On y rencontrait des dames en chignon et des messieurs en lorgnons que nous avons tous vus sur les vieilles photos de famille, énigmatiques à force de s'être figés pour le photographe. Tout à coup, ils reprennent vie, ces parents disparus. Les dames se lèvent, fixent leur chapeau d'un geste sûr avec une longue épingle à grosse perle, et parlent d'aller chez la mercière choisir un ruban ; les messieurs tirent sur leur gilet et dirigent leurs pas vers le café de la place, où ils boiront un "Picon" en commentant le dernier discours de M. Poincaré. A voix basse, ils évoquent une jeune personne qui a sa chambre au-dessus, et que leur épouse ne salue pas.
toute la vie quotidienne d'une certaine France, celle des souvenirs, du bonheur de vivre se déroule sous nos yeux ses
images et ses personnages... .
Faire une jolie promenade dans le temps qui évoque les bottines à boutons, les jarretières et les jupons, les voilettes,
le parfum d'iris, la moustache conquérante ; un voyage dans le passé, au fond des fiacres aux rideaux baissés, dans les guinguettes au bord de l'eau,
alors que nos arrière-grands-mères défaillaient quand on leur baisait la main et
tremblaient à la pensée de leur nuit de noces. Que se passait-il en effet sous l'édredon quand les rideaux de l'alcôve retombaient ou quand la porte de la
chambre à coucher se refermait... ?
"Ne vous montrez jamais devant votre femme en
bonnet de coton, cela risque de vous ridiculiser, ne l'accablez pas de la supériorité de
votre intelligence..."
la ferme, au temps des moissons.
Une table immense est dressée dans la cour. De part et
d'autre, s'aligne une vingtaine d'ouvriers saisonniers. Ils ont les
manches de chemise retroussées, les mains calleuses, les joues tannées. Des terrines de lapin,
des rillettes et des jattes de fromage frais vont et viennent d'un bout à l'autre des planches sans
nappe ni couverts. Les hommes ont sorti leur couteau et piquent chacun leur tour dans les plats. La fermière ouvre une dame-jeanne d'eau-de-vie, et le
patron ;trace un signe de croix sur les pains de dix livres où il va tailler de grosses tranches, on rit beaucoup, on chante, on courtise la fille de ferme. Ça sent le blé, le sel, l'herbe sèche...
Cmment on embauchait les
moissonneurs et comment on les payait ?... Qu'est-ce qu'ils chantaient après boire ?... Avec quel onguent la patronne soignait-elle leurs tours de reins ?... Quand
arrivèrent dans les champs les premières moissonneuses à
moteur ?
Traditions
et fêtes des champs, artisans et outils disparus, expressions et proverbes
de nos campagnes...
"Comment vivaient nos grands-mères"?
"Comment vivaient nos grands-mères"?
Montmartre, au temps des moulins.
Il y a bal dans une guinguette de la rue des Abbesses. La
foule est si compacte
qu'on ne peut plus entrer ; alors on danse sur le pavé. Une grisette remonte sa
jarretière sous l'oeil d'un bourgeois éméché. Un "apache" fait glisser sa casquette
à carreaux sur l'oeil. Un fiacre s'arrête et deux couples descendent en riant. Les
hommes portent des "huit reflets" et des gants "beurre
frais", les femmes des aigrettes et des souliers de satin. Ils viennent
s'encanailler sur la colline, là où les Parisiens savent vraiment s'amuser. Un
homme est assis sur une borne et crayonne sur un carnet. A son écharpe bohème, à son air famélique, à l'agileté de ses mains, on devine
un artiste, venu en voisin depuis le "bateau-lavoir".
Qui est cet artiste et comment vit-il
?... Et le destin de la grisette ?... Et quel argot on parle alors sur les
"fortifs" ?... Quelle est la danse à la mode en cette année 1910 ?
Comme dans un film de Renoir, comme dans un tableau d'Utrillo, voir Montmartre ressuscité, et avec lui la vie des petites gens des villes...
Les premiers congés payés !
Les Français s'égaillent sur les routes de
France. En voiture s'ils en ont une,
en train, à vélo, à pied ils vont goûter
aux plaisirs de l'été et de l'oisiveté. On a loué
une petite maison près d'une plage bretonne ; ou
bien on visite les cousins de campagne ;
ou bien encore on campe, tout simplement. Dans les trains, la mer, soudain entrevue au détour d'une butte, soulève
des cris de joie. Les enfants attrapent des
coups de soleil, les parents des ampoules. Les gens de la campagne se moquent
des gens des villes et inversement, bien sûr,
mais sur la barque ou dans le pré,
autour d'un verre de cidre, d'un panier d'abricots bien mûrs, les uns et les autres
trinquent et se parlent.