Depuis 1901, un prix Nobel récompense chaque année en Suède une personnalité "ayant apporté le plus grand bénéfice à l'humanité". Il existe beaucoup d’informations farfelues au sujet du Nobel. Qu’il n'y a pas de prix Nobel de mathématique par exemple (une discipline qui ne peut sans doute pas bénéficier à l’humanité), que ce qu’on appelle le Nobel d’économie n’en est pas vraiment un car il est remis par la banque de Suède, ou encore que le prix Nobel de la paix est remis en Norvège. Mais se rappelle-t-on de ce qu’Alfred Nobel, lui, a apporté à l’humanité ?
Après un après-midi houleux, la soirée l’a été tout autant. Vers 2h du matin, Gabriel Attal était-il fatigué quand il a perdu ses nerfs ? Le ministre des Comptes publics était surtout fatigué de perdre visiblement. Ainsi le gouvernement a-t-il eu un avant-goût du débat sur le budget mouvementé qui l'attend à partir de ce mercredi à l'Assemblée, l'opposition ayant détricoté le projet de loi de programmation budgétaire 2023-2027 avec le rejet de plusieurs articles clé. Sept sur 26 plus précisément ont été rejetés, un huitième ayant purement et simplement été supprimé par les députés. «Ce qui s'est passé ici ce soir est grave !», s'est indigné Attal au terme du débat dans un tumulte général. Un passage isolé par LCP. «Le message qui a été envoyé, c'est qu'une coalition de l'irresponsabilité a renvoyé l'image d'un pays qui est incapable de se fixer comme objectif de maîtriser sa dépense publique», s'est-il emporté, furieux. «Vous n'avez pas, monsieur le ministre, le droit de traiter les députés d'irresponsables», lui a répondu le patron des députés communistes André Chassaigne, ajoutant : «Vous vous comportez comme un insolent qui ne respecte pas la représentation nationale.»«Ce ne sont pas l'intégralité des oppositions qui ont tort, c'est évidemment vous qui avez tort», a rajouté dans le même sens la présidente du groupe RN Marine Le Pen. «Vous n'avez pas de leçon à nous donner !», s'est à son tour agacée la députée LR Véronique Louwagie. Le texte doit désormais être voté dans son intégralité le 25 octobre avant d’aller voir si l’herbe est plus bleue pour le gouvernement au Sénat.
On ne sait pas exactement quand il est né, en revanche la date de sa mort est connue.Piero della Francesca quittait ce monde le 12 octobre 1492, pas loin de Florence. Artiste mais pas seulement – il était aussi mathématicien –, il fut l'un des grands peintres de la Renaissance italienne. Ses œuvres manifestent une recherche de la perspective (dont il était un vrai maître, comme de la géométrie euclidienne). CetteAnnonciation –détail duPolyptyque de Sant'Antoniode Pérouse – en est un joli exemple.
Annonciation (détail du Polyptyque de Sant'Antonio à Pérouse) , de Piero della Francesca
Plongeant ses racines dans une prise de conscience collective - et progressive - des enjeux liés à l'écologie au début des années 1970, Soleil Vert s'inscrit aussi dans le courant de ces œuvres désenchantées, et en particulier les œuvres de science-fiction, produites à cette époque aux Etats-Unis.
Un pays alors plongé en plein doute et marasme économique, dont la confiance envers la politique est sévèrement ébranlée avec le scandale du Watergate qui aboutira en 1974 à la démission du président Richard Nixon.
C'est aussi un pays encore meurtri par la guerre du Viêtnam. Le doute, l'angoisse face à l'avenir. L'American Way of Life, si cher au cœur et aux yeux des Américains, est-il toujours possible ? Au cinéma, outre les thrillers conspirationnistes, les films catastrophes et de SF anxiogènes ont le vent en poupe : L'âge de cristal, New York ne répond plus, Le Survivant (déjà avec Charlton Heston), Rollerball ou le sport ultra violent qui sert d'exutoire à une société en manque de sensations fortes, Mondwest...
