dimanche 13 octobre 2013

Seconde guerre mondiale



Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, des bombardiers de la Luftwaffe larguent des mines magnétiques à l'entrée des ports français, notamment du port de La Pallice. Le paquebot Champlain est le premier de la longue liste des navires victimes de ces dernières.
En mai 1940, de nombreux réfugiés de l'exode, venant principalement d'Alsace, de Lorraine et de Belgique, affluent sur la ville, dans l'espoir de pouvoir embarquer à bord de navires pour l'étranger. L'écrivain Georges Simenon participe notamment à leur accueil.
À l'approche des Allemands et avec la signature à Rethondes de la convention d'armistice franco-allemande le 22 juin 1940, les Rochelais sabotent ou détruisent de nombreuses installations afin qu'elles ne tombent pas aux mains de l'occupant. Les réserves de pétrole et de carburant sont incendiées et le pétrolier Loing est sabordé.
Le 23 juin 1940, 20 000 soldats de la Wehrmacht, prennent possession de La Rochelle. Le même jour, le maire Léonce Vieljeux refuse d'obéir à un ordre lui intimant de hisser la croix gammée sur l’hôtel de ville et s'oppose systématiquement à l'affichage de la propagande nazie. Parallèlement, il aide des membres du réseau de résistance Alliance, auquel il appartient, à s'évader. Le 22 septembre 1940, il est destitué de ses fonctions de maire et expulsé de la ville en 1941. Revenu à La Rochelle, il est arrêté par la Gestapo au début de l'année 1944. D'abord interné à Lafond, transféré à Poitiers puis à Fresnes, il est emmené à Schirmeck près de Strasbourg, où il est détenu du 1er mai 1944 au 1er septembre 1944. Finalement, dans la nuit du 1er septembre 1944 au 2 septembre 1944, il est déporté au camp de concentration de Struthof, où il est exécuté d'une balle dans la nuque en même temps que 300 hommes et 92 femmes, à l'âge de 80 ans.
Dans le contexte du Mur de l'Atlantique, l’armée allemande fait construire dès 1941 de nombreux blockhaus sur tout le littoral, ainsi qu’une immense base sous-marine au port de commerce de La Pallice, destinée à abriter une flottille de sous-marins de la Kriegsmarine. Bien que totalement achevée en 1943, la base est rapidement fonctionnelle et abrite les 109 U-boots type VII de la 3. Unterseebootsflottille dès le 19 novembre 1941, sous les commandements successifs du Kapitänleutnant Herbert Schultze ( juillet 1941- mars 1942), du kapitänleutnant Heinz von Reiche ( mars 1942- juin 1942) et du Korvettenkapitän Richard Zapp ( juin 1942- octobre 1944). Le commandement du port et de la base sous-marine est confié au konteradmiral Waldemar Kober. Le Pertuis charentais est bouclé par un immense champ de mines et l’aéroport est réquisitionné pour les avions détecteurs de mines et les escadrilles de chasse de la Luftwaffe sécurisant la base sous-marine.
Tout au long du conflit, la base sous-marine et l’aéroport sont bombardés à plusieurs reprises par les bombardiers américains Boeing B-17 Flying Fortress et Consolidated B-24 Liberator, ainsi que par les bombardiers anglais Handley Page Halifax et Avro Lancaster, qui y larguent les premières bombes Tallboy (5 tonnes) et Grand Slam (10 tonnes). Afin d'éviter que des torpilles misent en œuvre par des bombardiers-torpilleurs n'atteignent les sous-marins, les alvéoles sont protégées par des filets anti-torpilles et des ballons captifs de la Luftwaffe sont mis en place pour protéger la base contre les attaques aériennes à basse altitude.
Durant l'occupation, les restrictions se font sentir dans tous les domaines. Le couvre-feu est fixé à 22 heures, les réserves de nourriture sont réquisitionnées par l'occupant et tous les produits sont rationnés. La Gestapo s'est installée au 63, rue Jeanne d'Albret.
Comme dans toutes les villes de France, la majorité de la population attend passivement que les choses se passent, et tandis que certains collaborent avec l'ennemi, d'autres organisent très tôt la résistance, notamment au travers des réseaux Alliance, Honneur et Patrie, Mithridate, Famille, Acajou, Éleuthère, Fillot ou encore le Régiment Jean Guiton :
Le premier « martyr », Pierre Roche, est fusillé le 7 septembre 1940 ;
En juillet 1941, une filière d'évasion montée par le commandant Pierre-Georges Fillot est malmenée en raison d'une dénonciation. Une antenne du Comité d'action socialiste clandestin est montée par le député Edmond Grasset, chef départemental du réseau Libération-Nord ;
Le 28 février 1942, un représentant sur La Rochelle de la CND-Castille transmet le plan de la base sous-marine ;
En juillet 1942, une vedette est coulée à quai ;
À partir de septembre 1942, le réseau Alliance, qui dispose de plus d'une centaine de membres dans la ville, transmet à Londres tous les mouvements du port de La Pallice ;
En mai 1943, le torpilleur Lux est saboté et saute aux essais, tuant 200 Allemands ;
