30 janvier, Wuhan, Chine. Souvenez-vous. À l’époque, la ville est l’épicentre de l’épidémie de Covid-19. Plusieurs pays évacuent leurs ressortissants présents sur place. Ici, nous sommes dans l’avion militaire qui s’apprête à rapatrier environ 200 expatriés français et leurs familles. L’appareil va se diriger vers Carry-le-Rouet, dans les Bouches-du-Rhône, où ses passagers seront placés en quarantaine. (Photo : Hector Retamal / AFP)

23 février, Castiglione d’Adda, Italie. La ville fait partie des onze municipalités italiennes alors placées en quarantaine en raison de l’épidémie de Covid-19. Personne n’entre, personne ne sort, et ces carabiniers postés à l’entrée de la commune y veillent. 52 000 habitants du nord de la péninsule sont concernés. Ce sont les premières mesures de confinement du genre en Europe. (Photo : Guglielmo Mangiapane / Reuters)

16 mars, Douarnenez (Finistère). Nous sommes à la veille du premier confinement destiné à endiguer la pandémie de Covid-19. Personne ne sait trop comment réagir : ces mesures étaient encore inimaginables quelques semaines plus tôt. Alors, les mêmes scènes se répètent dans beaucoup de supermarchés de France et d’ailleurs : certains rayons sont dévalisés. Sur cette image, c’est celui des pâtes. (Photo : Yves-Marie Quemener / Ouest-France)

21 mars, Nantes (Loire-Atlantique). En ce samedi matin, ces rues du centre-ville sont désertes. Une vision très surprenante, dans la sixième municipalité de France, qui compte plus de 300 000 habitants. Le confinement a démarré quatre jours plus tôt, le 17 mars. Conséquence, à Nantes comme ailleurs en France et dans les autres pays qui ont mis en place de telles mesures, les rues se sont vidées. (Photo : Marc Roger / Ouest-France)

22 mars, Mulhouse (Haut-Rhin). Des militaires installent un hôpital de campagne. La ville est l’une des plus durement touchées par l’épidémie de coronavirus, en France. Objectif : désengorger les hôpitaux civils de la région. Des patients du Grand Est sont également évacués vers des régions moins touchées et d’autres pays européens. (Photo : Patrick Hertzog / AFP)

24 mars, à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle de Roissy (Val-d’Oise). La pandémie de Covid-19 et les mesures de confinement ont mis l’ensemble du secteur du transport aérien à l’arrêt. À Roissy, l’un des aéroports les plus fréquentés au monde en termes de trafic, ces avions d’Air France sont cloués au sol. Ils attendent, sur le tarmac, la fin des restrictions de déplacement. (Photo : Thomas Samson / AFP)

26 mars, Bergame, Italie. Cette colonne de camions de l’armée italienne transporte les cercueils contenant les dépouilles de personnes décédées des suites du Covid-19. En cette fin du mois de mars, l’Italie est devenu le pays le plus endeuillé au monde par la pandémie. Bergame, cité industrieuse du nord de la péninsule, est l’épicentre de l’épidémie. Le crématorium de la ville est débordé. (Photo : Miguel Medina / AFP)

31 mars, Marseille (Bouches-du-Rhône). Nous sommes dans le quartier de la Maison-Blanche, pendant le premier confinement. Un habitant, penché au-dessus de son balcon, a noué des draps pour recevoir un colis de nourriture. Il est souffrant, ne peut pas sortir de chez lui, et des voisins lui ont acheté des vivres. Une véritable chaîne de solidarité s’est organisée, dans le quartier. (Photo : Anne-Christine Poujoulat / AFP)

1er avril, à Paris. À la gare d’Austerlitz, des soignants installent des patients, malades du Covid-19, dans un TGV médicalisé. Ils seront évacués vers des hôpitaux de régions moins touchées par le coronavirus, pour désengorger certains services de réanimation saturés. Ce train, par exemple, va partir en direction de la Bretagne. Ces opérations vont se multiplier, en France. (Photo : Thomas Samson / Pool via Reuters)

