dimanche 24 novembre 2013




"La vie peut être libre et belle, mais nous nous sommes égarés. La cupidité a empoisonné l'âme humaine, elle a dressé dans le monde des barrières de haine, elle nous a gait marcher au pas de l'oie vers la misère et le massacre."
Charles Chaplin

mardi 12 novembre 2013

THERESIENSTADT





«C’est une histoire folle, l’acmé de la cruauté»

 
Claude Lanzmann, à l'occasion de la sortie en salles le 13 novembre du "Derniers des injustes", (en référence au "Dernier des Justes" d'André Schwarz-Bart)   produit un  vertigineux documentaire autour de Benjamin Murmelstein, dernier Président du Conseil Juif du ghetto de Theresienstadt.
La gestion du film a duré 38 ans.

Claude Lanzmann © Le Pacte - 2013

GENESE :

"1975. A Rome, Claude Lanzmann filme Benjamin Murmelstein, le dernier Président du Conseil Juif du ghetto de Theresienstadt, seul "doyen des Juifs*" à n’avoir pas été tué durant la guerre. Rabbin à Vienne, Murmelstein, après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne en 1938, lutta pied à pied avec Eichmann, semaine après semaine, durant sept années, réussissant à faire émigrer 121.000 juifs et à éviter la liquidation du ghetto.
2012. Claude Lanzmann à 87 ans, sans rien masquer du passage du temps sur les hommes, mais montrant la permanence incroyable des lieux, exhume et met en scène ces entretiens de Rome, en revenant à Theresienstadt, la ville « donnée aux juifs par Hitler », « ghetto modèle », ghetto mensonge élu par Adolf Eichmann pour leurrer le monde. On découvre la personnalité extraordinaire de Benjamin Murmelstein : doué d’une intelligence fascinante et d’un courage certain, d’une mémoire sans pareille, formidable conteur ironique, sardonique et vrai.
A travers ces 3 époques, de Nisko à Theresienstadt et de Vienne à Rome, le film éclaire comme jamais auparavant la genèse de la solution finale, démasque le vrai visage d’Eichmann et dévoile sans fard les contradictions sauvages des Conseils Juifs."

Claude Lanzmann et Benjamin Murmelstein en 1975 © Le Pacte - 2013
Claude Lanzmann à Paris, mercredi.
Claude Lanzmann à Paris, mercredi. (Photo Fred Kihn)

INTERVIEW

Dans «le Dernier des Injustes», Claude Lanzmann restitue la mémoire des «conseils juifs», accusés d’avoir prêté main-forte aux nazis.

C’est un film. Un grand film de Claude Lanzmann. Et, en ce sens, il a sa place dans l’agitation cannoise. Avec son indispensable durée (3 h 38, seulement…), le Dernier des Injustes va rompre avec l’éphémère du Festival et plonger dans l’histoire à travers deux personnages shakespeariens : le héros, ou antihéros, Benjamin Murmelstein, qui s’est surnommé lui-même «le dernier des injustes» en référence au chef-d’œuvre d’André Schwarz-Bart, le Dernier des Justes. Nommé par les nazis à la tête du conseil juif  du camp de Theresienstadt pour exécuter leurs plans meurtriers, «collabo» malgré lui. Claude Lanzmann l’avait longuement interviewé à Rome, en 1975, au début du tournage de Shoah. Mais n’avait pas utilisé les rushes, qui avaient été confiés aux archives du Musée de l’Holocauste, à Washington. Après avoir fait Shoah, les neuf heures sur la destruction des Juifs d’Europe, après avoir montré la révolte et leur héroïsme dans Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures, après être revenu sur l’indifférence des Alliés, et en particulier de Roosevelt, dans le Rapport Karski, Lanzmann affronte, dans le Dernier des Injustes, la question de la collaboration. Et, à 87 ans, boucle l’histoire avec cette question. Et sa réponse.