Les lendemains qui déchantent sont ainsi fréquents dans la science-fiction ; un genre qui par définition reflète nos peurs face aux changements sociaux ou technologiques. Dans Soleil Vert, le cataclysme arrive par érosion : la fin du monde par disparition d'un élément essentiel à notre existence, en l'occurrence l'eau et la nourriture. Mais l'agonie de l'espèce humaine est lente et progressive - comme le souligne d'ailleurs l'extraordinaire générique d'ouverture -, le temps nécessaire pour épuiser les ressources de la planète.
UN JUGEMENT SÉVÈRE SUR NOTRE SOCIÉTÉ
Le genre apocalyptique apparaît comme un moyen de porter un jugement - souvent sévère - sur notre société. A l'époque de la sortie du film, certaines critiques reprochèrent à Richard Fleischer d'avoir inclus trop d'éléments contemporains, à commencer par le mobilier luxueux - et très seventies - de l'appartement de Simonson. En somme, de ne pas livrer un film de SF assez intemporel, dans la veine de ce que fit brillamment Kubrick avec 2001 : l'odyssée de l'espace.
Mais c'était ne pas comprendre la démarche de Fleischer, qui souhaitait au contraire établir une franche proximité avec le spectateur, le faire réagir et le révulser devant la société qu'il dépeint, dans laquelle les hommes en sont réduits à n'être qu'une simple statistique et traités comme du bétail, juste bons à être envoyés à l'abattoir. Quand ils ne sont pas occupés à s'entre-dévorer.
La scène des émeutes d'une population affamée, privée de soleil vert et littéralement ramassée par des pelleteuses, est à ce titre on ne peut plus éloquente. Une séquence atroce, qui souligne l'insignifiance de l'individu dans une société exsangue et en ruine.
Pour rendre crédible son propos, le réalisateur s'était d'ailleurs adjoint les services du Professeur Franck R. Bowerman, enseignant à la South California University, président de l'American Academy for Environmental Protection.
LES TRAVAUX DU CLUB DE ROME
En fait, l'impact du film et les discussions autour du débat sur l'écologie furent nettement amplifiés par le célèbre rapport du Club de Rome, intitulé Halte à la croissance. Un groupe de réflexion créé en 1968 réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de 53 pays, préoccupés des problèmes complexes auxquels doivent faire face toutes les sociétés, tant industrialisées qu'en développement.
"Les prix des denrées augmentent de telle sorte que les plus démunis mourront de faim ; d’autres, moins défavorisés, seront amenés à n’utiliser qu’une partie réduite de la terre disponible en se contentant de produits médiocres..." peut-on y lire dans le rapport publié en 1972.
"Le monde s’est donné pour objectif d’accroître la population et le niveau de vie matériel de chaque individu... Si les sociétés continuent à poursuivre cet objectif, elles ne manqueront pas d’atteindre l’une ou l’autre des nombreuses limites critiques inhérentes à notre écosystème". Ce livre eut, dans le monde entier, un impact considérable : s’appuyant en particulier sur l’épuisement des ressources naturelles, il proposait de passer de l’état de croissance à l’état d’équilibre.
Dans une remarquable étude publiée en 1998 et baptisée Géopolitique des ressources naturelles : prospectives 2020, l'historien et économiste français Philippe Chalmin écrivait à ce propos : "peu d’ouvrages de prospective auront bénéficié après leur parution d’une telle convergence d’événements confortant leur thèse. En 1972, ce furent en effet les premiers achats russes de céréales, la flambée des cours à Chicago et le début de ce qu’Henry Kissinger appela l’ "arme alimentaire".
En 1973, il y eut la guerre du Kippour et la prise de contrôle du marché pétrolier par l’OPEP ; il y eut aussi l’embargo américain sur les exportations de soja, les débuts du cartel des phosphates. En 1974, ce fut la crise du sucre... L’analyse pessimiste du Club de Rome se confirmait : le monde allait manquer de matières premières ou d’énergie, et le pouvoir sur les marchés appartenait désormais aux producteurs".
DES ANALYSES PLUS QUE JAMAIS D'ACTUALITÉ
Si les fameuses analyses du Club de Rome ont été par la suite tempérées, elles sont malheureusement plus que jamais sous le feu d'une brûlante actualité ; à l'heure où les aléas climatiques, la raréfaction des ressources, les déforestations massives, pour ne citer que cette poignée d'exemples, ont des conséquences cataclysmiques.