11 mai, Paris. Nous sommes au premier jour de la levée des mesures du premier confinement. Dans cette rame du métro parisien, les passagers portent des masques de protection. On devine aussi, sur certains sièges et strapontins, des autocollants invitant à ne pas s’asseoir là, pour respecter les mesures de distanciation physique et empêcher la propagation du Covid-19. (Photo : Yann Castanier / Ouest-France)

17 mai, New York, États-Unis. Ces cercles de peinture ont été tracés sur les pelouses du parc Domino pour encourager les New-Yorkais à respecter les mesures de distanciation physique et limiter la propagation du coronavirus. Un symbole de ces nouvelles habitudes qu’il a fallu prendre, en 2020, partout sur Terre. (Photo : Johannes Eisele / AFP)

28 juin, à Lorient (Morbihan). Masques, gel hydroalcoolique, distanciation physique : voici comment se déroule le deuxième tour des élections municipales. Le premier a eu lieu un peu moins de trois mois plus tôt, le 15 mars. Autant dire une éternité : entre les deux jours de vote, le Covid-19 a durement touché l’Europe et le reste du monde, les Français doivent apprendre à vivre avec le virus. (Photo : Thierry Creux / Ouest-France



L'année qui s'achève aura été totalement inattendue et imprévisible : la pandémie a mis le monde à rude épreuve, révélant aussi plus que jamais la nécessité d'une information fiable et rigoureuse.

Qui aurait pu imaginer l'année qui allait venir, lors des voeux du 31 décembre dernier ? (Photo Martin BUREAU / AFP)

Qui aurait pu imaginer l'année qui allait venir, 

lors des voeux du 31 décembre dernier ?

 (Photo Martin BUREAU / AFP)

AFP

Il faut revoir la cérémonie des voeux du président de la République retransmise à la télévision le 31 décembre 2019. Tout y était. Le ton solennel, la touche d'humanité, la projection dans la décennie suivante. Le rappel des tâches accomplies. Et même des phrases qui, un an plus tard, font presque sourire : "Nous mènerons une politique ambitieuse pour l'hôpital auquel je tiens tant et pour une médecine plus humaine centrée sur le patient", promettait par exemple Emmanuel Macron.  

Au cours de sa courte allocution, le chef de l'Etat n'a pas non plus résisté alors à la tentation de mettre en avant son bilan, rappelant que plus d'un demi-million d'emplois avaient été créés depuis mai 2017. Et sur le sujet qui occupait alors tous les esprits, à savoir la réforme des retraites, il garantissait qu'elle serait menée à son terme. C'était avant le coronavirus. Un autre temps, une autre époque, pas nécessairement moins légère, mais tellement éloignée de la tempête qui allait se déclencher quelques semaines plus tard en Europe et ailleurs. Car ce 31 décembre 2019 là, personne ne prêtait réellement attention à cette déclaration venue de Pékin le jour même, faisant état d'une nouvelle forme de "pneumonie virale" sur le marché de poissons de Wuhan... 

Coronapistes, Zoom et masques

Les masques, les tests, les respirateurs, les statistiques morbides, les confinements, le couvre-feu, les Ehpad, le distanciel ou le présentiel... Le Covid et son grand barda ont jeté aux orties toutes les résolutions prises à l'aube de l'année 2020, cloué les avions au sol, transformé nos chambres à coucher et cuisines en bureaux, annulé nos vacances, nos loisirs, nos visites aux musées ou soirées de concerts. On a vu des canards se promener devant la Comédie française, un sanglier défiler sur la Croisette de Cannes et des rorquals plonger au large des calanques de Marseille. Le virus et les mesures sanitaires ont fait de nous des malades en puissance, des cas contacts, des marcheurs d'un kilomètre, des cyclistes sur coronapistes, des promeneurs sur des plages dynamiques, des parfaits connaisseurs des fonds d'écran de Zoom ou Teams. 2020, l'année qui a sans doute le plus transformé le quotidien des Français depuis l'Occupation, mis au chômage des centaines de milliers de Français, fermé les bars et les restaurants, les facs et pendant un temps les écoles. L'année des épidémiologistes, des infectiologues, des spécialistes de santé. L'année des fausses informations, des batailles de masques, des TGV transformés en hôpital roulant, des vaccins à petites doses, des théâtres au rideau baissé. 