Pourquoi avoir fait ce film, aujourd’hui, avec pour personnage principal Benjamin Murmelstein, un ancien dirigeant de ces conseils juifs accusés d’avoir collaboré avec les nazis ?
En fait, Murmelstein a été le premier protagoniste de tous ces films que j’ai tournés, je l’ai interviewé à Rome, en 1975. J’étais fasciné dès le début par les conseils juifs, j’en ai fait un tournage à part, avant Shoah. Je suis d’abord allé à Jérusalem quand j’ai appris qu’un type qui s’appelait Lev Garfunkel, numéro 2 du conseil de Kovno, en Lituanie, était mourant. J’ai alors constitué une équipe à toute vitesse et j’ai pu l’interviewer : je lui demande comment ça s’est passé, ce que les Juifs emmenaient avec eux, et j’entends une petite voix mourante qui vient du fond du corps : «Des livres ! Des livres !»
Le lendemain, je suis parti voir Murmelstein à Rome. J’avais lu beaucoup de choses sur ces conseils. Aux Etats-Unis, un énorme livre paru en 1977, Judenrat, d’Isaiah Trunk, étudiait les conseils dans de nombreux ghettos de Pologne et montrait comment chacun s’était débrouillé avec les ordres allemands. Il est arrivé que le conseil tout entier se suicide, la même nuit, parce qu’ils savaient que les gens allaient partir le lendemain pour les camps de la mort. Comme Adam Czerniakow, le président de celui du ghetto de Varsovie, qui s’est suicidé quand les déportations ont commencé. Mais lui était seul.
Vous avez montré Sobibor dans votre précédent film, la révolte…
A Varsovie, Sobibor, Treblinka, oui, il y a eu des révoltes, mais ils finissaient par mourir. Ils étaient conscients, ils avaient perdu espoir, ils savaient qu’ils étaient condamnés, mais ils allaient mourir en en tuant d’autres. Le suicide était l’ultime résistance de gens totalement coincés, à bout de souffle, sans aucun pouvoir.
Les nazis étaient des pervers fantastiques. Ils donnaient des ordres dont ils savaient qu’ils ne pouvaient pas être exécutés, et ils les rendaient encore plus inexécutables en les multipliant. D’ailleurs, Murmelstein dit à un moment dans le film : «On n’avait pas le temps de penser.» Tout le temps sous pression.
J’étais très conscient des contradictions sauvages dans lesquelles se trouvaient ces personnes qui n’étaient pas volontaires pour ce travail, qui avaient été choisies par les Allemands qui, quand ils ne trouvaient pas assez de gens, les prenaient dans la rue. J’ai voulu montrer que ces soi-disant collabos juifs n’étaient pas des collabos. Ils n’avaient jamais voulu tuer des Juifs, ils ne partageaient pas l’idéologie des nazis, c’était des malheureux sans pouvoir. On voit bien qui sont les tueurs.
Murmelstein a passé sept ans à côtoyer Eichmann, qui n’avait rien d’un «petit bureaucrate» aux ordres, tel que l’a vu Hannah Arendt à Jérusalem. On apprend qu’il a participé à la Nuit de cristal, alors qu’il le nie à son procès…
Le procès Eichmann a été un mensonge tout à fait scandaleux, un procès d’ignorants, le procureur Gideon Hausner mélangeait tout, confondait les noms. En plus, je sais à quel point il est difficile d’interroger les gens pour les faire parler d’expériences limites. Il fallait de la douceur, du tact et de la brutalité à la fois. Ils ont peu parlé. Comme dit très bien Murmelstein : «C’est une blague.» Murmelstein a été le nègre de Eichmann, qui lui demandait de rédiger des pages et des pages.
On apprend qu’Eichmann était, en plus, un grand voleur…
Eichmann voulait de l’argent. Il était le seul à avoir sa propre caisse grâce à un fonds d’immigration qu’il gérait. Il envoyait les responsables juifs, comme Murmelstein, grand rabbin de Vienne, négocier avec les Américains pour qu’ils paient. C’est ainsi que Murmelstein a réussi à sauver 121 000 Juifs en échange de leur argent. Enfin, pas vraiment sauvés parce que certains ont été repris en France quand les Allemands l’ont occupée. «La banalité du mal», le concept d’Hannah Arendt, est d’une grande faiblesse. Eichmann ne recule devant aucune inhumanité pourvu qu’il y trouve son compte. Et il est tellement malin qu’il réussit à s’échapper en Argentine sous le nom de Ricardo Klement. Au début, il réfléchit à l’immigration, mais il passe très vite à la ségrégation, à la persécution ouverte et à l’extermination. En 1944, Murmelstein est nommé «doyen des Juifs» du faux camp modèle de Theresienstadt.
