samedi 27 avril 2024

Anatomie d'une chute

 Meurtre, suicide ou accident ? Comment Samuel, le mari de Sandra, héroïne d’Anatomie d’une chuteest-il mort ? Ces trois hypothèses racontent chacune trois scénarios radicalement opposés. Trois vérités autour de la mystérieuse chute d’un homme dans le vide. De cette intrigue initiale autour d’une mort suspecte, Justine Triet a tiré un film intense et magistral, Palme d’or 2023 avant d’obtenir, entre autres, six César et l’Oscar du meilleur scénario original. La réalisatrice, avec des scènes de « bravoure » comme la dispute du couple, place le spectateur en juré, témoin de leur vie intime, du drame qui s’est joué et se poursuivra face à la justice avec la mise en examen pour homicide de Sandra. La Cour d’assises dissèque leur vie sous tous ses aspects (amoureux, matériels, familiaux, domestiques…). Et nous tous, public fébrile et captif, de tenter de « rentrer dans le cerveau » de la suspecte, de sonder la complexité de sa personnalité, ses ambiguïtés, ses vérités multiples, et de parier sur son innocence ou sa culpabilité. Pur plaisir nourri par un moment de bascule dramaturgique quand l’enregistrement de leur dispute (cachée) ressurgit.



Anatomie d'une chute : Sandra Voyter a-t-elle tué Samuel Maleski ?

Anatomie d'une chute : Sandra Voyter a-t-elle tué Samuel Maleski ?

À la fin d'"Anatomie d'une chute", très grand film de 2023, une décision de justice est rendue. Correspond-elle à la "réalité" ou, comme son personnage principal, Justine Triet a-t-elle "détruit la réalité par la fiction" ? En d'autres termes, Sandra est-elle coupable ou innocente ? On a mené l'enquête. (SPOILERS)


Le grand chef-d'oeuvre de 2023

Le film de Justine Triet Anatomie d'une chute n'a pas volé la pluie de distinctions qui le couvre, à commencer par la Palme d'or du Festival de Cannes 2023, la plus prestigieuse des récompenses du cinéma, avant d'accumuler 6 César. Dans ce film de procès et drame intime, le génie se trouve en effet partout.

D'abord, il se trouve dans les interprétations du casting, aussi bien Sandra Hüller que Milo Machado-GranerAntoine Reinartz et Swann ArlaudJehnny Beth et Samuel Theis, toutes parfaites. Ensuite, dans la mise en scène, a priori conventionnelle mais a priori seulement, puisque notamment l'usage du son, les tremblements de caméra, les plans au tribunal où l'axe part en amorce d'un avocat pour en traverser un autre avant d'arriver à l'accusée, témoignent d'une grande maîtrise de la narration par les images. Enfin, et c'est le brio sans lequel les deux précédents n'existeraient pas, le scénario d'Anatomie d'une chute est un modèle de suspense, de manipulation et d'efficacité.

Anatomie d'une chute
Anatomie d'une chute ©Le Pacte

Dans cette écriture, tout compte. Chaque ligne de dialogue, chaque silence, chaque flashback - au nombre de deux et fondamentaux pour comprendre la manipulation qu'opère la cinéaste -. Rien n'est de trop et, tour de force, rien ne triche. En effet, pour un film dont le principe est le dévoilement d'une vérité, Justine Triet aurait pu jouer avec son spectateur et l'embarquer sur de fausses pistes pour nourrir son suspense. Mais il n'y a dans Anatomie d'une chute aucune fausse piste, aucun mensonge de la part de sa réalisatrice, aucun détournement du sujet. Et pourtant, la narration du film, tout en étant fiable du début à la fin, est d'une délicieuse ambiguïté et même d'un formidable vice.

Le maléfice du doute

Anatomie d'une chute
Anatomie d'une chute ©Le Pacte

On ne revient pas sur ce point avant qu'il ne soit à nouveau évoqué au procès, et que leur fils Daniel ne découvre alors seulement ce témoignage de sa mère. Il apprend cet "événement", avant ensuite de découvrir l'enregistrement de la dispute entre ses parents la veille de la mort de son père, enregistrement dans lequel Sandra va au coeur de leur conflit et sort ses quatre vérités à Samuel.

Rien ne permet de vérifier que Sandra dit vrai sur cette supposée tentative de suicide, et le psychiatre de Samuel, appelé à témoigner, dément que celui-ci ait pu être suicidaire. Mais dans les derniers instants du procès, Daniel demande alors à apporter un nouveau témoignage. Et c'est ce dernier témoignage, inattendu, qui va tout bouleverser.