L'année que chacun voudrait oublier, pour passer à autre chose. L'année où les Français ont massivement épargné, et l'Etat encore plus généreusement distribué de l'argent, creusant le trou de la dette. L'année où on s'est mis à parler du monde d'après, sans trop savoir si celui-ci était un ramassis de nos vieilles lunes ou l'addition de nos nouvelles-nouvelles résolutions.



Souvenons-nous : les fracas du monde, l'évolution du virus, la pertinence des solutions apportées, et les nouveaux courants d'idées. Fallait-il être pour ou contre Amazon ? Applaudir ou critiquer les plans de relance ? Accepter ou refuser les restrictions de liberté ?


Il faut revoir la cérémonie des voeux du président de la République retransmise à la télévision le 31 décembre 2019. Tout y était. Le ton solennel, la touche d'humanité, la projection dans la décennie suivante. Le rappel des tâches accomplies. Et même des phrases qui, un an plus tard, font presque sourire : "Nous mènerons une politique ambitieuse pour l'hôpital auquel je tiens tant et pour une médecine plus humaine centrée sur le patient", promettait par exemple Emmanuel Macron.  

Au cours de sa courte allocution, le chef de l'Etat n'a pas non plus résisté à la tentation de mettre en avant son bilan, rappelant que plus d'un demi-million d'emplois avaient été créés depuis mai 2017. Et sur le sujet qui occupait alors tous les esprits, à savoir la réforme des retraites, il garantissait qu'elle serait menée à son terme. C'était avant le coronavirus. Un autre temps, une autre époque, pas nécessairement moins légère, mais tellement éloignée de la tempête qui allait se déclencher quelques semaines plus tard en Europe et ailleurs. Car ce 31 décembre 2019, personne ne prêtait réellement attention à cette déclaration venue de Pékin le jour même, faisant état d'une nouvelle forme de "pneumonie virale" sur le marché de poissons de Wuhan... 



Une année périlleuse, mais où tout n'est pas allé entièrement de travers. Le 3 novembre, Donald Trump, que certains imaginaient déjà rempiler pour un nouveau mandat à la Maison-Blanche, a ainsi été renvoyé sur ses greens de golfs en Floride. Avec l'élection de Joe Biden, l'Amérique n'a sans doute pas choisi la carte du renouveau mais au moins s'apprête-t-elle à rompre avec une politique imprévisible et brutale. De ce côté-ci de l'Atlantique, si l'Union européenne a perdu pour la première fois de son histoire un de ses membres le 31 janvier, le divorce entre Bruxelles et Londres a enfin été scellé après plus de 4 années de palabres et d'atermoiements. Une séparation n'est jamais agréable, mais, au moins, les deux parties ont réussi à éviter le scénario du pire - le no deal - en se mettant d'accord à la dernière minute sur un texte de plus de 2000 pages. L'Europe, précisément, que l'on disait moribonde en début d'année a repris des couleurs. La présidence allemande de l'Union, qui s'achève au 31 décembre, y a certainement été pour quelque chose. Paris également, qui a su rallumer le moteur franco-allemand. Le plan de relance de 750 milliards d'euros, adopté par les 27 début décembre, se concrétisera dès la fin du printemps 2021.  



Autre bonne nouvelle, les formidables progrès de la science : face à la dispersion mondiale du virus, les chercheurs ont intensifié leurs efforts pour trouver en seulement quelques mois non pas un, mais plusieurs vaccins capables de venir à bout du coronavirus. Depuis quelques jours, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en Allemagne, les bras se tendent pour chercher l'aiguille porteuse de l'antidote. En France, le fameux "doute existentiel" dont parlait le président de la République dans l'interview accordée en cette fin d'année à L'Express, freine les ardeurs de nos compatriotes. La peur du vaccin aveugle la raison. Durement chahutée en 2020, la cause scientifique mérite pourtant un meilleur accueil dans le pays de René Descartes, Louis Pasteur et Marie Curie. C'est notre conviction, et en 2021, L'Express continuera à mettre en avant les innovations des savants, tout en combattant les rumeurs propagées par des docteurs de pacotille dont l'exposition médiatique en 2020 a été inversement proportionnelle à leurs qualités scientifiques et rationnelles.


