Perros-Guirec. Une crèche qui met en scène Ploumanac’h
Dans la chapelle Saint-Guirec, à Perros-Guirec, une crèche maritime met en scène Ploumanac’h.
Pour la 4e année consécutive, la chapelle Saint-Guirec, à Perros-Guirec, abrite une crèche de Noël atypique : elle met en scène Ploumanac’h.
A l’initiative de l’Association pour le Pardon de Saint-Guirec, des reproductions de la poudrière, de la guérite, des rochers et de la lande accueillent les santons
Cette année la réalisation de la crèche s’inspire d’un bâtiment existant sur la côte, vestige d’un passé militaire. Il s’agit d’un ouvrage en granit appelé »poudrière » qui s’inscrivait dans le cadre du déploiement des travaux nécessaires à la défense côtière au XVIIIe et XIXe siècle.
Depuis l’après-guerre, le Père Noël est devenu le personnage iconique et international des fêtes de fin d’année. Pourtant, ce gros bonhomme joufflu tout de rouge vêtu, popularisé par la firme Coca-Cola, avait avant lui, d’autres figures traditionnelles, qui apportaient cadeaux et friandises aux enfants sages.
Saint Nicolas
Ce saint chrétien est sans doute celui qui inspira le personnage du Père Noël. Célébré en Belgique, aux Pays-Bas et dans le nord-est de la France, saint Nicolas est représenté en habit d’ecclésiastique, il se balade avec sa longue barbe blanche, sa crosse et son âne et apporte des bonbons et des cadeaux aux enfants.
Personnage historique, Nicolas fut en effet évêque de Myre, en Turquie, vers 300 après J.-C. La légende raconte que trois enfants, perdus à leur retour des champs, auraient frappé à la porte d’une maison, attirés par la lumière. Un boucher les accueille, leur offre l’hospitalité et en profite pour les tuer et en faire du petit salé.
Saint Nicolas, passant par là quelque temps plus tard, ressuscite les gamins et garde auprès de lui le boucher pour le punir. C’est le fameux père Fouettard, le méchant chargé de réprimander les enfants désobéissants et les cancres, toujours vêtu de noir, et caché sous une cagoule et une épaisse barbe noire. Tout l’opposé de saint Nicolas, qui est considéré comme le saint patron des enfants !
Barbassionné, Chalande, Janvier… Des déclinaisons de Saint Nicolas
La légende de saint Nicolas porteur de cadeaux s’est installée au fil des siècles dans tout l’Hexagone. Chaque région y a inclus des particularités locales et l’adapte à sa manière en lui donnant un nom différent : Chalande en Savoie, Père Janvier en Bourgogne et dans le Nivernais ou encore Barbassionné en Normandie…
Le Christkindel
En Alsace et en Allemagne, c’est le Christkindel – l’enfant Jésus personnifié par une jeune fille toute de blanc vêtue et coiffée d’un voile – qui apparaît le soir de Noël et distribue les cadeaux. Selon certains historiens, ce personnage est la déformation de la fête de la Sainte-Lucie (célébrée le 23 décembre avant la réforme du calendrier grégorien, en 1582). Pour d’autres, il s’agirait d’un personnage créé par Luther au XVIe siècle pour concurrencer la Saint-Nicolas refusée par le protestantisme…
Comme saint Nicolas a son père Fouettard, le Christkindel est accompagné de Hans Trapp (individu inspiré du chevalier sanguinaire Hans Van Trotta, qui terrorisa ces régions au XIIIe siècle), chargé de punir les enfants turbulents.
Saint Basile
En Grèce, c’est un autre saint qui apporte les cadeaux : saint Basile, en référence à saint Basile de Césarée, l’un des Pères de l’Église et précurseur du christianisme social qui vécut entre la péninsule hellénique et la Turquie au IVe siècle après J.-C.
Issu d’une famille noble, le prélat met sa fortune au service des plus démunis, afin de combattre la famine qui sévit dans la région. Il fait bâtir plusieurs hospices dans son diocèse afin de recevoir pauvres et malades, sans distinction de religion.
Le Tió de Nadal
Pour patienter, les Espagnols ont une autre tradition, celle du Tió de Nadal, littéralement « la bûche de Noël » (lire par ailleurs dans l’édition). Particulièrement présente en Catalogne, cette bûche creuse d’environ 30 centimètres de long, debout sur deux ou quatre jambes de bois et avec un grand sourire dessiné sur l’une de ses extrémités, est placée dans la maison à partir du 8 décembre. On « nourrit » la bête un peu chaque nuit, le recouvrant ensuite avec un drap rouge pour qu’il n’ait pas froid.
