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DÉCOUVERTE

ACTUALITÉ

Un coffre-fort nazi de la Seconde Guerre mondiale découvert en Normandie

Par Anthony MOISSON
Le conseil départemental du Calvados a lancé, début juin 2020, des fouilles archéologiques dans la commune d’Englesqueville-la-Percée, entre Omaha Beach et la pointe du Hoc. Les Allemands y avaient construit une station radar. Les scientifiques y ont fait des découvertes sur l’organisation et l’aménagement de ce site de défense stratégique.
Pourquoi le département du Calvados a-t-il entrepris de faire des fouilles à Englesqueville-la-Percée, entre Omaha Beach et la Pointe du Hoc ?
« Le département a un vaste programme de véloroute sur le littoral, explique Sylvie Jacq, conseillère départementale en charge de l’archéologie. Nous travaillons sur un nouveau tronçon entre Vierville et Grandcamp-Maisy. » Après avoir fait l’acquisition des terrains et délimiter le tracé, des fouilles ont été demandées. « C’est l’occasion de découvrir des sites exceptionnels comme celui-là. »
« L’objectif est d’accompagner l’aménagement du territoire tout en prenant soin du patrimoine, dans un souci de préservation », indique Jean-Frédéric Jolimaître, maître d’ouvrage de la voie verte.
Une équipe de cinq personnes travaille sur le site des fouilles à Englesqueville-la-Percée. (Photo : Ouest-France)
Comment se déroulent les fouilles sur le site ?
Cinq archéologues du conseil départemental du Calvados ont entamé des fouilles, au début du mois de juin, en haut des falaises d’Englesqueville-la-Percée. Elles se poursuivent jusqu’à la semaine prochaine.
Le chantier est situé sur le tracé de la future véloroute, entre les falaises et les champs cultivés, sur une longueur de 250 mètres et large de 5 mètres. « L’archéologie permet de faire redécouvrir l’histoire de ce site oublié », se réjouit Vincent Hincker, archéologue en charge des fouilles.
Vincent Hincker, responsable du service archéologie du département du Calvados, est en charge des fouilles à Englesqueville-la-Percée. (Photo : Ouest-France)
Qu’est-ce que les archéologues ont trouvé à Englesqueville-la-Percée ?
Les archéologues ont découvert trois baraquements enterrés, datant de la Seconde Guerre mondiale. « Les seuls éléments qui subsistent. »
Grâce aux différents plans du site dont ils disposent, ils ont pu savoir à quoi ces constructions servaient, à l’époque. Des impacts de bombes, des tranchées et un local technique ont été découverts. Et surtout un coffre-fort allemand a été retrouvé dans un trou de bombe.
« Il y a des traces de fractures, d’impacts de balles et de coups de pied de biche. » Il a été forcé par les Américains, en 1944. « Il y aurait pu y avoir des documents stratégiques. » Aujourd’hui, il est vide.
Divers objets ont été retrouvés sur le site : le mode d’emploi des radars, des munitions, des produits d’hygiène, des bouteilles en verre ou encore de la vaisselle. (Photo : Ouest-France)
À quoi servait ce site installé en haut de la falaise ?
Ce site situé entre Utah beach et Omaha Beach permettait d’avoir une vue dégagée sur la mer de la Manche. C’est à cet endroit que les Allemands ont construit une station radar pendant la Seconde Guerre mondiale.
« C’est un point stratégique, où il y avait déjà un sémaphore, explique l’archéologue. Quatre grosses antennes ont été construites entre 1942 et 1944 pour repérer les avions et les navires alliés. » En juin 1944, 160 soldats allemands surveillaient les côtes sur le site.
Base en béton d’un des quatre radars encore visible dans les champs cultivés des environs. (Photo : Ouest-France)
Comment les alliés s’en sont emparés en juin 1944 ?
« Le site a été bombardé à deux reprises par les alliés au mois de mai 1944 », révèle Vincent Hincker. L’armée américaine veut absolument mettre la main sur ces radars. Lorsque les Rangers américains débarquent à Omaha Beach, une des quatre compagnies a pour mission de prendre la station.
Les Alliés ont en leur possession des plans faits par la Résistance et des photos d’espionnage. Ils prendront le contrôle du site le 7 juin. Des traces de combat ont été retrouvées par les archéologues. « Preuve que les gens se sont battus. »
Que vont devenir ces vestiges ?
Après les fouilles, ces vestiges seront recouverts pour permettre d’aménager la piste cyclable. « On conserve la mémoire du site, sans empêcher la construction, explique l’archéologue. Le passé ne peut pas être un prétexte pour ne pas accompagner l’avenir. »

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