Pourquoi Eichmann avait-il besoin de ce «Disneyland» de la déportation ?
C’était soi-disant une «ville offerte aux Juifs» - un «cadeau» du Führer - construite en 1941 pour tromper l’étranger, surtout les Etats-Unis, qui n’étaient pas encore en guerre : il y avait des relations diplomatiques. Pour tromper aussi les Juifs, surtout les Juifs allemands. C’était tellement parfait qu’on leur mentait dès le départ, on leur proposait des appartements au soleil contre de l’argent, on les dépouillait avant même qu’ils arrivent à Theresienstadt. La Gestapo de Francfort proposait à des femmes âgées de donner tous leurs biens pour une belle chambre dans le camp… Une pensée diabolique, parce que c’était véritablement un camp de concentration avec toutes les duretés du camp de concentration. Mais il fallait le maquiller pour la Croix-Rouge, qui avait demandé à le visiter en juin 1944.
Le mensonge, le camouflage, le non-dit sont au centre du projet nazi…
Ils se mentent aussi à eux-mêmes, le langage est codé et camouflé dès janvier 1942. Cela les aidait à accepter l’immensité du crime qu’ils allaient commettre et qu’ils connaissaient très bien. S’ils avaient pu utiliser les mots, les crimes n’auraient pas été commis. Pour les tueurs aussi. Il faut tenter d’imaginer ce qu’ils appelaient eux-mêmes le «fardeau de l’âme». C’est un concept clé pour moi. Himmler en a parlé plusieurs fois dans ses discours en disant : «Nous avons à accomplir quelque chose que personne dans l’humanité n’a fait avant vous, et que personne après vous ne fera, vous devez être fiers d’avoir supporté le fardeau de l’âme…»
Cette fois, vous êtes acteur du film. Avec Benjamin Murmelstein, on vous suit sur le chemin de l’histoire qui commence, bien sûr par des trains…
Je ne pouvais pas faire autrement. Theresienstadt, c’est une histoire folle, c’est pour moi l’acmé de la cruauté. Quand j’étais à la gare de Bohusovice, je me suis dit que c’était moi qui devais exposer la chose. Je ne pouvais pas faire un film objectif là-dessus, ce n’était pas un film d’historien. C’est pourquoi j’ai commencé par :«Qui connaît le nom de cette gare ?»
Au début, j’ai foiré, j’ai recommencé plusieurs fois, j’étais trop long. J’avais un problème : il faut pas mal de culot pour se montrer à deux âges de sa vie, c’est-à-dire à 87 ans et à 50 ans. On voit le passage du temps. J’avais la trouille comme une coquette de cinéma. Mais la construction est venue assez vite. La montée des marches dans la caserne a été très importante, parce que j’ai l’âge que j’ai. Je ne voulais pas m’arrêter pour reprendre mon souffle, ce que j’aurais fait si je n’avais pas une caméra. J’ai voulu raconter moi-même sur place la mort des deux dirigeants des conseils juifs Paul Epstein et Jacob Edelstein et les pendaisons, devant la potence.
Je n’avais pas prévu d’intervenir à ce point dans le film, mais je voulais les ressusciter. Ce film est important, si tard dans ma vie. Cela a été un gros effort et je pense qu’il ajoute quelque chose d’important à ce que j’ai fait jusqu’à présent.
On sent que vous êtes fasciné et séduit par le personnage de Murmelstein…
J’ai une sympathie formidable pour son intelligence, pour les contes mythologiques qu’il raconte, par sa présence d’esprit, par sa combativité. Il se sentait investi d’une mission, il a sauvé des milliers de Juifs. C’était un aventurier.
Pendant que vous filmez, vous vous voyez à sa place ?
Oui.
Photo Fred Kihn
Annette LÉVY-WILLARD
 