L'année 2020 a aussi été celle du procès des auteurs des attentats contre Charlie Hebdo et l'hyper Casher. L'islamisme, virus rampant s'attaquant à nos valeurs de liberté et de laïcité, a de nouveau frappé la France et l'étranger.  






Pour ses voeux aux Français après une année gâchée par le coronavirus, Emmanuel Macron peut s'inspirer de ses prédécesseurs et de leurs heures sombres.


Le général de Gaulle à la télévision le 11 avril 1969.

Le général de Gaulle à la télévision le 11 avril 1969.


Eux aussi connurent leur annus horribilis à l'Elysée. Eux aussi cherchèrent les mots justes pour lui dire adieu. Au moment de tourner la page d'une année 2020 gâchée par le coronavirus, Emmanuel Macron peut s'inspirer des discours de voeux que ses prédécesseurs prononcèrent aux heures les plus dures de leur mandat.  

On prend peu de risques à parier que le chef de l'Etat appellera les Français à l'unité. C'est un passage obligé des allocutions présidentielles en période de crise. Pour le reste, Emmanuel Macron a l'embarras du choix. Décortiquera-t-il en détail le "malaise moral" des Français, comme le fit le général de Gaulle à l'issue d'une année 1968 marquée par les grèves et le blocage des universités ? Ou se fera-t-il plus elliptique, à la limite du déni, comme François Mitterrand en 1984 après le fiasco de la loi Savary et le remplacement de Pierre Mauroy par Laurent Fabius ? Insistera-t-il sur les raisons de retrouver l'espoir ou, comme Valéry Giscard d'Estaing face au choc pétrolier de 1979 et François Hollande confronté aux attaques terroristes en 2015, dira-t-il sans ambages que le pays doit encore s'attendre à des difficultés ? Retour sur des séquences qui en disent autant sur une époque que sur leurs auteurs.  

31 décembre 1968 : "L'attrait morbide de l'abîme"

"Portons donc en terre les diables qui nous ont tourmentés pendant l'année qui se termine." Ses voeux pour l'année 1969, Charles de Gaulle les offre de tout son coeur. "Un coeur que depuis longtemps, permettez-moi de le dire, n'épargnent pas les soucis au sujet du sort de la France. Mais qui, je vous l'affirme, est aujourd'hui rempli d'espoir", poursuit le général sans craindre la grandiloquence. De cette folle année 1968, il aurait pu se contenter de garder le souvenir de sa victoire écrasante aux élections législatives de juin, au terme de deux mois de mouvement social et étudiant. "Après son passage à vide, la nation française s'est ressaisie", se réjouit-il d'ailleurs. Mais ce passé récent ne passe pas pour le père de la Cinquième République. Il ressent le besoin de revenir sur les événements du printemps et sur ce pays dont "on a même pu croire un moment qu'il s'abandonnait à l'attrait morbide de l'abîme, et qu'il allait rouler jusqu'au plus bas". 

Pour 1969, le général de Gaulle laisse entrevoir une "étape nouvelle de développement et de prospérité", mais il sermonne les Français sur la conduite à tenir pour l'atteindre. "Encore faut-il que nous surmontions le malaise moral qui, chez nous plus que partout à cause de notre individualisme, est inhérent à la civilisation mécanique et matérialiste moderne. Faute de quoi les fanatiques de la destruction, les doctrinaires de la négation, et les spécialistes de la démagogie auraient encore une fois beau jeu de susciter l'amertume pour provoquer l'agitation."  Dans son discours d'une quinzaine de minutes, le chef de l'Etat ne fait qu'une allusion rapide à son projet de référendum sur la régionalisation et la fusion du Sénat avec le Conseil économique et social : "C'est cela que nous réaliserons en associant les collectivités territoriales de notre pays et les catégories économiques et sociales. Soit au plan de la région, aux mesures qui touchent la vie locale ; soit au plan de la Nation, à la préparation des lois. Voilà la réforme de la condition des hommes, autrement dit de leurs rapports, qui doit marquer l'an de grâce 1969, et nous faire à la fois plus forts et plus fraternels." Quatre mois plus tard, 52,41% des Français lui dirent non. Et de Gaulle fit ses bagages. 

