Samedi 24, la plaque renommant l'ancien square des Résistants de La Clarté, désormais Square Marie-Thérèse Jolivet (dite Mythé, nom de code durant la résistance) a été inaugurée en présence de sa fille Barbara Svilarich, et honoré des portes drapeaux et des associations.
Erven Léon a cité quelques hauts faits de résistance, mais aussi l'engagement de Marie-Thérèse Jolivet, née Mudès, après guerre auprès des associations patriotiques, « cette année, la ville de Perros-Guirec a rendu deux hommages à deux femmes remarquables, Simone Veil qui a donné son nom au parvis devant la mairie et Marie-Thérèse Jolivet. » Erven Léon et Barbara Svilarich ont ensuite déposé une gerbe au pied du monument dédié aux résistants.
Samedi 24 mars 2018
Perros-Guirec, Ploumanac’h, La Clarté
Aujourd’hui
Ce samedi, a lieu l’inauguration
officielle par monsieur le maire de Perros-Guirec Erven Leon d’une plaque
commémorative au nom de ma mère, Marie-Thérèse Jolivet , Square des Résistants,
devant le cimetière de La Clarté-Ploumanac’h, en présence de représentants des
associations patriotiques et des amis Ploumanachains.
Madame Louis JOLIVET, née Marie-Thérèse
Mudès,
Croix de Combattant Volontaire de la
Résistance
Croix de Combattant 39-45
Croix de Combattant avec insigne Libération
Croix d’Argent du Djébel
Tout commence lorsque son père, le
Commandant Fernand Mudès, capitaine de
la Marine marchande, était, selon la formule consacrée à l’époque,
« avec de Gaulle », car il avait rallié l’Angleterre et les Forces
Françaises Libres en juin 1940 avec son navire « Le Phryné », puis reçu le commandement d’un des plus
importants navires naviguant sous pavillon à Croix de Lorraine le S/S « Chateauroux »
le 1er novembre 1940.
Rien n’échappant à la vigilance de la
population d’un petit bourg breton : le jour même où la suppression de
toute délégation de solde et de toute allocation de son père est notifiée à sa
mère par une lettre du gouvernement de Vichy,
tout le groupe des résistants est au courant et s’indigne de voir ainsi sa mère
absolument privée de ressources avec ses trois enfants pendant cinq ans. Douée
d’une forte personnalité, volontaire et sûre d’elle, Marie-Thérèse allait avoir
18 ans lorsqu’elle est contactée en juin 42, par le groupe de Résistance formé
à Bégard – et c’est ainsi qu’elle s’engagea.
Son engagement s’est imposé d’emblée et
ce fut donc comme une évidence pour Marie-Thérèse de rejoindre ce groupe qui
lui demandait d’accepter de participer à l’action et c’est avec enthousiasme
qu’elle se lançait dans des missions de liaison entre différents maquis au sein
du réseau du « Blavet » puis du maquis de Kerguiniou avec François
Tassel , alias le commandant Gilbert, transportant
des documents compromettants dans les poignées de sa bicyclette ou sa pompe à
vélo, passant crânement à la barbe des Occupants, son intelligence n’ayant
d’égale que son ingéniosité pour déjouer les pièges tendus, de Bégard à Paimpol
en passant par Langouat, sillonnant toutes les routes du Trégor en évitant les
barrages, si jeune mais si Française et bretonne à la fois.
Marie-Thérèse était devenue
« Mythé » sur le terrain, La tête haute, le regard fier, elle passait
les barrages munie de son précieux
Ausweiss obtenu auprès de la Croix-Rouge, pas suffisant pour échapper
aux arrestations, certes, mais très utile, et il fallait faire attention car on
était espionné par la Gestapo locale et l’insécurité était grande.
Une fois « Mythé » est arrêtée
car elle porte ce jour-là des bottes alors qu’il fait beau : effectivement
elle y planquait souvent des messages…mais cette fois-là elle revenait de
mission et ses bottes avaient déjà livré leurs secrets !
Son patriotisme était plus fort que sa
peur !
Sa compensée c’est l’amitié fraternelle
de ses amis de la résistance du Trégor,
la réussite de missions difficiles, et enfin la déroute finale des
occupants,
Les mauvais souvenirs sont ceux
d’arrestations de camarades, surtout celles de ses cousins Simone et Yvon
Jézéquel arrêtés à Lézardrieux puis déportés et qu’elle ne reverra jamais. Le
meilleur souvenir celui du retour de son père qui marquait aussi la fin de la
guerre.
« Sans rancœur et sans rancune, même
si on n’oublie jamais ».
Pourtant la maison familiale est occupée
par un officier allemand et son ordonnance alors que la famille écoute en
cachette à la cave et en sourdine les messages de la B.B.C. diffusés
d’Angleterre, avec des phrases codées comme par exemple « le chapeau de
Napoléon est-il toujours à sa place ? » donnant le signal de l' insurrection générale
en Bretagne.
Nom de code,
appartenance à un réseau clandestin, une bicyclette bleue, autant d’images
d’Epinal qui ont bercé mon enfance…et qui font aujourd’hui ma fierté de voir
honorer son nom sur cette plaque commémorative en souvenir de sa participation
héroïque à une belle page d’Histoire tournée par certains vrais patriotes dans
la lutte contre les agresseurs allemands et la sauvegarde des libertés pour les
générations suivantes, car, en prenant les plus grands risques, les Résistants
ont contribué au triomphe d’un comb.at pour la sauvegarde des valeurs de la
France.
Et, pour terminer, je
citerai les mots du Général de Gaulle lors de son discours en hommage aux
Bretons rappelant que « leur
fidélité est aussi solide que le granit armoricain » .