mercredi 5 octobre 2022

METEO-DES-OURAGANS

 

Une forte onde tropicale approche du sud de l'arc antillais, la Martinique passe en vigilance jaune pour fortes pluies et orages et vents violents

météo
Image satellite du 4 octobre 2022.  ©Météo France Martinique
Le temps était instable ce mardi 4 octobre 2022 avec des passages nuageux en alternance avec des éclaircies. Cependant, au cours des prochaines heures, la situation va se dégrader. Une forte onde tropicale menace le Sud des Petites Antilles et va provoquer des précipitations. L'île est placée en vigilance jaune fortes pluies et orages ainsi que pour vents violents.

Une vaste zone blanchâtre située au Sud-Est de l'arc antillais se distingue sur l'image satellite de la zone Atlantique. Il s'agit d'une forte onde tropicale, qui menace le Sud des Petites Antilles.

Cette onde possède une forte probabilité d'évoluer en phénomène cyclonique sur l'extrême sud des Petites Antilles. Il n'y a pas de menace cyclonique pour les Antilles Françaises, mais cette situation provoque une dégradation des conditions météorologiques sur la Martinique.

Ainsi, les météorologues ont placé l'île en vigilance jaune pour fortes pluies et orages dans l'après-midi. Puis en soirée, la vigilance pour vents violents a été ajoutée.  

À l'approche de l'onde tropicale active, les averses deviennent plus vigoureuses et localement orageuses à partir de la fin de soirée, et surtout au fil de la nuit. Demain mercredi, ce risque de fortes précipitations perdure plus particulièrement le matin. Des cumuls de 30 à 50 mm sont attendues en quelques heures, sur des sols déjà saturés.Les rafales deviennent plus nombreuses et peuvent atteindre entre 70 et 100 km/h, voire plus sous les averses les plus fortes.

Météo France

Une amélioration se dessine mercredi (5 octobre 2022) en fin d'après-midi.

CONCERT

 

En exil, l’Orchestre symphonique de Kyiv débarque à Paris

Sébastien Porte

Triste ironie de l’Histoire. Il aura fallu que Poutine se lance dans sa funeste aventure contre l’Ukraine pour que le public parisien puisse applaudir l’un des meilleurs orchestres de ce pays, et découvre ses compositeurs nationaux. Ce mercredi 5 octobre, alors qu’il n’était encore jamais venu en France, l’Orchestre symphonique de Kyiv (qui tient à la graphie ukrainienne pour désigner la capitale) sera à la Philharmonie de Paris pour un concert exceptionnel, et symbolique à plus d’un titre. Il y donnera un choix d’œuvres en forme de trait d’union musical, soulignant les liens entre le répertoire classique ukrainien et celui du reste de l’Europe, en particulier de la France. Alors que les missiles pleuvent depuis sept mois sur leur pays, ce concert par les musiciens d’un peuple martyr sonne comme une riposte pacifique et symphonique à l’agression dont ils sont victimes. Une manière aussi de faire connaître leur culture au reste du monde, de rappeler que celle-ci existe bel et bien, qu’elle est toujours vivante malgré les tentatives du Kremlin de l’annihiler. Lire la suite

lundi 3 octobre 2022

LE FILM FRANÇAIS, POLÉMIQUE

 Billet

L’entre-couilles, une certaine tendance du «Film français»

Article réservé aux abonnés
A l’occasion du congrès de la Fédération nationale des cinémas français, l’hebdomadaire professionnel sidère avec une couverture entièrement masculine qui affiche un objectif de «reconquête».
par Elisabeth Franck-Dumas
publié le 30 septembre 2022 à 14h48