31 décembre 1979 : "Que signifient des voeux pour cette fin d'année ?"

"Dans ce monde dangereux, à un moment où l'on voit flamber le prix du pétrole et de l'or, vous êtes en droit de vous interroger : que signifient des voeux pour cette fin d'année ? Est-ce une illusion que l'on vous propose ? Que peut-on attendre en 1980 et pour les années 80 ?" En plein choc pétrolier, Valéry Giscard d'Estaing se pose en homme qui n'esquive aucun sujet. L'exercice est singulier. Le président fait à la fois les questions et les réponses "en quelques mots simples et brefs parce que c'est pour vous une soirée de fête". Il y a de quoi refroidir l'ambiance. "Nous allons subir un nouveau choc, du fait de l'augmentation des prix du pétrole confirmée récemment à Caracas. La facture à payer pour la France et pour les Français sera plus lourde qu'en 1973 - 1974. Cela ne sert a rien de le dissimuler ou de le nier", assène VGE. "Nous allons connaître à nouveau le déficit de notre commerce extérieur, mais peu à peu nous rétablirons notre situation", ajoute-t-il quelques minutes plus tard. Pour adoucir ce langage de vérité, le président vend son bilan économique et social et exalte les réussites du pays, "le succès commercial d'Airbus, le lancement réussi d'Ariane, le développement sans précédent de nos télécommunications et de notre informatique". Une énumération très vintage. 

31 décembre 1984 : "Permettez-moi un souvenir tout à fait personnel"

"Que la France et que les Français s'unissent sur l'essentiel ! Vous le constatez comme moi : ils se divisent à tout propos alors qu'ils sont si forts rassemblés." Le 31 décembre 1984, les voeux de François Mitterrand ont un parfum de désinvolture. Question de durée : à peine cinq minutes, générique compris. Question de fond, surtout : le président socialiste survole l'année 1984. Il n'évoque ni les manifestations contre la loi Savary, qu'il a été contraint de retirer, ni le changement de Premier ministre. Au lieu de cela, le chef de l'Etat donne une petite leçon de rassemblement à travers une parabole familiale au ton paternaliste. "Permettez-moi un souvenir tout à fait personnel, lance-t-il. Grands-parents, parents, frères et soeurs, cousins : nous n'étions jamais moins de 15 à 20 à la maison dans notre petite ville de Charente. Quand nous fêtions le nouvel an, il n'y avait pas de discours, mais j'entends encore un mot qui revenait constamment dans la bouche de mon père : tolérance. "Soyez tolérants entre vous", disait-il à notre petite troupe turbulente. Eh bien, mes chers compatriotes, un pays est comme une famille. On n'a pas les mêmes goûts, on n'a pas les mêmes idées, mais on a la même patrie. La nôtre est belle et grande. Aidons-la, servons-la, aimons notre patrie." Pas sûr qu'Emmanuel Macron puisse s'en tirer à aussi bon compte à l'heure où les Français attendent des réponses précises sur l'épidémie du coronavirus. 

31 décembre 1997 : "Je vais vous dire comment les choses se présentent"

"En 1997, une nouvelle majorité a été élue. J'ai donc nommé un Premier ministre issu de cette majorité. Le gouvernement applique sa politique et je vais vous dire comment les choses se présentent." Après la dissolution ratée, Jacques Chirac vit des heures sombres à l'Elysée. En cette dernière soirée d'une année maudite, le président a deux objectifs. Le premier est de marquer son territoire face à Lionel Jospin : "Conformément à la lettre et à l'esprit de nos institutions, j'assume dans leur plénitude les pouvoirs et les devoirs de ma charge. Garant de la continuité de l'Etat, je suis aussi le gardien des valeurs de la République, au premier rang desquelles la liberté et la solidarité. Responsable de l'avenir de la nation, j'interviendrai chaque fois que ses intérêts seront en jeu pour vous dire ce que je crois être bon pour les Français ou, au contraire, dangereux pour la France."