Une étude tout juste publiée par la World Weather Attribution (WWA), initiative internationale destinée à déterminer et analyser l’influence du changement climatique sur les phénomènes météorologiques extrêmes, vient d'ailleurs de préciser que le changement climatique est à l'origine de la sécheresse extrême observée cet été dans l'hémisphère Nord.
Un phénomène susceptible de se produire au moins une fois tous les 20 ans : "Si les humains n’avaient pas réchauffé la planète, la sécheresse agricole dans l’hémisphère Nord aurait seulement été attendue une fois tous les quatre cents ans environ, voire moins souvent ; et environ une fois tous les soixante à quatre-vingt ans en Europe".
Aujourd'hui, jamais l'écart entre riches et pauvres n'a été aussi important. 828 millions (source : ONU - PAM) de personnes dans le monde ne mangent pas à leur faim. Les guerres pour le contrôle des ressources - en particulier les plus fondamentales comme l'eau - n'ont jamais été aussi présentes tandis que les sociétés sont de plus en plus sensibilisées à la chasse aux gaspillages. Jamais la surconsommation et la surproduction n'ont autant été au cœur de l'actualité.
Dans un croisement du calendrier, alors qu'auront lieu cet automne la COP27 sur le climat en Egypte, et la COP15 sur la biodiversité au Canada, on célèbre aussi les 50 ans du fameux rapport Halte à la croissance, autrement connu sous le nom de Rapport Meadows.
L'un des auteurs de ce rapport fondamental, Jorgen Randers, décrivait justement il y a quelques jours, dans les colonnes du journal Libération, les scénarios désormais possibles. Le constat, lui, est sans appel : "la réponse du monde à notre avertissement a été et est toujours bien trop timide".
"Depuis 1972, le monde a continué à accroître son empreinte écologique, c’est-à-dire la surface de terre nécessaire pour fournir les ressources (céréales, fourrage, bois, poisson et surfaces urbaines) et absorber les émissions de GES [gaz à effet de serre] de la société mondiale. De sorte que l’humanité a dépassé les limites de la capacité de charge de la planète et s’aventure toujours plus loin en territoire non durable.
C’est en matière de climat que c’est le plus évident. Mais nous n’avons pas encore fait l’expérience d’un effondrement du type de celui que nous avons décrit dans notre rapport de 1972. A l’époque, nous avions estimé que l’effondrement global surviendrait entre 2020 et 2060, nous ne sommes pas encore arrivés à ce point".
Si les experts écartent un effondrement global rapide, "dans beaucoup d’endroits, cela mènera à des effondrements sociaux localisés. Comme au Pakistan aujourd’hui, qui est un bon exemple d’effondrement local causé par la destruction de l’environnement. Nous venons de publier le rapport anniversaire des 50 ans, baptisé Earth for all : A Survival Guide for Humanity.
Nous y écrivons qu’au cours des cinquante prochaines années, nous allons évoluer vers de plus en plus de dommages climatiques. Mais cela ne sera pas perçu comme étant une seule et même catastrophe mondiale.
Ce qui va se passer, c’est que nous aurons de plus en plus d’Etats défaillants, de ruptures locales comme en Somalie ou en Afghanistan etc, où les sociétés cessent de fonctionner, souvent à cause de raisons environnementales. Donc nous parlons d’effondrements sociaux localisés, par opposition à un effondrement environnemental mondial".
En 2013, l'ONU estimait que nous serons entre 9 et 10 milliards d'habitants, dans moins d'un siècle. Au rythme des pollutions massives, de la destruction de l'environnement et de la surexploitation des sols, espérons que les générations futures n'auront pas à se nourrir de Soleil vert.
Reste qu'aux Etats-Unis, une loi promulguée en 2019 autorise déjà la transformation des corps humains en engrais. Un peu plus près, encore, du scénario apocalyptique du chef-d’œuvre terrifiant de Richard Fleischer, qui gagnerait certainement à être désormais rangé au rayon des documentaires plutôt que la science-fiction...
mardi 11 octobre 2022
"C'est une crise inédite" : les Côtes-d'Armor bientôt privées d'eau potable ?