En février 1944, les ouvriers des chantiers navals refusent de travailler, obligeant l'armée allemande à investir l'usine ;
Le 7 juin 1944, le sous-marin U-212 est attaqué par deux De Havilland Mosquito de la RAF qui avaient été informés de son départ par le réseau France Alerte ;
Le 28 juin 1944, des pylônes électriques sont sabotés, ce qui a pour effet de couper le courant sur toute la base et les usines ;
En août 1943, Alliance informe du départ de cinq sous-marins, ce qui permet à la Royal Air Force de les couler dans le golfe de Gascogne ;
En janvier 1944, un sous-marin est incendié dans son box.
Le 11 février 1944, le generalfeldmarschall Erwin Rommel, nommé responsable du Mur de l'Atlantique, inspecte la base sous-marine. Le 20 août 1944, la 3e flottille de U-boots est transférée en Norvège, tandis que le vizeadmiral Ernst Schirlitz est affecté au commandement de la défense de la poche de La Rochelle. En octobre 1944, le commandant Edgard de Larminat œuvre de son côté à réduire la résistance allemande de l'Atlantique notamment de La Rochelle. Souhaitant obtenir une reddition pacifique des Allemands et éviter la destruction de la ville, il charge alors le capitaine de vaisseau Hubert Meyer, protestant alsacien et officier de la France libre, de s'interposer entre les Forces françaises de l'intérieur, mal armées mais assoiffées de revanche, et les garnisons allemandes, puissamment retranchés dans les poches de La Rochelle, Rochefort et Royan, ainsi que de nourrir les habitants et préserver les installations portuaires. Parlant parfaitement l'allemand, il engage des pourparlers avec le vizeadmiral Ernst Schirlitz.
Constatant que ses troupes sont insuffisamment armées et entraînées, et conscient de l'importance du port de La Pallice pour les Alliés et les populations locales après la fin du conflit, Ernst Schirlitz passe alors un accord sur l'honneur officieux avec Hubert Meyer le 18 octobre 1944. Les Français s'engagent à ne pas franchir un fossé antichar autour duquel les Alliés viennent d'installer un dispositif d'encerclement, et à ne pas demander l'intervention aérienne des Alliés ; en contrepartie l'état-major allemand s'engage à ne pas détruire les infrastructures du port, et à ne pas aménager un no man's land.
Le 15 décembre 1944, le konteradmiral Waldemar Kober quitte La Rochelle. Le lieutenant commander Erwin de Terra prend alors le commandement du port, tandis que le kapitän zur See Walter Türke prend celui de la base sous-marine.
Le 5 janvier 1945, Royan est écrasée sous un tapis de plus de 2 173 tonnes de bombes, qui rasent 85 % de la ville. Le 10 février 1945, l'accord officieux passé le 18 octobre 1944 devient caduc, et le port et ses infrastructures sont minés par 60 tonnes d'explosifs. Lorsque le Reich capitule, le 7 mai 1945 à Reims, le vizeadmiral Schirlitz ordonne au lieutenant commander Erwin de Terra, son subordonné, de faire sauter le port. Ce dernier se déclare dans l'impossibilité de le faire, refusant d'exécuter l'ordre, et annonce avoir volontairement saboté les dispositifs de mise à feu.
L'armistice est proclamé officiellement le 8 mai 1945. Place forte allemande, La Rochelle est l’une des dernières villes françaises à être libérée à la fin de la guerre. En effet, le vizeadmiral Schirlitz n'a accepté de capituler sans condition que le 8 mai 1945 à minuit, en grande partie grâce aux nombreux mois de négociations serrées menées par le capitaine de vaisseau Hubert Meyer, et qui est parvenu à convaincre son adversaire de se ranger à la paix sans forfaire à l'honneur militaire. La signature de l'acte de capitulation a lieu le 9 mai 1945 dans le poste de commandement de Lagord. Hubert Meyer raconte dans son libre Entre marins que c'est grâce aux bonnes relations entretenues que la ville et le port n'ont subit aucune destruction, contrairement à Royan qui a été presque entièrement rasée.
À l’approche de la fin de la guerre, l’aéroport a été utilisé de manière intense par des avions arrivant directement d’Allemagne, et pour des raisons assez floues, alimentant les rumeurs les plus diverses. Certains pensent que ces liaisons ont servi à transporter des dignitaires nazis qui ont ensuite embarqué dans des sous-marins de la flotte allemande, tandis que d’autres évoquent l’hypothèse d’importants transports de fonds. Ainsi, le 25 avril 1945, l’arrivée d’un sous-marin allemand de type XXI (probablement le U-2511), de fort tonnage et recouvert d’une protection en caoutchouc lui permettant d’échapper aux sonars et aux mines magnétiques, attire l’attention. Arrivé directement d’Allemagne, il fait le plein de ses réservoirs sans que personne ne soit autorisé à monter à bord. Le 27 avril 1945, un avion militaire allemand atterrit, et deux dignitaires nazis vêtus de longs imperméables sont discrètement transférés vers la base sous-marine, où ils embarquent dans le sous-marin qui prend immédiatement la mer[29]. Le 30 avril 1945, le suicide d’Adolf Hitler est annoncé.