Oh là là le cinéma mais ça suffit la morosité ! C’est bon les salles vides gna-gna-gna, les plateformes méchantes, tout ça ! Tout va bien, la reprise est en main ! Même, la Reconquête ! Avec un R majuscule, comme le parti d’Eric Zemmour, RECONQUETE ! Ce n’est pas nous qui le disons, c’est l’hebdomadaire professionnel le Film français, dans un numéro dont la couv envoie du rêve aujourd’hui, avec sept gars sympas (enfin, non, six, il y a Vincent Cassel) avec donc six gars sympas qui vont reprendre tout ça en main un, deux, trois, hop c’est parti ! Pour citer le distributeur Christophe Courtois lors du congrès annuel des exploitants la semaine dernière à Deauville «Ce n’est pas le Téléthon du cinéma ici», haut les cœurs ! Ben non c’est pas le Téléthon. Et c’est pas non plus une campagne nationale de sensibilisation contre l’âgisme (persécution dont sont de toute façon victimes essentiellement les comédiennes de plus de 22 ans) malgré la présence de papy ciné, aka Jérôme Seydoux, le patron de Pathé, au centre de l’image. Non, si Dany Boon, Guillaume Canet, Vincent Cassel, François Civil, Pio Marmaï et Pierre Niney se sont réunis tranquillou entre couilles autour de papy ciné, c’est à l’occasion du 77e congrès de la Fédération nationale des cinémas français, et, mes amis, on va voir ce qu’on va voir, faites chauffer le pop-corn.

«Le cinéma est un métier à risques et certains producteurs n’en prennent pas, s’emportait déjà papy ciné lors d’une interview au Point cet été. Ils font des films “anciens” sans beaucoup d’efforts, sur un vieux modèle de fabrication.» Mais oui c’est vrai ça ! Il faut re-nou-ve-ler ! Reconquérir ! Dehors les vieux modèles ! Ah mais, attention hein, tût tût, pas avec Alice Diop, Mia Hansen-Love, Valeria Bruni-Tedeschi ou Rebecca Zlotowski, pour ne citer que quelques-unes des cinéastes françaises qui vont réveiller le cinéma français en cette rentrée. Faut pas déconner. Si «le cinéma français manque de courage et d’ambition» (dixit encore papy ciné), il faut appeler des mecs, des vrais mecs, des mecs blancs, à la rescousse. Comme Cassel, Civil, Marmaï, tous (incroyable !) à l’affiche du film Pathé les Trois Mousquetaires qui va sortir l’an prochain. Ou Dany Boon, dont Pathé «va vendre le nouveau film qu’il tourne». Ou Guillaume Canet, dont Pathé a produit Astérix et Obélix, l’empire du Milieu. Qui parle de paresse ? De «vieux modèles» ? Allez ! Comme a illico balancé Audrey Diwan sur Twitter, après la parution en ligne de la couverture : «Si on vous gêne, n’hésitez pas à le dire.»

raciste sans le savoir...

 "C'est terrible ; je suis bien obligé de le reconnaître : je suis raciste.

Je viens de m'en rendre compte en mettant en route ma lessive du jour.
J'ai séparé le blanc des couleurs.
Affligeant. Et dire que j'agis ainsi depuis des années !
Et, circonstance aggravante, avec une lessive qui lave plus blanc que blanc.
C'est pathétique.
Comme Monsieur Jourdain dans un autre domaine, j'étais raciste sans le savoir.
Du coup, je suis d'une humeur noire. Ça ne va pas arranger les choses.
Oh, je savais que je ne suis pas blanc comme neige.
J'ai connu des périodes noires.
Dans un précédent emploi, on m'avait donné carte blanche.
Résultat, j'ai monté une caisse noire.
Quelque temps plus tard, alors que j'étais déjà connu comme le loup blanc, j'ai travaillé au noir.
Découvert, j'ai essayé de montrer patte blanche, mais j'ai été placé sur liste noire.
Et comme disait le chanteur " noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir".
Alors que faire ? Pour sûr, j'avais mangé mon pain blanc.
Je dirais bien que j'ai pleuré à l'arme blanche, mais ça serait de l'humour noir.
Alors dans la glace, je me suis regardé dans le blanc des yeux.
Pas question de me retrouver dans une misère noire.
L'avenir restait une page blanche.
Inutile de voir tout en noir ! Je pouvais sortir blanchi de tout ce sombre passé.
Finis les noirs projets ! Je serais désormais plus blanc que neige ! Finie la série noire.
Et patatras, voilà que je me découvre raciste. Mais c'était cousu de fil blanc.
Je dois être la bête noire de quelqu'un, c'est sûr.
Tout de même, ce sera un jour à marquer d'un caillou blanc.
Bon, je ne vais pas tout peindre en noir. D'autant que c'est bientôt la semaine du blanc ! Inutile de broyer du noir. Ni de me faire des cheveux blancs.
Allez, je vais me servir un petit noir.
Et puis non, plutôt un petit blanc, avec un morceau de chocolat noir.
Et un peu de fromage blanc ça me remontera.
Tiens, il commence à faire nuit noire. Je vais regarder un vieux film en noir et blanc. Chouette, c'est une version originale, sous-titrée !
Si, c'est écrit dans le programme... Noir sur blanc

Celle-là est bonne, il faut lire ! ! !

