samedi 27 mai 2023

PALME D'OR CANNES 2023

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CANNES 2023: LA PALME D'OR ATTRIBUÉE À "ANATOMIE D'UNE CHUTE" DE JUSTINE TRIET

La Française Justine Triet a remporté samedi la Palme d'or à Cannes pour "Anatomie d'une chute", devenant la troisième réalisatrice sacrée de l'histoire du Festival.
La 76e édition du festival de Cannes s'est achevée ce samedi, dévoilant son palmarès dans la soirée. La Française Justine Triet a remporté la Palme d'or pour son film "Anatomie d'une chute".
Samedi soir, France 2 arrive en tête des audiences avec la cérémonie de clôture du Festival de Cannes de 20h30 à 21h50. Chiara Mastroianni, la maîtresse de cérémonie, et Ruben Ostlund, le président du jury, ont révélé le palmarès de cette 76e édition devant 3,16 millions de cinéphiles. La remise de la palme d'or à Justine Triet, pour son film "Anatomie d'une chute", recueille ainsi une part d'audience de 20% auprès des quatre ans et plus. Le concert "Cannes chante le cinéma", avec les principaux artistes de la scène française, a fédéré 1,18 million de téléspectateurs (7,6% 4+) de 21h50 à 23h25.
L'an dernier, la Cérémonie du palmarès avait attiré 3,23 millions de festivaliers, soit 17,4% du public.


Et le chien MESSY récompensé par la DOGPALM

C'est le border collie Snoop du film Anatomie d'une chute de Justine Triet qui a remporté le fameux prix de la Palm Dog 2023. Le chien est très présent dans ce film de la réalisatrice française car il est le compagnon d'un petit garçon malvoyant. Il a notamment impressionné le jury dans une scène où il parait malade... Quel acteur ! 

Ce film, présenté dimanche 21 mai, montre le procès de Sandra, accusé du meurtre de son mari, décédé un an plus tôt dans leur maison isolée à la montagne. Leur fils malvoyant assiste à ce procès où il voit le couple de ses parents disséqué en public.


Palmarès

Festival de Cannes : «Anatomie d’une chute», on se pâme pour la palme

Joie ! Le jury présidé par Ruben Ostlund a remis la palme d’or à Justine Triet pour son brillant long métrage. Le grand prix va à «The Zone of Interest» de Jonathan Glazer. Deux films aux antipodes du rapport possible entre le cinéma et la vie.
par Luc ChesselElisabeth Franck-DumasMarie KlockOlivier LammSandra Onana et Didier Péron
publié le 27 mai 2023 à 21h24

Ruben, tu nous as bien eus, tout est pardonné ! Complètement dingue, un miracle, on l’avait demandé et on l’a eu. Justine Triet et son Anatomie d’une chute décrochent la récompense suprême. Soit très exactement le film le plus honnête, brillant et bouleversant de cette édition souvent brouillonne et désaccordée dans ses propositions de cinémas les plus hétérogènes, entre vieux briscards et gestes conceptuels. A 44 ans, Triet est la plus grande cinéaste française en ce moment et ce depuis la découverte à Cannes de sa Bataille de Solférino, dans la petite sélection off de l’Acid, suivi par Victoria à la Semaine de la critique et Sibyl, déjà présenté en compétition. On ne peut que féliciter le jury mené par le Suédois Ruben Ostlund pour ce choix, et c’est bien la preuve qu’un cinéaste avec lequel on n’a pas d’affinités de point de vue peut nous combler au-delà de tout en décernant une nouvelle palme d’or française à une réalisatrice, deux ans seulement après le couronnement du Titane de Julia Ducournau, par ailleurs membre de ce jury avisé.

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Anatomie d’une chute a remporté ce samedi la Palme d'or du 76e festival de Cannes. Le film de la Française Justine Triet succède à Ruben Östlund, réalisateur de "Sans filtre".

Il s'agit de la dixième Palme d'or pour un film français, et Justine Triet devient la troisième réalisatrice sacrée de l'histoire du Festival. La cinéaste de 44 ans succède à Jane Campion ("La leçon de piano", 1993) et Julia Ducournau ("Titane", 2021), confirmant le lent mouvement vers l'égalité dans une industrie du cinéma historiquement dominée par les hommes.

Discours engagé contre la réforme des retraites

En recevant son prix, la cinéaste a vivement dénoncé la façon dont le gouvernement français a "nié de façon choquante" le mouvement contre la réforme des retraites. "Ce schéma de pouvoir dominateur, de plus en plus décomplexé, éclate dans plusieurs domaines", a-t-elle ajouté, estimant que le pouvoir cherchait aussi à "casser l'exception culturelle sans laquelle (elle) ne serait pas là aujourd'hui". En réponse, la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak s'est dit "estomaquée" par le discours de la réalisatrice.

Justine Triet accède au sommet du cinéma après quatre films, dont "Sibyl", déjà sélectionné à Cannes et autant de portraits de femmes.

CULTURE ET IDÉES PARTI PRIS

 

La Macronie au monde de la culture : sois subventionné et tais-toi

S’en prendre à la liberté de parole de la culture, ainsi que s’y emploie la ministre Rima Abdul-Malak pour satisfaire son employeur élyséen, c’est menacer un contre-pouvoir essentiel. C’est saper la démocratie au nom de l’autorité. Tel un Druon sous Pompidou.

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La ministre de la culture, Rima Abdul-Malak, prétend complaire à son patron : l’Élysée. Et elle voudrait qu’une telle attitude servile – qu’on appelle loyauté en politique – ruisselât davantage. Alors elle donne des gages en donnant des leçons, telle une cheffe régisseuse houspillant les troupes.