 
Camp de concentration de Theresienstadt
 
Le camp de concentration de Theresienstadt a été mis en place par la Gestapo dans la forteresse et ville de garnison de Terezín (en allemand Theresienstadt), aujourd'hui en République tchèque.
Theresienstadt
Theresienstadt arbeit macht frei.jpg
Entrée de la cour 1 de la prison, dans la petite forteresse de Theresienstadt

Le 10 juin 1940, la Gestapo prend le contrôle de Theresienstadt et installe une prison dans la Kleine Festung (petite forteresse). Le 24 novembre 1941, le site est transformé en ghetto muré, ayant pour objet de fournir une façade cachant l'opération d'extermination des Juifs, sous l'impulsion du chef des SS, Reinhard Heydrich. Pour le monde extérieur, Theresienstadt est présenté par les nazis comme une colonie juive modèle. Mais à l'intérieur, il s'agit d'un camp de concentration. Un grand nombre de Juifs provenant de Tchécoslovaquie, environ 7 000, sont notamment enfermés à Theresienstadt. Le site est aussi utilisé comme camp de transit pour les Juifs acheminés vers Auschwitz et les autres camps d'extermination.
Le 3 mai 1945, le contrôle du camp est transféré par les Allemands à la Croix-Rouge. L'Armée rouge pénètre à Theresienstadt quelques jours plus tard, le 8 mai 1945. Des actes de vengeance tolérés par les autorités soviétiques ont lieu de la part de survivants à l'encontre d'ex-Kapos, mais aussi de civils allemands[1].Theresienstadt devient un camp de détention de ceux-ci, dans le cadre de l'internement des allemands des Sudètes. Les conditions de détention y sont décrites par les témoins comme similaires à celles auparavant imposées par les nazis à leurs propres victimes[2]. Dans le même temps, certains des survivants juifs de Theresienstadt, lors de leur retour vers la Pologne, sont témoins ou victimes de l'antisémitisme polonais[3].

Population

La fonction de Theresienstadt évolue rapidement après que Joseph Goebbels et Reinhard Heydrich prennent conscience que la disparition de certains Juifs renommés, ou Prominenten, (artistes, savants, décorés ou mutilés de la Première Guerre mondiale) ne manquerait pas de susciter des questions quant au sort réservé au peuple juif tout entier. C’est le 20 janvier 1942, lors de la conférence de Wannsee, que le double-statut de Theresienstadt ― camp de transit pour les Juifs du Protectorat de Bohême-Moravie et ghetto pour les Juifs du Reich âgés de plus de 65 ans (Ältersghetto), où ils pourront s’éteindre d’eux-mêmes, et pour les Prominenten ― est officialisé. À partir de 1943, il renferme aussi les « cas particuliers » des lois de Nuremberg (mariages mixtes, « demi-Juifs » issus d’un parent non juif…). Le camp de Theresienstadt - où la correspondance écrite (courrier) avec l’extérieur sera encouragée tout en étant rigoureusement surveillée, voire manipulée- est donc conçu par Heydrich pour répondre aux interrogations de l’opinion publique sur le traitement des Juifs dans les camps.
Des artistes de premier ordre sont passés par Theresienstadt où beaucoup trouvèrent la mort : écrivains, peintres, scientifiques, juristes, diplomates, musiciens et universitaires se retrouvent dans la cité.
La communauté de Theresienstadt veille à ce que tous les enfants poursuivent leur scolarité : des classes quotidiennes et des activités sportives sont organisées, le magazine Vedem est publié. 15 000 enfants bénéficient de ces mesures. Parmi ceux-ci, à peine 1 100 étaient encore en vie à la fin de la guerre. D'autres estimations font état d'à peine 150 enfants survivants...
Les conditions de vie à Theresienstadt sont extrêmement difficiles. Sur une superficie qui accueillait jusque-là 7 000 Tchèques, environ 50 000 Juifs sont rassemblés. La nourriture est rare : en 1942, environ 16 000 personnes meurent de faim ; parmi elles, Esther Adolphine, une sœur de Sigmund Freud, qui décède le 29 septembre 1942.
En 1943, 500 Juifs du Danemark sont déportés à Theresienstadt, après avoir failli s'enfuir en Suède à l'arrivée des nazis. Cette arrivée de Danois aura une conséquence importante : le gouvernement danois insiste en effet pour que la Croix-Rouge ait accès au ghetto, à l'inverse de la plupart des gouvernements européens qui ne s'occupent guère du traitement réservé à leurs citoyens juifs.

Personnalités y ayant vécu ou transité

Personnalités y ayant décédé

Un instrument de propagande

Les nazis autorisent la visite de la Croix-Rouge pour faire pièce aux rumeurs à propos des camps d'extermination. Pour minimiser l'apparence de surpopulation, un grand nombre de Juifs sont déportés à Auschwitz. De faux magasins et cafés sont construits pour donner l'impression d'un confort relatif. Les Danois à qui la Croix-Rouge rend visite sont installés dans des pièces fraîchement repeintes. Jamais plus de trois personnes y vivent. Les invités assistent à la représentation d'un opéra pour enfants, Brundibar.
Maurice Rossel, l'envoyé du CICR en juin 1944, est complètement mystifié. Claude Lanzmann a réalisé en 1997 un documentaire, titré Un vivant qui passe, qui utilise une interview accordée en 1979 par Maurice Rossel : il y décrit le camp de son point de vue, tel qu'il lui sera présenté par la mise en scène des nazis.
La supercherie des nazis est un tel succès qu'un film de propagande est tourné (Der Führer schenkt den Juden eine Stadt - Le Führer donne une ville aux Juifs). Le tournage démarre le 26 février 1944 sous la direction de Kurt Gerron, un réalisateur, artiste de cabaret et acteur, qui était apparu avec Marlene Dietrich dans L'Ange bleu. On y voit notamment le chef d'orchestre déporté Karel Ancerl y diriger une œuvre du compositeur Pavel Haas, déporté lui aussi. Après le film, la plupart des acteurs et des membres de l'équipe, y compris le réalisateur, sont déportés à Auschwitz. Gerron et sa femme sont gazés le 28 octobre 1944. Le film n'a jamais été diffusé à l'époque, mais découpé en petits morceaux destinés à la propagande ; seuls quelques fragments subsistent aujourd'hui. Souvent intitulé Le Führer donne un village aux Juifs, son titre est en fait Theresienstadt. Ein Dokumentarfilm aus dem jüdischen Siedlungsgebiet.