Le département pourrait être en rupture d'eau potable d'ici quelques semaines, alerte la préfecture. Une situation "inédite" qui interpelle sur notre politique de l'eau.
Depuis la mi-août les Côtes-d'Armor vivent au régime sec. Le département est placé en "crise sécheresse", et connaît d'importantes restrictions sur l'utilisation de l'eau. Or, malgré la fin de l'été, la situation ne s'améliore pas : le 26 septembre 2022, la Préfecture des Côtes-d'Armor s'est alarmée, d'"un risque sérieux de rupture de l'alimentation en eau potable (...) pour les dernières semaines d'octobre".
Des pluies insuffisantes, la canicule estivale et l'utilisation de la ressource font peser une nouvelle menace sur le département. L'association Eaux et rivières de Bretagne alerte depuis plusieurs années sur ces problématiques de gestion de l'eau dans la région. Dominique Le Goux, animatrice de l'association pour les Côtes-d'Armor et chargée de mission santé-environnement, explique pourquoi cette crise représente une forme de "rupture" pour les populations et les activités économiques du département, et appelle à un changement global de notre politique de l'eau.
L'Express : Une sécheresse qui mène à un manque d'eau potable probable en Bretagne, cela peut étonner, comment expliquer une telle situation ?
Dominique Le Goux : Il est vrai que dans l'imaginaire collectif mais dans la réalité aussi, on habite une région ou des pluies tombent plutôt régulièrement. La Bretagne et les Côtes-d'Armor, puisent principalement l'eau potable dans des ressources superficielles, soit directement dans les rivières, soit par l'intermédiaire de barrages qui sont de toute façon alimentés par une rivière. Or, depuis plusieurs mois nous sommes en déficit de pluviométrie. Quand les pluies ne tombent plus, les cours d'eau diminuent et si les niveaux de consommation d'eau que l'on connaît perdurent, on arrive à des situations comme celle à laquelle on est confronté aujourd'hui : les niveaux des barrages sont très bas, mais celui des cours d'eau aussi, ce qui fait que les barrages ne peuvent se remplir et que l'on craint de ne plus avoir d'eau potable.
Une telle tension sur la ressource, voire une coupure de l'eau potable c'est inédit ?
D'après les projections de la préfecture, le niveau des barrages permet pour le moment d'avoir de l'eau pour trois semaines, ensuite il est beaucoup moins certain que cette ressource suffise pour l'alimentation en eau potable. Donc, oui, c'est inédit. Ça a même été l'une des conclusions des services de la préfecture qui disait n'avoir jamais connu cela. L'alerte est malheureusement justifiée : cet été on a observé une concomitance des chaleurs et de la sécheresse, on a consommé beaucoup d'eau avec les canicules à répétition alors qu'on était déjà en déficit hydrologique.
Désormais, non seulement, nos rivières souterraines sont très basses mais les forages en eaux souterraines décrochent eux aussi complètement, c'est-à-dire qu'ils ne sont plus du tout en capacité de fournir de l'eau. La situation est telle que pour certains prélèvements on est contraint de faire des dérogations au débit réservé des rivières, soit le volume d'eau que l'on doit conserver pour permettre à la vie aquatique de s'épanouir. Donc on sacrifie aussi les milieux naturels pour pouvoir poursuivre l'alimentation en eau potable de la population.
Est-on en mesure de connaître l'efficacité des mesures actuellement mises en place ?
Comme dans d'autres départements, on a des arrêtés-cadres sécheresse, qui sont là pour tenter de réguler ces problématiques. Il y a plusieurs niveaux d'alerte, qui s'appuient à la fois sur les quantités d'eau présentes dans les rivières et sur le niveau des réserves des barrages, notamment pour l'alimentation en eau potable. Ces niveaux vont de la vigilance, à l'alerte, jusqu'à la crise, avec chaque fois des niveaux de restrictions des usages. Depuis le début du mois d'août, le département des Côtes-d'Armor est au niveau le plus élevé, malgré tout, les services de l'État ne sont pas en capacité de mesurer les effets de ces restrictions. Il y a une forme de pilotage à l'aveugle et cela fait partie des choses que nous dénonçons au sein de notre association. C'est pourquoi on demande une évaluation environnementale, c'est-à-dire que les choix de restriction qui étaient faits puissent être mis en perspective, pour voir s'ils ont un effet dans les usages de l'eau, mais aussi des impacts que cela pourrait avoir sur le milieu. Pour le moment cela n'existe pas.