Le jour de Noël, on demande au Tió de « chier » (c’est le terme employé !) ce qu’il a dans le ventre, en le battant avec des bâtons et en chantant des chansons. La bûche ne donne que des friandises comme des bonbons, des noix, du turrón ou encore des fruits secs, à partager en famille.
Les Yule Lads
En Islande, les enfants n’ont pas de Père Noël mais treize lutins farceurs, les Yuke Lads, fils de l’ogresse Gryla, qui dévore les enfants qui n’ont pas été sages. Les Yules Lads apportent chacun leur tour, entre les 12 et 24 décembre, des cadeaux aux enfants. Cette tradition remonte à bien avant l’adoption du christianisme, vers l’an 1000, les Vikings y célébraient alors le solstice d’hiver.
Jul Tomte
Portant une grande barbe blanche, un petit bonnet rouge pointu, un manteau et des sabots de bois, Jul Tomte est le lutin de Noël qui, aidé de sa chèvre en paille, distribue les cadeaux aux enfants suédois. Contrairement au Père Noël, il ne descend pas par la cheminée mais frappe très fort à la porte des maisons avant de jeter les présents et de s’enfuir dans la nuit ! Pour le remercier, les enfants lui déposent à l’entrée un bol de lait et de flocons d’avoine avec une cuillère en bois.
Befana
En Italie, c’est une sorcière, la Befana, qui passe dans chaque maison où vivent des enfants la nuit précédant l’Épiphanie, le 6 janvier. Ces derniers accrochent une chaussette à côté de la cheminée ou de la fenêtre. Pour ceux ayant été bons et gentils au long de l’année, la Befana, souvent décrite comme une vieille femme volant sur son balai, mais arborant un sourire, dépose dans leur chaussette des caramels ou des chocolats. En revanche, pour ceux qui n’ont pas été gentils, elle remplit les chaussettes de charbon (aujourd’hui remplacé par de la réglisse).
Tante Airie
Célébrée dans le pays de Montbéliard, tante Airie a longtemps fait office de Mère Noël pour les enfants de la région. Ce personnage souriant et bienveillant du folklore local distribuait des friandises et des cadeaux aux enfants du pays la nuit de Noël.
On raconte là-bas qu’il s’agit d’une bonne fée protectrice de la région vivant dans une grotte cachée dans le massif du Jura tout proche. La légende raconte qu’elle écoute les rêves des enfants portés par le vent en collant l’oreille à la paroi de sa grotte… D’autres reconnaissent en elle la comtesse Henriette de Montbéliard (1387-1444) qui, dans les dernières années de sa vie, a montré envers ses sujets une générosité et une bonté inégalées.
Ded Moroz
En Russie, c’est Ded Moroz, alias Grand-Père Givre, qui distribue les cadeaux aux enfants lors de la nuit de la Saint-Sylvestre. Le personnage est souvent représenté avec une longue barbe est un long manteau bleu, c’est une sorte de magicien symbolisant l’hiver russe ; il est accompagné de sa petite-fille Snegurochka,la fée des neiges.
C’est le régime communiste qui en fait un avatar du Père Noël. Mais contrairement à ce personnage célébré à l’ouest, Ded Moroz apporte les cadeaux non pas directement chez les gens, mais à des groupes comme les jeunesses communistes, les comités d’entreprises, les kolkhozes ou les Soviets locaux…
À l’origine, le personnage est un sorcier méchant et cruel, qui aimait congeler les gens, enlever les enfants et les emporter dans son grand sac. En guise de rançon, les parents devaient apporter des cadeaux pour payer la libération de leurs enfants. Il était donc plus proche du père Fouettard que du Père Noël !
Olentzero
Au Pays basque, Olentzaro est un personnage un peu grotesque qui fait son apparition la nuit de Noël. Représenté sous les traits d’un charbonnier dont la grosse tête est couverte de suie, avec sa faucille dans les mains et son sac à charbon sur l’épaule, il va de villes en villages avec son pottok (un petit cheval sauvage de la région).
Malgré son allure inquiétante, il distribue des bûches aux pauvres afin que nul ne souffre du froid la nuit de Noël. Le feu annonce également la nouvelle année et les jours qui commencent à rallonger. Olentzero fait encore aujourd’hui du porte-à-porte et distribue friandises aux enfants qu’il croise dans les rues, mais aussi vin et châtaignes aux adultes…
vendredi 21 décembre 2018
A l’occasion de la fête de Noël,
le temps est venu de chasser
les chagrins, les soucis et les douleurs
pour laisser place à l’amour, la joie et la bienveillance !