... Enrichi par un autre

Le week-end qui précède le dernier jour d'audience, au cours duquel il doit apporter cet ultime témoignage, Daniel demande à rester seul avec Marge, auxiliaire de justice présente pour veiller à ce qu'il ne soit pas influencé par sa mère, et demande donc que sa mère s'en aille de la maison. Celle-ci n'étant pas là, il n'y aura donc aucun doute sur le fait que celle-ci ne l'a pas influencé.Durant ce week-end, il glisse alors des aspirines dans la pâtée de leur chien Snoop, qui tombe malade. À l'agonie, il est finalement sauvé in extremis par Marge et Daniel qui le font vomir. Expliquant ensuite à Marge pourquoi il a empoisonné Snoop, il lui raconte comment, ayant découvert lors du procès que selon sa mère son père aurait pu faire une tentative de suicide, il s'est souvenu du jour où il avait retrouvé Snoop sentant le vomi, et ensuite constaté un état bizarre du chien pendant plusieurs jours. Ayant ce souvenir de Snoop en tête, il s'est alors demandé si le chien n'avait pas mangé ce jour le vomi de son père, vomi contenant de l'aspirine. Ce pourquoi il dit avoir empoisonné Snoop, afin de vérifier son intuition.
Daniel Maleski (Milo Machado-Graner) - Anatomie d'une chute
Daniel Maleski (Milo Machado-Graner) - Anatomie d'une chute ©Le Pacte

Suite à cette explication, on retrouve Daniel et Marge dehors. La conversation tourne autour de la question de Daniel : en l'absence d'éléments probants, faut-il "inventer" la vérité ? Ce à quoi Marge répond que non, "inventer" n'est pas le bon terme, mais qu'il s'agit plutôt de "décider".

Le lendemain, il raconte alors à la barre du tribunal, comme il l'a déjà dit à Marge auparavant, comment Snoop a réagi à son expérience et empoisonnement, avec comme résultat le même comportement qu'au moment de la supposée tentative de suicide de son père. Daniel dit donc croire à cette tentative de suicide de son père, se basant sur la réaction de Snoop à la consommation d'aspirines.

... Puis encore un autre

Mais Daniel ne s'arrête pas là, il raconte encore que revenant en voiture du cabinet vétérinaire, son père a évoqué l'inévitable disparition de leur chien, un jour. Il le raconte avec sa voix, et on voit alors un flashback, le cadre sur son père qui débite des mots à double sens : il parle autant du chien que de lui-même, accréditant ainsi la thèse du suicide. Mais les mots de Samuel sont prononcés par la voix de Daniel. À la différence de l'autre flashback, issu de l'enregistrement audio et donc d'une preuve matérielle, où les personnages sont entendus avec leurs propres voix. Comme le dit l'avocat général à la fin du témoignage de Daniel, tout ceci est invérifiable et ne peut constituer une preuve...

Si l'on considère donc que le récit de Sandra sur la tentative de suicide de Samuel est un mensonge, alors logiquement l'empoisonnement accidentel de Snoop en est un autre, comme l'est aussi le récit de ce voyage en voiture où son père lui aurait suggéré sa disparition prochaine.

L'avocat général (Antoine Reinartz) - Anatomie d'une chute
L'avocat général (Antoine Reinartz) - Anatomie d'une chute ©Le Pacte

Moment furtif qui vient accréditer cette hypothèse du récit mensonger de tentative de suicide par Sandra, et qui montre qu'elle se désavoue elle-même sur cette thèse : lorsque son avocat défend que dans l'enregistrement de la dispute on entend l'énergie du désespoir, celle d'un homme au bord de l'abandon et du suicide, alors que l'avocat général dit entendre lui tout l'inverse - l'énergie d'un homme qui reprend sa vie en main -, elle glisse à Vincent : "ce n'est pas Samuel".

Par ces mots, elle contredit donc le portrait que celui-ci vient de faire de son compagnon. Elle avait auparavant déclaré à Vincent ne pas vouloir "salir" Samuel, ce à quoi l'avocat avait laconiquement répondu : "on va essayer". Une faille dans la fiction qu'elle met en place, mais que, heureusement pour elle, personne ne relève à l'audience.