La Rochelle Au Quotidien Sous La Botte Allemande - Juin 1940-Juin 1941 Lachaise Francis


La Rochelle Au Quotidien Sous La Botte Allemande - Juin 1940-Juin 1941 de Lachaise Francis




champlain cheminee origine

Le  Champlain part en 1933 à la suite du Lafayette jusqu'au 17 juin 1940 date de son naufrage à La Pallice.
Il  reste que cette reproduction du tableau d'Albert Sébille
P1010329

Fiche technique
Champlain (paquebot ) 1932 - 1940
materiau de la coque : ............acier
anciens noms du navire : ..........
type de navire : ..................paquebot acier
type du propulseur : ..............2 hélices
année de construction du navire : .1930
nom du chantier de construction : .Chantiers et Ateliers de Saint Nazaire
lieu de construction : ............Penhoët
Année d'entrée en flotte : ........1932
Longueur (en mètres) : ............185,00
Largeur (en mètres) : .............25,27
Jauge brute (en tonneaux) : .......28094
Port en lourd (en tonnes) : .......10670
Type de moteur : ..................2 groupes de turbines Parsons à engrenages simple réduction
Puissance du moteur (en chevaux) : 25500
Vitesse en service (en noeuds) : ..20
carte postale couleur

Histoire
Entré en service en juin 1932 sur la ligne Le Havre-New York. Sa ligne extérieure et ses ponts dégagés préfigurent NORMANDIE. Comme ses consorts DE GRASSE et LAFAYETTE, CHAMPLAIN assurait un service plus lent
destiné en priorité aux passagers de classe Cabine.
Effectue chaque année des croisières en Europe, au Canada ou dans les Caraïbes. En juillet 1933, il inaugure le nouveau môle d'escale du Verdon. Sa cheminée est rehaussée d'un tiers en 1936.
Quitte New York pour son dernier voyage le 4 juin 1940. Débarque ses passagers à Saint-Nazaire le 12. Le 17 juin, alors qu'il s'est réfugié en rade de La Pallice, il heurte une mine magnétique et coule en quelques minutes. 11 victimes parmi les membres de l'équipage.
Jugée irrécupérable après la Guerre, l'épave ne sera finalement démantelée qu'en 1964.
champlain avec remorqueurs

LE NAUFRAGE

A l'approche des troupes allemandes qui maîtriseront La Rochelle le dimanche 23/6/1940 dans l'après-midi, les avions allemands, dans la nuit du jeudi 16/6/1940 à 23h30', larguent des mines magnétiques dans la rade de La Pallice. Le paquebot Champlain (commandant Lescarret), de la Compagnie Générale Transatlantique, transportant 3000 tonnes de cuivre, 30 avions de chasse CURTIS H-75 ainsi que 180 personnes embarquées à Saint-Nazaire, saute sur une mine au mouillage devant la plage de Sablanceaux le 17/6/1940 à 9h30'. Le navire s'enfonce rapidement en 7' et gîte de 30 degrés sur tribord interdisant, de ce fait, la mise à l'eau des embarcations. Le port envoie des secours rapidement, 12 personnes sont mortes, 270 furent sauvées. Le Champlain devait charger des parlementaires et leurs familles direction l'Afrique du Nord, ils embarqueront sur un autre navire, le MASSILA. Le Champlain avait été réquisitionné avec 7 autres grands paquebots pour emmener 30.000 recrues en Afrique du Nord. Le 21/6/1940, le Champlain est, cette fois, torpillé par un sous-marin allemand l'U-65, 3 jours avant la prise de La Rochelle par les Allemands.
En 1941, l'entreprise Italienne Serra, à l'aide de ses scaphandriers, récupère la cargaison et essaie de renflouer le navire, sans succès, le projet fut abandonné. Au cours de ces opérations 3 scaphandriers
, victimes d'accident de plongée perdirent la vie.
Les machines-outils du Champlain permettront au personnel du KMW d'entretenir les sous-marins en 1942.
L'entreprise SERRA
, implantée à Marseille, fut de nouveau sollicitée en 1960 pour le découpage du bateau, il est vrai que l'entreprise avait une très bonne maîtrise du découpage sous-marin à l'époque.

epave

QUELQUES FAITS HISTORIQUES

 
Suite à des problèmes de trésorerie, la Compagnie Générale Transatlantique ne peut honorer ses traites auprès des chantiers de Penhoët. Les travaux furent suspendus et 1500 ouvriers se trouvèrent au chômage, l'état mit la main à la poche à raison de 110 millions de francs sous forme de prêt permettant la reprise des travaux.
En 1932, il fera la traversée New York-Europe en 6j 16h et 20', record pour l'époque.
Le 22/1/1937, Il s'échoue dans l'Ambrose Channel et doit être renfloué.
Le 12/6/1940, le Champlain arrive à St-Nazaire et ce jour là, la ville subit son premier bombardement, craignant qu'il obstrua l'écluse, il sera détourné sur La Pallice.

sirene

la sirène du Champlain conservée au musée de la marine à Paris.

scaph3

ANECDOTES
Durant la seconde guerre mondiale, un scaphandrier  remonta précipitamment à l'échelle, il sortit de dessous son plomb de poitrine un lingot et le donna à son guide en lui faisant signe de le cacher. Il remonta plusieurs fois, son guide le stoppa et lui ouvrit sa glace en lui disant : mais que fabriques-tu ?
- C'est de l'or, il y en a plein, cache-le vite.
- Et, couillon, c'est du cuivre ! Lui répond son guide hilare.
L'affaire ne s'arrêta pas là, car un jour le responsable du chantier s'aperçoit de l'enfoncement anormal d'une barcasse, il envoie un scaphandrier de confiance voir dessous, il découvrit des dizaines de lingots de cuivre attachés sous l'embarcation.
Le scaphandrier Mouton devant ses camarades de plongée, il perdra la vie en 1942 suite à la chute d'une tôle du Champlain qu'il découpait.
Les règles de sécurité concernant le découpage voulaient que la découpe du chalumeau se termine par la partie haute. La tôle lui perfora le casque et l'écrasa sur une cloison.