Statistiques

Environ 144 000 personnes ont été déportées à Theresienstadt. Un quart d'entre elles, 33 000, moururent sur place, principalement à cause des conditions de vie (famine, maladies, épidémie de typhus à la fin de la guerre). 88 000 Juifs furent déportés à Auschwitz et dans les autres camps d'extermination. À la fin de la guerre, on dénombrait à peine 19 000 survivants.

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Lowe 2013 [EPUB] emplacements 3184, 2154, 2193, 4361 sur 13628.
  2. Lowe 2013 [EPUB] emplacement 3184 sur 13628.
  3. Lowe 2013 [EPUB] emplacement 4800 sur 13628.
  4. (en) Hans Günther Adler
  5. (en) Felice Schragenheim
  6. (en) Elisabeth Wust
  7. L. MILLOT, Elisabeth Wust, 85 ans. Mariée à un nazi ordinaire, puis amoureuse d'une juive morte en camp qu'elle célèbre dans «Aimée et Jaguar». À Felice, dans Libération, 5.2.1999.
 

TEREZIN



LA SHOAH DESSINÉE PAR UNE ENFANT

 
                   
C’est en décembre 1941 que la jeune Tchèque Helga Weissová exécute son pre-mier dessin du ghetto de Terezín, où elle est internée avec sa famille. On y voit deux enfants qui s’amusent à faire un bon-homme de neige. Ce dessin, Helga réussit à le faire passer à son père, dans la caserne où les hommes ...
 




Le Journal d’Helga
Helga WEISSOVA
Traduit par Erika ABRAMS
 

Un témoignage exceptionnel : le seul journal connu à ce jour tenu par une jeune fille pendant sa déportation aux camps de Terezin, d'Auschwitz et de Mauthausen, miraculeusement conservé par l'auteur, toujours vivante. Un journal illustré, qui restitue, par des dessins aussi naïfs que directs, ce que pouvait être la vie – ou la survie – d'une fillette dans les camps de la mort. Aussi bouleversant que passionnant, un document extraordinaire.

Un document exceptionnel : le seul journal connu à ce jour écrit par une petite fille pendant l'Holocauste et miraculeusement conservé. Un témoignage unique, illustré par les propres dessins d'Helga, le récit poignant de ce que fut la vie – ou plutôt la survie – d'une enfant dans les camps de la mort.

Helga a huit ans quand elle ouvre la première page de son journal. Nous sommes en 1938 et les nazis ont envahi Prague ; les écoles sont fermées, le père a perdu son travail et toute la famille est confinée dans l'appartement. Un à un, les amis et les proches disparaissent, les déportations commencent.

En 1941, Helga et ses parents sont envoyés à Terezín, ils y resteront trois ans. Et Helga raconte : les voyages interminables dans des conditions inhumaines, la faim, les maladies, la souffrance ; mais aussi l'amitié, les petits moments de joie, l'espoir. Et puis ce sera l'horreur à Mauthausen et Auschwitz. Et Helga écrit et dessine encore et encore pour obéir à la prière de son père : « Dis-leur ce que tu vois. »

Helga ne reverra jamais son père, mais elle et sa mère survivront. À la fin de son journal, Helga a quinze ans. Elle fait partie de la petite centaine d'enfants rescapés sur plus de quinze mille déportés.