Je vous souhaite de merveilleuses fêtes de fin d’année,
Ploumanac’h : inauguration et bénédiction de la crèche jeudi 20 décembre 2018
Le petit édifice ne paye pas de mine, bordant la plage de Saint-Guirec, dans l’ombre du Castel beau site. Les visiteurs y ont accès du pardon de Saint-Guirec, à l’Ascension, jusqu’à la fin du mois de septembre. La chapelle a connu plusieurs vies depuis le VIIe siècle et sa naissance en bois, puis édifiée en pierre au XIIe siècle et agrandie jusqu’à nos jours.
De la moisissure sur les murs !
Mais depuis plusieurs années, l’association des Amis du pardon de Saint-Guirec constate une réelle dégradation de certaines parties du bâtiment. « Il y a de gros problèmes, assure Loïc Ollivier, secrétaire adjoint, complété par Daniel Le Pierrès. Il y a de la condensation due au ciment et des champignons. »
De l’extérieur, cela ne se remarque pas trop. Mais à l’intérieur, dans l’une des ailes, le mur blanc est rempli de taches de moisissures. « La toiture souffre, rajoute Josette Le Guluche, la présidente. Certaines ardoises ont été récupérées par terre. » Il faut dire que la chapelle est grandement exposée aux intempéries. Rien n’a été fait « depuis 50 ans », assurent-ils. Les derniers travaux datent de 1938 et 1948 pour la construction des deux ailes.
Les Amis du pardon de Saint-Guirec alertent la municipalité depuis plusieurs années, longtemps sans succès. Mais depuis trois ans et la nouvelle municipalité, un espoir renaît selon la présidente de l’association. Les travaux seront lancés dans les prochains jours, et seront étalés « sur trois ans, en trois tranches », pendant les périodes de fermeture au public.
Il faut « refaire les joints extérieurs, laisser respirer le mur », estime la présidente, complétée par son secrétaire adjoint Loïc Ollivier, « et régler les problèmes de rétention d’humidité. Le drainage autour de la chapelle est tout à fait inefficace ». Josette Le Guluche espère quand même pouvoir rouvrir cet hiver « pour faire notre crèche de Noël. J’ai demandé à avoir la chapelle quinze jours ».
Coût total des travaux : « 120 000 € avec les taxes », explique l’association. Une première subvention de 11 074 € a été votée par la municipalité le 21 septembre, avec la participation de la Drac et de la Région. Les amis du pardon de Saint-Guirec vont partir à la recherche de donateurs avec l’Arssat de Lannion.
Le pardon de Saint-Guirec 2020 devrait se faire dans un édifice qui aura retrouvé une nouvelle jeunesse.
la restauration de la chapelle Saint-Guirec se poursuit
Avec le fameux oratoire de saint Guirec, c'est une perle de Ploumanac’h, à Perros-Guirec : la chapelle Saint-Guirec retrouve tout son lustre au fil des travaux de restauration
A Perros-Guirec, un chantier a été engagé sur trois ans à la chapelle Saint-Guirec de Ploumanac’hpour un montant hors taxe de 90 000 €. En 2017, la couverture a été revue. En 2018, l’enduit intérieur a été dégradé et le rejointement des pierres vient de débuter tout comme le pavage pour permettre l’évacuation des eaux. En 2019, l’enduit intérieur à la chaux et les vitraux sont au programme.
49 dons pour la chapelle
« Nous avons eu la notification de la subvention régionale de 23 091 €, la Drac apporte 3 322 € et l’Arssat 29 000 €, détaille Annie Ropars, élue en charge du dossier. Le financement participatif ayant atteint 1 % du coût total, nous avons également obtenu la prime de 9 236 €. 71 % de l’objectif est atteint soit 6 720 €, issus de 49 dons de 5 à 1 000 €, dont seize de Perros-Guirec, quatre des Côtes-d’Armor, un du Morbihan, six de Loire-Atlantique, treize de la région parisienne, sept du reste de la France et deux anonymes ».
Présidée par Josette Le Guluch, l’Association pour le pardon de Saint-Guirec a été créée il y a dix ans avec l’objectif de proposer un pardon religieux et profane chaque année à l’Ascension, mais également d’apporter de l’animation dans le village de Ploumanac’h.