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vendredi 4 octobre 2013

LES FRANCAIS LIBRES

En souvenir de mon grand-père le Commandant Fernand Mudès, qui a rejoint la France Libre à Londres en juin 1940







voir aussi  : La Résistance




Je laisse à deux historiens, spécialistes de la Seconde Guerre Mondiale, de définir les " Les Français Libres ".
Définition
Il paraît utile de donner en introduction une définition pour mieux préciser qui ils sont. Les Français libres sont ces hommes et ces femmes qui ont choisi de répondre à l’appel du général de Gaulle (appel du 18 juin ou un des jours suivants) de poursuivre le combat à l’extérieur ou à l’intérieur.
Ils combattent en uniforme ou sans uniforme. Ils ont formellement signé un engagement pour la durée de la guerre et sont des volontaires. Sont donc Français libres ceux qui ont rallié avant la date du 31 juillet 1943 après quoi les forces françaises libres et l’armée d’Afrique et troupes coloniales sont réorganisées au sein de l’Armée française. La France libre au sens strict cesse d’exister le 3 juin 1943 lors de la mise sur pied du Comité français de libération nationale à Alger.
1. Des ralliements individuels
Les premiers Français libres sont des hommes ou des femmes seules qui rallient avec des camarades ou individuellement. Ce sont " des hommes partis de rien " pour reprendre la formule de René Cassin. Churchill le 27 juin dit au général de Gaulle le fondateur de la France libre : "Vous êtes seul ? et bien je vous reconnais tout seul ! ".Daniel Cordier, Philippe de Hauteclocque, le lieutenant de Vaisseau d’Estienne d’Orves, Jean Simon, Pierre Messmer. Civils ou militaires rallient individuellement.
A la mi - juillet 1940 : Les FFL sont 1 500 ; à la mi-août, ils sont 6 000, fin 1940, 12 000 ; Ils sont Français, étrangers, habitants l’Empire. Des unités : une partie de la 13e Demi-brigade de légion étrangère. C’est le cas de l’escadron du capitaine Jourdier qui en juillet 1940, entraîne ses spahis en Palestine.
2. Les ralliements des territoires
De Gaulle veut entraîner l’Empire dans la Guerre car la France n’est pas seule, elle a un vaste empire ! Du même coup les populations françaises et autochtones rallient globalement.
Dans l’été 1940, rallient pacifiquement :
. 20 juillet : Nouvelles Hébrides
. 26, 27, 28, août : Tchad, Cameroun, Congo
. Début septembre : Oubangui-Chari
. 9 septembre : Les Cinq Comptoirs de l’Inde (Changernagor, Karikal, Mahé, Pondichéry, Yanaon)
. 19 septembre :Nouvelle Calédonie.
Ralliement par campagnes militaires :
. 10 novembre :Gabon
. Juin 1941 : Syrie
. Novembre 1941 : Côte française des Somalis
. Mai 1942 : Madagascar.
. Juin 1943 : les Antilles françaises.
3. L’entrée des Français libres dans la guerre et l’échec de Dakar
Décembre 1940, les FFL sont engagés aux côtés des Britanniques, d’abord contre les Italiens : le 1er bataillon d’infanterie de marine intervient en Libye ; Février - avril 1941 : la 13ème DBLE en Erythrée.
La colonne Leclerc en janvier - mars 1941 prend Koufra le 1er puis Fezzan puis Tunis (300 hommes dont 2/3 d’Africains).
Juin 1941, la 1ère DFL combat en Syrie les forces Vichystes. Puis en 1942, c’est lépisode héroÏque de Bir Hakeim. En jjuin 1942 : El Alamein se bat contre les Forces allemandes.
Janvier-mai 1943 : en Tunisie Les FNFL participent à la bataille de l’Atlantique, vitale pour l’approvisionnement de la Grande-Bretagne ; Les FAFL contribuent à la défense de la Grande Bretagne, elles soutiennent également les opérations des FFL au Levant et en Afrique. Les groupes Alsace, Lorraine, Ile de France, Bretagne, Artois, Picardie, mènent des missions de chasse et de bombardement, dans lesquels se distinguent des pilotes comme René Mouchotte.
En septembre 1942, le groupe Normandie est envoyé en URSS combattre aux côtés des Soviétiques.
4. La France libre dans le monde
La conquête de l’opinion par les émissions radio et l’écoute de la BBC permet d’informer et contrebalancer la propagande du gouvernement de Vichy . Les comités de la France libre dans le monde se multiplient jsuqu’à 39 comités fin 1942. Exemples : au Canada, Elisabeth de Miribel puis d’Argenlieu, en Argentine. "France for Ever" créé par Eugène Houdry puis animé par le savant Henri Laugier.
5. État quantitatif en juillet 1943
Les Forces Françaises Libres représentent 50 000 hommes. Déjà 2 000 ont été tués et 1 200 faits prisonniers.
Les Forces Navales de la France Libre sont créées le 1er juillet 1940, confiées à l’amiral Muselier. Elles regroupent 13 000 hommes et une quarantaine de bâtiments de guerre, une soixantaine de navires de commerce.
Les Forces Aériennes de la France Libres sont créées le 7 juillet 1940 et commandées par l’amiral Muselier jusqu’au printemps 1941 puis par le général Valin. Il existe plusieurs groupes : Alsace, Lorraine, Ile-de-France, Bretagne, Artois, Picardie, Normandie puis Normandie Niemen. Les FAFL représentent 3 000 pilotes et autres personnels. Les pertes sont importantes. Par exemple, dans le groupe Normandie, sur la centaine de pilotes, près de la moitié disparaît au combat.
Les Volontaires Féminines de la France Libre : a création du corps des volontaires françaises intervient le 7 novembre 1940 par la volonté du général de Gaulle. Ce corps répertorie 430 femmes.
6. Un homme : le général de Gaulle
Dans l’appel du 18 juin, et ceux qui suivront, le général de Gaulle demande à tous les Français de le rejoindre à Londres pour poursuivre le combat. Son choix qui paraît peu réaliste, est pourtant porteur d’avenir. Il jette les premières bases d’un contre-gouvernement situé dans le camp des adversaires de l’Allemagne. "A 49 ans, j’entrais dans l’aventure, comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries" écrivit-il dans ses Mémoires.
C’est un refus de la défaite motivé par l’engagement du 28 mars 1940 de la France à l’égard de l’Angleterre de ne pas signer d’armistice. De Gaulle, opposé au régime de Vichy, répond à Pétain après la signature de l’Armistice : "Monsieur le Maréchal, dans ces heures de honte et de colère pour la Patrie, il faut qu’une voix vous réponde. Ce soir, cette voix sera la mienne !"
Sans la reconnaissance britannique, l’action du général aurait pu être entravée. Le général de Gaulle a rejoint Londres le 17 juin. Churchill, lui fait ouvrir les micros de la BBC le 18 juin et quelques jours après le 28, le gouvernement britannique le reconnaît comme chef de tous les Français libres. Il lui faut de l’argent, des moyens, des armes. Le 7 août, Churchill affirme son soutien plein et entier au général de Gaulle car il lui faut, dans le cadre de la stratégie britannique, contrôler une force française qui demeure dans la guerre. La France libre reconnue comme une force à part entière, dispose donc de locaux et de financements.
7. La France Libre et la Résistance Intérieure.
L’action clandestine s’est perpétrée à travers le 2ème bureau du colonel Passy qui envoya des agents en France dès juillet 1940. Hubert Moreau, Jacques Mansion puis les réseaux St-Jacques, Confrèrie Notre Dame Castille, Fourcaud sont des agents de la France libre qui doivent renseigner.
Grâce à l’action de Jean Moulin, délégué du général de Gaulle, la déclaration aux mouvements du général de Gaulle a pour conséquence la constitution de la France Combattante, fin juillet 1942, regroupant ainsi la Résistance intérieure et les Forces Françaises Libres.
Conclusion : Le rétablissement de la légalité républicaine est inscrit dans l’esprit et les actes du Chef de la France libre à Londres. La France Libre a été porteuse de valeurs : dignité de la Patrie et Honneur.