Une mère sauvée par son fils

Que s'est-il passé ? D'abord, Sandra a donc menti en inventant une fausse tentative de suicide, afin d'apporter du crédit à sa seule stratégie de défense. Cet événement étant raconté comme n'ayant eu qu'elle seule comme témoin, il est impossible de prouver que c'est un mensonge. À l'écoute, ensuite, de l'enregistrement de la dispute de ses parents, Daniel comprend combien sa mère était opprimée, accusée de tous les maux par son père qui la rendait responsable de son propre malheur. Jugeant que sa mère était ainsi largement et continuellement abusée par son père, il décide alors d'aider sa mère et d'accréditer son mensonge par deux autres.

Signe final qui vient conclure cette alliance tacite et cet enchaînement de mensonges, lorsque Sandra et Daniel se retrouvent après l'acquittement, ils s'étreignent et la mère enfouit sa tête sous celle de son fils. L'image est forte : c'est l'enfant qui protège son parent, c'est le fils qui rassure sa mère, c'est le jeune garçon qui a perdu son innocence lors du procès et qui est maintenant pleinement en prise avec le monde adulte et ses manipulations. Il est devenu un "homme", protecteur mais aussi capable d'une grande violence pour arriver à ses fins : l'empoisonnement de Snoop.

Un avocat en plein dilemme

Autre élément qui accrédite l'idée que Sandra Voyter est bien coupable : la relation ambigüe entretenue avec son avocat. Swann Arlaud incarne avec brio Vincent Renzi, l'avocat de Sandra Voyter. Il est son avocat, mais il est aussi un vieil ami, puisque l'on apprend assez vite qu'ils se sont connus dans leur jeunesse. On comprend aussi au fil du récit que Vincent, il le dit lui-même à la fin d'une journée du procès, a été à l'époque "désespérément amoureux" de Sandra.

Anatomie d'une chute
Anatomie d'une chute ©Le Pacte

S'il la défend donc, c'est sans doute d'abord par affection, voire par amour. Il lui signifie par ailleurs très rapidement qu'il ne croit pas à la thèse accidentelle, et transmet la sensation de n'être pas entièrement convaincu par la thèse du suicide.

Lorsque celle-ci lui demande, le même soir où il lui dit avoir été amoureux d'elle, si elle le croit, il lui répond avec humour qu'il ne lui dit pas tout ce qu'il pense, sinon "elle le virerait". Enfin, à l'issue du procès, un plan s'attarde sur son regard fuyant par la vitre de la voiture, où il paraît d'abord réjoui du verdict puis, un instant fugace, semble assombri et perturbé. L'acteur transmet alors ici la conscience d'avoir démontré l'innocence d'une coupable.

L'aveu "en direct" du co-scénariste

Si ces éléments devaient ne pas suffire à montrer que Sandra Voyter est bien coupable de la mort de Samuel, et qu'elle a pu compter sur l'intervention mensongère de son fils pour s'en sortir, au moins un autre élément, avec une dimension "méta", est ouvertement explicite sur le sujet. Dans une séquence hors procès, on voit l'extrait d'une émission de télévision où une journaliste et un critique littéraire échangent sur la personnalité de Sandra Voyter et la procédure en cours. Deux déclarations sont à noter.

La première est celle de la journaliste qui cite Sandra Voyter : "j'écris pour que la fiction détruise la réalité". Une phrase qui vaut pour son métier d'écrivaine, comme aussi pour ce à quoi on assiste dans le film : la fiction du suicide doit détruire la réalité du meurtre (cf. plus haut l'enchaînement des mensonges).

La seconde déclaration vient du critique littéraire, incarné par Arthur Harari, co-scénariste d'Anatomie d'une chute. Celui-ci a les derniers mots de cette séquence et dit : "c'est quand même une meilleure idée que celle d'une écrivaine qui tue son mari plutôt que celle d'un prof qui se suicide." Et si précisément ça, n'est pas un aveu direct des auteurs du film...

Plus largement, si Anatomie d'une chute a été célébré pour son scénario, et a gagné la Palme d'or, c'est bien parce que l'aspect retors voire immoral de son scénario - l'histoire d'une meurtrière qui échappe à la justice - est en lui-même fascinant. Mais par ailleurs parce que la Palme d'or ne récompense pas seulement la haute technicité d'un film, elle distingue aussi la pertinence globale de son discours, au-delà du cinéma, en ce qu'il peut dire du monde dans lequel on vit.

