mardi 27 mars 2018

courage et générosité

Arnaud Beltrame

Le courage et la générosité


mardi 27 mars 2018


L’acte héroïque du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame suscite des réactions souvent bienvenues. Notamment celles d’intellectuels qui tentent de comprendre et de nous faire comprendre en quoi cet acte est admirable, comment il est significatif de ce qu’il y a de meilleur dans notre humanité. Deux intellectuels très différents d’inspiration, François-Xavier Bellamy dans Le Figaro et André Comte-Sponville dans Le Monde insistent sur la générosité sans laquelle le courage perd sa substance. Après tout, le terroriste était aussi doué d’une certaine forme de courage, mais dépourvu de cette générosité qui le qualifie au service de l’autre et des autres. Une générosité qui peut s’appeler aussi don de soi pour un plus grand service.


    Pourtant, il y a des liens incontestables entre la philosophie et la théologie, liens qu’un Thomas d’Aquin excellait à mettre en évidence. N’y a-t-il pas une relation étroite entre la notion de générosité et celle de bonté de Dieu définie comme diffusivum sui, effusion de soi-même. Ainsi la générosité serait-elle un synonyme de l’amour, du fait de la sortie de soi-même qu’elle suppose, non comme expression de puissance, mais désir de servir l’autre avec toute la force dont on est capable.
Il y a ainsi une générosité de l’amour qui implique non pas l’évasion dans une idée évanescente et même une dialectique ascendante à la manière platonicienne. Balthasar, le grand théologien, définissait l’amour divin en le distinguant de ces gnoses supérieures, en montrant que cet amour était de l’ordre de l’agir et de l’agir le plus concret. Et pourtant, cet agir le plus concret nous renvoie à ce qui nous dépasse infiniment, et que saint Paul nomme « folie et délire au yeux des hommes »

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