On l'appelait : la Tête de nègre...
Maintenant on l'appelle '' Meringue chocolat, ou tête de choco ".
Ouf ! Ils n'ont pas changé le nom du champignon Tête de nègre, ni le Cap Nègre.
On aurait pu aussi se demander s'il est bien « correct » de se taper une « religieuse » , un « Congolais » un « Jésuite », un « Diplomate », un « Financier » ?
Je ne vous parle pas de la fameuse Forêt Noire, qu’il faudra bientôt appeler forêt sombre !
La SPA va sans doute un jour nous interdire de manger les « langues de chats ».
Les antitabac les « Cigarettes russes ». Et les « Pets de nonne » ?... > >
Où s'arrêtera la bêtise humaine ?
Savent-ils seulement que pour faire une tête de nègre il faut battre les blancs au fouet ?...
Il n'y a qu'une chose qui ne change pas : LES TÊTES DE CONS !

Il semble que cette année, on a eu ceux de l'année prochaine en livraison avancée.

HOMMAGE

 


Galadriel, une des héroïnes de la série « Les Anneaux de pouvoir ».

Galadriel, une des héroïnes de la série « Les Anneaux de pouvoir ».

Photo Ben Rothstein/PrimeVideo


Littlefeather, qui est Apache et Yaqui, a été huée lors de la cérémonie des Oscars de 1973 alors qu’elle expliquait au nom de Brando pourquoi il ne voulait pas accepter son Oscar du meilleur acteur pour Le Parrain. Brando avait demandé à Littlefeather de refuser le prix pour lui en signe de protestation contre le traitement des Amérindiens par l’industrie cinématographique. «J’y suis allée, comme une femme indienne fière, avec dignité, courage, grâce et humilité, a déclaré Littlefeather lors de la cérémonie au musée. Je savais que je devais dire la vérité. Certaines personnes peuvent l’accepter. Et d’autres non.»

Elle a raconté qu’il a fallu empêcher la star vétéran du western John Wayne de l’agresser physiquement alors qu’elle quittait la scène. Littlefeather, membre de la Screen Actors Guild -- premier syndicat des acteurs de cinéma fondé en 1933 --, avait ensuite eu du mal à trouver du travail à Hollywood, les directeurs de casting étant avertis de ne pas l’employer.

jeudi 29 septembre 2022

LE COIN DES CURIOSITÉS

 

Ce matin, je suis le plus grand ennemi des amateurs de vitesse, de tuning et de vos amortisseurs, car je suis un ralentisseur... dans le viseur de plusieurs associations qui m’accusent de mise en danger de la vie d’autrui.

Un comble quand on sait que j’ai été inventé en 1906 aux Etats-Unis pour… sauver des vies. A l’époque, il n’y avait quasiment pas de voitures en circulation mais déjà la vitesse posait problème. Et lorsqu’une femme est renversée dans une ville du New Jersey, des blocs de pierre sont posés aux croisements de la route : mes premiers ancêtres. Mais c’est seulement dans les années 1970 que j’apparais en Europe, aux Pays-Bas d’abord. Aujourd’hui je peux être trapézoïdal, coussin berlinois ou gendarme couché. En réalité personne ne fait la différence et tout le monde m’appelle "dos d’âne". Rien à voir avec la forme du dos d’un âne qui est plat mais avec la charge qu’on y place…

Légalement, je ne devrais jamais faire plus de quatre mètres de long ni plus de dix centimètres de haut. Je ne devrais jamais être installé sur une route où passent plus de 3000 véhicules par jour, ni sur une ligne de bus. Mais les mairies et les départements profitent d’un flou législatif pour s’affranchir des règles et on me trouve sous toutes les formes et de toutes les tailles : 450 000 ralentisseurs en France pour seulement 34 000 communes.

