Ils perdent la même bataille depuis douze ans
74e D-Day en continu
- 74e D-Day. L’humoriste Eddie Izzard redébarque le 6 juin
Où qu’ils aillent, les Lufteaux sont toujours terrassés. Dans le rôle des Allemands, les reconstituteurs participaient aux commémorations du Débarquement les samedi 2 et dimanche 3 juin, installés sur le site de la batterie de Crisbecq, près de Saint-Mère-Eglise (Manche).
Chaque fois, l’issue est la même. Depuis la fondation de l’association Les Lufteaux en 2006 près de Rouen, ses membres se font tirer dessus par des Américains qui capturent leur position, sous les acclamations du public unilatéralement favorable à leurs adversaires. Pour la quatrième année, cette scène se déroulait à Saint-Marcouf-de-l’Isle (Manche), sur le site de la batterie de Crisbecq, pour les commémorations du Débarquement de Normandie. Au cours du week-end des 2 et 3 juin, les 25 soldats allemands factices ont ainsi mordu la poussière à quatre reprises.
« Une évocation des combats »
Si elle ne fait pas référence à une véritable bataille, la reconstitution se veut représentative des affrontements de 1944. « C’est une évocation des combats » , résume David Desgardin, le président de l’association, qui compte une quarantaine de membres venant de toute la France. D’un côté, les Lufteaux crient leurs ordres dans la langue de Goethe. En face, d’autres acteurs, uniformes de GI sur le dos, progressent de haie en haie, communiquant en anglais. Tandis que les deux formations se rapprochent l’une de l’autre, les premiers coups de feu se font soudainement entendre, déclenchant des cris de surprise parmi les spectateurs. Une automitrailleuse, puis un char entrent ensuite en action, mais sont mis hors d’état de nuire. En quelques minutes les Américains encerclent les Allemands. Ceux qui ne sont pas tués sont capturés.
Une passion onéreuse
C’est une nouvelle défaite pour les bénévoles de l’association, qui en redemandent. « Ce qui fait plaisir aux gens c’est de se mettre en situation et, comme ce sont des passionnés, d’amener les spectateurs à s’intéresser à l’histoire » , explique David Desgardin. Jouer les militaires est toutefois une passion onéreuse. Uniformes et véhicules sont propriétés des membres qui dépensent d’importantes sommes pour les acquérir. Le char, par exemple, coûte autour de 50 000 € et il faut aussi financer son transport. « Pour le faire venir de Rouen, il faut 1 500 € » , révèle le propriétaire.
Il faut aussi multiplier les démarches administratives, car porter une tunique de la Wehrmacht n’est pas anodin. « On fait attention de ne pas faire d’apologie. Lors des reconstitutions, nous ne faisons pas de salut nazi, nous n’avons pas non plus de drapeau » , insiste le président des Lufteaux.L’an prochain, les passionnés reviendront célébrer le D-Day au même endroit, avec une nouvelle scénographie. Il s’agira de la prise d’un bunker. Ils établiront ensuite un camp à Mortain pour rejouer la libération du sud Manche.