" Monsieur
le Président du Congrès, Monsieur le Président du Sénat, Monsieur le Premier
ministre, Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement, Mesdames et
Messieurs les Députés, Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Je
n’ai rien oublié et vous non plus du choix que la France a fait il y a une
année : d’un côté, toutes les tentations de la fermeture et du repli, de
l’autre, la promesse républicaine ; d’un côté, tous les mirages du retour en
arrière, de l’autre, les yeux ouverts, le réalisme et l’espérance assumée. Et
je n’ai rien oublié des peurs, des colères accumulées pendant des années, qui
ont conduit notre pays à ce choix. Elles ne disparaissent pas en un jour, elles
n’ont pas disparu en une année.
Je
n’ai pas oublié la peur du déclassement pour soi-même et pour ses enfants, la rage
devant l’impuissance publique, le pays qui se sent coupé en deux, non pas
seulement entre partis opposés, mais plus grave encore, entre sa base et son
prétendu sommet. A la base, les femmes et les hommes au travail ou qui
cherchent du travail sans en trouver, tous ceux qui ont du mal à boucler les
fins de mois. Et au sommet, ceux qui sont au pouvoir, leurs discours de
soi-disant puissants qui ne changent jamais rien et auxquels en plus on ne
comprend plus rien, l’impression du citoyen d’être ignoré, méprisé, surtout de
ne pas voir, de ne plus voir, où nous devons et pouvons aller ensemble.
La
colère enfin, née de la fin des ambitions collectives et de la fin des
ambitions familiales et personnelles. Je n’ai rien oublié de ces colères, de
ces peurs, rien. Peur aussi de l’autre, des grands changements, du fracas du
monde : les tensions avec l’Iran, la guerre commerciale lancée par les
Etats-Unis, les divisions de l’Europe. Je n’ai pas oublié, je n’oublie pas et
je n’oublierai pas. C’est pourquoi je suis devant vous, dans ce
rendez-vous que j’ai voulu annuel, humble mais résolu, porteur d’une mission
dont je n’oublie à aucun moment qu’elle engage le destin de chaque Française,
de chaque Français et donc le destin national.