La seconde vague des combattants sans tombe Pour une famille, comme pour une nation, « faire son deuil » nécessite de se recueillir autour du corps de celui qui est décédé et de participer à son inhumation (ou à sa crémation). En réclamant jour après jour le retour des corps des otages du 7 octobre, Israël illustre cette ardente obligation de la présence du corps. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, plus de 400 000 corps ne furent pas retrouvés. Les familles ont donc dû inventer des succédanés aux corps disparus. Ce fut la tombe du Soldat Inconnu sous l’Arc de Triomphe ; ce furent aussi les plaques en émail avec la photographie des combattants apposées sur les tombes familiales. Les combattants sans tombe furent au centre de la mémoire partagée des Français pendant des décennies. Le travail mené par l’association Soldis Algérie est le prolongement de cette mémoire nécessaire et volontaire. Aujourd’hui, une seconde vague de combattants sans tombe se développe. Celle des combattants « Morts pour la France », inhumés dans les tombes familiales et que les municipalités suppriment en raison du non-renouvellement des concessions. Terrible paradoxe. Alors que la découverte d’ossements sur un champ de bataille s’accompagne d’une mobilisation scientifique et mémorielle pour retrouver le nom du combattant et son histoire, jusqu’à reconstituer scientifiquement son visage dans certains cas, au même moment, les ossements de combattants « Morts pour la France » de 1914-1918 et de 1939-1945 mais aussi de la guerre d’Algérie, inhumés dans des tombes familiales dont la concession n'est pas renouvelée, rejoignent les ossuaires anonymes de nos cimetières communaux. Il est urgent de freiner la création d’une nouvelle génération de « combattants sans tombe ». Un défi mémoriel à relever ! Photo : Monument du Point X aux Éparges (Meuse). Serge BARCELLINI Contrôleur Général des Armées (2s) Président Général de l'association "Le Souvenir Français" Contact : communication@souvenir-francais.fr |