QUAND LA RADIO FAISAIT L'HISTOIRE...

« Les Français parlent aux Fra nçais »

Franck Bauer, la dernière voix de Radio Londres, s’est éteinte



Franck Bauer, père de l’artiste Axel Bauer, faisait partie de la petite équipe de journalistes français qui se relayaient sur les ondes de la BBC pour porter l’espoir durant les heures les plus sombres de l’histoire de France.


Franck Bauer en 2009.
Franck Bauer en 2009. PATRICK KOVARIK / AFP

« Ici Londres… Les Français parlent aux Français »… 


« Le chapeau de Napoléon est-il toujours à Perros ? »


À gauche : ils ne sont pas peu fiers, ces jeunes Ploumanacains (Jean, Maryvonne et Jacqueline), auprès de leur idole, le soldat américain qu'ils avaient surnommé « Tarzan ». La photo a été prise à l'entrée de la plage de Saint-Guirec. À droite : Pierre Le Goff, une personne non identifiée, Jojo Margaté, Jacques Margaté et Jacques Le Goff. Jacques Margaté était le chef de la Résistance. Sa tête avait été mise à prix mais il avait réussi à s'échapper le 4 juin 1944.
À gauche : ils ne sont pas peu fiers, ces jeunes Ploumanacains (Jean, Maryvonne et Jacqueline), auprès de leur idole, le soldat américain qu'ils avaient surnommé « Tarzan ». La photo a été prise à l'entrée de la plage de Saint-Guirec. À droite : Pierre Le Goff, une personne non identifiée, Jojo Margaté, Jacques Margaté et Jacques Le Goff. Jacques Margaté était le chef de la Résistance. Sa tête avait été mise à prix mais il avait réussi à s'échapper le 4 juin 1944. |

C'est le message diffusé le 3 août 1944 sur la BBC donnant le signal de l'insurrection générale en Bretagne. Retranchés à Mez-Gouez, les Allemands se rendent une semaine plus tard.
La Résistance à Perros
Le groupe de Perros-Guirec, plus tard appelé compagnie Gabriel-Péri, se constitue au cours du 3e trimestre 1943. Yves Le Merrer, adjudant-chef en retraite, arrive à Perros en 1942 ; il reprend l'auberge du Cheval-Blanc, rue des Frères-Le Montréer. Les jeunes gens adoptent rapidement cet établissement, et c'est là que se tiennent des réunions clandestines où l'on transmet des messages, apprend la manipulation des armes, etc. Un réseau actif de résistants organise des actions de sabotage, vole de l'essence, récupère des armes, des tickets de nourriture, des chaussures...
La rafle du 4 juin 1944
Ce dimanche-là, de nombreux Allemands de la Wehrmarcht encerclent Perros. Le maire est retenu prisonnier à son domicile. La Gestapo, aidée par les miliciens du Breiz Atao, fait irruption dans les maisons signalées. Les suspects sont dirigés vers le Cheval-Blanc pour une journée de torture. Bilan, deux morts et douze Perrosiens envoyés en camp de concentration. Yves Le Merrer est décédé des suites des tortures et Jean Riou est abattu sur place. Ceux qui partent en camp sont les gendarmes Hamon et Le Jeune, Rémy Le Merrer, Odette Le Merrer, Jean Le Lannou, Jean Plunet, Aristide Bonnot, Albert Estiembre, M. Cabrolié, Louis Meudec, M. Prigent père et Jean Prigent. Seuls trois en sont revenus : Jean Le Lannou, Louis Meudec et Jean Prigent.
Le maquis de Louannec
Il compte 13 Perrosiens repliés après la rafle. Quand le maquis est encerclé, le combat se solde par la mort de 12 Allemands, du gendarme Gabriel Andrieux et d'Henri Chauvel pour Perros et d'Yves Campion, André Auffret et François Potin pour Louannec. Des maquisards réussissent à se cacher mais le 22 juillet, François Prigent et Jean Dagorn se font prendre dans une carrière. Tous deux sont pendus.
Le chapeau de Napoléon
Le 3 août 1944, à 18 h, depuis Londres, la BBC émet ce message : « Le chapeau de Napoléon est-il toujours à Perros-Guirec ? » Il donne le signal de l'insurrection générale en Bretagne.
Destructions
Le 4 août, les Allemands détruisent le bateau de sauvetage et l'abri de Pors-Kamor, la jetée du Linkin, les phares de Ploumanac'h et de l'île aux Moines.
La libération de Lannion
Le 5 août, sous l'action des Forces françaises de l'Intérieur, Lannion est libérée. Un peu partout, les cloches sonnent. Mais sur les hauteurs de la Clarté, au camp de Mez-Gouez, 600 Allemands sont retranchés avec un arsenal impressionnant. Les officiers allemands ne veulent se rendre qu'à des officiers anglais ou américains, les résistants ayant mauvaise réputation.
L'explosion de joie
Le Dr Salliou rassure les Allemands sur leur sort et le 10 août, la reddition est signée au PC de la Résistance, à Lannion (à l'emplacement du journal Ouest-France, face à la Poste). Les prisonniers allemands sont conduits dans un camp au Cruguil. À Perros, c'est l'explosion de joie.
De rares photos de l'époque
Quelques Perrosiens ont conservé des photos d'époque, prises lors de la Résistance ou de la Libération. Ils ont bien voulu les confier à Jean-Pierre Cavan, passionné par l'histoire de Perros-Guirec. Celles qui illustrent cet article sont des copies de sa collection.
Cet article doit tout à l'ouvrage de Claude Berger et Françoise RacineDu côté de Perros(Perros-Guirec des origines à 1945), éditions La Tilv.