Le second objectif est de préparer la suite des opérations. Pas de trêve des confiseurs. Jacques Chirac commence à creuser le sillon de l'insécurité en se livrant à une attaque de la majorité de gauche : "Il y a chez nous trop de violence, trop d'insécurité dans les écoles, dans les transports, dans les rues. Chaque jour les limites sont franchies au-delà desquelles la société se défait. C'est aujourd'hui, je le sais, avec le chômage, votre premier souci. L'Etat doit jouer son rôle. Il doit s'efforcer de mieux comprendre. Il doit prévenir. Il doit aussi punir quand il le faut. J'appelle chacun à prendre ses responsabilités. Que les citoyens respectent leurs devoirs. Que les pouvoirs publics restaurent l'ordre et la sécurité, qui est la première des libertés." En 2002, Lionel Jospin sera éliminé dès le premier tour de l'élection présidentielle. 

31 décembre 2008 : "Nous allons sortir renforcés de cette crise"

"L'année 2008 s'achève. Elle a été rude." C'est un Nicolas Sarkozy en pleine tempête financière qui s'adresse aux Français ce soir-là, trois mois après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers. Il est sans doute celui dont la situation ressemble le plus à celle d'Emmanuel Macron aujourd'hui. Un président de la République face à une crise mondiale, à la fois évolutive et incertaine.  "Les difficultés qui nous attendent en 2009 seront grandes, dit Nicolas Sarkozy. Après avoir préservé les économies de chacun grâce au plan de sauvetage des banques, ce sont les emplois de tous qu'il faut désormais sauver." Un objectif qu'Emmanuel Macron pourrait partager au mot près.  Comme l'actuel chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy se rêvait en président réformateur. Comme lui, il a été rattrapé par une crise inattendue et dévastatrice. À l'occasion de ses voeux, l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine entendait dire aux Français qu'il n'avait rien perdu de son ardeur à rénover le pays. "Pour nous en sortir chacun devra faire des efforts, prévient-il dans son allocution. Car de cette crise va naître un monde nouveau auquel nous devons nous préparer en travaillant plus, en investissant davantage, en poursuivant les réformes qu'il n'est pas question d'arrêter car elles sont vitales pour notre avenir." Emmanuel Macron profitera-t-il de son discours de jeudi soir pour donner des nouvelles de sa réforme des retraites ? 


31 mai 2015 : "La menace est toujours là"

"Les voeux que je vous présente ce soir ne ressemblent à aucun de ceux qui les ont précédés, car nous venons de vivre une année terrible. Commencée avec les lâches attentats contre Charlie Hebdo et l'Hypercacher, elle a été ensanglantée par les agressions commises à Montrouge, à Villejuif, à Saint-Quentin-Fallavier et dans le Thalys pour s'achever dans l'horreur avec les actes de guerre perpétrés à Saint-Denis et à Paris."  .


C'est par cette funeste énumération que François Hollande commence son allocution. "Je vous dois la vérité, nous n'en avons pas terminé avec le terrorisme, poursuit-il. La menace est toujours là. Elle reste même à son plus haut niveau. Nous déjouons régulièrement des attentats."  

Quelques jours plus tôt, le Conseil des ministres a adopté le projet de réforme constitutionnelle visant à déchoir de leur nationalité les individus condamnés pour terrorisme. La majorité socialiste regimbe, le risque d'embourbement - qui se vérifiera - est grand, mais François Hollande persiste sur sa promesse faite au Congrès de Versailles en novembre : "Il revient désormais au Parlement de prendre ses responsabilités. Le débat est légitime. Je le respecte. Il doit avoir lieu. Et quand il s'agit de votre protection, la France ne doit pas se désunir. Elle doit prendre les bonnes décisions au-delà des clivages partisans et en conformité avec nos principes essentiels." Quelques semaines plus tard, la ministre de la justice, Christiane Taubira, démissionne en signe de désaccord. Le début d'une deuxième année maudite pour François Hollande. Le 1er décembre 2016, il annonce qu'il renonce à se représenter