouve mes camarades qui sont tout fiers de me montrer le butin de l'expédition dont ils ont rempli de grands hangars ; de mon côté j'ai deux canards et trois lapins «récupérés » dans une ferme. De quoi envisager avec optimisme nos prochains repas.


 


Nous nous mettons donc en devoir de réunir nos affaires d'autant plus rapidement que nos artilleurs russes du matin ont déjà commencé à tirer par-dessus le camp. Nous voyons ainsi en action pour la première fois les fameuses « orgues de Staline ». Sans doute pour ne pas être en reste, ceux d'en face en font autant et notre camp est bombardé par leur artillerie. Un obus traverse même de part en part la baraque où je me trouve, heureusement sans éclater, mais cela suffit à me décider à partir sans emporter tout ce que j'avais prévu de prendre avec moi.

 

Nous sortons donc du camp et nous dirigeons en colonne de pagaille vers le bois voisin. Les combats ont l'air de s'intensifier. Nous voyons des fusées éclairantes, soutenues par des parachutes sans savoir à quel parti elles appartiennent.

 

Après trois heures de marche nous arrivons à CRÖDITZ vers minuit. La place du village est éclairée par les incendies. Dans un grand déploiement de forces, un général russe est arrivé au milieu de nous et nous a harangués d'une manière fort civile sans que nous comprenions un traître mot de son discours. Néanmoins il nous fut résumé sur le champ et il en ressortit que la glorieuse et invincible armée de libération du valeureux peuple russe était heureuse d'avoir pu nous soustraire à l'ignoble tyrannie du monstre nazi, mais que sa tâche n'était pas terminée et qu'elle devait poursuivre sa mission jusqu'à la victoire finale.

 

Et voilà pourquoi je ne laisse jamais passer la fête de saint Georges chaque 23 avril depuis lors sans célébrer le souvenir de cette « libération » d'une manière ou d'une autre…

 

                                                             

jeudi 21 avril 2022

 

À VOS ÉCOUTEURS 🎧

 Podcast

«Libélysée» épisode 12 : le débat Macron-Le Pen vu par les journalistes qui les suivent

Libélysée, le podcast de la campagne présidentielle 2022dossier

Arrogance, passes d’armes travaillées et dossiers plus ou moins bien maîtrisés... Le service politique de «Libération» revient sur les moments forts du débat d’entre-deux-tours, ses coulisses et les réactions suscitées dans chaque équipe de campagne.
par Lauren Provost et Jean-Mathieu Pernin
publié le 21 avril 2022 à 14h53

Gérard Majax s’est invité dans le débat de l’entre-deux-tours, mais la magie a-t-elle opéré pour les deux finalistes de la présidentielle ? Emmanuel Macron a-t-il réussi à paraître proche des gens et à contenir son arrogance ? Marine Le Pen a-t-elle lavé l’affront de 2017 et réussi à montrer sa «présidentialité» ? Qu’en pensent leurs équipes de campagne ? Et surtout, cet exercice aura-t-il un effet sur le vote de ce dimanche 24 avril ?

Jean-Mathieu Pernin en discute dans ce 12e épisode de Libélysée avec deux journalistes du service politique de Libération Charlotte Chaffanjon, qui suit la campagne d’Emmanuel Macron, et Tristan Berteloot, qui suit celle de Marine Le Pen.

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Le podcast de la présidentielle

Dans Libélysée, Jean-Mathieu Pernin et les journalistes de Libération racontent la campagne présidentielle. Gratuit et accessible à tous sur les applications de streaming et de podcast, ce programme s’adresse à celles et ceux qui adorent parler de politique et s’intéressent de près à cette campagne qui se termine dans les urnes ce dimanche 24 avril.

Tout le monde peut entrer dans la discussion : il suffit de nous envoyer vos questions, notes vocales et réactions par mail à l’adresse libelysee@liberation.fr.

Dans l’épisode 11, nous avons analysé l’état du barrage contre l’extrême droite en France. Avant le scrutin du premier tour, les épisodes ont été consacrés à la campagne de Valérie PécresseJean-Luc MélenchonEric ZemmourAnne HidalgoEmmanuel MacronFabien RousselYannick Jadot et Marine Le Pen.

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Pour aller plus loin
picto cat1 Un résumé du débat en vidéo par Le Monde.
picto cat1Nos résumés des principales propositions des candidats sur différentes thématiques.


 Qu’est-ce qui fait qu’un débat reste dans l’histoire ?

Du « monopole du cœur » (1974) à « l’homme du passif » (1981) ou l’anaphore de François Hollande (« moi président de la République », en 2012), chacun ou presque a sa petite phrase. Ces répliques sont préparées par les candidats, les journalistes les attendent et cette complicité fait que le lendemain, les mêmes extraits tournent dans tous les médias. Quand le débat est courtois et paisible comme en 1995 entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, on s’ennuie, on est frustrés ! Tout l’enjeu pour les candidats est de caser ces punchlines au bon moment, et de paraître pugnace, mais pas agressif. L’agressivité, grossie par la télévision, est toujours un échec, on l’a vu avec Ségolène Royal en 2007 et Marine Le Pen en 2017. Dans le débat d’hier, il est bien difficile de retenir des phrases percutantes, sauf peut-être « vous parlez à votre banquier quand vous parlez à la Russie ». Côté Le Pen, son « climatohypocrite » était bien faible

  Illettrisme, chômage, santé, démographie… « En Martinique, tous les voyants sont au rouge » Le député socialiste Jiovanny William déplore ...