Un film pour dénoncer les violences masculines

Anatomie d'une chute est en effet l'histoire d'une femme intelligente, indépendante, travailleuse, amoureuse à ses dépens et brimée par un homme qui ne supporte pas le succès de sa compagne et ne supporte pas son propre échec. Sandra Voyter le dit pendant leur dispute, si elle doit penser que dans leur couple quelqu'un s'est sacrifié, ce n'est sûrement pas lui, mais elle, qui a quitté son Allemagne natale pour vivre avec lui à Londres, et ensuite le suivre pour revenir dans ses Alpes natales.

Pour souligner ce déracinement, effectué par amour, Justine Triet écrit un personnage anglophone, qui n'a pas la facilité de pouvoir vivre "chez lui" d'une part, et d'autre part de s'exprimer dans sa "langue". Et qui est-on sans sa langue, sinon personne ?

Anatomie d'une chute, sans outrance, sans caricature, est un film qui met à jour l'identité féminine oppressée par l'identité masculine habituée au pouvoir, au succès et à s'appuyer sur les autres identités. D'une certaine manière, craquant au moment où Samuel marque une énième fois sa jalousie, sa rancoeur et son malheur en étouffant Sandra par sa musique mise à fond, son geste peut s'expliquer comme une légitime défense, une réponse fulgurante à des années de reproches, d'accusations et de report de charges mentales et émotionnelles sur elle.

C'est aussi ce que soulignent les récompenses attribuées au film : le fait qu'Anatomie d'une chute ait exprimé dans un thriller procédural génial, un subtil film de vengeance et un geste de cinéma brillant, une réalité politique, sociale et intime qui diminue les femmes et qu'il faut de toute urgence parvenir à dépasser.



« Mais c’était vraiment important de ne pas en parler aux acteurs sur le plateau de tournage, parce que ce n’est pas le but du film, qui est ambigu. Par exemple, peut-être qu’elle ne l’a pas tué, mais elle aurait pu le pousser au suicide. Il y a beaucoup de possibilités. Ce n’est pas si noir ou blanc. »

« J’ai un conseil à vous donner : regardez le chien »

Malgré l’opacité de ce premier indice, un second a émergé lors de la cérémonie des National Board Awards ce jeudi 11 janvier, où le film a reçu le Prix du meilleur film étranger. Lors de son discours de remerciements, Justine Triet a cette fois attiré l’attention sur un personnage du film qui n’est ni Sandra, ni son mari, mais leur chien, Snoop

« Je pense que nombre d’entre vous se demandent encore si Sandra a tué son mari ou pas. J’ai un conseil à vous donner : regardez le chien. C’est un animal, il a de l’instinct, peut-être qu’il sait. »

Messi // Source : Laura Martin
Messi // Source : Laura Martin

Et si la réponse était là depuis le début, et qu’il suffisait seulement de regarder dans les yeux de Snoop, de son vrai nom Messi ?


Présentation généralemodifier

Sandra Voyter, Samuel Maleski et leur fils malvoyant Daniel, onze ans, vivent à la montagne, non loin de Grenoble. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur chaletSuicide ou homicide ? Une enquête est ouverte, et Sandra est mise en examen malgré le doute. Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère, véritable dissection du couple.

Synopsis détaillémodifier

Dans un chalet isolé en montagne près de Grenoble, Samuel Maleski écoute de la musique dans son grenier; si fort que sa femme, Sandra Voyter, romancière bisexuelle allemande, demande à reporter son entretien avec une étudiante qui l'interviewait. Leur fils, Daniel, revient d'une longue promenade avec Snoop, son chien guide, et découvre Samuel mort en dessous de la fenêtre du grenier. En parlant à un vieil ami, l'avocat Vincent Renzi, Sandra déclare que la chute devait être accidentelle.

Lorsque Vincent rétorque que le tribunal ne croira pas à un accident, Sandra informe Vincent de la tentative précédente de Samuel de faire une surdose d'aspirine, six mois auparavant, après avoir arrêté ses antidépresseurs. Vincent remarque un bleu sur son bras, qu'elle explique par un heurt contre un plan de travail.

Daniel rapporte au juge d'instruction que ses parents avaient une conversation paisible lorsqu'il a quitté la maison, mais donne des versions contradictoires sur sa position exacte à ce moment-là lors de la reconstitution. Ceci, ajouté à une autopsie révélant que la blessure à la tête de Samuel s'est produite avant que son corps ne touche le sol, des projections de sang, et un enregistrement audio d'une dispute entre Samuel et Sandra la veille de sa mort, conduit à la mise en examen de Sandra.