Est-ce qu'on sait déjà si ces restrictions sont appliquées par les entreprises ou les particuliers ?
Il y a eu un certain nombre de contrôles qui ont été faits par les services de l'État, avec des rappels à la loi, mais aussi des procès-verbaux pour certaines personnes qui ne respectaient pas la réglementation. C'est difficile de savoir si toutes les restrictions sont respectées. Ce que l'on peut dire c'est qu'il y a eu des contrôles qui ont montré que ça n'était pas toujours le cas.
Y a-t-il une difficulté pour ce public qui n'est pas forcément habitué à ces problématiques de sécheresse à prendre conscience de la situation et appliquer ces consignes de modération des usages ? Qui peuvent paraître incongrues avec l'entrée dans l'automne...
La difficulté, c'est effectivement que l'on voit l'automne arriver et donc il n'est pas évident de parler de sécheresse. Il s'est remis à pleuvoir, mais dans des quantités très faibles et qui ne permettent absolument pas de remplir les réserves d'eau souterraines et de surface. Au mieux ces précipitations stabilisent les cours d'eau, mais les prévisions nous montrent qu'elles ne pourront pas pour le moment remplir ces réservoirs. Cela représente une forme de rupture pour la population mais aussi pour les usagers agricoles ou industriels, qui n'étaient pas forcément coutumiers de ce genre de crise et de ces restrictions, car on disposait d'une ressource qui jusque-là pouvait sembler illimitée. Cela n'a pourtant jamais été le cas, mais aujourd'hui on mesure beaucoup plus concrètement cette limite dans l'utilisation de l'eau.
Comment se traduit concrètement cette crise de l'eau dans le département ?
Pour le moment, il y a toujours de l'eau au robinet. Il n'y a ni coupure, ni baisse de pression. Donc celui qui ne voudrait pas voir la crise ne la verrait pas, car il n'est pas impacté dans son quotidien. Mais certaines activités sont directement touchées. Cela peut peut-être prêter à sourire, mais il est par exemple interdit de laver sa voiture et les stations de lavage sont fermées, sauf celles qui fonctionnent en circuit complètement fermé.
L'industrie agroalimentaire doit elle aussi mettre en place des mesures volontaires de réduction de sa consommation en eau. D'ailleurs, chez les éleveurs - un secteur qui pèse énormément en Bretagne - on observe une bascule : on a de nombreux élevages qui s'approvisionnaient via un forage privé pour abreuver leur bétail, mais désormais ces forages se retrouvent pour certains à sec. Ces éleveurs sont donc contraints de se reporter vers le réseau public, alors que ce dernier a déjà des difficultés à alimenter tous les secteurs du département. Ces reports de consommation supplémentaires peuvent engendrer des volumes estimés aujourd'hui à plus de 10 % de la consommation journalière en eau potable du département. Cela pose de vraies questions, sur comment gérer la crise actuellement mais aussi ce qui nous attend à l'avenir puisque malheureusement, si on en croit les prévisions qui sont faites dans les différents rapports du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), ce genre de crise risque de devenir ordinaire, voire peut-être même la norme dans les années qui viennent.
Pensez-vous que le territoire est adapté pour y faire ?
Non, je pense qu'il faut que l'on réfléchisse de manière beaucoup plus sérieuse aux solutions qui devraient nous permettre de mieux stocker l'eau quand elle tombe. Et le meilleur endroit pour la stocker, c'est dans les sols. Ce n'est pas par l'intermédiaire de bassines et d'ouvrages artificiels, mais bien par une augmentation de la résilience de nos territoires. C'est-à-dire qu'il faut travailler plus finement sur l'aménagement de notre territoire pour ralentir les chemins de l'eau. Aujourd'hui on se rend compte qu'on les a accélérés : on a creusé des fossés, on a installé des réseaux pour très vite apporter l'eau dans les rivières et la mer. En réalité, il faudrait qu'on ralentisse énormément l'eau pour qu'elle soit stockée au sein des milieux naturels, je pense notamment aux zones humides, mais aussi tout simplement dans le sol des parcelles agricoles, en travaillant sur l'humus. Il faut aussi réfléchir à comment prélever la ressource à différents endroits.
