N’oubliez pas les Enfants de Lidice
Le 2 Juillet 1942, la plupart des enfants de Lidice, un petit village dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie, ont été remis au bureau de la Gestapo de Łódź.
Ces 82 enfants ont ensuite été transportés au camp d’extermination de Chelmno à 70 kilomètres de là. Une fois arrivés sur place, ils ont été gazés à mort. Cette sculpture remarquable de Marie Uchytilová commémore ce massacre.
Les événements qui ont conduit à leur mort étaient complexes mais le moment charnière fut l’assassinat du Reichsprotektor intérim du protectorat nazi de Bohême et de Moravie, Reinhard Heydrich. La Tchécoslovaquie était occupée par l’Allemagne nazie depuis Avril 1939 et Heydrich était une figure de l’autorité oppressive très détestée. Il a été attaqué par une équipe formée de soldats britanniques,tchèques et slovaques. Dès le moment de sa mort provoquée par une septicémie suite à ses blessures, le 4 Juin 1942, le pays tout entier savait qu’il y aurait des représailles. Rien, cependant, n’aurait pu les préparer à l’horreur qui allait suivre.
L’état d’urgence avait déjà été proclamée, ainsi que le couvre-feu dans la capitale de Prague. Une recherche énorme dans la ville pour trouver les auteurs de l’assassinat s’était révélée vaine. Les assassins avaient disparu. Au moment de la mort de Heydrich, cependant, 157 personnes avaient déjà été exécutées sommairement. Le pire était imminent.
Après les funérailles de Heydrich à Berlin, nul autre que le Führer, Adolf Hitler, prit quatre décisions qui concernaient tous les villages qui avaient abrité les assassins. Tous les hommes adultes devaient être exécutés et les femmes transportées vers un camp de concentration. Les enfants devaient être recueillis et ceux qui étaient appropriés pour une germanisation (qui montraient des traits aryens distincts) devaient être placés dans des familles SS et devaient grandir comme de bons nazis. Le reste devait être élevé par «d’autres moyens». Enfin, le village devait être nivelé, sans aucune trace d’un anéantissement.
Ses ordres ont été exécutés immédiatement. Le village de Lidice a été encerclé, malgré l’absence de toute preuve qu’ils avaient abrité les soldats responsables de l’assassinat. Les hommes ont été emmenés dans une ferme sur le bord du village et ont été exécutés, d’abord par groupes de cinq, puis de dix quand l’instigateur de cette horreur, Horst Böhme, s’était plaint que cela prenait trop de temps. L’après-midi, 173 hommes avaient été abattus.
203 femmes et 105 enfants ont été enlevés d’abord à l’école du village. Ils ont été emmenés dans l’école d’une ville voisine, Kladno. Quatre des femmes étaient enceintes. Elles ont été emmenées à l’hôpital où Heydrich était mort et elles ont du avorter de force. La plupart des femmes ont été emmenées au camp de concentration de Ravensbrück où un certain nombre ont péri de maladie.
Qu’est-il advenu des enfants ? Ils ont d’abord été emmenés dans une usine désaffectée à Łódź et déposés là-bas : pas de soins médicaux n’ont été prodigués en dépit de leur manque évident d’hygiène et de la souffrance vécue après avoir été enlevés de leurs familles et de leurs maisons. Les fonctionnaires ont ensuite choisi un certain nombre d’enfants pour la germanisation.
Ces enfants, choisis au hasard selon les témoins oculaires, ont ensuite été remis aux familles SS pour les élever.
Il y a eu quelques hésitations lors de la décision du sort final des autres enfants. Pourtant, à la fin de Juin, Adolf Eichmann, déjà responsable de la logistique de la déportation massive des Juifs dans les ghettos et les camps d’extermination en Europe, a ordonné leur massacre.
Les 82 statues de bronze, 40 garçons et 42 filles, se présentent comme un rappel éternel du massacre.