Confondu sans cesse avec une ville homonyme, ce village breton veut changer de nom
Le Faouët veut changer de nom. Le compléter plutôt, pour se différencier de sa « jumelle » du Morbihan. Pas une question de coquetterie ni de querelles entre les deux, juste un besoin de simplifier le quotidien de certains habitants.
Le Faouët, qui veut revoir sa dénomination, compte à peine 400 habitants, et se trouve dans les Côtes-d’Armor. Sans le vouloir, son homonyme lui fait de l’ombre : Le Faouët, 2 800 âmes, 100 km plus au sud dans le Morbihan.
« C’est surtout un problème pour le courrier et les livraisons, explique Jacques Tricard, le nouveau maire. On a des lettres, envoyées en recommandé à seulement 10 km de chez nous, qui mettent parfois trois semaines à arriver, après avoir transité par le département voisin… »
Même les pompes funèbres se trompent…
Les confusions de code postal et d’adresse sont légion, mais Le Faouët des Côtes-d’Armor a aussi quelques anecdotes tragi-comiques. Cet été, un couple a par exemple débarqué dans un gîte dans la commune, pensant avoir réservé quelques jours dans le Morbihan…
« Il y a quelques années, on a même eu un employé des pompes funèbres de la région parisienne qui a fait une belle bourde, raconte le maire. Il devait transporter un corps dans le Morbihan, mais s’est retrouvé devant notre église, et s’est vite rendu compte qu’il n’y avait pas d’enterrement… Si on ne fait pas attention au code postal dans le GPS, on peut facilement se tromper. »
Juste un suffixe à ajouter
Pour éviter ces erreurs, qui durent depuis des années, Jacques Tricard et son équipe souhaitent donc modifier le nom de la commune. L’idée avait déjà été évoquée lors du précédent mandat, mais avait déplu à certains habitants, attachés au nom du Faouët. « On veut le garder ! On veut juste lui apporter une petite modification, rassure le maire. Que la lettre du petit-fils ou de la cousine arrive avec du retard, ce n’est pas trop grave. Mais cette confusion est une gêne pour les actifs. Notre homonyme du Morbihan étant plus connu, plus touristique, les erreurs sont souvent en notre défaveur. »
Lors du dernier conseil municipal, des propositions ont ainsi été avancées : opter pour le nom breton (Ar Faoued), ou ajouter un suffixe au nom actuel, comme Armor, Leff ou Trégor. « Si quelqu’un a une autre idée lumineuse, on la prend, précise Jacques Tricard. On a prévu de consulter la population, il nous reste à définir les modalités. »
Une longue procédure
L’élu sait que la procédure sera longue. Une fois que le conseil municipal aura tranché, il devra en effet saisir la Commission de révision du nom des communes, qui statuera sur la question.
Mais Jacques Tricard a bon espoir. En France, il est en effet possible de changer le nom d’une commune « pour éviter un risque sérieux d’homonymie avec une ou plusieurs autres collectivités » (article L. 2111-1 du Code général des collectivités territoriales). En revanche, toute demande de modification fondée sur des considérations d’ordre purement touristique ou économique est rejetée.
En Normandie, on teste les digues du futur pour protéger la faune et la flore marines
Un jour à marquer d’une pierre blanche. Ou plutôt d’un bloc de béton. Lundi 21 septembre, une grue a immergé 12 cubes de 3,6 tonnes à 10 mètres de fond, dans la rade de Cherbourg (Manche). C’est une étape décisive du projet Marineff, piloté par une équipe d’ingénieurs et de chercheurs en biologie de Caen.
« Le défi consiste à imaginer des matériaux qui répondent à des spécificités techniques, tout en favorisant la biodiversité », vulgarise Mohamed Boutouil, directeur de recherche de l’École supérieure d’ingénieurs des travaux de la construction (Esitc). Autrement dit, à concevoir de futures digues, des quais ou des mouillages qui protègent mieux les écosystèmes marins.
Du béton qui imite les rochers
Cube rouge miniature en main, Pascal Claquin, biologiste et directeur du centre de recherche en environnement côtier (Crec), explique l’utilité de chaque anfractuosité : « Cet orifice rond a été prévu pour le homard. Il y a un trou pour qu’il puisse s’installer, mais aussi un autre pour la fuite, indispensable pour attirer le crustacé », souligne-t-il.
« Il y a des rainures pour les espèces qui cherchent l’ombre, poursuit-il. Des trous carrés, de tailles différentes, pour les étrilles et les tourteaux. La rugosité de la surface favorisera la composition d’un biofilm qui aidera les algues à se fixer sur le bloc. »
Le béton ainsi travaillé fait office de véritable rocher. Ce ciment a été conçu par l’équipe d’Amal Bourguiba, chercheuse enseignante à l’Esitc (École supérieure d’ingénieurs des travaux de la construction), qui a effectué de nombreux essais pour élaborer un béton solide et bioréceptif : « Pour ces modules de digue, nous avons notamment effectué des tests de résistance mécanique et de durabilité des armatures. »
Pour favoriser la colonisation par la faune et la flore marine, son équipe, aidée des biologistes du Crec, s’est appuyée sur l’expérience Recif, menée en 2015 à Cherbourg. Douze modules de béton rugueux avaient été immergés. Cinq ans plus tard, de nombreuses espèces se sont installées.
Des perspectives pour les ports et l’éolien en mer
Le programme Marineff, prévu pour durer quatre ans, s’achèvera en avril 2022. Avec de possibles applications concrètes, si les conclusions sont satisfaisantes.
« On espère que c’est un marché d’avenir, ambitionne Mickaël Auzas, de Vinci Construction Maritime et Fluvial en Manche et mer du Nord, partenaire du programme Marineff. Dans le cadre d’implantation d’éoliennes en mer, il peut y avoir des mesures compensatoires qui passent par la création de nouvelles zones de pêche côtières autour de ce type de récifs artificiels. »
Philippe Hubert, responsable de l’aménagement des Ports de Normandie, compte également sur cette expérimentation pour envisager d’aménager des infrastructures portuaires « compatibles avec le développement de la biodiversité ».
Au total, 36 modules de digues seront testés dans différentes configurations, à Cherbourg et à Bernières-sur-Mer, au large de Caen. L’expérimentation porte aussi sur des mouillages, des rockpools (qui reproduisent les flaques d’eau stagnante qui se forment dans les cavités rocheuses à marée descendante) et des modules pour accueillir des larves d’huîtres plates. Un programme franco-anglais de 4,6 millions d’euros, financé à 70 % par l’Union européenne.