Quand l’Allemagne était occupée par la France








Histoire par


A l'issue de la guerre (1945), dans les rues de Baden-Baden.

Après la victoire des Alliés sur le nazisme, le contrôle du pays vaincu donna lieu à des épisodes peu glorieux (lundi 12 janvier à 22 h 20 sur Arte)Mai 1945, la guerre en Europe se termine. L’Allemagne, bien qu’en ruine, doit payer. Face à une population hagarde et affamée, les troupes alliées se partagent le territoire de l’ennemi. Invités de dernière minute à la table des vainqueurs, snobés par les Soviétiques, les Français se voient attribuer par les Britanniques et les Américains une zone située dans l’ouest du pays, peuplée d’environ six millions de personnes et comprenant des villes comme Mayence, Fribourg, Sarrebruck ou Baden-Baden, et des terres agricoles.

Synopsis de Quand la France occupait l'Allemagne

En 1945 commence pour l'Allemagne une longue période d'occupation par les armées alliées. La France dispose de sa propre zone, en Rhénanie et dans le Bade-Wurtemberg, un territoire plutôt rural qui compte six millions d'habitants. Plusieurs milliers de fonctionnaires français chargés d'organiser l'occupation s'installent. Parmi eux, Edgar Morin, jeune résistant démobilisé qui a repris du service, est chargé du service d'information. Pour faire face aux Soviétiques et se préserver des ambitions dominatrices de l'Allemagne, De Gaulle n'a qu'une seule solution : insérer l'Allemagne reconstruite dans un nouvel ensemble européen. Le processus de dénazification en pâtit. Malgré quelques procès pour l'exemple, de nombreux dignitaires du régime sont blanchis. Même Leni Riefenstahl, cinéaste personnelle d'Hitler, échappe à toute condamnation.

La critique TV de télérama du 10/01/2015

On aime beaucoup
Dans la longue histoire du couple franco-allemand, ce chapitre-là n'est sans doute pas le plus connu. La géographie a introduit le surnom piquant de « soutien-gorge français ». Deux bonnets triangulaires, c'est en effet la forme de la zone d'occu­pation dont hérite Paris à l'issue de la ­Seconde Guerre mondiale, de l'autre côté du Rhin. Etonnant retournement de l'histoire qui voit les Français s'installer dans un pays dont ils viennent de subir le joug, pendant les longues années de l'Occupation. De 1945 à 1949, militaires mais aussi fonctionnaires venus de France vont ­ainsi régir le quotidien de six millions d'Allemands aux prises avec le chaos de l'après-guerre, les privations alimentaires et des repères politiques à rebâtir.
Entre hoquets de la dénazification et tentative de reconstruction de la société en profondeur, ce sont quelques pages contrastées de cette « Allemagne année zéro » que retrace Tania Rakhmanova, récit nourri d'images d'archives d'une grande richesse. Parmi les témoins de cette époque, le sociologue Edgar Morin, responsable de l'information de la zone d'occupation française, qui tente d'ausculter « l'état mental d'un pays sans tête, hagard ». Un moment singulier dans l'histoire de l'Allemagne où il s'agit autant de faire prendre conscience à la population de l'horreur des crimes nazis que de contribuer à la ­formation des esprits en ouvrant des ­universités, en refondant les programmes scolaires. Pour mieux jeter les bases d'une paix durable. 

La géographie a introduit le surnom piquant de « soutien-gorge français ». Deux bonnets triangulaires, c'est en effet la forme de la zone d'occupation dont hérite ...

Quand la France occupait l'Allemagne

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Une région qui fut loin d’être imperméable à l’idéal national-socialiste et dont les habitants craignent les nouveaux occupants, notamment les nombreux soldats coloniaux de la 1re armée du général de Lattre. Comme cette zone d’occupation prend géographiquement la forme de deux bonnets triangulaires, certains beaux esprits parlent de « soutien-gorge français ».
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Une période mal connue du public

Riche d’archives, appartenant notamment à des familles ayant vécu dans la région du Palatinat, et de nombreux témoignages franco-allemands, ce passionnant documentaire inédit retrace une période peu connue du grand public, à savoir cette occupation française (1945-1949). Les premiers mois, incendies, pillages, vols et viols ne sont pas rares. « Des soldats français ont été fusillés pour viols », souligne un ancien de la 1re armée.
Agé de 24 ans à l’époque, Edgar Morin est nommé à l’automne 1945 directeur de l’information dans la zone française. Basé à Baden-Baden, le futur sociologue de renom, qui fut un grand résistant, en profite pour voyager à travers le pays occupé. Il en tirera un livre (L’An zéro de l’Allemagne) dans lequel il dresse un remarquable état des lieux, insistant sur l’état mental d’un peuple vaincu, en état de « somnambulisme », en proie à la faim et aux rumeurs.

La vie facile

Les autorités françaises estimant que l’occupation va durer de longues années, la vie s’organise. Après ses soldats, la France envoie outre-Rhin des instituteurs, ingénieurs, fonctionnaires, dont les conditions de vie n’au­ront rien à voir avec ce qu’endure la population locale. « Les Allemands habitaient dans des caves et nous dans des appartements. On avait une vie facile ! », se rappelle une Française qui fut institutrice en Allemagne occupée. « Pen­dant la guerre, nous n’avions pas souffert. C’est après la guerre que nous avons eu faim ! », répond en écho un témoin allemand.

Des regards apeurés

Les images d’archives nous font découvrir des visages durcis, des regards apeurés dans une boutique où le pain est pesé au gramme près. Le manque de charbon pour se chauffer, le marché noir en pleine expansion, les séances de dénazification, autant de réalités évoquées dans ce documentaire qui insiste aussi sur l’importance du phénomène culturel.
Les autorités françaises rouvrent les cinémas, les théâtres, font venir des artistes réputés. Avec la Südwes­t­rund­funk, les habitants peuvent écouter une radio qui diffuse des pro­grammes franco-allemands. Pour reconstruire le pays, il faut s’appuyer sur la jeunesse. D’où la construction, dès 1946, de l’université de Mayence, premier établissement universitaire voulu et bâti par une force occupante en Allemagne. Chaque année, plus de dix mille étudiants allemands enthousiastes y suivront des cours.
« Quand la France occupait l’Allemagne », de Tania Rakhmanova (France, 2014, 50 min). Lundi 12 janvier à 22 h 20 sur Arte






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