lundi 27 mars 2023

LA MONTRE À MACRON

 

Mercredi dernier, lors de son entretien à la télévision, le président a retiré sa montre. Il n’en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux s’embrasent… Cet esprit « sans culotte » et ces déplorables passions tristes sont savamment entretenus par l’extrême gauche.


C’est un petit incident, qui était passé presque inaperçu pour tout le monde, lors de l’interview présidentielle du mercredi 22 mars à la télévision, au cours de laquelle Emmanuel Macron tentait d’apaiser les colères concernant la réforme des retraites. Au moment de parler des smicards, « qui n’ont jamais autant gagné de pouvoir d’achat », le président Macron aurait retiré sa montre de luxe, discrètement, sous la table. Le symbole était trop beau pour que médias d’extrême-gauche et députés de la Nupes n’embrayent pas. Sur Twitter, JLMTV-INFOS, « compte politique anti extrême droite et extrême finance », est de ceux à qui on ne la fait pas : « Oui, rien ne m’échappe face à ce menteur ! ». Très heureux d’avoir repéré ce moment de l’interview, le commissaire-priseur du net a même pu donner une estimation en direct: 80 000 euros.

L’ « information » fut ensuite relayée par Clémence Guetté, députée LFI élue dans le Val-de-Marne, mais aussi, ce qui est plus surprenant, par Gilbert Collard.

En France, il est risqué de montrer des objets de luxe, ils peuvent très vite prendre une valeur politique. Nicolas Sarkozy, lors du débat d’entre-deux-tours de 2007, avait laissé sa Rolex Daytona se balader ostensiblement le long de son poignet. Nicolas Domenach, dans Marianne, lança alors le concept de « droite bling bling ». La petite phrase de Jacques Séguéla n’arrangea pas les choses…

A lire aussi, Henri Beaumont: Sous les poubelles, la plage

On pourrait remonter plus loin encore avec l’affaire du collier de la reine, sombre histoire d’escroquerie autour d’un collier qui éclata en 1785, et qui éclaboussa Marie-Antoinette, bien malgré elle. Les libelles qui circulèrent à la suite de cette affaire préparèrent le terrain aux calomnies de la période révolutionnaire et du procès de 1793. On ne sait pas encore si Emmanuel et Brigitte Macron finiront dans quelques semaines à la Prison du Temple, attrapés alors que leur hélicoptère décollait à peine pour Baden-Baden. On voit en tout cas que l’extrême-gauche n’a aucun scrupule à exciter la jalousie et les passions tristes. Ce weekend, une image très marrante a circulé sur les réseaux sociaux, et participait de cet esprit. On y voyait un Macron affirmant avec suffisance : « Le changement d’heure, c’est pour permettre aux pauvres de connaitre le décalage horaire… »

Et les faits dans tout ça ? Premièrement, Emmanuel Macron retire sa montre non pas quand il évoque les smicards mais quand il évoque les blocages. Et surtout, il la retire quelques instants après s’être rendu compte qu’elle faisait du bruit en tapant sur la table. Quant à sa valeur… on apprend qu’il s’agit non pas d’une F.P. Journe mais d’une Bell&Ross, le modèle BRV 1-92, avec le cadran bleu et le bracelet noir, d’une valeur de 2 400 euros. N’est pas Julien Dray qui veut !

Trois jours après la naissance de la polémique, le tweet de Clémence Guetté, lui, n’a toujours pas été retiré.

 Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose...

dimanche 26 mars 2023

KOMPROMAT

 


L’homme qui a directement inspiré l’histoire du dernier thriller de Jérôme Salle confirme qu’il n’a pas été associé au film et qu’il ne l’apprécie pas

  • « Kompromat », de Jérôme Salle, est sorti mercredi. Gilles Lellouche y endosse le rôle principal.
  • Le film raconte, sans le citer, le complot dont aurait été victime Yoann Barbereau en Russie, puis sa cavale pour rejoindre la France.
  • Yoann Barbereau exprime sa distance envers le scénario, qu’il considère trop éloigné de sa véritable histoire, couchée dans un livre publié en 2020.

Il n’avait encore jamais pris la parole pour dire ce qu’il pensait du film et expliquer pourquoi l’équipe ne prononçait jamais son nom lors des opérations de promotion. Au surlendemain de la sortie en salles de Kompromat, dernier long-métrage du réalisateur Jérôme Salle, Yoann Barbereau, celui qui a directement inspiré ce thriller interprété par Gilles Lellouche dans le rôle principal, s’est exprimé sur les réseaux sociaux. « Ai-je été associé à l’élaboration de ce film ? Non. Est-ce une adaptation du livre que vous avez lu ? Non », confirme le Nantais, vraiment pas fan de la fiction plutôt musclée proposée aux spectateurs.

Kompromat raconte l’histoire d’un Français expatrié en Russie et accusé du jour au lendemain de pédophilie. Il s’agit en fait d’un complot organisé par les services secrets à base de faux documents afin de nuire à une personne pouvant être considérée comme un ennemi d’Etat. Arrêté et menacé d’une longue peine de prison, le héros n’a d’autre choix que de s’évader s’il souhaite avoir une chance de revoir la France.