Une nouvelle crèche de Noël
L’association va poursuivre ses actions en faveur de la chapelle. La nouvelle crèche de Noël est en cours d’élaboration dont le thème touchera une nouvelle fois à l’histoire locale. Au cours de l’été prochain, les visites vont être reconduites en collaboration avec l’Arssat. Un nouveau livret autour de l’histoire de Saint-Guirec va être élaboré. Le pardon se déroulera les 29 et 30 mai 2019.
Il est toujours possible de faire un don en ligne ou par courrier à la Fondation du patrimoine, 55, rue Charles Nungesser – CS 20116, 29802 Brest, ou directement dans le tronc installé dans la chapelle.
C'est un mot qui revient sur toutes les bouches aujourd'hui et depuis les violentes manifestations des gilets jaunes qui ont constellé le territoire français. Ce terme, c'est aujourd'hui le Premier ministre qui l'emploie à propos de la hausse des taxes sur les carburants prévue au 1er janvier, à l'origine de la crise. Il a pour objet d'apaiser les tensions et de créer ainsi un climat favorable aux discussions...
KEZAKO ?
Le moratoire est en effet souvent utilisé pour tenter de trouver une solution. On pourrait comparer cette «pause» à celle d'une partie d'échecs. Elle est une autre manière de laisser du temps au joueur pour analyser la situation, et ainsi mieux répartir ses pièces sur l'échiquier. Du bas latin «moratorius», «qui retarde», l'adjectif moratoire, déjà usité au XVe siècle, a pour objectif de donner la possibilité à l'autre joueur de continuer à jouer. Souvent employé dans le lexique juridique, l'adjectif permet d'établir un délai. On parle alors de «sentence moratoire». Il peut également se retrouver dans la formule «intérêts moratoires», c'est-à-dire les «intérêts qui résultent d'un retard apporté au paiement d'une créance exigible».
Il est aussi une manière de suspendre ce qui a été mis en place. En tant que substantif, le moratoire est alors «une disposition légale, nécessitée par des raisons impérieuses d'intérêt public, suspendant d'une manière générale l'exigibilité des créances, le cours d'actions en justice», indique Le Trésor de la langue française. Dans le domaine politique, il s'agit de la «suspension d'une action, d'un processus». Concrètement? Le moratoire s'emploie ici pour apaiser une situation et donner la capacité de réfléchir avant d'agir. On a par exemple parlé de «moratoire sur la peine de mort», «moratoire sur les essais nucléaires».
Sans le dire donc, le moratoire a pour objet d'éviter un point de non-retour. Ou du moins un échec et mat.
À VOIR AUSSI - Moratoire sur la hausse des taxes: «J'ai changé d'avis» annonce le délégué général de LREM
Moratoire", le mot du jour. Édouard Philippe a annoncé, ce mardi 4 décembre, qu'un moratoire sera mis en place concernant la hausse des prix du carburant, initialement prévue au 1er janvier prochain. "Je suspends pour une durée de six mois", cette mesure fiscale, a-t-il déclaré lors d'une allocution télévisée. Avant d'ajouter :"Aucune taxe ne mérite de mettre en danger l'unité de la Nation".
Concrètement, qu'est-ce que cela veut dire ?Selon la définition du Larousse, un moratoire est "un délai accordé par le législateur à une catégorie de débiteurs dont le paiement des dettes est impossible ou difficile".
Un moratoire signifie donc une suspension. Mais attention, cela n'a rien à voir avec un arrêt. Le mot vient du latin "moratorius" qui signifie "un délai" ou "un retard". C'est donc ce que compte faire le gouvernement avec la hausse des prix du carburant, en mettant sur pause, cette taxe.
Pendant ces six mois, l'application de la taxe carbone, sera remise à plat. Les hausses des tarifs de l'électricité et du gaz, aussi prévues au 1er janvier 2019, sont aussi gelées.
Mot du jour : moratoire
Un moratoire est la suspension d’une action. Exemples d’utilisation :
"Après un moratoire de treize ans, l’Afrique du Sud a autorisé, lundi 25 février, l’abattage des éléphants" (Le Monde)
"Le groupe des sept pays les plus industrialisés accepte un moratoire sur le remboursement de la dette des pays victimes du tsunami en Asie" (Radio-Canada)
"la France salue l’adoption d’une résolution demandant à tous les États l’établissement d’un moratoire sur le recours à la peine de mort dans la perspective de son abolition" (Ministère français des Affaires étrangères)
Les intérêts moratoires désignent une somme d’argent destinée à réparer le préjudice causé par un retard de paiement.