 

lundi 11 novembre 2013

LA GUERRE DE 14 EN CHANSONS







La Chanson de Craonne

 
   
La Chanson de Craonne (du nom de la commune de Craonne) est une chanson contestataire, chantée par des soldats français durant la Première Guerre mondiale, entre 1915 et 1917. Elle est interdite par le commandement militaire qui la censure en raison de ses paroles antimilitaristes (« on s'en va là-bas en baissant la tête », « nos pauvr' remplaçants vont chercher leurs tombes »), défaitistes (« c'est bien fini, on en a assez, personne ne veut plus marcher ») et subversives incitant à la mutinerie (« c'est fini, nous, les troufions, on va se mettre en grève ») alors qu'une guerre est en train de se livrer sur le territoire national.
Cette chanson politiquement engagée (à l'extrême-gauche) a des visées anticapitalistes quand elle fustige « les gros », « ceux qu'ont le pognon » et « les biens de ces messieurs là ». Elle est contemporaine de la révolution bolchevique de 1917 qui a entraîné, en France, la mutinerie des soldats communistes russes à La Courtine et, sur le front de l'Est, la débandade et le retrait des troupes russes (alors alliées à la France).
Une des versions de cette chanson censurée est publiée, après la guerre, en 1919 par l'écrivain et journaliste communiste Paul Vaillant-Couturier
 
Sous le titre de
Chanson de Lorette
 
 
 
 
 
La Chanson de Craonne est connue pour avoir été entonnée par les soldats qui se sont mutinés (dans une cinquantaine de régiments de l'armée française) après l'offensive très meurtrière et militairement désastreuse du général Nivelle au Chemin des Dames. Au cours des combats, les soldats français, partant de la vallée de l'Aisne, devaient « monter sur le plateau » tenu par l'armée allemande.
Le général Pétain, nommé le 17 mai 1917 au poste de général en chef des armées françaises en remplacement du général Nivelle, parvient à rétablir la discipline au sein des régiments touchés par les mutineries, en alliant condamnations exemplaires et mesures d'amélioration des conditions de vie des soldats. Plus de 500 mutins ou assimilés sont condamnés à mort (dont 26 effectivement exécutés).
 
Le cimetière de Soupir, au pied du Chemin des Dames, témoigne de la violence des combats de 1917.
 
 

La chanson de craonne-1917 - YouTube

www.youtube.com/watch?v=z-yRaEYQNQs
En mémoire de tout les morts de la 1ére guerre mondial et des révoltés de 1917..
 
 
 

Paroles

Quand au bout d'huit jours, le r'pos terminé,
On va r'prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c'est bien fini, on en a assez,
Personn' ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s'en va là haut en baissant la tête.
RefrainAdieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C'est nous les sacrifiés !
C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c'est pas la mêm' chose.
Au lieu de s'cacher, tous ces embusqués,
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendr' leurs biens, car nous n'avons rien,
Nous autr's, les pauvr's purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr' les biens de ces messieurs-là.
au Refrain
Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu'un qui s'avance,
C'est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l'ombre, sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.
RefrainCeux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l'plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau 
 
 
 
 
AUTRE VISION...
 
Georges Brassens, Les trompettes de la renommée
La guerre de 14-18
Humour noir
Humour absolument effrayant de Brassens dans cette chanson, qui tourne en dérision le culte des "héros morts pour la patrie", des anciens combattants, de la vertu "virilisante" d'une "bonne guerre" pour la jeunesse. Le côté fanfare militaire de l'accompagnement de guitare contribue au côté grinçant de la chanson...
Depuis que l'homme écrit l'Histoire,
Depuis que l'homme écrit l'Histoire
Depuis Hérodote considéré comme le "Père de l'Histoire"
Depuis qu'il bataille à coeur joie
L'Histoire et la guerre
Brassens met dans le même sac le fait d'écrire l'Histoire, c'est à dire en fait de donner le point de départ de la civilisation, et celui de faire la guerre. Civilisation = guerre, massacres...
Complément
Plus simplement, les livres d'Histoire et les programmes d'Histoire à l'école que GB a pu connaître des années 30 aux années 50 ne présentaient qu'une longue suite de règnes et de guerres dont il fallait mémoriser les dates. Tout ceux qui ont fait leurs études avant mai 68 savent encore qu'en 732 Charles Martel arrêta les Arabes à Poitiers et qu'en 1515 François 1er mit une pâtée aux Italiens à Marignan, etc. L'Histoire, c'était ça. Il a fallu l'Ecole des Annales pour qu'on s'intéresse enfin à l'Histoire des Peuples et de leurs cultures plutôt qu'à celle de leurs rois, princes, soudards et autres mercenaires.
Entre mille et un' guerr's notoires,
Si j'étais t'nu de faire un choix,
Les choix absurdes
Ce qui est assez marrant chez Brassens, c'est de faire passer de manière inaperçue un choix absurde. Ce même type de choix "cornélien" que l'on retrouve dans Le gorille où l'on est tenu de choisir entre violer un magistrat ou une vieille...
À l'encontre du vieil Homère,
Homère
"le vieil Homère" qui, évidemment, plaçait la guerre de Troie au-dessus de toutes les autres (étant bien dans l'impossibilité de comparer avec toutes celles qui ont suivi !)
Je déclarerais tout de suite :
"Moi, mon colon, cell' que j' préfère,
Mon colon
Mon colonel, en argot de caserne.
On imagine la scène: l'appelé Brassens, faisant son service, interrogé au garde-à-vous par le colonel...
Complément
Rappelons au passage que le "mon" précédant colonel n'a rien de possessif mais signifie plutôt monsieur.
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !"
 