Pendant le procès, l'équipe de défense de Sandra soutient que Samuel est tombé de la fenêtre du grenier au troisième étage et s'est cogné la tête sur un abri, tandis que l'accusation prétend que Sandra l'a frappé avec un objet contondant et l'a poussé depuis le balcon du deuxième étage. Lors d'un échange tendu au tribunal avec le psychiatre de Samuel, qui insiste sur l'absence d'intentions suicidaires chez Samuel, elle exprime son ressentiment envers lui.

Dans l'enregistrement de la dispute, Samuel l'accuse de plagiat, d'infidélité, et de vouloir contrôler sa vie. La dispute s'envenime et devient violente, sans qu'on sache qui frappe qui. L'accusation soutient que toute la violence émane de Sandra. Elle affirme avoir lancé un verre contre un mur et giflé Samuel, et explique les bleus sur ses bras par le fait que Samuel l'a saisie, ajoutant que les autres bruits de la violence entendue provenaient de Samuel qui se frappait lui-même.

Après que Sandra a reconnu avoir eu une liaison avec une femme l'année précédant la mort de Samuel, l'accusation argumente que la musique forte de Samuel traduisait sa jalousie provoquée par le jeu de séduction entre Sandra et l'intervieweuse, qui a conduit à la confrontation physique et, selon l'accusation, au meurtre. Le procureur met en avant la tendance de Sandra à transposer ses conflits personnels dans ses récits et comment tuer Samuel pourrait refléter les pensées d'un personnage secondaire de son dernier roman.

Sandra conteste en disant qu'un enregistrement audio ne représente en rien la nature de leur mariage, ni que les propos d'un personnage de l'un de ses romans ne reflètent ses propres tendances. Bouleversé par les événements, Daniel insiste pour témoigner avant les plaidoiries finales le lundi suivant, et le juge établit des règles strictes pour éviter toute influence sur son témoignage, y compris la présence d'une superviseur judiciaire, Marge, et exige que toutes les conversations se déroulent en français, malgré les difficultés de Sandra avec la langue.

Daniel demande ensuite à Sandra de quitter la maison pour le week-end afin que seule Marge puisse veiller sur lui et Snoop. Après avoir entendu le témoignage de Sandra sur l'overdose d'aspirine de Samuel, Daniel se souvient que Snoop était tombé malade à cette époque et suspecte maintenant que Snoop a mangé du vomi de Samuel ; il nourrit délibérément Snoop avec de l'aspirine ce week-end là et constate le même effet, ce qui corrobore le témoignage de Sandra.

Daniel confie à Marge son angoisse à déterminer ce qui est vrai, elle lui répond que parfois, lorsque nous ne savons pas ce qui est réellement vrai, nous pouvons simplement décider ce qui est vrai pour nous. À la barre, Daniel affirme que si sa mère a fait cela, il ne peut pas le comprendre, mais si c'est son père, il le peut. Il ajoute qu'un jour, Samuel et lui ramenaient Snoop de chez le vétérinaire. Dans la voiture, son père lui avait parlé de ce chien qui était plus qu'un chien, un super chien qui comprend tout ce dont a besoin Daniel, qui est toujours là pour lui. S'imaginer la vie de cet être toujours à s'occuper de Daniel. Et aussi penser au fait que Snoop devrait mourir un jour, qu'il n'était plus tout jeune et qu'il devrait partir un jour. Nécessité d'être prêt à le voir mourir. Sa propre vie continuera. Daniel dit clairement à la barre des témoins que ce jour-là, son père parlait en fait de lui-même. L'enfant réalise là les pensées suicidaires de son père, Samuel.

Peu après le témoignage de Daniel, Sandra est acquittée. Lorsqu'elle rentre à la maison, Daniel lui dit qu'il avait peur de son retour et elle répond qu'elle aussi, ce qui mène à une étreinte chaleureuse. Alors que Sandra se prépare pour le coucher, elle s'attarde sur une photo d'elle et Samuel avant de s'endormir avec Snoop.




  Jamais, depuis George Washington, un ancien chef de l’État n’avait été inculpé pour des faits criminels. En l’occurrence, d’avoir ordonné des versements frauduleux en pleine campagne présidentielle 2016, sous couvert de frais juridiques, pour acheter le silence d’une actrice de X, Stormy Daniels, alias Stephanie Clifford, avec qui il entretint une brève liaison en 2006 - et bien sûr, éviter le scandale qui lui coûterait la victoire.