Une brèche dans laquelle se sont engouffrées les associations d’automobilistes, pas vraiment adeptes de tout ce qui limite la vitesse : elles ont déjà réussi à faire condamner plusieurs communes, contraintes et forcées de me détruire ou de me raboter. Et, cette fois, elles s’en prennent directement au gouvernement accusé d’inaction en matière de pollution...

Retrouvez Dans la peau de l'info par Marie Dupin, tous les jours à partir de 7h20.

ON NE MEURT PAS DE VIEILLESSE.

 









Le certificat de décès de la reine Elizabeth II vient d’être rendu public trois semaines après la mort de la souveraine, le 8 septembre. Le document mentionne sa « vieillesse » comme cause de sa mort. Sauf que la vieillesse ne peut être considérée comme une pathologie et donc comme une cause de décès.



C’est dans son château de Balmoral, en Écosse, que la reine Elizabeth II s’est éteinte « paisiblement » ce 8 septembre, à 96 ans. Ce détail de localisation obligeait un médecin à établir un certificat de décès. En Angleterre, cette obligation légale s'applique aux sujets du souverain, mais pas au souverain lui-même. Le document a été rendu public par les archives nationales d'Écosse, ce 29 septembre. Il mentionne sa « vieillesse » comme cause de décès. Voilà donc comment s’est achevé le règne le plus long de la monarchie britannique.

« La cause principale de la mort est enregistrée », a expliqué Douglas James Allan Glass, médecin de Braemar, village voisin de Balmoral, « apothicaire de la reine » depuis 34 ans. Bémol : vieillir n’est pas une maladie. Et donc pas non plus une cause de décès au sens biologique. Une formulation détournée qui permet surtout de préserver le secret médical qui entoure la fin des soixante-dix années de trône d’Élizabeth II. En France, la « vieillesse » n’est d’ailleurs jamais mentionnée comme cause de décès, comme nous l’explique Christophe Trivalle, gériatre à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif (AP-HP). Entretien.

Marianne : Pourquoi est-il imprécis de dire que la reine est « morte de vieillesse » ?

Christophe Trivalle : Deux jours avant de disparaître, la reine Elizabeth a rencontré la Première ministre britannique : c’est sa dernière apparition publique. Don, 48 heures avant de s’éteindre, elle était sur pied. Difficile de parler de « mort de vieillesse » dans ce cas ! Cette notion floue se rapporte souvent aux personnes dont l’état de santé général se dégrade progressivement avec l’âge. On l'utilise surtout dans le langage courant lorsqu’on ne sait pas réellement ce qui a provoqué la mort. Il est vrai que certaines maladies qui sont plus fréquentes avec l’augmentation de l’espérance de vie, puisqu’elles sont particulièrement liées à l’âge – c’est le cas d’Alzheimer et de Parkinson par exemple – et sont parfois appelées « maladies du vieillissement ».

À LIRE AUSSI : Longévité : vivra-t-on un jour jusqu'à 200 ans ?

Mais on ne peut pas pour autant dire qu’une personne meurt de vieillesse. Un décès a forcément une cause, qui peut être liée à d’autres pathologies : une maladie cardiovasculaire, un cancer, une infection… La reine n’est pas morte de vieillesse, cela n’a pas de sens. Quand on parle de mort de vieillesse, on englobe tous les décès pour lesquels nous n’avons pas de diagnostic médical précis. Et cela arrive souvent. Quand une personne décède, surtout une personne âgée, on ne fait pas forcément d’autopsie, alors qu’on en pratiquait davantage il y a quelques décennies. Désormais, on ne le fait que quand il y a une suspicion, une raison médico-légale, par exemple en cas de suicide.

Dans ces cas où l’on ne sait pas exactement ce qui a mené au décès, que mentionne-t-on sur le certificat ?

Cette formulation de « vieillesse » est potentiellement valable au Royaume-Uni. Mais en France, à ma connaissance, on ne l'utilise pas. Quand l’Inserm [Institut national de la santé et de la recherche médicale] ou encore l’Insee [Institut national de la statistique et des études économiques] publient les pourcentages des causes de décès en fonction des tranches d’âges, la « vieillesse » n’apparaît pas, cela n’aurait que peu de sens. Quand on ne sait pas, souvent, on indique un « arrêt cardiorespiratoire ». Ce qui n’est pas tellement plus précis, puisque si on décède, on est forcément en arrêt cardiorespiratoire. Mais généralement, si la personne a une maladie associée, comme du diabète ou de l'hypertension, on le mentionne. J’essaie, de mon côté, d’être le plus précis possible pour que les certificats permettent de faire des statistiques fiables sur les causes de décès au niveau de la population.

