« Non, je ne regrette rien »
Il y a exactement soixante ans, à Paris, le 24 octobre 1960, Edith Piaf, de retour d’Amérique où elle vient d’avoir deux très graves accidents de la route avec Georges Moustaki, se déplace péniblement dans son appartement. Très éprouvée elle a prévenu qu’elle ne voulait voir personne. A 22 heures cependant, la sonnette retentit. La curiosité et l’attente toujours présente de nouvelles chansons l’emportent sur sa résolution. Michel Vaucaire, parolier, et un jeune compositeur Charles Dumont viennent présenter une chanson. Charles Dumont s’installe au piano et interprète « Non, je ne regrette rien ». Piaf reste silencieuse puis ordonne : « Rejoue-la ! ». Encore et encore jusqu’au petit matin. Cinq jours plus tard elle enregistre la chanson qui devient un succès planétaire.
Six mois plus tard, après l’échec du putsch d’Avril 1961, le 1°R.E. P est dissous. Il quitte Zéralda. Convoi funèbre et guerrier où se mêlent odeurs marines, de pinèdes et de souffre. Avant de partir les légionnaires ont tout fait sauter. Les habitants font la haie, déposant des myriades de fleurs. Les G.M.C roulent sur un tapis de roses, de lilas et de pensées. Le silence n’est brisé que par le bruit des moteurs.
Le convoi parvint à Orléansville où des gendarmes et des C.R.S les attendent, armes pointées vers les camions. A l’arrière de la jeep de tête, un grand sous-officier blond se lève et, tourné vers les argousins gaullistes honteux, leur fait un magistral bras d’honneur. En écho, tous les légionnaires se dressent parachevant l’injure, dans le même geste et criant : « Tiens ! Fume ! » « Tiens fume ! ». Le cri se répète à chaque camion, à chaque jeep. Et soudain, d’une seule voix les parachutistes de la légion entonnent :
Non, rien de rien
Non, je ne regrette rien
Ni le bien qu'on m'a fait
Ni le mal
Tout ça m'est bien égal
Non, rien de rien
Non, je ne regrette rien
C'est payé, balayé, oublié
Je me fous du passé …
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