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La falsification de documents commerciaux n’est qu’un délit mineur au regard de la loi new-yorkaise, mais la charge s’alourdit considérablement s’il est prouvé que la loi électorale a été violée au passage. Tarif présumé: un à quatre ans de prison ferme. Donald Trump, 77 ans, compte bien esquiver le couperet. Mais, pour l’heure, il mesure l’épreuve qui l’attend: six à huit semaines de procès, à compter de la convocation initiale du 15 avril, consacrée à la sélection initiale de douze jurés et huit remplaçants ; obligation de présence jusqu’au dernier jour ; relâche les week-ends et chaque mercredi. Surtout, des frais somptuaires d’avocats, détournés du trésor de guerre censé initialement inonder les campagnes américaines de publicités télévisées à sa gloire.

Et que dire des locaux. Vétustes, tout en boiseries sombres et marbres élimés, une climatisation excessive. Le contraste est saisissant. À l’en croire, il attendait avec impatience ce «showdown (tomber de rideau)», ce duel impitoyable avec une justice accusée d’être otage des démocrates. Et pourtant, malgré la certitude que «son» mouvement MAGA (Make America Great Again) sortira revigoré de cette «chasse aux sorcières», l’homme abhorre visiblement l’expérience.

Début du calvaire

Le calvaire ne fait que commencer. Il lui faut écouter la plaidoirie liminaire du procureur. Celui-ci explique la raison de ce procès, et les faits que l’accusation se fait fort de prouver: en août 2015, Donald Trump, son avocat personnel Michael Cohen et David Pecker, ex-patron du tabloïd National Enquirer auraient fomenté un complot criminel par lequel Pecker s’engageait à intercepter et à enterrer toute histoire susceptible de nuire au candidat présidentiel afin d’aider sa campagne. Trump aurait par la suite tenté de camoufler cette conspiration en faisant passer pour des frais juridiques le paiement de 130.000 dollars effectué par Michael Cohen au profit de Stormy Daniels.

« Catch and kill. » C’est ce qui s’est produit dans le cas de Stormy Daniels

Mardi matin, deuxième jour d’audience. Donald Trump se pelotonne, gagné par le froid ambiant et la monotonie des débats. Le juge Merchan parle de façon monocorde et à peine audible. Bercé par le ronron, le prévenu dodeline de la tête, puis la baisse carrément pour éviter de s’exposer aux regards scrutateurs. Un artifice qui ne dupe personne, surtout Maggie Haberman, la journaliste du New York Times qui le connaît par cœur.

«Le boss s’en occupera»

Mais le voilà qui se réveille, quand un visage familier s’avance à la barre. David Pecker lui-même, premier témoin convoqué par l’accusation, ressemble à un grand-père bonhomme et souriant, à qui on donnerait le bon Dieu sans confession. En 2016, il s’est mis au service de Donald Trump. Outre les calomnies sur les rivaux de celui-ci, il s’agit d’alerter son réseau de correspondants, déceler les scandales potentiels, intervenir pour les étouffer à temps.

Catch and kill. C’est ce qui s’est produit dans le cas de Stormy Daniels. Lorsqu’il en entend parler, le patron de l’Enquirer alerte l’équipe Trump. Suggère à Michael Cohen de payer l’actrice. Il ne se fait pas prier, car l’idée de titrer sur une star du X ne l’enchante guère: le magazine est distribué dans le réseau des supermarchés Walmart. Il ne s’agirait pas de choquer outre mesure la «soccer mom». Catch and kill, donc!

Le futur président d’alors est notoirement pingre, mais il pense que son accession au pouvoir calmera les rancœurs éventuelles de ses nervis

Au troisième jour de son audition, jeudi, David Pecker détaille le système mis en place au profit de Donald Trump. Il est question, cette fois, d’une autre liaison extraconjugale, beaucoup plus sérieuse qu’avec Stormy Daniels. Karen McDougal, ex-mannequin chez Playboy, aurait fréquenté l’homme d’affaires pendant toute une année. Par prudence, Pecker a reçu, là aussi, instruction d’acheter également son silence en 2016. Michael Cohen lui suggère de payer les 150.000 dollars négociés avec McDougal. Pour ce qui est de rembourser la somme, aucun souci, rassure Cohen: «Le boss s’en occupera». Celui-ci ne paiera jamais. Si bien que lorsque surgit l’ombre de Stormy Daniels, David Pecker refuse tout net de payer d’avance. «Je ne suis pas une banque», tranche Pecker.