Sources
Mme Maryvonne Braunschweig, M.François-René Cristiani-Fassin, Mme Christine Levisse-Touzé et M. Jean-François Muracciole
Jean-Français Muracciole, historien et maître de conférences à l’université de Montpellier III
Typologie des Français Libres
" Dans cette rapide introduction, il me paraît nécessaire d’insister sur la singularité des Français libres qui, quel que soit le critère retenu, se présentent comme une population atypique, en marge de la société française de la fin des années 1930.
Mais avant tout un rappel essentiel : dans cette enquête, il n’est question que des Français libres citoyens français en 1939 (de Métropole, de l’Empire ou de l’étranger). Autrement dit, elle ignore les étrangers et, surtout, les engagés coloniaux (de l’AEF, du Pacifique, plus tard de l’AFN) qui furent pourtant majoritaires dans les rangs de la France Libre, du moins jusqu’en 1943. Une autre enquête (voire un autre concours de la Résistance) serait nécessaire pour retrouver la trace et honorer la mémoire de ces résistants qui furent, en 1940-1941, les plus nombreux de tous les résistants français.
Singularité d’abord familiale et générationnelle
Grande jeunesse des Français Libres : 52% ont entre 19 et 23 ans au moment de l’engagement ; mais à peine 12% ont plus de 30 ans. Ce qui explique, fait remarquable, qu’environ 40% des Français Libres étaient mineurs au moment de leur engagement.
Familles atypiques : dans une France qui ne faisait presque plus d’enfants, les Français Libres proviennent de familles relativement nombreuses (42% viennent de familles de plus de 3 enfants ; 23% de plus de 4). Et ils sont le plus souvent situés en queue de fratrie. On retrouve là, de façon singulière, un phénomène de " cadets " qui caractérisait les engagements militaires au XIXème siècle et, plus encore, sous l’Ancien Régime
En outre, 23% des Français Libres sont orphelins (25% si l’on compte les fils de divorcés).
Du point de vue scolaire, on trouve une spectaculaire sur-représenation des bacheliers/étudiants/élèves de grandes écoles, à une époque où moins de 7% des effectifs d’une classe d’âge atteignaient le niveau du bac et où la France comptait moins de 100 000 étudiants. 45% des Français Libres ont au moins le niveau du bac ; 24% sont étudiants ou élèves d’une grande école. Si les élites étaient absentes à Londres en juin 1940, comme s’en désola longtemps le général de Gaulle, leurs enfants étaient bien présents.
Rien de tel chez les Français Libres, si on limite l’étude à la date butoir du 1er août 1943. Les engagements révèlent deux grandes vagues : l’une à l’été 1940 (juin-septembre), au lendemain de la défaite et de l’Appel du 18 Juin ; la seconde à partir de novembre 1942 et au printemps 1943, avec, cette fois, une nette prédominance des engagés originaires de l’Empire, surtout de l’AFN, et des évadés de France : 40% des engagés en 1940 ; 10% en 1941 ; 15% en 1942 ; 35% en 1943. Entre les deux, de l’automne 1940 à l’automne 1942, la France Libre a connu une grande " traversée du désert ", le pire étant atteint entre l’été 1941 et l’été 1942. De cette façon, on peut nettement distinguer deux " générations " de Français Libres, ceux de 1940 et ceux de 1943.
Bien d’autres points pourraient être abordés (la faible politisation des Français Libres ou de leurs familles, la lenteur de la montée en grade, les activités et les orientations politiques après la guerre, etc...), ce qui est impossible dans le cadre de cette communication. Il resterait aussi à expliquer les phénomènes que nous venons de décrire très sommairement. Je m’y emploierai dans mon étude en essayant de montrer que la grille de lecture proposée par F. Marcot pour la Résistance intérieure (principe " intentionnaliste " et principe " fonctionnaliste ", concepts dérivés de l’historiographie allemande sur le nazisme et adaptés par Marcot à la situation française) n’est guère opératoire pour les Français Libres, ce qui, à mon sens confirme à nouveau la grande hétérogénéité des deux milieux. Bref, tout cela appelle de beaux et stimulants débats.