À LIRE AUSSI : Fantasme de la vie éternelle : est-ce qu'on perd son temps à essayer d'en gagner ?

Prenons l’exemple d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, décédée parce qu’elle s’étouffe avec un aliment. Sur le certificat de décès, j’écrirais « fausse route », c’est-à-dire que l’aliment est parti vers les poumons plutôt que vers le système digestif, puis « trouble de la déglutition ». Or, ce dernier est lié à sa pathologie, donc figure aussi « Alzheimer » sur le document. C’est la même chose pour une personne qui décède d’une infection qui est apparue car elle était immunodéprimée à cause d’un traitement anticancéreux. Tout est lié : le cancer, ou plutôt son traitement, permet à l'infection de se répandre. Celle-ci provoque un choc septique, suivi d’un arrêt cardiaque. On ne peut pas mentionner uniquement cette deuxième cause, c’est imprécis ! Enfin, si la mort est rapide, inattendue et inexpliquée, on peut mettre « mort subite ». On en parle souvent chez les nourrissons mais cela peut arriver à tout âge, même chez les personnes âgées. La personne se porte bien, mais elle meurt subitement.

Pour la reine, aurait-on alors pu parler de « mort subite » ?

Non. Le matin de son décès, on a su que son état de santé inquiétait son entourage. Elle est morte à 15 heures. Ce qui veut dire qu’il s’est dégradé avant qu’elle ne meure – certes rapidement, mais ce n’est pas propre à une mort subite. On ne peut donc pas savoir ce qui s’est exactement passé : ce peut être un infarctus massif, un AVC [accident vasculaire cérébral]… Tout cela est du domaine de l’hypothèse, mais il y a forcément un diagnostic plus précis que la vieillesse qui a mené à la disparition d'Elizabeth II. Cette formule permet probablement de préserver le secret médical, en protégeant la cause réelle. Nous n’avons accès qu’à une feuille de ce certificat : peut-être y en a-t-il d’autres.









Vieillir n’est pas une maladie. Et donc pas non plus une cause de décès au sens biologique.
AFP

"Non, Elizabeth II n’est pas 'morte de vieillesse' !"



Christophe Trivalle, gériatre : "Non, Elizabeth II n’est pas 'morte de vieillesse' !"

C’est dans son château de Balmoral, en Écosse, que la reine Elizabeth II s’est éteinte « paisiblement » ce 8 septembre, à 96 ans. Ce détail de localisation obligeait un médecin à établir un certificat de décès. En Angleterre, cette obligation légale s'applique aux sujets du souverain, mais pas au souverain lui-même. Le document a été rendu public par les archives nationales d'Écosse, ce 29 septembre. Il mentionne sa « vieillesse » comme cause de décès. Voilà donc comment s’est achevé le règne le plus long de la monarchie britannique.

« La cause principale de la mort est enregistrée », a expliqué Douglas James Allan Glass, médecin de Braemar, village voisin de Balmoral, « apothicaire de la reine » depuis 34 ans. Bémol : vieillir n’est pas une maladie. Et donc pas non plus une cause de décès au sens biologique. Une formulation détournée qui permet surtout de préserver le secret médical qui entoure la fin des soixante-dix années de trône d’Élizabeth II. En France, la « vieillesse » n’est d’ailleurs jamais mentionnée comme cause de décès, comme nous l’explique Christophe Trivalle, gériatre à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif (AP-HP). Entretien.

Marianne : Pourquoi est-il imprécis de dire que la reine est « morte de vieillesse » ?

Christophe Trivalle : Deux jours avant de disparaître, la reine Elizabeth a rencontré la Première ministre britannique : c’est sa dernière apparition publique. Don, 48 heures avant de s’éteindre, elle était sur pied. Difficile de parler de « mort de vieillesse » dans ce cas ! Cette notion floue se rapporte souvent aux personnes dont l’état de santé général se dégrade progressivement avec l’âge. On l'utilise surtout dans le langage courant lorsqu’on ne sait pas réellement ce qui a provoqué la mort. Il est vrai que certaines maladies qui sont plus fréquentes avec l’augmentation de l’espérance de vie, puisqu’elles sont particulièrement liées à l’âge – c’est le cas d’Alzheimer et de Parkinson par exemple – et sont parfois appelées « maladies du vieillissement ».