Est-ce à dire que je méprise
Les nobles guerres de jadis,
Que je m' soucie comm' d'un' cerise
Temps de cerises de 71
Brassens remplace la "guigne" par la "cerise" et ne nous empêche pas de sous-entendre la Commune de Paris...
De celle de soixante-dix ?
De celle de soixante-dix?
Il s'agit bien sûr de la guerre de 1870 contre l'Allemagne. Grosse débâcle française, on retient la capitulation à Sedan de l'empereur Napoléon III menant à la chute du IInd Empire et
Au contraire, je la révère
Et lui donne un satisfecit
Satisfecit
Billet de satisfaction que donne le professeur à un élève dont il est content. Le Petit Robert
Complément
Le Satisfecit est surtout la deuxième récompense (la première étant le premier prix), ce qui est logique puisque Brassens se dit satisfait de cette guerre mais préfère celle de 14-18
Mais, mon colon, cell' que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
 
Je sais que les guerriers de Sparte
Sparte
Puissante cité hellénique qui, dans les années 670, restructura son système politique pour en faire un état totalitaire et militaire chargé de former les meilleurs guerriers de toute la Grèce.
Plantaient pas leurs épées dans l'eau,
Petit proverbe modifié
Spécialité de Brassens que l'on trouve dans la plupart de ses chansons.
Dans Comme une soeur par exemple, se retrouver le bec dans l'eau, c'est au sens propre. Ici, il a simplement changé l'expression "donner des coups d'épée dans l'eau", qui signifie "se démener pour rien". Et donc, le sens du texte bénéficie de ce changement puisque les Spartes avaient un tout autre usage de leur épée...
Que les grognards de Bonaparte
Sparte / Bonaparte
Brassens fait rimer Sparte avec Bonaparte ; on peut y voir un hommage à Hugo, ou du moins à ce texte connu de générations d'écoliers : cf.
Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte
.
Tiraient pas leur poudre aux moineaux...
épées et poudre
Les images derrière les locutions "coup d'épée dans l'eau" et "tirer sa poudre aux moineaux" s'inscrivent parfaitement dans l'histoire militaire depuis Sparte jusqu'à Bonaparte
Leurs faits d'armes sont légendaires,
Au garde-à-vous, j' les félicite,
Mais, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
 
Bien sûr, celle de l'an quarante
L'an quarante
Le choix de cette date renforce le désintérêt du narrateur, du fait qu'elle évoque fortement l'expression "s'en moquer comme de l'an quarante".
Cette expression proviendrait d'une prédiction de fin du monde qui avait été faite pour l'an 1040. Passée cette fatidique date, le bon populo n'a cessé de se moquer de sa crédulité en conservant l'expression...
Complément
Selon le Dictionnaire des Expressions et Locutions, d'Alain Rey et Sophie Chantreau (Les Usuels du Robert, 1989), "il s'agit plutôt d'une expression à tendance 'patriotique', d'une plaisanterie des sans-culottes sur l'année 40 du règne de Louis XVI. Le choix du chiffre demeure obscur, mais celui-ci a pu être retenu en raison de son importance dans la symbolique des nombres".
Ne m'a pas tout à fait déçu,
Elle fut longue et massacrante
Et je ne crache pas dessus,
Mais à mon sens, ell' ne vaut guère,
Guèr' plus qu'un premier accessit,
Accessit
Distinction remise à ceux qui, sans avoir obtenu un prix, s'en sont rapprochés.
Moi, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
 