Nous avions eu droit à l’épisode de la 34e nuit des Molières, le 24 avril dernier. La ministre fut interpellée par deux artistes de la CGT, Toufan Manoutcheri, comédienne, et Lucie Astier, circassienne, à propos de la réforme des retraites et des protestations populaires qui s’ensuivaient.

« Les acteurs ne sont pas des chiens ! », lancèrent-elles en citant Gérard Philipe, avant de s’écrier : « Et vive les casserolades ! » Le tout non sans avoir reproché à la locataire de la Rue de Valois sa passivité : « Quand est-ce que vous allez vous décider à sortir de votre silence ? »

Qu’à cela ne tînt, quelque microphone miraculeusement mis à sa disposition permit à Rima Abdul-Malak de riposter, dans la foulée, de vive voix : « D’habitude, le rôle du ministre, c’est de rester assis à ne rien dire. Mais, là, c’est pas possible. »

© Destination Ciné

La presse d’industrie, conformiste et normative, applaudit à grands cris. La palme d’or revenant à Télérama : « Rima Abdul-Malak n’a pas flanché [...]. Elle a osé sortir de postures convenues [...]. Beau coup d’éclat [...]. Intervention courageuse, offensive [...]. Elle s’est levée dans la salle médusée pour répondre avec cran et panache. »

Observons que le mot « panache » fut aussitôt employé par l’Élysée, comme le notait Le Parisien dès le lendemain de la cérémonie des Molières, le 25 avril : « On ne manque pas de [le] souligner ce mardi dans l’entourage du président de la République. “Ça ne manquait pas de panache, estime-t-on. Elle a pris un vrai risque et aurait pu se faire huer, mais elle a été applaudie. C’est loin de l’image d’un secteur culturel qui en voudrait terriblement au gouvernement sur la politique menée ces dernières années.” »

Forte de son succès rencontré grâce au micro complice et à une presse complaisante, Rima Abdul-Malak a tenté de rejouer la scène, sur Twitter, samedi 27 mai au soir, à la suite du discours critique de la récipiendaire de la Palme d’or au titre qui fait tilt – Anatomie d’une chute : la cinéaste Justine Triet, vent debout contre la réforme des retraites et la répression gouvernementale à l’endroit du mouvement de protestation populaire « nié de façon choquante ».

La morale du gazouillis ministériel ? On ne mord pas dans la main qui vous nourrit, ne l’oublions pas. En attendant le renfort de la presse aux ordres, de petits faisans de la galaxie macronienne ont imprimé la cadence libérale-autoritariste sur les réseaux sociaux : ici Roland Lescure (qui a parlé d’« ingratitude »), là Prisca Thévenot (qui a fustigé une « rébellion de salon »)...

La palme revenant cette fois au député de la minorité présidentielle Guillaume Kasbarian, président de la commission des affaires économiques : « Ce petit microcosme, biberonné aux aides publiques comme jamais, qui fustige une politique “néo-libérale” au Festival de Cannes. Il est peut-être temps d’arrêter de distribuer autant d’aides à ceux qui n’ont aucune conscience de ce qu’ils coûtent aux contribuables. »

La régression politique et démocratique s’avère patente, ainsi que le relève l’écrivain Nicolas Mathieu sur Instagram. L’argent public n’est pas celui du gouvernement, l’exécutif n’est pas un comité de direction et « la main qui nourrit les artistes n’est pas la vôtre. C’est celle de la communauté nationale ».

« Une sébile dans une main et un cocktail Molotov dans l’autre »

Pour mesurer ce retour en arrière vers les ténèbres pompidoliennes que nous imposent le fringant président Macron et ses équipes sémillantes, il suffit de se souvenir d’un épisode intervenu voilà très exactement un demi-siècle, en mai 1973.

À l’époque, le ministre des affaires culturelles (il fut le dernier à porter ce titre malrucien), Maurice Druon, donna à l’Agence France-Presse un entretien dans lequel il prononça une phrase infâme devenue fameuse : « Les gens qui viennent à la porte de ce ministère avec une sébile dans une main et un cocktail Molotov dans l’autre devront choisir. »

Comme le montre la vidéo ci-dessous, Maurice Druon – co-auteur avec son oncle Joseph Kessel des paroles du Chant des partisans, à Londres, en mai 1943 –, allait justifier à la tribune de l’Assemblée nationale ses propos tenant du chantage : pas d’argent pour les contestataires, la culture ne saurait s’affranchir de la reconnaissance du ventre, nous saurons acheter le silence dans les rangs...

23 mai 1973 : déclaration de Maurice Druon, ministre des affaires culturelles, justifiant ses propos sur la sébile et le cocktail Molotov : « Que l'on ne compte pas sur moi pour subventionner les moyens d'expression pour lutter contre le pouvoir. » © INA Politique

Maurice Druon, interrogé à ce sujet voilà une quinzaine d'années pour « Jeux d’archives », une émission de France Culture, affirmait, l’œil encore reconnaissant à l’instance supérieure qui l’avait nommé, que le président Pompidou, en marge de l’entretien à l’AFP qui lui avait été soumis avant publication, inscrivit « très bien » au stylo rouge à propos de la fameuse petite phrase sur la sébile et le cocktail Molotov.

Rima Abdul-Malak, en service commandé – pour justifier auprès de son maître élyséen d’être passée du stade de conseillère au rang de ministre –, se « druonise » sous nos yeux. Anatomie d’une chute...

L’audace Ardisson

  ‍ Nicolas Charbonneau Directeur des rédactions Il y a parfois de simples animateurs télé et puis il y a des personnalités dont on se souvi...