Le futur président est notoirement pingre, mais il pense que son accession au pouvoir calmera les rancœurs éventuelles de ses nervis. Erreur fatale dans le cas de Cohen, qui déclarait naguère être «prêt à prendre une balle» pour son patron mais se retournera contre lui en 2018. Bonne pioche dans le cas de David Pecker, qui conte l’invitation gracieuse reçue de la Maison-Blanche en juillet 2017, sans doute pour services rendus.

Climat polaire

Un des avocats de Trump, Emil Bove, parvient cependant à marquer un point: cette alliance entre le National Enquirer et un candidat à la présidentielle, supposément criminelle puisque visant à fausser une élection, n’est-elle pas simplement une «procédure standard» pour ce genre de presse à scandale, qui ne publie au final que la moitié des récits achetés? En d’autres termes, le magazine n’y a-t-il pas recouru dans d’autres «cas»? David Pecker acquiesce. Oui, il a rendu les mêmes services à l’acteur Mark Wahlberg et à l’ex-gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger.

L’accusation devra trouver d’autres arguments mordants pour expliquer combien l’affaire Stormy Daniels, ou plutôt son étouffement, a interféré avec le résultat des urnes. Avantage à la défense qui n’aura besoin que d’un juré sur douze pour faire échouer l’accusation et acquitter son client. Tout verdict, au regard de la loi new-yorkaise, requiert en effet l’unanimité.

Donald Trump profitera de la prochaine pause, mercredi 1er mai, pour se rendre dans le Wisconsin et le Michigan. Rien de tel que l’adoration des foules pour oublier, quelques heures durant, le climat polaire de la salle d’audience 1530 à Manhattan.

9 h 25, vendredi 26 avril. Donald Trump apparaît devant les caméras, les traits tirés. Une mèche regimbe, inhabituellement, de sa chevelure peroxydée et toujours soigneusement lissée. Il défie une nouvelle fois Juan Merchan, le juge le plus «empêtré» qu’il ait «jamais vu», et fustige un procès «truqué». Surtout, il souhaite un bon anniversaire à sa femme Melania, qui fête ses 54 ans. «Elle est restée en Floride, lâche-t-il, mais je la rejoindrai dès ce soir

Dans ce marathon judiciaire éprouvant, les bonnes nouvelles tombent à pic. Jeudi, les débats à la Cour suprême sur l’immunité absolue réclamée par l’ancien président laissaient entrevoir un possible renvoi du dossier à l’échelon inférieur et, par ricochet, une possibilité d’appel renvoyant un éventuel procès aux calendes grecques. Et puis Donald Trump profitera de la prochaine pause, mercredi 1er mai, pour se rendre dans le Wisconsin et le Michigan. Rien de tel que l’adoration des foules pour oublier, quelques heures durant, le climat polaire de la salle d’audience 1530 à Manhattan.


vendredi 26 avril 2024

C DANS L'AIR 26 AVRIL

 


GOD SAVE THE KING

 

Si le palais ne livre que peu de précisions quant à l'état de santé du roi, un porte-parole de Buckingham souligne que «son programme de soins se poursuivra, mais les médecins sont suffisamment satisfaits des progrès effectués».
 

 Un Moulin Rouge dépourvu d'ailes. Les ailes du célèbre cabaret parisien du quartier de Pigalle, dans le XVIIIe arrondissement, sont tombées au sol dans la nuit de mercredi à jeudi. Aucun blessé n’est à déplorer. Mais le mystère reste entier concernant cette chute en haut du berceau du French Cancan devenu un symbole de la capitale.


Les ailes du Moulin rouge se sont effondrées, pas de blessé. Les ailes du célèbre monument parisien sont tombées dans la nuit de mercredi à jeudi, ont indiqué les pompier, confirmant une information de BFMTV. Aucun blessé n’est à déplorer, ont précisé les sapeurs-pompiers de Paris, ajoutant qu’il n’y avait plus aucun risque d’effondrement. Les raisons de cette chute sont pour le moment inconnues.


  La honte : pour Macron, les Haïtiens sont « complètement cons » et ont tué « Haïti » Emmanuel Macron affirme que les « Haïtiens sont compl...