 
Avant d’écouter les témoins présents, un intermède audiovisuel a permis d’illustrer le combat de ces " Français libres " à travers un témoignage de Pierre Mesmer et des images d’archives.
Réalisée en juin 2003, l’interview de Pierre Messmer*, Compagnon de la Libération, Président de la Fondation de la France Libre, a donné un exemple fort de l’engagement d’un jeune homme dans la France Libre :" Quand j’ai entendu à la radio la déclaration du maréchal Pétain, j’ai eu l’impression que cette voix chevrotante, d’un vieillard illustre, certes, ne pouvait nous laisser présager que du pire. Et c’est vraiment l’audition de cette allocution du maréchal Pétain qui m’a décidé à partir tout de suite ... " Un grand message d’espoir pour tous les jeunes étudiants présents à conclu ce premier document audiovisuel : " Dans les grandes crises, le ressort a été celui de la jeunesse. J’ai été frappé à Londres, par la jeunesse de tous ceux qui avaient rejoint le général de Gaulle, la moyenne d’âge ne devait pas dépasser beaucoup vingt ans.(...) c’est la preuve que dans une crise la jeunesse joue un rôle déterminant. "
* Cette cassette-vidéo sera envoyée gracieusement aux professeurs de collège, lycée ou université, et aux animateurs socio-culturels (personnels de mairie, institution à caractère culturel) sur simple demande à "Mémoire et Espoirs de la Résistance - Marie Delaleu, 16-18 place Dupleix, 75015 - Paris, ou par email à memoresist-mer@club-internet.fr ).
Puis deux films regroupant des images d’archives exceptionnelles ont été projetés
"Les Français libres ", avec l’aimable autorisation du Mémorial Leclerc et du Musée Jean Moulin de la Ville de Paris.
Ce film documentaire assemble des images d’archives montrant le général de Gaulle saluant les combattants de Bir Hakeim et passant en revue les soldats de l’Empire des territoires ralliés et le parcours héroÏque de la Colonne Leclerc en Afrique.
"Ceux du Maquis", avec l’aimable autorisation de l’ECPA et du Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne.
Ce film a été réalisé en 1944, à l’initiative de Jacques de Bingen, délégué général en France du CFLN, et de Jacques Brault, responsable du Service national Maquis, pour la revue filmée mensuelle "Ici la France".
Il met en scène de jeunes maquisards d’un maquis de la Drôme dans leurs gestes quotidiens. On les voit ainsi monter leur cantonnement, passer de longues heures à s’entraîner ou encore hisser le drapeau français et saluer les couleurs. Le commentaire de ce film est dit par Maurice Schuman. Film de contre-propagande dénonçant le régime de Vichy et incitant au combat contre les nazis est aussi un outil de propagande afin de fédérer les deux grands pôles de la Résistance française : la France Libre ou les Forces Françaises Libres, travaillant depuis Londres, et la Résistance Intérieure ou Forces Françaises de l’Intérieur.

jeudi 3 octobre 2013

LA CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

Constitution de 1958:
 
