PORTRAIT - Un parcours chaotique, un bras en moins… Cela n’a pas empêché cet artiste multidisciplinaire de se faire une place au soleil. Il a été une des figures de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques.
RÉCIT - Sur les Champs-Élysées et la place de la Concorde, le spectacle d'ouverture chorégraphié par Alexander Ekman a magnifié la puissance des corps.
ENTRETIEN - Le grand historien britannique Antony Beevor publie une nouvelle édition de son ouvrage de référence sur Paris au lendemain de l’Occupation, où il bouscule de nombreuses idées reçues. Quatre-vingts ans après, il rappelle comment sont nés les mythes gaulliste et communiste sur la Libération et combien les événements de l’été 1944 pesèrent sur nos rapports à venir ambigus avec les Américains.
" On avait tous en nous quelque chose d’Alain Delon. On a tous en mémoire, associés à ce géant du grand écran qui a traversé les décennies avec la souplesse d’un guépard, une image, un mot, un regard, une expression, un souvenir, une émotion. Pour les uns, c’était la beauté sauvage et irradiante du comédien révélé dans les années 1960 grâce aux caméras de Visconti, Losey et Clément. Pour les autres, c’était l’acteur confirmé, volontiers taiseux et énigmatique, aristocratique, presque lointain, saisi par Melville et Verneuil. Pour d’autres encore, c’était le flic redresseur de torts, sauvant et vengeant la veuve et l’orphelin plus souvent qu’à son tour.
Mais Delon parlait à tous les Français parce qu’il était plus que ses personnages au cinéma : un tempérament, une gueule, une parole libre, un esprit d’aventure, des engagements audacieux, des relations extravagantes, une arrogance assumée. Il était aussi un homme, tout simplement, avec ses failles et ses fulgurances ; un fils démuni qui avait trouvé chez ses mentors du septième art des pères de substitution ; un amoureux tour à tour transi et intransigeant ; un père de famille imparfait, qui n’avait pas su fonder un clan uni comme son rival et frère de pellicule Jean-Paul Belmondo (en témoignent les récents et tristes conflits opposant ses deux fils Anthony et Alain-Fabien à sa fille Anouchka) ; un ami exigeant ; un chef d’entreprise plus ou moins avisé ; un collectionneur éclectique ; un lecteur attentif. On admirait avec une distance respectueuse son talent hors norme et son jeu unique, mais on se sentait proches de lui dans ses erreurs et ses errements, qui disaient sa sincérité et le rendaient tendre, touchant, humain, trop humain. Dans sa recherche éperdue de l’amour du public, des femmes ou des siens, il nous ressemblait, sublimant sur grand écran les sentiments communs qui nous habitent.
On a tous en nous, pour toujours, quelque chose d’Alain Delon.
Le samouraï est mort "
Jean-Christophe Buisson
Directeur adjoint du Figaro magazine
dimanche 18 août 2024
Ce soir à la télé : notre sélection du dimanche 18 août
Mort d’Alain Delon oblige, les chaînes bousculent leurs programmes pour lui rendre hommage ce dimanche. Sinon, de la musique bretonne ou une plongée dans l’incendie catastrophique de Notre-Dame de Paris, à vous de trancher.
Avec Le Samouraï, de Jean-Pierre Melville, Delon impressionne la pellicule comme jamais, dans cette histoire d’hommes, de narcissisme morbide. Puis changement d’ambiance avec La Piscine et ses deux félins qui s’aiment en plein soleil, se guettent, se toisent, se caressent et se griffent au bord du bassin… Un drame de la jalousie construit à la perfection par Jacques Deray.
À 21h05 sur France 2. Le Samouraï, de Jean-Pierre Melville (1967). 1h41 Suivi à 22h55 de La Piscine, de Jacques Deray (1969). 2h02