LEZARDRIEUX SOUS L'OCCUPATION

                        Novembre 1943 :

l'évasion manquée de Gouermel - Penvenan



À l'intérieur de la propriété, la stèle, discrète, qui commémore la tentative d'évasion de novembre 1943.


L'histoire
Le colonel Rémi, responsable de la subdivision de Tréguier, fut appelé à participer à l'organisation de l'évasion, avec l'aide d'un marin-pêcheur de Plougrescant, nommé François Boulard. La petite maison, toujours connue par de nombreux habitants de Plougrescant et de Penvénan, sous le nom de « maison du docteur Cousin », qui en fut longtemps le propriétaire, était alors inhabitée.
 
La Horaine mitraillée par erreur
Lors de l'opération, il fut entendu qu'elle serait protégée par les hommes du « Front National », qui en assureraient l'évacuation en cas de besoin. Le départ fut fixé au mardi 16 novembre. Le Hénaff avait demandé à Londres, par radio, de mettre hors d'état la vedette de la Kriegsmarine, stationnée également à Lézardrieux.
Las, l'avion de la Royal Air Force, qui venait d'Angleterre, mitrailla par erreur la Horaine, la seule à être mouillée dans la rivière, la vedette allemande effectuant ce jour-là une mission de surveillance en mer !
Pendant ce temps, les candidats à l'évasion étaient toujours dans le refuge, nourris avec du pain blanc, du cidre, de la charcuterie et même, grâce à François Boulard, avec du lapin ! Les hommes durent toutefois se replier temporairement vers l'intérieur, afin de ne pas attirer l'attention des garde-côtes allemands, et éveiller la curiosité des habitants de Buguélès. L'aviateur américain fut soigné par le docteur Cousin, et une ancienne infirmière, qui habitait près de Gouermel, Mme Delalande, vint lui refaire ses pansements.
 
La brume s'en mêle
Le lundi 22, fut choisi pour jour de l'évasion. Les occupants de la maison furent rassemblés sur une pointe rocheuse avancée, située du côté de Buguélès, où l'embarquement devait avoir lieu, sur La Horaine, réparée entre-temps. Une lampe-tempête devait guider la vedette. Le temps était particulièrement bouché.
Au bout de quelque temps, le moteur de La Horaine se fit entendre, de plus en plus fort, avant de s'affaiblir et de disparaître. La Horaine, naviguant à l'aveuglette dans cette zone parsemée de rochers, n'avait pu apercevoir le signal de la lampe-tempête. La marée baissait et il était impossible au baliseur de rester sur zone plus longtemps, sous peine de s'échouer.
Yvon Jézéquel et tout l'équipage de La Horaine furent contraints de mettre le cap sur l'Angleterre, abandonnant à terre ceux qu'ils devaient prendre à leur bord.
Évacués via la gare de Plouaret le lendemain matin, ils débarquèrent à Dartmouth.
 
La tentative d'évasion par voie maritime avait échoué et, dès le lendemain, Rémi, averti par Le Hénaff que ses passagers lui étaient restés sur les bras, se mit en devoir d'assurer l'évacuation de l'Américain, de Cann et de Barbier, via la gare de Plouaret, avec quelques mémorables péripéties encore.
 
Quant à Yvon Jézéquel, il revint en France dans la nuit du 29 au 30 janvier 44, et fut débarqué derrière l'île d'Er, en face de Plougrescant, avec son radio Weybel, où il a ensuite retrouvé François Boulard. Il se fit arrêter le 16 avril, à la gare Montparnasse, avant d'être déporté avec sa soeur Simone en Allemagne, où ils moururent tous deux, lui à Neuengamme, elle à Ravensbrück.

 
La petite plaque installée dans le jardin de la « petite maison du docteur Cousin », rappelle cet épisode extraordinaire, qui mobilisa plusieurs acteurs de la résistance locale et régionale.

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