Bonjour,
L'Amicale des Résistants et Maquisards du secteur Nord 1 des Côtes d'Armor (Armnarmor) vient d'écrire des textes sur La Mission Blavet, Yvon Jézéquel et Marie Thérèse Jolivet.
N’hésitez pas à me faire des commentaires.
Le secrétaire d’Armnarmor
(Il suffit de cliquez sur leur nom)
Provenance : Courrier pour Windows 10
https://docs.google.com/document/d/17VVc7QMuqx7YqcAXX0hUitydgEHUYFJTuWHYITSX-xc/edit
Marie Thérèse Jolivet née Mudès alias Mythée
Marie-Thérèse Mudès vit à Bégard avec sa mère Maria et ses deux frères alors âgés de 5 et 10 ans ainsi que sa grand-mère maternelle, veuve de la guerre 14-18 et dont le fils est mort à Verdun.
Bientôt madame Mudès reçoit cet avis: “ Par ordre de Vichy, nous vous supprimons toute délégation de solde, pour le motif suivant: le navire que commande votre mari, le Commandant Mudès, bas pavillon à Croix de Lorraine et est à ce titre considéré comme dissident, ainsi que sa famille”
Privée de la solde de son mari par le gouvernement de Vichy, ma mère se sépare de certains biens sans regrets inutiles. Marie-Thérèse suis des études de commerce.
“En juin 1940, toute la famille s'est mise à la disposition du Général”. Gaulliste du premier appel, son engagement dans la Résistance s’est imposé d'emblée “parce que mon père, capitaine au long-cours avait tout de suite répondu à l'appel de De Gaulle. On se devait, nous aussi, d'apporter notre contribution.
Elle est contactée par la Résistance. Désormais la jeune fille s'appellera “Mythée” dans la clandestinité. De 1942 à la libération, de Paimpol à Bégard en passant par Langoat, Marie-Thérèse, 17 ans en 1942, sillonne les routes du Trégor en évitant les barrages.
Ses missions sont multiples: elle devient secrétaire pour le maquis, elle tape à la machine pour les journaux clandestins locaux notamment pour “Le Patriote des Côtes du Nord”, elle est agent de liaison et de renseignement du réseau “ Blavet”: Elle transmet des tracts et des messages, elle participe aux transports d’armes d’un maquis à un autre, en particulier pour celui de Kerguiniou à Ploubezre.
Elle passe son brevet de secouriste, afin d'obtenir un Ausweis pour pouvoir circuler librement, même dans la zone côtière interdite grâce au petit fanion de la Croix-Rouge. “Cependant, il n'aurait pas fallu que l'on regarde de trop près le guidon et la pompe de ma bicyclette, bien souvent s’y cachaient des messages pour le Maquis”.
“Les Allemands m’ont arrêtée une fois parce que j’avais des bottes. Effectivement, j'y cachais le plus souvent mes messages et je ne sais même plus si le temps était à la pluie….. cette fois-là, je revenais de mission et mes bottes avaient déjà livré leurs secrets”. Son aplomb et son jeune âge eurent raison de la méfiance suscitée chez l'occupant.
Peur? “ Jamais! Mon patriotisme était le plus fort” Les mauvais souvenirs sont ceux des arrestations des camarades, surtout celles de mes cousins Simone et Yvon Jézéquel arrêtés à Lézardrieux puis déportés, ils ne sont jamais revenus. Le meilleur souvenir, c'est celui du retour de mon père, qui marquait aussi la fin de la guerre.”
Un de ses fabuleux souvenirs est le passage d'un avion Allié sous le pont de Lézardrieux pour attaquer l'escadre allemande qui faisait alors relâche dans le port et dont elle avait transmis le message par une des ramifications de son réseau “Blavet”
Témoignage de François Tassel
Les femmes Résistantes, peu nombreuses, étaient courageuses et conscientes du danger et du prix à payer si par malheur l'ennemi découvrait leurs activités. Bon nombre d'entre elles furent déportées, emprisonnées ou torturées, payant souvent de leur vie ou par des souffrances et des atrocités leur engagement pour la patrie.
Je me rappelle, bien sûr, de Mythée qui passait au travers des mailles du filet nazi en présentant l'Ausweis qui l’autorisait à circuler pour la Croix-Rouge dont elle faisait partie.
Dès le début de l'année 1943 et jusqu'à la libération de notre secteur venant de Bégard à bicyclette où elle servait sous les ordres de mes camarades les Capitaines Renard et Porchou, elle passait régulièrement au Maquis de Kerguiniou pour récupérer des tracts et des journaux clandestins dont elle assurait la distribution.
En qualité d'agent de Renseignements et de Liaison, lors de ses missions chez nous, elle portait aux destinataires désignés, les messages écrits ou verbaux que je lui confiais: Maquis, Responsables et autres Patriotes comme par exemple aux fermiers qui assuraient l'intendance des Maquis.
A partir de Kerguiniou, où nous cachions l'armement provenant des parachutages de Maël Plestivien et de Prat, elle avait parfois pour mission de porter des armes et leurs munitions aux Maquis de notre secteur.
Ces missions habituelles des agents de Liaison, toutes périlleuses demandaient de la part des exécutants de l'énergie, du sang-froid, de l'intuition et de l'initiative pour déjouer les obstacles éventuels.
Mythée faisait partie de ces personnes particulièrement attachées à la France-libre et à la stricte application de l'appel du Général De Gaulle.
Elle était discrète, prudente, dotée d'un sens aigu de l'action, elle connaissait parfaitement l'organisation de notre région. Pour ces raisons, je l'invitais lors de ses passages à Kerguiniou à participer, au près de moi et de mes adjoints, aux réunions concernant nos activités.
Mythée est décédée dans sa 88ème année le 28 juillet 2015