Mon but n'est pas de chercher noise
Aux guérillas, non, fichtre ! non,
Guerres saintes, guerres sournoises,
Qui n'osent pas dire leur nom,
La Guerre sans Nom
C'est ainsi qu'était désignée la guerre qui eut lieu en Algérie entre 1954 et 1962, et dont certains actes de torture menés par les forces françaises lui valent toujours une censure plus ou moins avouée.
Complément
Elle a eu beaucoup de noms, justement, mais pas celui de guerre: on a parlé de troubles, d'opérations de police, de pacification, de sécurisation (déjà!) des campagnes, de lutte contre le terrorisme (tiens, tiens...), et lorsqu'elle a été terminée, on a longtemps dit "les événements d'Algérie" au lieu de la "guerre". Au grand dam des anciens combattants d'ailleurs, qui s'y étaient fait trouer la peau et auraient bien aimé qu'on la reconnaisse, leur guerre, pour pouvoir toucher les retraites et primes correspondantes et mériter le respect de la Patrie reconnaissante. Il aura fallu du temps...
Chacune a quelque chos' pour plaire,
Chacune a son petit mérite,
Mais, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
 
Du fond de son sac à malices,
Mars va sans doute, à l'occasion,
Mars
Dieu de la guerre chez les romains
En sortir une - un vrai délice ! -
Qui me fera grosse impression...
En attendant je persévère
À dir' que ma guerr' favorite,
Cell', mon colon, que j' voudrais faire,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Georges Brassens

Georges Brassens - La guerre de 14-18. - YouTube

www.youtube.com/watch?v=l2F5qaHzkj0
Album : Les Trompettes de la renommée Artiste : Georges Brassens Titre : La guerre de 14-18 (1961)




Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine

chanson revancharde Alsace et Lorraine (paroles de Gaston Villemer et Henri Nazet, musique de Ben Tayoux), écrite en 1871, au lendemain de la guerre franco-allemande, qui s'est conclue par l'annexion de l'Alsace-Lorraine au nouvel empire allemand.

Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine
Et, malgré vous, nous resterons français
Vous avez pu germaniser la plaine
Mais notre cœur, vous ne l'aurez jamais
 
 

Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine - YouTube

www.youtube.com/watch?v=TN3a4kOl4Yo
 
En Hommage à notre Alsace et notre Lorraine à jamais Française. Délivré par la Victoire de 14-18.
1871
Chanson créée par Peschard en 1871, reprise la même année à l'Eldorado par Mlle Chrétienno (voir à Amiati), puis par Gauthier aux Ambassadeurs et finalement Amiati.
Paroles de Gaston Villemer et de Henri Nazet - Musique de Ben Tayoux
Éditeur : Tralin / Éveillard et Jacquot
Premier enregistrement, selon Martin Pénet (Mémoire de la chanson - Omnibus, France Culture) en 1899 par Henri Thomas. - Martin Pénet signale également Georges Thill en 1939 et Germaine Montéro en 1960.

A noter : le thème récurrent du "Clairon", chanté également par Amiati, est emprunté à cette partition et a inspiré l'introduction de la chanson "La guerre de 14-18" créée par Georges Brassens en 1962..


Paroles

France à bientôt ! car la sainte espérance
Emplit nos cœurs en te disant : adieu.
En attendant l'heure de la délivrance,
Pour l'avenir... Nous allons prier Dieu.
Nos monuments où flottent leur bannière
Semble porter le deuil de ton drapeau.
France entends-tu la dernière prière
De
tes enfants couchés dans leurs tombeaux ?
Refrain [*]Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine
Et, malgré vous, nous resterons Français
Vous avez pu germaniser la plaine
Mais notre cœur vous ne l'aurez jamais
Eh quoi ! nos fils quitteraient leur chaumière
Et s'en iraient grossir vos régiments !
Pour égorger la France, notre mère,
Vous armeriez le bras de ses enfants !
C'est contre vous qu'elles leur serviront
Le jour où, las de voir couler nos larmes
Pour nous venger leurs bras se lèveront.

au Refrain
Ah ! jusqu'au jour où, drapeau tricolore,
Tu flotteras sur nos murs exilés,
Frères, étouffons la haine qui dévore
Et fait bondir nos cœurs inconsolés.
Mais le grand jour où la France meurtrie
Reformera ses nouveaux bataillons,
Au cri sauveur jeté par la patrie,
Hommes enfants, femmes, nous répondrons.


[*] On entend également chanter le refrain comme suit :

Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine
Car notre cœur sera toujours français
Vous aurez beau germaniser la plaine
Mais notre cœur sera toujours français !

 
 
 
 


 

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