 
55 ans, déjà ! Qui l'eut crû?
La Constitution du 4 octobre 1958 s'inscrit dans la durée, et pour longtemps. Les pourfendeurs de la Ve République d'hier et aujourd'hui en sont pour leurs frais. La réussite de ce régime n'est pas le fruit du hasard, même si les circonstances politiques l'ont bien servi. La longévité de notre Constitution était inscrite dans ses gènes.
La Ve République, solidement assise, traverse toutes les épreuves qui se présentent à elle et qui auraient pu la mettre à genoux plus d'une fois: alternances, cohabitations, construction européenne, décentralisation, justice politique défaillante, crises sociales et économiques, scandales politico-financiers, nouvelle donne internationale... Rien ne semble l'atteindre ou plutôt tout semble être digéré par ce régime, le prévisible comme les imprévus. Deux explications principales à cette longévité: la stabilité gouvernementale et l'adaptabilité du texte constitutionnel.
Un acquis fondamental: la stabilité gouvernementale
C'est assurément le premier et le plus précieux des acquis de "la Cinquième". Certaines recettes du parlementarisme rationalisé (notamment le fameux article 49 alinéa 3 de la Constitution, imprudemment amendé lors de la révision constitutionnelle de 1958 en en réduisant son assiette) servies par l'installation durable du fait majoritaire (à partir de 1962) y ont fortement contribué. D'autres mécanismes de nature constitutionnelle ou législative ont également assuré la sérénité de l'exercice du pouvoir exécutif. Les modalités du scrutin législatif ont permis de dégager des majorités stables et solidaires de l'exécutif, même relatives ou traversées par des tensions entre groupes majoritaires.
Cette permanence dans la puissance de l'exécutif a toujours dérangé. Mais il faut être honnête sur cet aspect tant pointé du doigt par la doctrine et les responsables politiques. La Constitution a été bâtie sur l'idée d'un exécutif fort et respecté, soustrait aux joutes parlementaires. En conséquence, le gouvernement présidentiel a reçu tous les moyens nécessaires pour accomplir au mieux sa tâche constitutionnelle: conduire et déterminer politique de la nation sans craindre les parlementaires.
Ces derniers par lassitude, par un investissement total dans leur mandat exécutif local et l'acceptation de la discipline de vote rarement prise à défaut ne pouvaient assurément qu'influencer à la marge le contenu des politiques nationales. L'interdiction prochaine du cumul du mandat parlementaire et d'une fonction exécutive locale valorisera leur mandat national sans pour autant mettre à mal la stabilité exécutive.
En contrepoint, l'exécutif ne cesse d'étendre sa sphère d'influence et d'intervention. Avec la construction européenne et par le truchement du conseil des ministres européen, le gouvernement devient un acteur décisif dans toute une série de matières qui relevaient, avant transfert de souveraineté, du domaine de la loi. La complexification de la gestion des dossiers, la technicité croissante des normes, l'internationalisation des règles dépossèdent aussi immanquablement le Parlement, privé d'une réelle capacité d'expertise comparable à celle de l'exécutif. Pour toutes ces raisons, le pouvoir exécutif est dominant en France, comme il l'est dans les autres démocraties majoritaires. Mais la révision constitutionnelle de 2008 qui a revalorisé le Parlement, du moins permis que la majorité parlementaire devienne un vrai partenaire du Gouvernement, et la fin annoncée du cumul des mandats et fonctions sont de nature à instaurer un nouvel équilibre entre l'Exécutif et le pouvoir parlementaire sans saper l'acquis de la stabilité.
L'élection présidentielle au suffrage universel direct, en inversant l'ordre de la légitimité du gouvernement en période de fait majoritaire, a également et bien entendu puissamment contribué à la stabilité gouvernementale. Affaiblir l'équipe ministérielle, c'est affaiblir le Président. Elu, ce dernier a une autorité réelle et a autorité sur les députés dont la majorité d'entre eux s'est engagée à appliquer ses propositions débattues devant le peuple. Cet engagement politique devant les électeurs soude la majorité et institue une solidarité bien comprise entre le Palais-Bourbon et l'Elysée. Il institue de facto une relation de dépendance du Premier ministre vis-à-vis du chef de l'Etat, chef de la majorité parlementaire de fait. L'axe rive droite - rive gauche perd de sa belle harmonie et de sa cohérence dans le seul cas de la cohabitation. Précisément, cette désunion du couple exécutif, pour être exceptionnelle, révèle la deuxième grande caractéristique de la Constitution de 1958 : son adaptabilité.
Un atout précieux: son adaptabilité
Il n'est pas nécessaire de figer toutes les règles dans le texte constitutionnel. Les conventions de la Constitution existent et créent un espace de respiration pour les pouvoirs publics. L'exemple des questions d'actualité au gouvernement, instituées en 1974 à l'Assemblée nationale, dupliquées au Sénat en 1982 et pratiquées en marge de la Constitution jusqu'à la révision du 4 août 2005, le démontre de manière magistrale. Mais parfois la contrainte constitutionnelle est trop forte. La révision constitutionnelle est alors indispensable. Amendé à 24 reprises, le texte constitutionnel a paradoxalement autant évolué par la sollicitation du constituant que par les interprétations qu'en ont fait les juges constitutionnels et ordinaires. Ces derniers, sans jamais remettre en cause les grands équilibres institutionnels, ont pris une part déterminante à la juridicité des prescriptions constitutionnelles. La Constitution de 1958 avait mis en place un régime constitutionnel efficace. Par ses multiples et diverses interprétations, la Constitution de 1958 abrite désormais un Etat constitutionnel efficient.
La cohabitation en témoigne. La dyarchie au sommet de l'Etat est objectivement une source sérieuse de dysfonctionnement institutionnel. Or force est de constater que les trois épisodes de divergence politique entre le chef de l'Etat et le Premier ministre n'ont pas entravé fondamentalement la bonne marche de l'Etat. La Constitution a su surmonter trois cohabitations très différentes. Le secret réside très certainement dans la souplesse de ses dispositions qui donnent lieu à des interprétations ouvertes au compromis. La personnalité et la responsabilité des dirigeants, soucieux de ne pas trop instrumentaliser les institutions au détriment d'un équilibre général, ont permis également le franchissement de ces étapes délicates. "Le premier qui tire est mort". Cette formule prêtée au président François Mitterrand est devenue une loi de la cohabitation, toujours observée en dépit d'une pertinence indémontrable.
L'interprétation politique des dispositions constitutionnelles est essentielle. Elle n'est pas unique. Elle doit composer avec la lecture qu'en font les juges. Cour de cassation, Conseil d'Etat et Conseil constitutionnel ont pris une part déterminante dans l'adaptation de la Constitution aux contextes politiques et juridiques qui s'imposaient à eux. Leur interprétation de la loi fondamentale et leur participation active à la transformation de notre ordre juridique, parfois critiquées, ont rarement été désavouées. La décision du 16 juillet 1971 du Conseil constitutionnel sonne comme le premier "big-bang constitutionnel" en transformant radicalement la mission du Conseil constitutionnel, aidé en cela par le constituant en 1974. De garant de l'autorité de l'exécutif, le Conseil s'érige en garant des droits et libertés, complétant l'action des juges judiciaires et administratifs.
Par ses interprétations au laser, ses censures ciblées, le juge constitutionnel français façonne la charte des droits fondamentaux des citoyens. De façon plus générale, en faisant prévaloir finalement la norme internationale et notamment communautaire dérivée sur les lois, les juges vont ébranler définitivement la loi et par-delà la fonction législative du Parlement. Désormais, le législateur est contraint de respecter les engagements internationaux auxquels la France est liée par sa seule volonté. Le rétablissement de la fonction législative du Parlement passe donc nécessairement par une présence marquée dès le stade de la préparation des actes communautaires. Le domaine de la protection des libertés n'est pas le seul domaine d'intervention des juges.
Pour s'en tenir aux juges ordinaires et à une courte évocation, la Cour de cassation a défini par exemple, à plusieurs reprises, les contours du régime de responsabilité pénale des ministres et du chef de l'Etat. Le Conseil d'Etat, pour sa part, a contribué à la présidentialisation du régime en validant l'appropriation par le Président de la République de compétences réglementaires remises normalement au Premier ministre. Mais l'action des juges n'est pas toujours exempte de critiques sévères.
Une VIe République, pour quoi faire?
Il y a une règle en matière constitutionnelle que chaque citoyen devrait connaître. Toute nouvelle Constitution n'est appliquée dans le sens voulu de ses initiateurs que le premier jour de sa promulgation. Dès le lendemain ses dispositions sont interprétées et celles-ci peuvent très fortement s'éloigner avec le temps des objectifs initiaux. Les IIIe et IVe Républiques ont été interprétées dans une direction sans réel rapport avec l'esprit qui a présidé à leur rédaction. Il faut s'en souvenir. Aussi vouloir une VIe République soulève de réelles interrogations. Tout d'abord quelle République, parlementaire ou présidentielle? Ensuite, quel intérêt de changer de régime dès lors que l'actuel assure la stabilité, but ultime de l'organisation des pouvoirs pour une protection maximale des libertés?
Certes, des corrections semblent indispensables. Certains mécanismes du parlementarisme rationalisé paraissent manifestement excessifs. Des insuffisances sont toujours criantes. Des anomalies majeures méritent d'être traitées au cœur comme l'égalité des chambres  en matière de révision constitutionnelle, mais autant dire que, solide sur ses fondamentaux, soumise à des interprétations responsables, ayant fait preuve à plusieurs reprises de sa faculté à franchir les obstacles, à s'adapter aux attentes des citoyens de plus en plus soucieux de leurs droits et libertés, la Constitution de 1958 est encore promise à de longues années
 
