Bien qu’un article discret du code des pensions attribuait à ces morts la mention « Mort pour la France », ce terme n’était jamais employé. En ce temps-là, la guerre d’Algérie était une guerre sans nom, une guerre cachée, une guerre sans Mort pour la France. 1962-1999. Grâce à la formidable mobilisation des associations d’anciens combattants d’Algérie, la mention « Mort pour la France » s’affiche progressivement sur les tombes et les monuments aux morts. La guerre d’Algérie est reconnue comme telle, le 18 octobre 1999. Mais parallèlement à l’action des associations, celle conduite par une jeune génération d’historiens diverge. Elle se concentre sur les pages sombres de la guerre vue du côté français. Le Mort pour la France est progressivement marginalisé. Il est suspecté d’avoir torturé. 2022. Le 60ème anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie marque une étape essentielle de cette marginalisation. Dans le rapport de 160 pages qu’il a remis au Président de la République, l’historien Benjamin Stora n’emploie qu’une seule fois l’expression « Mort pour la France » pour évoquer les combattants musulmans dont la France aurait abandonné les tombes. Une politique de « saucissonnage » de la Mémoire de la guerre d’Algérie est préconisée. Elle place sous les projecteurs de l’opinion publique, l’armée française « coupable, forcément coupable », - d’avoir torturé de nombreux combattants FLN, - d’avoir fusillé des Français d’Algérie à Alger le 26 mars 1962, - d’avoir abandonné les Français d’Algérie à Oran le 5 juillet 1962, - d’avoir laissé aux mains des tortionnaires les harkis. Voilà venu le temps de la guerre honteuse. Que va y gagner la mémoire nationale ? A chacun d’y réfléchir. Photo : Tombe d'un "Mort pour la France" dans le cimetière de Dieppe (Seine-Maritime) Serge BARCELLINI Contrôleur Général des Armées (2s) Président Général de l'association "Le Souvenir Français" Contact : communication@souvenir-francais.fr |