En Côtes-d'Armor on a également un problème sur la qualité de l'eau, comme dans d'autres régions d'ailleurs. Historiquement, on en a déjà eu ces problématiques avec les nitrates, mais désormais on retrouve aussi des résidus de pesticides, ce qui nous oblige à abandonner certains captages parce qu'ils sont de mauvaise qualité. Cela renforce encore la pression sur le peu de ressources dont on dispose. On a trois grands barrages qui sont alimentés par trois rivières et on ne peut pas imaginer, même en mettant des réseaux pour les interconnecter, que ce soient uniquement ces trois grands barrages qui alimentent toute la population Côte d'Armoricaine en eau potable. C'est pour cela que l'on plaide pour protéger et diversifier notre ressource pour les victimes...
Au-delà des Côtes-d'Armor, ce sujet est-il assez pris en compte au niveau de la Bretagne ?
Je ne suis pas sûr que l'on aille assez vite et je pense que cette adaptation sera difficile compte tenu des impacts économiques qu'elle peut engendrer. La Bretagne est connue pour son activité agricole, mais elle est aussi connue pour son tourisme, et cela pourrait peser beaucoup sur la consommation en eau à une période où il n'y en aura plus tant que ça à partager. Faut-il imaginer ne plus recevoir d'activité parce que nos territoires n'en ont plus la capacité ? On va toucher à l'économie du territoire, mais il est plus que temps de le faire. Il faut trouver les bonnes solutions qui nous permettront sur le long terme de ne pas aggraver la situation.
un partenariat clivant entre France et Qatar sur la sécurité
Durant le Mondial, 220 policiers et gendarmes français participeront à la sécurisation du tournoi. Au Sénat et à l’Assemblée, l’accord a été dénoncé par l’opposition de gauche.
Les débats furent houleux mais le scrutin est passé relativement inaperçu au plein cœur de l’été. Le 4 août, l’Assemblée nationale a ratifié l’accord entre la France et le Qatar établissant un partenariat relatif à la sécurité de la Coupe du monde de football 2022, organisée par l’émirat du 20 novembre au 18 décembre. Ledit accord intergouvernemental, mis sur les rails en 2019 et signé en mars 2021, avait été voté par le Sénat en février. Il entrera en vigueur le 1er novembre et est censé expirer en juin 2023.
Concrètement, 220 agents français, « principalement issus de la gendarmerie nationale et de la sécurité civile », comme le confirme le ministère de l’intérieur, se rendront au Qatar pour épauler les forces de l’ordre qataries lors du tournoi. « L’ambition française n’est pas de déployer des unités constituées en grand nombre mais d’apporter de l’expertise de haut niveau et de l’appui opérationnel spécialisé dans des domaines dits de “niche” couvrant le haut du spectre de la menace », développe-t-on à Beauvau.
Dans le détail, rallieront l’émirat 170 opérateurs en matière de lutte antidrones, 21 opérateurs spécialisés du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), 10 opérateurs en matière de déminage, 10 équipes cynophiles de recherche d’explosifs, une dizaine de policiers fournis par la division nationale de lutte contre le hooliganisme. Dans les effectifs de la gendarmerie en partance pour le Qatar, plusieurs femmes sont concernées.
Pas de « culture du maintien de l’ordre »
« Cette mission est valorisante et servira de vitrine et de préparation pour les forces françaises avant le Mondial de rugby 2023 et les Jeux olympiques 2024 à Paris »
Référence à ce dialogue du film La naissance de l’amour de Philippe Garrel :
«- Personne n'ose provoquer l'avenir. Il faudrait être fou pour provoquer l'avenir. - Alors il ne se passera jamais plus rien ? - Si, parce qu'il y aura toujours des fous, des cons pour les suivre et des sages pour ne rien faire.»