À LIRE AUSSI : Longévité : vivra-t-on un jour jusqu'à 200 ans ?

Mais on ne peut pas pour autant dire qu’une personne meurt de vieillesse. Un décès a forcément une cause, qui peut être liée à d’autres pathologies : une maladie cardiovasculaire, un cancer, une infection… La reine n’est pas morte de vieillesse, cela n’a pas de sens. Quand on parle de mort de vieillesse, on englobe tous les décès pour lesquels nous n’avons pas de diagnostic médical précis. Et cela arrive souvent. Quand une personne décède, surtout une personne âgée, on ne fait pas forcément d’autopsie, alors qu’on en pratiquait davantage il y a quelques décennies. Désormais, on ne le fait que quand il y a une suspicion, une raison médico-légale, par exemple en cas de suicide.

Dans ces cas où l’on ne sait pas exactement ce qui a mené au décès, que mentionne-t-on sur le certificat ?

Cette formulation de « vieillesse » est potentiellement valable au Royaume-Uni. Mais en France, à ma connaissance, on ne l'utilise pas. Quand l’Inserm [Institut national de la santé et de la recherche médicale] ou encore l’Insee [Institut national de la statistique et des études économiques] publient les pourcentages des causes de décès en fonction des tranches d’âges, la « vieillesse » n’apparaît pas, cela n’aurait que peu de sens. Quand on ne sait pas, souvent, on indique un « arrêt cardiorespiratoire ». Ce qui n’est pas tellement plus précis, puisque si on décède, on est forcément en arrêt cardiorespiratoire. Mais généralement, si la personne a une maladie associée, comme du diabète ou de l'hypertension, on le mentionne. J’essaie, de mon côté, d’être le plus précis possible pour que les certificats permettent de faire des statistiques fiables sur les causes de décès au niveau de la population.

À LIRE AUSSI : Fantasme de la vie éternelle : est-ce qu'on perd son temps à essayer d'en gagner ?

Prenons l’exemple d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, décédée parce qu’elle s’étouffe avec un aliment. Sur le certificat de décès, j’écrirais « fausse route », c’est-à-dire que l’aliment est parti vers les poumons plutôt que vers le système digestif, puis « trouble de la déglutition ». Or, ce dernier est lié à sa pathologie, donc figure aussi « Alzheimer » sur le document. C’est la même chose pour une personne qui décède d’une infection qui est apparue car elle était immunodéprimée à cause d’un traitement anticancéreux. Tout est lié : le cancer, ou plutôt son traitement, permet à l'infection de se répandre. Celle-ci provoque un choc septique, suivi d’un arrêt cardiaque. On ne peut pas mentionner uniquement cette deuxième cause, c’est imprécis ! Enfin, si la mort est rapide, inattendue et inexpliquée, on peut mettre « mort subite ». On en parle souvent chez les nourrissons mais cela peut arriver à tout âge, même chez les personnes âgées. La personne se porte bien, mais elle meurt subitement.

Pour la reine, aurait-on alors pu parler de « mort subite » ?

Non. Le matin de son décès, on a su que son état de santé inquiétait son entourage. Elle est morte à 15 heures. Ce qui veut dire qu’il s’est dégradé avant qu’elle ne meure – certes rapidement, mais ce n’est pas propre à une mort subite. On ne peut donc pas savoir ce qui s’est exactement passé : ce peut être un infarctus massif, un AVC [accident vasculaire cérébral]… Tout cela est du domaine de l’hypothèse, mais il y a forcément un diagnostic plus précis que la vieillesse qui a mené à la disparition d'Elizabeth II. Cette formule permet probablement de préserver le secret médical, en protégeant la cause réelle. Nous n’avons accès qu’à une feuille de ce certificat : peut-être y en a-t-il d’autres.

  Aller au contenu principal Aller à la recherche des programmes Aller au pied de page Découvrez tout l’univers TF1 INFO Créer un compte Se ...