Anniversaire de la Constitution: Hollande fête un texte qu'il ne parvient pas à réviser
Le HuffPost | Par Geoffroy Clavel Publication: | Mis à jour: 03/10/2013 12h42 CEST
CONSTITUTION - Un anniversaire en grande pompe pour un président au bord du coup de pompe. Pour marquer le 55e anniversaire de la Constitution, Jean-Louis Debré, qui n'est autre que le fils du rédacteur de la Loi fondamentale en 1958, a eu l'idée d'inviter près de 200 ministres, anciens ou encore en fonction, pour une cérémonie au Conseil constitutionnel ce jeudi 3 octobre.
Les anciens présidents et anciens chefs de gouvernement ont également été conviés, même si Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac n'ont pas répondu présent. François Hollande, si. Il a même prononcé un discours durant lequel il a annoncé un projet de loi d'ici à la fin de l'année pour mettre en oeuvre le référendum d'initiative populaire. Et il a surtout vanté ce texte fondateur de la Ve République. "La Constitution de 1958 a fait la preuve de sa solidité et de sa plasticité", a expliqué le chef de l'Etat. Elle a en effet été révisée 24 fois en un demi siècle mais toujours pas par l'actuel locataire de l'Elysée qui, en dépit de tous ses efforts, ne parvient pas à amender
 
Un texte rafistolé 24 fois, dont 14 sous Chirac
Rédigée par Michel Debré en l'espace de trois mois, la Constitution du 4 octobre 1958, avait été taillée sur mesure pour De Gaulle, instaurant un monarque républicain. Mais les six présidents suivants se sont coulés aisément dans ce costume institutionnel, y compris son plus vif opposant François Mitterrand qui y fut probablement le plus à l'aise.
Combattu par l'extrême gauche et les écologistes qui réclament un régime parlementaire et une VIe République, la Constitution de 1958 bénéficie toujours de solides partisans partout ailleurs, y compris au Parti socialiste ou au Front national. Gages de "stabilité" des institutions après les remous de la IVe République, les qualités et originalités du texte sont connues: le principal est le système hybride autorisant à la fois un pouvoir présidentiel fort (renforcé par l'instauration du quinquennat) et un régime d'assemblée en cas de cohabitation.

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