Franck Bauer, voix de la Résistance contre l’occupant nazi et ultime survivant de la petite équipe de speakers français qui prononçaient rituellement ces mots sur Radio Londres, est mort vendredi 6 avril à l’âge de 99 ans, a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) son fils, l’artiste Axel Bauer.


Dernier survivant de cette équipe, « c’est lui dont on retient la voix et l’image du speaker de Radio Londres » dans les archives de l’époque, et il avait participé à d’importantes commémorations, notamment en 2010 à Londres pour le 70e anniversaire de l’appel du général De Gaulle, a rappelé à l’AFP Axel Bauer.

Résistant, journaliste, secrétaire de la Comédie-Française… Les 1 001 vies de Franck Bauer


Né en juillet 1918 à Troyes, ce fils d’architecte et jeune musicien de jazz, qui s’orientait plutôt vers la profession de son père, s’était engagé au sein de la France libre dès juin 1940, et avait fait partie, de mars 1941 à avril 1943, de cette petite équipe de journalistes français qui, sur les ondes de la BBC, se relayaient pour porter l’espoir durant les heures les plus sombres de l’histoire de France.
Après avoir été occupé à des missions de propagande, il avait été engagé comme speaker à Radio Londres par son patron, Jacques Duchesne, qui jugeait que son timbre de voix avait les caractéristiques nécessaires pour résister au brouillage allemand.
Il a à ce titre prononcé 578 fois le célèbre indicatif : « Les Français parlent aux Français… », et diffusé des centaines de messages codés à ceux qui luttaient contre l’occupant, dont certains étaient restés gravés dans sa mémoire, comme : « Le crabe va rencontrer les serpents » ou « Le cheval envoie ses vœux à Polydore, sa filleule et ses amis. »
Outre ces messages secrets qui aident à coordonner les actions des résistants, les speakers de Radio Londres, dont les émissions débutaient par quelques célèbres notes au ton grave issues de la 5e Symphonie de Beethoven, relayaient aussi des « messages personnels », et des chroniques destinées à soutenir le moral des Français.
A l’époque, pour ces millions de Français qui écoutaient en cachette Radio Londres, « j’étais l’équivalent de PPDA », avait-il raconté en 2009 au quotidien Le Parisien.
Comme il l’avait expliqué dans 40 à Londres ; l’espion qui venait du jazz, livre paru en 2004 aux éditions Bayard, Franck Bauer avait fini par démissionner quelques mois après le débarquement de novembre 1942 en Afrique du Nord, pour ne pas, avait-il expliqué, cautionner les messages entérinant la prise de contrôle à Alger de l’amiral Darlan et du général Giraud, au détriment du général De Gaulle.
Il avait alors été envoyé à Madagascar, pour y prendre en main la radio des Français libres. Mais avant d’accepter, il avait fait promettre à Maurice Schumann, autre camarade de Radio Londres, de le prévenir à temps pour pouvoirprendre part au Débarquement en France.
Une promesse tenue, mais après des étapes à Alger et en Ecosse, Franck Bauer ne touchera le sol normand qu’en juillet 1944. C’était quatre ans après avoir quitté la France sur un navire de guerre polonais pour une destination découverte à son arrivée, l’Angleterre, où il avait rallié « par hasard » un général dont il n’avait auparavant jamais entendu le nom…
Après la Libération, il travailla comme reporter de guerre aux Nouvelles du matin, puis à l’AFP, et entre au ministère de la culture. Il fut par la suite secrétaire général de la Comédie-Française, fondateur du premier cabinet de relations publiques en France, professeur à la Sorbonne et commissaire de l’Exposition universelle de 1967, à Montréal.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/04/06/les-francais-parlent-aux-francais-la-derniere-voix-de-radio-londres-s-est-eteinte_5281909_3382.html#F5T9gDoPYJ0rOeuX.99

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