Déçu par le scénario

C’est ce qui est arrivé à Yoann Barbereau, ex-directeur de l’Alliance française d’Irkoutsk, entre 2015 et 2017. Condamné fin 2016 par la justice russe à 15 ans de camp pour des actes à caractère sexuel sur sa propre fille, faits qu’il a toujours contestés, il avait réussi deux cavales consécutives, l’une pour rejoindre l’ambassade de France à Moscou, l’autre pour rallier la France par ses propres moyens. En 2020, il avait décrit son histoire dans un livre intitulé Dans les geôles de Sibérie. C’est la découverte de l’affaire, extrêmement médiatisée, qui a donné envie à Jérôme Salle de travailler sur ce film.

Mais le réalisateur et Barbereau ne sont pas parvenus à trouver un terrain d’entente. A l’instar de récentes critiques de presse et de lecteurs de son livre, le Nantais a été très déçu par certains raccourcis caricaturaux du scénario, regrettant notamment que l’attachement complexe qu’il porte au pays russe soit passé sous silence.



« La formule empesée “Ce film et ces personnages sont très librement inspirés de faits réels” donne une indication. Tout cela est loin de moi, diablement loin du livre, je ne parle pas seulement de points de détail ni de quelques faits vérifiables », écrit aujourd’hui Yoann Barbereau. « C’est un dur labeur que de parler contre le sot discours viriliste, contre ses tranchées, ses fictions puissantes faites de “camp occidental” et de “Russie éternelle” », poursuit-il.

Passionné d’art et de littérature, Yoann Barbereau, 44 ans, vit désormais dans le Finistère.





Dans son premier livre publié (Dans les geôles de Sibérie[1], en 2020), Yoann Barbereau donne quelques éléments de sa biographie. Il est l’aîné d’une famille de trois enfants, son père était professeur de tennis, sa mère éducatrice spécialisée en protection de l'enfance.

Il a grandi à Sainte-Luce-sur-Loire, près de Nantes. Il commence à écrire très tôt (des nouvelles, des débuts de roman), « mais avec l’inhibition de ceux qui ont beaucoup lu »[2].

Il étudie la philosophie à l’université de Nantes, puis à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne où il entreprend une thèse sur l’esthétique du philosophe américain John Dewey (L’art comme expérience). En 2003, rattrapé par ce qu’il nomme son « tropisme vers l’Est », il s’installe en Russie et contribue à fonder l’Alliance française de Rostov-sur-le-Don. Il organise des rencontres littéraires et artistiques, il monte une troupe de théâtre[3],[4]. De retour en France, il donne des cours d’histoire de l’art et d’histoire de la littérature, « il signe des textes pointus dans des revues exigeantes »[2]. Il a collaboré notamment avec Art Press, la Revue d’esthétique, la revue Nu(e), Place de la Sorbonne, Place publique[5],[6],[7],[8],[9],[10].

En 2011, il est nommé directeur de l’Alliance française d’Irkoutsk, en Sibérie orientale. Il devient alors contractuel du ministère des Affaires étrangères.

Le , sa vie bascule. Victime d’un kompromat[11], il est arrêté brutalement par des agents du FSB sous les yeux de sa fille et de son épouse russe. Faussement accusé d'avoir commis des actes pédocriminels, il est torturé et jeté en prison. Plus tard, il sera interné en hôpital psychiatrique puis assigné à résidence sous contrôle d’un bracelet électronique[12],[13].

Près de trois années plus tard, il parvient à rejoindre la France après une longue cavale et une double évasion rocambolesque. Il est interrogé par Élise Lucet sur le plateau de l'émission Envoyé spécial au lendemain de son retour[14]. De nombreux reportages lui sont consacrés dans les semaines et les mois qui suivent[15].

Le  paraît l'ouvrage Dans les geôles de Sibérie. Le livre connaît une large couverture médiatique et une des meilleures réceptions critiques de la rentrée littéraire de [16],[17],[18],[19]. Traduit dans plusieurs langues, il rencontre un large public (Livres Hebdo le classe parmi les « phénomènes de vente »)[20] puis sort en poche chez Gallimard en 2021. Quelques mois plus tard, les éditions Joca Seria publient le Journal de prison du poète russe Igor Gouberman, traduit par Yoann Barbereau lors de sa détention[21].

En avril 2020, le tribunal administratif condamne l’État français à indemniser Yoann Barbereau pour les préjudices qu'il a subis, faute d'avoir assuré la protection de son agent en l'absence de faute personnelle de celui-ci[22].

Après son évasion de Russie, Yoann Barbereau est visé par une notice rouge d'Interpol, que l’organisation de coopération policière internationale annule en août 2020, relevant le caractère politique et manipulatoire de la procédure judiciaire russe[23].

Le livre audio Dans les geôles de Sibérie, lu par l’auteur, paraît au mois de février 2021[24]. Une version Folio (Gallimard) paraît en avril 2021[25].

Dans un arrêt du 20 juillet 2021, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) condamne la Russie et constate la violation de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales dans la procédure opposant Yoann Barbereau à l’État russe [26],[27],[28].

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