Exemple : "l’Administration peut être tenue de verser des intérêts moratoires à un contribuable qui a fait une réclamation s’il obtient un remboursement d’impôt prononcé par une juridiction ou l’Administration" (Ministère français du Budget)
Ou comment se "culturer" avec des mots impossibles à replacer dans une conversation normale ?!!
Le principe du consentement à l'impôt s'oppose à l'origine à l'absolutisme du souverain en matière fiscale. En France, il est affirmé dès le 17 juin 1789, et sera ensuite repris dans l’article 14 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789
COMPARAISON N’EST PAS RAISON… MAIS N’EST PAS FORCÉMENT CON NON PLUS
LA GRANDE CONCERTATION LANCÉE PAR EMMANUEL MACRON POURRAIT-ELLE DÉCLENCHER UN PROCESSUS SIMILAIRE À CELUI DES ETATS-GÉNÉRAUX DE 1789 ?
.................................................. Emmanuel Macron a annoncé une "grande concertation" au sujet de la
transition écologique et sociale pour répondre au mouvement des "Gilets
Jaunes". Dans quelle mesure notre situation actuelle peut-elle faire écho à celle de la Révolution française ?
--> C’est évidemment la référence qui vient immédiatement à l’esprit.
D’aucuns objecteront que la situation n’est pas comparable car nous sommes dans un régime démocratique, pas sous une monarchie absolue, etc.
Pour autant lorsque l’on veut comprendre les séismes qui peuvent affecter des
régimes politiques entiers, il faut aller au delà de l’aspect des choses et considérer les structures institutionnelles, sociales et politiques.
D’abord, il y a bien sûr cette fonction présidentielle qui, quoi qu’élective, est bien souvent, et à raison, qualifiée de « monarchique », tant il est vrai que pratiquement tout le pouvoir réside, durant cinq ans, dans les mains d’un seul homme. Ensuite, nous vivons dans une société sur laquelle l’emprise de l’Administration est énorme ; cela évoque des passages de Tocqueville sur l’Ancien Régime, où il expliquait qu’il y avait des formulaires pour tout. L’imposition directe était
moindre qu’aujourd’hui mais des services comme la justice, par exemple, étaient très coûteux, avec le système des épices qu’il fallait payer aux juges pour que ceux-ci se rémunèrent, ainsi que leurs aides.
En outre, notre société aujourd’hui a aussi son clergé et sa noblesse : les médias subventionnés par l’Etat, qui portent la foi directrice des politiques - aujourd’hui le changement climatique, au nom duquel on exige, dans un vocable très religieux, des « sacrifices » afin de repousser « la fin du monde », avec un obscurantisme dont, d’ailleurs, je ne suis pas sûr que le clergé des années 1780 eût fait preuve - et les hauts fonctionnaires, qui dirigent le pays, sont intriqués avec les élites économiques
- de nombreuses entreprises du CAC 40 sont dirigées ou ont été dirigées par un énarque, ou en ont dans leur conseil d’administration.
Et puis il y a l’aspect bloqué du système économique et social. Je me souviens d’un film remarquable, 1788, aujourd’hui disponible gratuitement sur YouTube, qui montre cela admirablement : vous avez les paysans qui se plaignent de ce que le noble local cherche à les spolier de leurs droits coutumiers en vendant une terre dont ils avaient l’usage gratuit, le noble local qui lui-même n’a pas le choix car, invalide de guerre, il dépend d’une pension du Roi que celui-ci a du mal à payer en raison des difficultés financières, le bourgeois qui veut acheter la terre au noble parce qu’il comprend que l’usage gratuit des paysans est en réalité un gaspillage d’une terre qui devrait être très rentable, etc. Tout se tient, et le système est irréformable : il ne peut que sauter.
Aujourd’hui, quand on considère à quel point les impôts servent à financer des aides qui servent à stimuler la consommation dont on espère que cela accroîtra les impôts, mais que les impôts brident le pouvoir d’achat, pèsent sur la consommation et font que les gens demandent des aides... difficile de voir comment l’on peut sans sortir sans qu’il soit tranché dans le vif au dépens de quelqu’un pour casser le cercle vicieux. Et si sur un système bloqué de la sorte se
présente une difficulté conjoncturelle supplémentaire - hier une hausse du prix du pain, aujourd’hui celle du carburant - cela peut conduire à faire sauter l’ensemble.